• Les derniers Trésors des ROMANOV

    Lettres autographes signées «Nicki» (Nicolas II) adressées le 13 octobre 1914 de Tsarkoïe Selo au grand-duc Nicolas Nicolaïevitch, commandant suprême des armées impériales. Elles portent l'en-tête impérial de l'aigle bicéphale surmontée d'une couronne.

     

    Un des derniers descendants du tsar Nicolas Ier vend aux enchères ses lettres et souvenirs pour rétablir quelques vérités historiques.

     

     

    Un parfum de nostalgie flotte dans la retraite du prince ­Nicolas Romanov, à Rougemont, dans le canton de Vaud. Assis sous la photo de l'empereur Nicolas II, ce petit-fils du grand-duc Pierre Nicolaïevich, qui porte bien ses 90 ans, raconte pourquoi il a décidé de vendre les souvenirs qu'il a reçus par filiation directe.

    La casquette de campagne d'officier de l'armée impériale russe du grand-duc Nicolas Nikolaïevitch Romanov, commandant suprême des armées au début de la Première Guerre mondiale

      

    La casquette de campagne d'officier de l'armée impériale russe du grand-duc Nicolas Nikolaïevitch Romanov, commandant suprême des armées au début de la Première Guerre mondiale

      

    «Je suis triste, avoue cet homme dont la vie n'est qu'une errance depuis l'âge de 5 ans, de la France à l'Italie en passant par l'Égypte. Mes trois filles, Natalia, Elisabeth, Tatiana, ne sont pas intéressées par cet héritage et vu mon grand âge, j'anticipe la séparation qui me sera de toute façon imposée un jour…»

    À la veille du 400e anniversaire de l'ascension sur le trône de la famille impériale de Russie, le moment de vendre paraît bien choisi, même si le prince porte aujourd'hui un regard critique sur son arrière-arrière-grand-père, le tsar ­Nicolas Ier.

    «C'était un militaire de cœur mais il avait un caractère tordu. Il a épousé une femme très belle qu'il a rendue à demi folle, à cause d'une relation parallèle avec une danseuse.»

    Issu de la branche aînée de la famille impériale en descendance directe de ­Nicolas Ier, le prince est toutefois fier de sa descendance. Il a été élu prétendant au trône de Russie par les membres de la ­famille Romanov en 1992.

      

    En tant que chef de la maison impériale de Russie, il est aujourd'hui soucieux de transmettre à la postérité la mémoire de son grand-oncle, Nicolas Nicolaïevich, mort en 1929.

    Au début de la Première Guerre mondiale, ce commandant suprême des armées impériales terrestres et navales de Russie réussit à fuir la Russie bolchevique avec son frère Pierre, pour s'installer, avec leurs épouses respectives, sur la Côte d'Azur, à la villa Thénard d'Antibes.

      

      

    Dans leurs bagages, ceux-ci mirent quelques photos et lettres intimes. Le reste a été confisqué par les Bolchéviques et ne réapparaît que depuis peu dans des musées, notamment à Saint-Pétersbourg où le prince a assisté, le 16 juillet 1998, aux cérémonies données à l'occasion des funérailles du dernier tsar, Nicolas II de Russie.

    «Il est temps de rétablir la vérité sur ­Nicolas Nicolaïevich, ce personnage historique qui s'est fait limoger d'une façon brutale qu'il ne méritait pas, après avoir endossé le rôle militaire le plus important qui soit», explique le prince. Écrites entre 1914 et 1916, pendant la Première Guerre mondiale, quatre lettres du tsar Nicolas II adressées au grand-duc en disent long sur les raisons de cette mise au purgatoire.

      

    Sous la pression de la tsarine Alexandra et de son conseiller Raspoutine - qui haïssait le grand-duc -, il est alors destitué de ses fonctions de généralissime au profit de Nicolas II qui occupera cette fonction à partir du 16 août 1915. Nicolas Nicolaïevich gardera toutefois la confiance du tsar et sera nommé commandant en chef et vice-roi du Caucase.

      

    C'est avec courage qu'il assumera les combats contre l'Empire Oottoman et même plusieurs offensives contre les Turcs, ennemis des alliés de la Grande Guerre.

    Famille au destin tragique

    «Certes, mon grand-oncle n'était pas un bon général mais il était génial dans l'organisation des mouvements de cavalerie. Son plus gros défaut était d'être impétueux, observe le prince. Avec le regard inquiet des mauvais jours, il s'en était pris à un commandant de la garde en lui criant qu'est-ce que tu fous ici avec tes cubes jaunes en parlant de ses soldats?

      

    Mais de là à l'avoir renvoyé d'une façon aussi brutale, je n'y crois pas.» Serait-ce alors un coup monté de la tsarine qui ne supportait pas la contradiction? Un caprice d'impératrice qui n'avait d'yeux que pour Raspoutine qui imposait sa loi en martelant «le jour où je meurs, toute la famille impériale va mourir…» ?

    À l'évidence, cette correspondance inédite montre des liens très forts unissant le tsar et le grand-duc. Celui-ci lui affirme sa «pleine confiance» et use de formules amicales très fortes en signant de son petit nom «Nicki».

      

    Au-delà de ce fâcheux licenciement méritant d'être revu par l'histoire, ces documents apportent aussi du neuf dans la compréhension du personnage du tsar, «loin des clichés d'un empereur soucieux exclusivement de sa famille directe», explique le catalogue. «Le tsar était proche de ses armées. Paternaliste, il était soucieux d'encourager ses troupes et employait à l'égard de son commandement suprême des termes chargés d'émotion.»

    C'est en organisant une première vente, en décembre 2010, avec près de 300 lettres du tsar Alexandre III, que l'étude de Bernard Piguet a fait la connaissance du prince Nicolas Romanov. Ses conseils scientifiques s'avéraient précieux pour reconstituer le puzzle de cette famille au destin tragique.

      

    À la grande surprise du commissaire-priseur, ces lettres qui n'avaient déjà pas suscité l'intérêt des archives et des musées de l'ex-Union soviétique ne furent pas emportées par des Russes, sans doute parce qu'elles étaient écrites en français, mais par des collectionneurs suisses. Un an plus tard, ce fut au tour de 300 photographies d'époque réunies en 28 lots de s'envoler largement au-dessus des estimations.

      

    Même des photos officielles ont multiplié leur prix par dix montrant ainsi que l'histoire sulfureuse de cette famille n'en finit pas de déchaîner les passions.

    Le 10 décembre, à l'hôtel des ventes de Genève, les amateurs pourront se disputer encore d'autres photos inédites comme celle du petit tsarévitch Alexeï assassiné à l'âge de 14 ans ou du grand-duc Michel Alexandrovitch s'essayant au trapèze dans un salon du palais impérial avant de jouer au croquet avec sa sœur Olga Alexandrovna.

      

    Sans oublier des ­lettres d'amour comme celles du tsar Alexandre II adressées à sa maîtresse ­Katia Dolgorouky, de presque trente ans sa cadette (5.000 à 8.000 euros). Elles dévoilent un tsar follement épris de «son cher ange» qui occupe son cœur et ses nuits au détriment des affaires de l'État.

    Vente Romanov , du lundi 10 au jeudi 13 décembre 2012, à l'Hôtel des ventes de Genève. Rue Prévost-Martin 51 - CH 1205 Genève. Exposition publique du 7 au 9 décembre 2012.

     

     

     

     

    http://www.lefigaro.fr/culture/encheres/2012/12/03/03016-20121203ARTFIG00311-les-derniers-tresors-du-prince-nicolas-romanov.php

     

     

     

    Villa Thenard

      

      

    La villa Thenard se situe sur le boulevard du Cap, au sommet de la montée du Parisien (même emplacement que la villa Thuret). Bâtie par le baron Louis-Jacques Thenard, né à la Louptière (dans l’Aube) le 4 mai 1777.

      

    Ce fils de paysan monta à Paris accompagné de deux camarades et seulement quelques sous en poche pour y faire des études de médecine. Pour gagner sa vie, il commença comme garçon de laboratoire chez le grand chimiste Nicolas-Louis Vauquelin et se passionna immédiatement pour la recherche. Se retrouvant dans son employé dont il appréciait l’intelligence, il en fit son assistant. Grâce à la protection de Vauquelin, Thenard obtint divers postes d’enseignement.

      

    En 1799, le ministre de l’intérieur Chaptal le chargea de trouver rapidement la formule d’un bleu pouvant remplacer le bleu outre-mer fabriqué à partir du lapislazuli, beaucoup trop cher mais nécessaire à la manufacture de Sèvres, ce qu’il fit en un mois : ce fut le bleu Thenard ou bleu de cobalt.

      

    En 1802, Vauquelin lui cédait sa chaire au Collège de France. Il inventa de nombreux produits dont l’eau oxygénée, le brome. Son nom fut donné par le minéralogiste Casaseca au sulfate de soude anhydre ou thénardite. Il fut professeur à la Sorbonne, au collège de France, investi du titre de baron par le roi Charles X le 19 novembre 1825, et fut fait pair de France le 11 novembre 1832. Chevalier de l’ordre royal de la Légion d’Honneur depuis 1815, il fut élevé à la dignité de grand officier en 1842.


    Ayant amassé une grande fortune, il fit construire au Cap d’Antibes, à côté de la villa de son ami Gustave Thuret, cette grande villa dans laquelle il aimait venir se reposer. Il mourut à Paris le 21 juin 1857 à l’âge de 80 ans. C’est lui qui inspira à Victor Hugo le nom de Thénardier dans Les Misérables. En effet, Hugo qui militait pour faire passer de 16 à 10 heures la durée de travail des enfants s’affrontait souvent au baron Thenard qui y était fermement oppose.

     

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