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Par Dona Rodrigue le 8 Juillet 2012 à 19:43
Grand Duchess Anastasia, Dr. Botkin, Nicholas II, two officers,
and what looks like Pierre Gilliard to the far right aboard the Standart: 1908.
Le Précepteur des Romanov
Daniel GIRARDIN
Déjà au XIXe siècle, la mode des éducateurs suisses avait gagné l’empire de Russie. Bon nombre de grandes maisons préféraient employer des gouvernantes et des précepteurs suisses plutôt que des Français dont les idées démocratiques, voire révolutionnaires, pouvaient s’avérer pernicieuses pour leurs enfants.
This is M. Gilliard c. 1911.
He has a different mustache and beard (although those things do change over time) and also a thinner face. It is hard to tell though because the picture is a bit out of focus.
C’est ainsi qu’en 1904 un jeune Valaisan de vingt ans, Pierre Gilliard, quitta son pays et devint précepteur des enfants de la famille impériale. Son destin fut inextricablement mêlé à la tragédie des derniers Romanov, surtout à celui du jeune prince héritier, le Tsarevitch Alexis.
Pierre Gilliard, Tsarevich Alexei Nikolaevich,
Grand Duchess Olga Nikolaevna and Derevenko.
Livadia, 1913.
Il s’en fallut de peu que Pierre Gilliard connût le sort de ses élèves et fût lui aussi assassiné par les Bolchéviques en 1918.
Une fois rentré en Suisse, après plusieurs péripéties, Gilliard publia un livre de souvenirs qui fut un best-seller mondial dans les années 1920.
M. Gilliard and Tsarevich Alexei aboard the Standart: 1913.
Pendant toutes les années passées à la Cour de Russie, Pierre Gilliard s’adonna à son passe-temps favori, la photographie. Son intimité avec les Romanov lui permit de rapporter des dizaines de photographies informelles très éloignées des portraits officiels publiés à cette époque.
Ces instantanés nous permettent d’accompagner les enfants Romanov dans leur vive quotidienne, leurs études, leurs jeux, les réunions de famille, et même dans les premiers moments de captivité pendant la révolution bolchévique.
Daniel Girardin, conservateur du Musée de l’Elysée (musée pour la photographie de Lausanne), dépositaire des archives photographiques de Pierre Gilliard, reconstitue dans cet ouvrage – en s’appuyant sur le journal et la correspondance du précepteur – le contexte socio-historique dans lequel vécurent les derniers Romanov.
L’auteur s’est livré à des recherches qui permettent un nouvel éclairage sur les dernières années de l’empire russe et du drame familial qui se jouait derrière les grilles du palais impérial où plane l’ombre de Grigori Raspoutine, l’ermite thaumaturge appelé par Nicolas et Alexandre pour soulager les souffrances du jeune Alexis atteint d’hémophilie.
Les photographies de Gilliard, dont la plupart sont inédites, sont émouvantes puisqu’elles nous montrent les derniers moments de bonheur d’une famille promise au naufrage.
Des expositions de ces photographies sont prévues en Europe au cours des prochaines années et l’ouvrage de Daniel Girardin en constituera nbaturellement le catalogue. Le témoignage de Pierre Gilliard, relayé par le texte de Daniel Girardin, est celui d’un destin individuel que des circonstances familiales, sociales et politiques, vont précipiter dans le cours de l’Histoire.
Tsarevich Alexei and Grand Duchess Olga with Pierre Gilliard and Alexei’s sailor nanny Derevenko, c. 1913.
C’est aussi et surtout la chronique d’une indéfectible fidélité, au prix d’un grand courage, à des êtres à qui le jeune Suisse avait donné sa foi au mépris de sa propre existence.
Note personnelle :
J'ai lu ce livre, il m'a boulversée.
Pierre Gilliard, conteur de premier choix, explique en détail cette période qui l'a propulsé en Russie,
auprès des Souverains Impériaux, avec une vive émotion, et la vie quotidienne avec les Enfants...
Il narre la fin, la tourmante, le massacre par les rouges, de
cette Famille très unie..
Editions : Payot
"En août 1920, après trois ans de séjour en Sibérie, je pus enfin rentrer en Europe. Une réhabilitation de la personnalité morale des souverains russes s'imposait.
C'est le drame de toute une vie que je vais essayer de décrire, tel que je l'ai tout d'abord pressenti sous les dehors d'une cour fastueuse, tel qu'il m'est ensuite apparu pendant notre captivité, alors que les circonstances me permettaient de pénétrer dans l'intimité des monarques."
Arrivé en Russie en pleine révolution de 1905 et reparti en pleine guerre civile, le Suisse Pierre Gilliard (1879-1962) partagea durant plusieurs années le quotidien de Nicolas II, de son épouse Alexandra, de leurs quatre filles et de leur fils hémophile, dont il devint officiellement le précepteur en 1913.
Ce fin observateur qui photographiait volontiers la famille impériale et développa une pédagogie originale avec le tsarévitch Alexis n'en déplorait pas moins les erreurs de l'autocratie et l'influence de Raspoutine, mais il redoutait que la chute du tsarisme ne précipite le pays dans une sanglante anarchie.
La tourmente de l'histoire renforça les liens de Gilliard avec les Romanov, et c'est volontairement qu'il partagea leur captivité à Tsarskoïe Selo puis Tobolsk.
Séparé d'eux moins d'un mois avant leur exécution, il eut bien du mal à regagner la Suisse avec la gouvernante des filles du tsar, Alexandra Tegleva, qu'il épousa.
Il s'employa ensuite à dénoncer l'imposture de la fausse Anastasia de Berlin.
Avec un portrait de l'auteur par Pierre-Frédéric Gilliard.
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