•  

     

     

     

    Le dyakha controversé : Andreï Eremeïevitch Derevenko

     

     

     

    Andreï et Alexeï en 1906, Andreï et Alexeï en 1907 et Andreï seul vers 1908.

     

    Andreï Eremeïevitch Derevenko est connu pour avoir été durant une décennie le garde du corps, commis et infirmier personnel du Tsarévitch Alexeï Nikolaïevitch Romanov.

      

    On dit de lui qu'il était tout à fait dévoué et qu'il aimait sincèrement Alexeï.

      

    Pourtant, au moment de la Révolution russe de février 1917, les événements l'entourant sont troubles et certaines sources venant d'un témoin affirment, à des degrés divers, qu'il a trahi et maltraité son maître. Si l'on prend cela pour vérité officielle sa fin fut tout à fait paradoxale puisqu'il se rangea aux côtés de l'Armée blanche, dans la guerre civile russe, et périt en tant que défenseur de la mémoire de la famille impériale.

     

    Nom : Andreï Eremeïevitch Derevenko

     

    Activités : Paysan ;

     

    Marin ;

     

    Instructeur de gymnastique militaire ;

     

    Dyakha (infirmier, commis et garde du corps) du Tsarévitch ;

     

    Capitaine en chef du yacht impérial ;

     

    Officier de l'Armée blanche

     



    Naissance : 19 août 1878 au village de Goronay, paroisse orthodoxe de Chertoribskaïa, comté de Novogradvolynsky, province de Volhynie, goubernia de Petite-Russie ( la majeure partie de l'Ukraine actuelle ), Empire de Russie

     

    Décès : 1921 à Tifa, République fédérative socialiste soviétique de Russie

    (R.F.S.S.R.) ( à l'âge de 42 ou 43 ans )

    Père : Eremeï ... ( ? ) Derevenko
    Mère : ( ? )


    Conjoint :  Sysoeva Evdokia Akhmatova

    Descendance : Alexeï Andreïevitch (1904 - ?) ;

     

    Sergueï Andreïevitch (1908 - 1990 à

    Leningrad -Saint-Pétersbourg-) ;

     

    Aleksandr Andreïevitch (1912 - ? ) 

     

      

    themauveroom:

    Nicholas II, Grand Duchess Anastasia and Tsarevich Alexei: 1914.

     

     

    Histoire

     

     

    Origine et carrière professionnelle.

    Andreï Eremeïevitch Derevenko ( Андрей Еремеевич Деревенько en russe ) est né le 19 août 1878 dans le village de Goronay, situé dans la paroisse orthodoxe de Chertoribskaïa, elle-même située dans le comté de Novogradvolynsky, dans la province de Volhynie (région de Jytomyr), au sein du goubernia de Petite-Russie, nom utilisé à l'époque pour faire référence à l'Ukraine.

      

    Il est issu d'une famille paysanne et de religion chrétienne orthodoxe à rite russe.

      

     

     

    A l'extrême fin des années 1890 il fait la connaissance de Sysoeva Evdokia Akhmatova ( Сысоева Евдокия Ахматова en russe ) à Saint-Pétersbourg, la capitale impériale. Ils finissent par se marier et donnent naissance à trois enfants :

    Alexeï ( nommé en hommage au Tsarévitch )

    Andreïevitch Derevenko ( Алексей Андреевич Деревенько en russe ) naît en 1904,

    Sergueï Andreïevitch Derevenko ( Сергей Андреевич Деревенько en russe ) naît en 1908 et

      

    Aleksandr Andreïevitch Derevenko ( Александр Андреевич Деревенько en russe ) naît en 1912.

      

    Les fils Derevenko avaient la Tsarine Alexandra Feodorovna ( Царица Александра Федоровна en russe ) pour marraine et le Tsarévitch Alexeï Nikolaïevitch ( Царевич Алексей Николаевич en russe ) pour parrain, ce qui signifie que les enfants étaient entretenus financièrement parlant par la famille tsariste et qu'ils bénéficieraient d'un début de carrière favorable.

      

    Je vous laisse imaginer l'ascension sociale que cela promettait à la famille de paysans, mais l'avenir ne leur réserva finalement que le retour à l'ombre.

     

     

    De droite à gauche : Alexeï Andreïevitch, Sergueï Andreïevitch & Aleksandr Andreïevitch et leur parrain,

    le Tsarévitch Alexeï Nikolaïevitch en 1914.

     

    Il est à préciser que la famille du marin et celle du médecin Vladimir Nikolaïevitch Derevenko ( Владимир Николаевич Деревенько en russe ), le père de Nicolas Vladimirovitch Derevenko dit Kolya ( Николя Владимирович Деревенько сказал Коля en russe ), n'avaient pas de lien de parenté. Les deux fils aînés du premier et le fils du second furent de bons amis pour le Tsarévitch.

     

    Le dyakha controversé : Andreï Eremeïevitch Derevenko
    Le yacht impérial, le "Standart".

     

     

     

     

     

    A la fin du XIXe siècle il s'enrôle dans les réservistes de la marine impériale et est appelé au service actif pour la flotte de la Baltique en 1899.

      

    Le 5 janvier 1900, il a été enrôlé dans la Garde.

      

    En septembre 1901, il est devenu un des instructeurs du service gymnaste des forces armées russes.

    Le 1er janvier 1902 il devient membre d'équipage du " Standart ", le yacht impérial. Les marins sélectionnés pour le navire comprenaient des adhérents à la pensée réactive (révolutionnaire) qui se sont expiés de leurs fautes ou au contraire de forts et intelligents monarchistes passé par une phase d'émeutes, mais qui se sont eux aussi repentis.

      

    Mais ils avaient tous une pensée commune :

    leur amour profond pour la famille du Tsar de par leur éducation dans le respect presque religieux des Romanov.

      

    Ses fonctions comprenaient :

    la connaissance de tous les marins et officiers par leur nom et patronyme, une appréciation de l'activité maritime, la capacité de pouvoir soulever de lourdes charges, le nettoyage des ancres, savoir utiliser une boussole, être en mesure de savoir manœuvrer et naviguer dans des circonstances différents, et bien plus encore ...

     

     

     

    Le 12 octobre 1905, lui a été décernée une montre en argent et un manteau portant l'aigle bicéphale des Romanov.

    C'était une récompense pour son travail jugé exemplaire.

    Et en novembre de la même année il devint Commissaire de la marine impériale.

    En décembre 1905 il est cependant de nouveau enrôler pour servir la famille du Tsar Nicolas II sur le " Standart ".

     

    Le dyakha controversé : Andreï Eremeïevitch Derevenko

     

    Le yacht impérial, le " Standart " ( photographie colorée sur base des notes de l'époque quand à ce à quoi il ressemblait )

      

    themauveroom:

    Grand Duchesses Anastasia and Maria and Tsarevich Alexei having lunch on the Standart with Dr. Botkin: 1910.

    Au service de l'héritier


    Le couple impérial, Nicolas II et Alexandra Feodorovna, était à la recherche d'un homme de confiance à qui confier la protection de leur fils unique tragiquement atteint par une terrible maladie.

    Il semblerait que le choix se porta sur Andreï Derevenko en raison que le jeune Tsarévitch l'appréciait plus que les autres choix possibles parmi les hommes envisagés.

    De plus il avait la force physique nécessaire pour remplir une telle mission. Le 13 mai 1906, il a été nommé " dyakha ", un terme russe qui signifie garde du corps, serviteur personnel, infirmier, gardien, tout cela à la fois, de son " Altesse Impériale le Grand-Duc héritier et souverain Tsésarévitch et Tsarévitch Alexeï Nikolaïevitch Romanov de Russie. "


    On trouve dans les mémoires d'un fonctionnaire de la famille tsariste : " Il avait deux ans et le Tsarévitch fut assigné au brillant marin Andreï Eremeïevitch Derevenko qui devait le protégeait contre les blessures et qui gardait jalousement à l'abri ses intérêts de l'asservissement.

      

    L'amour du jeune garçon pour le dyakha Derevenko était tendre, chaud et touchant. "

     


    En 1907, le 20 août plus précisément, a eu lieu un malheureux incident qui est aujourd'hui connu comme « l'épave du Standart ».

      

    L'accident s'est produit au cours d'une belle journée dans les fjords ( Un fjord, également orthographié fiord, est une vallée érodée par un glacier avançant de la montagne à la mer, qui a été envahie par la mer depuis la retraite de la glace ) finlandais quand tout d'un coup, le yacht impérial a été violemment secoué à un moment où, il n'y avait apparemment aucune raison que cela arrive.

      

    L'eau se précipita dans la cale, le " Standart " a vacillé et a commencé à couler.

      

    Toutefois, en raison de ses cloisons étanches, le yacht résista finalement. Après tout c'était là le plus grand bateau à but privé du monde.

      

    Malgré tout le vaisseau s'était échoué. Le compte rendu d'Aleksandr Spiridovitch sur l'incident : " Plusieurs petits îlots étaient sur notre gauche.

      

    Nous avons regardé le Standart et les torpilleurs qui l'ont suivi tour à tour dans le détroit.

      

    Mais, qu'est-ce que c'était ?

    Que se passait-il ?

    Devant nos yeux, le Standart a été violemment secoué, tourné vers l'avant et a lentement commencé à se pencher sur son côté droit.

    " Ils ont échoué sur un rocher ! " a crié le commandant.

    Nous avons dû aller les aider.

    " Conduisez le bateau au port ! " a crié le commandant, et notre bateau torpilleur a fait un demi-cercle élégant et nous montâmes sur le yacht.

    Les autres torpilleurs se sont disposés de chaque côté du bâtiment. "


    Au moment où survint la catastrophe, le Tsar et sa famille ainsi que les membres de l'entourage prenaient le thé dans le salon.

      

    Tout à coup, ils entendirent un bruit très fort.

      

    Les porcelaines et les vitres éclatèrent en morceaux.

      

    Les plats et les fleurs s'étaient répandus sur le sol. Tout s'est passé très vite. L'Impératrice, terrifiée, a crié.

      

    Les enfants effrayés tremblaient et pleuraient. Seul l'Empereur gardait son calme. Il expliqua à sa famille qu'ils avaient probablement heurté un récif.

      

    Mais il était impossible de dire ce qu'il pouvait encore arriver très prochainement. La Tsarine se précipita vers ses enfants.

      

    Mais, horreur !

      

    Tous recherchaient le Tsarévitch du regard et il n'était nul part.

      

    L'angoisse des parents ne pouvaient être imaginé, ils étaient aussi tous deux hors d'eux.


    Il s'est bientôt avéré impossible de faire naviguer davantage la bateau. Des torpilleurs vinrent à sa rencontre de toutes les directions.

      

    Le yacht était penché d'un côté.

      

    Le Tsar se hâta d'aller sur le pont, et a donné l'ordre à tout le monde d'aller à la recherche du jeune héritier d'à peine trois ans.

      

    Ce n'est qu'après un certain temps qu'il a été découvert sain et sauf. Lors de la première alarme, son fabuleux et formidable dyakha Derevenko, le prit dans ses bras et se précipita très prudemment vers les « hauts tuyaux » comme les appelait le jeune Alexeï. Car ils offrent la meilleure chance de sauver le garçon, si le navire venait à sa perte totale. La panique prit fin.


    En entendant les sons de l'alarme, tout l'équipage de deux cent septante-cinq/deux cent soixante-quinze personnes accouru sur le pont.

      

    Pendant de longues secondes, un silence très émouvant plana au-dessus du bateau. «

    Un canot pour la famille de Sa Majesté ! » a hurlé l'amiral Tchagine sur un ton sonnant étrangement métallique.

      

    Cela a sembler avoir réveiller tout le monde de sa torpeur. Toutes les personnes se mirent à courir dans tous les sens.

      

    L'Empereur le fit aussitôt monter à bord du canot.

      

    Le Tsar se montra d'un calme admirable.

      

    Chaque marin resté dans le bateau échoué effectuait ses tâches assignées en cas d'alerte. Toutes les cloisons étanches ont été verrouillées.

      

    Le photographe Han, qui travaillait sous le pont dans sa petite chambre noire, a échappé de justesse de se retrouver cloîtrer derrière l'une des portes étanches. Il a couru sur le pont, fou de peur.

      

    Les enfants du Tsar pleuraient de peur.

      

    Ils ont été calmé par le Prince Poutiatine.

      

    Étant en danger en restant à bord, les enfants, et Derevenko, ont tous été transporté sur le yacht Eyleken, dont le pilote finlandais Schemann était le capitaine. Rapidement ils furent rejoins par leurs parents.


    Une enquête fut plus tard réalisée. Toute la responsabilité tomba sur le pilote, un vieux loup de mer finlandais, qui était en charge de la navigation au moment de la catastrophe.

      

    Mais il était resté dans le pavillon du capitaine de Sa Majesté, et c'est lui qui était responsable, en principe, pour la sécurité de la famille impériale.

      

    Au moment de l'accident, c'était l'amiral Nilov qui était à la manœuvre.

    Il se trouvait dans un tel état d'esprit après l'accident que le Tsar se sentait obliger d'aller le voir dans sa cabine.

      

    Il entra sans frapper, le Tsar a alors vu l'amiral penché sur un tableau, avec un revolver à la main.

      

    Le monarque a essayé de le calmer.

    Il a rappeler à l'amiral qu'en vertu des règlements de la marine, il devrait passer devant un tribunal d'enquête, mais le Tsar a immédiatement ajouté, qu'il n'y aurait guère l'ombre d'un doute qu'il serait acquitté, car l'accident était totalement imprévisible. Le Tsar a emporté le revolver de l'amiral.


    Pour avoir sauvé la vie de l'héritier du trône, Derevenko a reçu en honneur la médaille Saint-George et des manches à chevrons lui furent cousues pour son excellent service. A titre informel, Alexandra Feodorovna le couvrit lui et sa famille de nombreux cadeaux et permis, par exemple, en 1912 à sa femme d'accoucher dans le meilleur hôpital de toute la Volhynie. Le Tsar lui offrit, quand à lui, une montre en or portant l'inscription " marin moustachu " en russe.

     


    Le dyakha controversé : Andreï Eremeïevitch Derevenko

     

    Le dyakha Andreï & le Tsarévitch Alexeï en 1909.

     

    En avril de l'année 1911, il a été promu au grade de maître d'équipage du yacht impérial. En 1914, il est devenu un sujet d'honneur du personnel de la cour de la famille tsariste.

     


    L'homme reçut de nombreux ordres et médailles russes et étrangères : ainsi avait-il reçut :

     


    - 1909 : la médaille d'argent du Royaume-Uni et la médaille d'or de la République française ;

    - 1910 : une médaille et croix d'argent de l'Ordre de Hesse de Philippe le Magnanime ;

    - 1912 : une médaille d'or accompagnée du Ruban de Vladimir


    En 1913 le matelot Klémenty Grigorievitch Nagorny ( Клементи Григорьевич Нагорный en russe ) lui est assigné en tant que " aide-dyakha ", c'est-à-dire une sorte d'assistant dans son rôle de protecteur à Alexeï.

      

    Mais pourquoi donc recevoir un second garde du corps à cette époque ?

      

    Alexeï Nikolaïevitch commençait à se remettre de sa grave crise de 1912 et devenait nettement plus actif, la vigilance devait donc être doublée.


    Quand il avait neuf ans, le Tsarévitch a reçu pour professeur de français le suisse Pierre Gilliard. Et ce dernier a écris dans ses récits mémorialistes : « J'ai dû me battre avec des fonctionnaires obséquieux et d'autres qui lui vouaient un ridicule mais néanmoins véritable culte.

      

    Et je n'étais même pas surpris, car la simplicité naturelle d'Alexeï a succombé à ces éloges immodérées ». Selon ses notes, le suisse romand (francophone) Pierre Gilliard a trouvé Derevenko particulièrement dérangeant en raison de son comportement ultra-protocolaire.

      

    Ce dernier forçait les gens des classes inférieures, qui venaient à la rencontre du Tsarévitch lors de tâches officielles, à s'agenouiller devant lui.

      

    On peut citer par exemple une fois où une délégation de paysans vinrent offrir un présent à l'héritier du trône.

      

    Alexeï y réagissait en rougissant.

      

    Gilliard interroge son élève et demande s'il aime cette tradition, et ce dernier lui répond

    « Oh non ! Mais Derevenko dit qu'il doit en être ainsi ! »

    Gilliard lui demanda alors pourquoi il ne le disait pas à son dyakha.

    Alexeï lui répondit qu'il « n'osait pas ».

      

    Pierre décide donc d'agir.

      

    Énervé par les flagorneries ambiantes, il intervient d'abord pour que les visiteurs cessent de s'agenouiller devant le jeune Tsarévitch, une coutume qui choque le suisse. Il a écrit :

      

    « L'enfant fut enchanté de se voir délivré de ce qui était pour lui une véritable contrainte ».


    A présent abordons un peu le domaine salarial : en 1910, 120 roubles pour l'année lui étaient versés directement depuis la fortune personnelle du Tsarévitch, en 1916 le montant octroyé était monté à 340 roubles toujours pour toute l'année. Si on fait la calcul, l'équivalent moderne est d'environ 12 000 dollars américains soit près de 9 000 euros soit approximativement 407 000 roubles russes contemporains l'année.

      

      

    C'est une somme décente mais pas astronomique.

      

    Et il ne faudrait pas oublier que la nourriture, le logement, les soins médicaux et la pension donnée à sa femme et ses enfants étaient directement à la charge de la famille souveraine.

      

    De plus le fait de servir un membre de la famille impériale était considéré comme un immense honneur qui comblait le paiement déjà juger important.


    Vous vous posez la question de savoir où est-ce qu'il logeait ?

      

    Eh bien tout simplement avec la famille impériale.

      

    Au Palais Alexandre il disposait d'une chambre débouchant directement sur celle du Tsarévitch, ce qui lui permettait d'accourir dès que ce dernier l'appelait vocalement ou musicalement à l'aide de sa cloche.

      

    Lorsqu'ils étaient sur le yacht impérial bâti en 1895 il résidait aux côtés de son protégé dans une même cabine.


    Il est à remarquer qu'Andreï Derevenko était probablement, mais sans certitude aucune, analphabète lorsqu'il arrive dans la capitale.

      

    Après tout il provenait d'une famille paysanne et l'analphabétisme était particulièrement courant, une sorte de norme, à cette époque en Russie.

      

    Cependant en fréquentant la famille impériale pendant plus de dix années il est devenu semi-lettré et pouvait, preuves à l'appuis, lire et écrire, le tout à un certain niveau.

     


    Andreï Eremeïevitch était un homme fort et costaud à l'âme charitable. Il aimait tendrement les enfants.

      

    Il a traité le Tsarévitch comme s'il avait été son propre fils.

      

    Alexeï adorait vraiment ce marin.

      

    En raison de son hémophilie, Andreï l'a entouré de ses soins et de ses préoccupations. Avant la Première Guerre mondiale, les enfants aînés, Alexeï et Sergueï, d'Andreï étaient souvent invités pour venir s'amuser avec l'héritier.

      

    Alexeï Nikolaïevitch offrait tous ses vieux vêtements à ses filleuls.

      

    Imaginez un peu l'honneur pour une famille paysanne de recevoir des présents venant de l'héritier du trône, beaucoup aurait volontiers prit la place de la famille Derevenko.

     


    Dans les mémoires de l'amie de la Tsarine, Anna Aleksandrovna Vyroubova, ou Tanaïeva sous son nom de jeune fille, elle dit :

      

    " Il ne l'a pas tant gâté. Bien qu'il était très loyal et a eu beaucoup de patience. Je me souviens entendre Alexeï de sa voix plaintive dire « lève ma main pour moi » ou « bouge ma jambe » ou encore « viens me réchauffer les mains », et souvent Derevenko parvenait à l'apaiser ".

      

    Cette mémoire de cette femme est assez étrange quand on pense à ce qu'elle a écrit plus tard sur le compte du garde du corps.


    Bien qu'il avait en général un bon appétit, il est arrivé que le Tsarévitch se retrouve sans avoir l'envie de se nourrir, heureusement Derevenko parvenait, dans une certaine mesure, à le persuader à manger.


    Andreï Derevenko a été décrit comme un bon mari et bon père de famille, bien qu'il ne passait pas beaucoup de temps avec les siens.

      

    Puisqu'il ne retournait chez lui que les weekends, et encore quand l'état d'Alexeï le permettait.

     

     

     

    Il semble avoir été conscient de l'importance de sa mission, être porté jusqu'au cercle intérieur de l'héritier du trône de Russie et il a été présent lors de la plupart des événements tragiques de la vie du jeune Tsarévitch.

      

    Il a même tenté de tenir un journal où il a notifié toutes les activités de son protégé. Mais l'initiative fut de courte durée, elle dura régulièrement du 1 septembre au 28 octobre 1912.

      

    Le contenu était assez banal et voici par exemple un extrait de ce qu'il a inscrit en date du 6 septembre 1912 :

    Dans la matinée, nous sommes resté assis à la maison, sa jambe lui faisait mal. Je lui ai mis une compresse. Nous avons jouer aux cartes.

     

     

     

    Je vous propose maintenant de retracer quels étaient les services que Derevenko devait effectuer :

    - Veiller à éviter toute atteinte brutale à la personne du Tsarévitch ;


    - Être le commis du Tsarévitch ;


    - L'accompagner partout ;


    -Tenter de soulager ses souffrances lors de ses crises d'Hémophilie ;


    - L'aider pour toutes sortes de tâches :


    . La toilette ;


    . L'habillage ;


    . Le transport de marchandises ;


    . Le porter lorsqu'il était souffrant ;


    . Le rincer après chaque baignade ;


    . et cetera ...

     

    Lorsque Alexeï était alité en raison de sa maladie, il arrivait que Derevenko reste des heures assis sur une chaise à quelques mètres du Tsarévitch.

      

      

    Il veillait de toute sa bienveillance à soulager, comme il le pouvait de ses faibles connaissances médicales, l'héritier en " levant son bras " " bougeant sa jambe " ou encore en le " massant où ça faisait mal ".

     

     

     

    Il arrivait qu'Alexeï fasse référence à son garde du corps sous le surnom de « zhir » ce qui est traduit en français par « gras » comme la citation suivante le démontre :

      

    « Regardez gras courir ! »

      

    C'était bien entendu une marque d'affection de mauvais goût et il semblerait que même s'il ne laissait rien paraître Andreï l'ait mal pris car il était en effet, comment dire, obèse.

      

    Mais d'où peut bien venir un tel surnom ?

      

    Jeune enfant, Alexeï était très, très actif et courait partout et du coup, le pauvre marin devait le suivre. Ce dernier arrivait à le rattraper mais souvent épuisé.

      

    Mais habituellement le surnom d'Alexeï pour son marin était " Dinah ".

     

     

     

    En 1912 eut lieu, en Crimée, le Festival des Fleurs.

      

    Pour l'occasion, la Tsarine avait comme à son habitude organisé une vente de charité qui eut lieu le 27 mai à Yalta où le Standart était ancré.

      

    Cela permettait à l'Impératrice d'aller se reposer de temps en temps à son bord quand elle n'était pas bien.

     

     

     

    En 1913, la famille impériale ne se rendit pas en Crimée en raison des célébrations organisées pour le troisième anniversaire du centenaire de la dynastie au pouvoir, les Romanov.

     

    C'est en 1914 qu'ils revirent leur douce Crimée.

      

    Le Festival des Fleurs fut organisé le 11 mai, de nouveau à Yalta.

      

    Comme de coutume, une vente pour la charité fut organisée et cette fois-ci, les Grande-Duchesses (ou Tsarevna) disposaient de leur propre table au marché.

      

    Le Tsarévitch se sentait bien et a passé une très bonne journée.

      

    Je précise qu'ils participaient aux festivités locales en total anonymat. Un marchand organisait des jeux à son stand et avait en sa possession un baril rempli d'avoine et s'y trouvait dessous des prix cachés, notamment une bouteille de Champagne. Pour la somme de cinquante kopecks, on pouvait tenter sa chance.

      

    Naturellement, en conformité à sa personnalité, Alexeï voulait avoir une chance d'y arriver. Il était fou de joie quand il a trouvé la bouteille qui, à son insu avait pourtant été placée en sorte qu'il ne puisse l'atteindre.

      

      

    Il était si heureux qu'il a défilé à travers toutes les rues où se trouvait les marchands et voulait ouvrir son prix. Derevenko et le Tsarévitch se sont disputé toute la journée à ce propos. En effet, Alexeï voulait boire son champagne et Derevenko ne désirait pas le laisser faire.

     

    Après la Révolution russe

     

     

     


    Ci-dessous, une vidéo reprenant les derniers moments des Romanov.

     

     

    Ajouter cette vidéo à mon blog

     




    Pendant les premiers jours du désordre suivant l'abolition de la monarchie, il se trouve au village d'Aleksandrovsk, tout près de Tsarskoïe Selo.

      

    Il y est logé avec les autres marins appartenant à la Garde impériale.

      

      

    Il est probable que des émissaires du gouvernement provisoire l'y aient interrogé. Il n'a, apparemment mais il n'y pas de preuve, subi aucune blessure physique. Mais peut-être sa famille a-t-elle été menacée s'il continuait à assurer la protection du principal danger pour la continuité de la Révolution :

    la survie de l'héritier du trône tsariste.


    Les événements concernant Andreï et suivant la Révolution de février 1917 sont très, très sombres et il est difficile de faire le tri dans tout ce brouillard d'informations contradictoires.

      

    Mais nous ne pouvons écarter la théorie que Derevenko ait, sans vergogne, abandonné Alexeï, même si le seul témoin l'ayant mit par écrit fut Anna Vyroubova qui, au moment des faits, se trouvait dans un état émotionnel hors norme et qu'il se peut qu'elle ait comprise les choses d'une manière disproportionnée.

      

    Jusqu'à ce que davantage de preuves aient été établies, on ne peut pas dire avec certitude qu'il ait été un traître.

     


    Du chapitre XV de « Souvenirs de la cour de Russie » par Anna Aleksandrovna Vyroubova :

      

    " J'ai été si secouée par cette expérience, j'ai eu un peu plus l'impression de supporter l'agonie.

      

    C'est ce que j'ai ressenti lorsque avec ma chaise roulante, je passais la porte ouverte de la chambre d'Alexeï. Se trouvait affalé sur le fauteuil le marin Derevenko, qui depuis de nombreuses années avait été préposé aux soins personnels du Tsarévitch, et à qui la famille avait donné toutes les gentillesse, et tous les avantages matériels.

      

    Profitant de la révolution, cet homme a affiché sa gratitude pour toutes leurs faveurs. Avec une ignoble insolence il hurlait sur le garçon, qu'il avait autrefois aimé et chéri. Il ordonnait qu'il lui apporte ceci ou cela.

      

    Il ordonnait qu'il lui retire ses bottes !

    Étourdi et apparemment seulement à moitié conscient de ce qu'il était forcé à faire, l'enfant a obéi.

      

    Je pouvais voir dans les yeux du jeune homme la tristesse et l'incompréhension.

      

    D'autant plus souffrait-il de la rougeole.

      

    C'était trop lourd à porter pour ma personne.

      

    J'ai caché mon visage dans mes mains, j'ai priai qu'on me retire de la vue ce spectacle écœurant. "


    Mais pourquoi aurait-il agis de la sorte avec Alexeï, on sait qu'il l'aimait comme un fils et était très protecteur envers lui, quelques théories :


    - Il se peut tout à fait qu'Anna ait mal interprété les choses :

    Derevenko pouvait peut-être tout simplement demander, et non ordonner, au Tsarévitch de débarrasser sa chambre, ce que Nicolas et Alexandra demandaient au marin de faire de temps à autre.


    - Peut-être Andreï était-il ivre.


    - Peut-être que Andreï pressentait la fin des Romanov et a pensé qu'il ne pouvait se permettre de continuer à lui être fidèle parce que dépendaient de lui une femme et trois enfants. -Dans ce cas personne, je dis bien personne, ne pourrait le juger sur le fond, sur la forme, ça c'est autre chose-


    - Nous savons qu'Anna était très réceptive aux affronts, mais le fait est qu'elle voyait un affront dès qu'une personne n'était pas chère à son cœur et Derevenko ne l'était pas. Il se peut donc qu'elle ait, d'elle même, analysé une chose qui ne s'est jamais produite telle que décrite.


    - Une chose est sûre : dans les mémoires relevant de l'époque, la plupart des témoins s'accordent à dire que le marin manifestait une rancune à l'égard du Tsarévitch.



    Un officier de rang supérieur envoyé par le gouvernement provisoire a laissé entendre dans ses mémoires que le Tsarévitch s'est apparemment vengé de l'épisode décrit par Anna Vyroubova en le faisant courir à travers les longs couloirs du palais Alexandre et en le traitant de « gros homme, gros homme ! » lorsqu'il parvenait à le rattraper mais en état d'essoufflement. Ce soldat décrit aussi comment Alexeï fessait référence au marin suite à son départ en juillet : " Sale ingrat ! " et " gros porc ! " - Mais il faut pendre cette mémoire pour ce qu'elle est : une tentative de salir la famille impériale de la part d'un révolutionnaire -


    Mais nous ne seront probablement jamais ce qu'il s'est vraiment passé ni cela est vraiment arrivé. Il vaut donc mieux se souvenir de la relation entre " Dinah " et Alexeï comme d'une affection mutuelle, pleine de chaleur et de joyeuseté.

     

     

     

    Le dyakha controversé : Andreï Eremeïevitch Derevenko

     

    Image animée provenant d'une vidéo d'époque : Andreï Eremeïevitch Derevenko, le Tsarévitch Alexeï Nikolaïevitch, le chien Joy et un jeune marin ou cadet en 1915 ou 1916.

     

    Je vais tout de même faire preuve de ma vision partisane et très peu favorable à l'agissement de Derevenko : si cette partie des mémoires d'Anna Vyroubova s'avérait juste alors le comportement de celui qui avait passé tant de moments avec Alexeï est tout à fait injustifiable et particulièrement lâche ! Mettons-nous à la place du jeune Romanov et imaginons ce qu'il a ressenti : un sentiment de trahison ! Et sans doute de la tristesse ! D'autant plus que toujours selon Vyroubova il y aurait ordres sur un ton grossier, insultes et menaces de coups. Après tout Andreï Eremeïevitch Derevenko était la personne la plus proche d'être considérée comme un second père par le Tsarévitch. Ceci étant dis ce n'est que ma vision personnelle sur un aspect de sa vie, tirée d'un témoin, dont la viabilité en tant que témoin est mise en doute.

     

     

     

    Nicolas Sokolov, qui est le principal inspecteur et juge ayant statué, sous la gestion du Mouvement blanc de la ville d'Iekaterinbourg, sur le sort de la famille impériale de Russie a écrit à son sujet dans son ouvrage littéraire « Meurtre de la famille tsariste » : Le dyakha de l'héritier était aussi un maître d'équipage, lui a été confiée la vie du malade et il s'est avérait être un formidable serviteur durant les années du règne de Nicolas II. Mais dès les premiers jours de la révolution, il est apparu être, en dépit de l'affection qu'il avait pour le Tsarévitch, séduit par l'idée bolchevique et un voleur qui a abandonné la famille tsariste ...

     

     

     

    Au mois de juin 1917, il quitte la famille et rejoins la sienne en Petite-Russie, l'actuelle Ukraine. Mais on sait de source sûre qu'il a par la suite demandé au gouvernement provisoire de revenir reprendre son poste de protecteur du Tsarévitch. Certains ont dit qu'il tentait d'utiliser la situation de la famille impériale pour ses propres intérêts, mais que penser quand on sait qu'il a tout fait pour avoir des nouvelles de la famille et a apparemment sincèrement voulu reprendre ses fonctions auprès de son maître. Après 20 ans de bons et loyaux services, entre 1897 et 1917, le " marin moustachu " tel que surnommé par le Tsar quittait le service de l'Empire.

     

     

     

    Néanmoins, en date du 1er juillet 1917, « avec le consentement de l'ancien Empereur » il est nommé valet d'Alexeï Nikolaïevitch Romanov. Mais, paradoxalement, n'est pas inclus parmi les accompagnateurs de la famille à Tobolsk.

     

     

     

    Le commissaire du gouvernement provisoire a écrit des années plus tard à ce sujet : « Le dyakha de l'héritier Alexeï, était bon marin, malheureusement pour la cause révolutionnaire qu'il comprenait sans totalement approuver, il était fidèle au Tsarévitch. Et disposait de la grande confiance d'Alexandra Feodorovna. Il s'est rendu, par ses propres moyens à Petrograd où il a confié une liste de dépenses nécessaire pour le jeune héritier emprisonné. Il demanda aussi à reprendre son poste de protecteur d'Alexeï Nikolaïevitch. La somme demandée était de 700 roubles. Le colonel Kobylinski lui refusa les deux requêtes. Et lui déclara qu'il ne reverrait jamais celui pour qui il s'était déplacé. Il fut informer que son second, Klémenty Nagorny avait pris sa place auprès de l'héritier. »

     

     

     

    Mais il ne perd pas espoir de revoir son protégé et s'installe dans l'un des hameaux du goubernia d'Olonets en Carélie russe. Il y fait venir sa famille. Où il prends contact avec les anciens gradés au service de l'Impératrice Alexandra Feodorovna dont certains sont toujours autorisés à communiquer avec elle par correspondance. Ont été préservées plusieurs de ses lettres, dirigées vers Petrograd au commis Nikitin et à une photographe nommée Geringer. Les lettres couvrent la période allant de septembre 1917 à mars 1918 et sont essentiellement consacrées aux descriptions de l'état de santé du Tsarévitch et aux conditions de détention. Dans une lettre datée du 14 novembre 1917 qu'il a écrite : « J'ai obtenu une lettre venant de Tobolsk, de Nagorny, et datée du 10 novembre. Tous sont sains. J'ai écris au gouvernement mais on m'a répondu que le changement de gouvernement ne changerait rien ... Il est maintenant difficile pour moi de vivre. C'est dommage que je n'ai pas été autorisé à aller en Sibérie, avec lui ! »

     

     

     

    Dans le chapitre « le Tsar perdu » du livre « Automne Romanov » de Charlotte Zeepvat, l'historienne et auteure écrit à quelques points près ceci : " Anna Vyroubova a affirmé avoir vu Derevenko intimidé Alexeï, criant des ordres au garçon trop abasourdi pour refuser. Si cela était vrai, ce fut une expérience bouleversante pour le Tsarévitch, bien que sa vérité ne soit pas si claire qu'elle ne puisse y paraître. Selon Anna, l'incident s'est produit le 20 mars, deux jours avant qu'elle ne soit arrêtée. Après un tel événement, il est sûr que le marin aurait été immédiatement chassé du palais, le gouvernement provisoire avait pour ordre, à l'époque, de traiter avec respect la famille. Mais il était encore présent au palais des mois plus tard. Peu de temps avant le transfert à Tobolsk du mois d'août, il a présenté une facture pour de nouveaux vêtements et des chaussures pour Alexeï au colonel Kobilinsky, le commandant de la garnison du palais. Il demandait une somme énorme si le paiement venait à être retenu. Le révolutionnaire refusa. Lorsque le marin s'est plain à la Tsarine, elle intervint en sa faveur, Kobilinsky lui a alors montré la facture. Elle prit parti pour le colonel. Lorsqu'il demanda à avoir la permission d'accompagner la famille à Tobolsk, le gouvernement Kerenski le lui refusa. Mais des mois après leur départ, il était en train de demander à être autorisé de se joindre à eux. "

     

     

     

    Ainsi donc il a demandé à plusieurs reprises de rejoindre la famille mais il lui fut toujours répondu à la négative.

     

     

     

    L'historien, journaliste et auteur Edvard Rdzinsky le considère cependant comme un traître, voici l'un de ses écrits à son propos : « Ce marin, a qui a été confiée la vie de l'héritier, a décidé de profiter de l'occasion pour s'échapper, enfin il a humilié l'enfant ».

     

     

     

    Lorsqu'il apprends le sort réservé au Tsarévitch et au reste de la famille impériale, probablement par l'intermédiaire de Charles Sydney Gibbes ou de Pierre Gilliard, il s'effondre du point de vue émotionnel. Il a vraiment pleuré à chaudes larmes. Peu de temps après il rompt tout contact avec la plupart de ses proches, et peut-être y compris sa femme et ses enfants, et rejoins les rangs de l'Armée blanche où il défend l'idéologie tsariste telle qu'elle aurait été portée par son ancien maître, le Tsarévitch. Il meurt sous les coups des rouges en 1921 dans un certain village russe du nom de Tifa. Ce qu'il est arrivé à sa dépouille reste une information inconnue. Mais ce serait-ce que par son affiliation à l'héritier il a du souffrir et son corps a du subir un véritable calvaire post-mortem.

     

     

     

    Quelques mois plus tard, en 1922, naissait l'Union des républiques socialistes soviétiques (U.R.S.S.) suite à la victoire des bolcheviques sur les tsaristes et autres groupes (socialistes-démocrates, républicains antibolcheviques, "fascistes", et cetera) du Mouvement blanc durant la guerre civile russe de 1917-1922.

     

     

     

    Conclusion.

     

    Que dire pour résumer la vie de cet homme ? Bien qu'il ait connu une fin de vie contestable, et contestée par de nombreuses personnes, notamment pour son "abandon" du Tsarévitch, il reste l'un des êtres qui était le plus cher aux yeux d'Alexeï Nikolaïevitch et il a durant des années accompli son rôle avec intelligence, chaleur humaine, compassion, amour, fraternité ... Gardons en mémoire le fait qu'il s'est lui-même condamné en entrant dans la guerre dès l'instant où il eut vent du funeste destin de la famille impériale.

     

    S'il vous plaît cliquez pour mieux voir.

     

    Le dyakha controversé : Andreï Eremeïevitch Derevenko

     

     

     

    Partager via Gmail Delicious Yahoo! Google Bookmarks Pin It

    votre commentaire
  •  

     

    Carl Fabergé

     

     

    La Maison Fabergé

    Carl Fabergé, l’histoire tragique d’un joaillier hors pair

      

    Carl Fabergé est né en 1846 à Saint-Pétersbourg.

    Issu d’une famille huguenote ayant fui la France de Louis XIV pour la Russie, homme à l’imagination foisonnante, au talent protéiforme et à l’instinct aiguisé d’entrepreneur, Carl Fabergé (1846-1920) devient joaillier et orfèvre de la cour impériale de Russie, créant à son intention une multitude de bijoux et d’objets exquis, dont la légendaire série des opulents et ingénieux œufs impériaux.

      

    Sa réputation internationale lui attire bientôt la clientèle des familles royales, des nobles, des magnats et de l’élite artistique de Paris, Moscou, Saint-Pétersbourg et Londres.

     

     

      

    1. La tradition des œufs dans la Pâque orthodoxe

    Cet œuf en or rose trône dans la première salle, consacrée à la tradition de l’œuf de Pâques dans la culture slave ainsi qu’aux traditions orthodoxes et aux icônes.

    Cadeau porte-bonheur offert au sein des familles pour porter autour du cou, l’œuf est un objet abondamment produit par Fabergé.

    Il prend généralement la forme d’un pendentif, mais pour la famille impériale, il se transforme en véritables petits monuments de joaillerie contenant décors précieux et surprises.

    Discret et toujours élégant, l’œuf se développe selon une infinie variété de modèles, de matériaux et de techniques. Ici, il se déploie en huit petits cadres ovales liserés de perles, ornés chacun d’une miniature sur ivoire par le peintre Johannes Zehngraf représentant un orphelinat ou une maison d’enseignement sous le patronage de l’impératrice douairière Maria Feodorovna. Il renvoie également à une tradition d’origine païenne pour célébrer le renouveau des saisons au printemps, et à la renaissance de la nature, vite associée par le christianisme au mystère de la résurrection du Christ à Pâques.

     

      

    2. Aux origines, l’empire millénaire des tsars

     Le souvenir des fondateurs de l’empire des tsars se retrouve fréquemment dans son œuvre, sous la forme de références précises à Pierre Ier ou Catherine la Grande, mais aussi dans la confrontation avec une culture ornementale slave et médiévale, illustrée par sa production de décors en émail cloisonné, exposés avec d’autres objets similaires produits par des collaborateurs indépendants ou des concurrents de Fabergé.

      

    Le tsar Nicolas II offre L’œuf de Pâques impérial de Pierre le Grand à Alexandra Feodorovna en 1903, année de commémoration du 200e anniversaire de la fondation de Saint-Pétersbourg.

      

    D’un côté, on y voit le portrait en miniature de Pierre le Grand, l’inscription « 1703 » et l’image de sa modeste cabane en rondins, la première construction de la ville. De l’autre, un portrait de Nicolas II accompagne une représentation en miniature du Palais d’hiver, résidence impériale officielle.

      

    L’œuf renferme une réplique en miniature de la célèbre statue équestre de Pierre le Grand exécutée par Falconet en 1782 à la demande de Catherine la Grande.

     

     

      

    3. Dans les ateliers et la boutique de la Maison Fabergé

    Organisée autour de cet œuf spectaculaire, la troisième salle, mi-atelier, mi-boutique, est axée sur le processus de production des objets d’art de Fabergé, depuis leur mise en fabrication dans les ateliers jusqu’à leur présentation dans les boutiques pour séduire la riche clientèle de Moscou, de Saint-Pétersbourg, de Kiev, d’Odessa ou de Londres.

      

      

    Ce volet explique la variété des techniques, des styles et des matériaux précieux et semi-précieux nécessaires à la fabrication des œuvres, et met en évidence l’originalité des formes, des sujets et des typologies.

      

    Amusant bestiaire, délicates petites fleurs, élégants accessoires ou objets de bureau révèlent le goût de la clientèle de Fabergé à l’orée du XXe siècle.

    Cet œuf sublime comporte six sections de lapis-lazuli décorées d’or : aigles à deux têtes, caryatides ailées, dais suspendus, entrelacs, paniers fleuris et aigrettes qui masquent les joints d’assemblage. Il est serti à sa base d’un grand solitaire tandis qu’un diamant tabulaire (mince et plat) coiffe le monogramme cyrillique AF (pour Alexandra Feodorovna) et la mention de l’année 1912.

      

    À l’intérieur se cache un portrait recto verso du tsarévitch Alexis à l’âge de huit ans, peint sur ivoire, incrusté dans un support en forme d’aigle à deux têtes constellé de diamants, qui repose sur un piédestal en lapis-lazuli.

    Dans ce contexte est également présentée une sélection de « fauxbergés »

    – ces emblématiques objets de faussaires réalisés afin de tromper les acheteurs –, et d’œuvres créées par d’autres joailliers contemporains de Fabergé, notamment Cartier, de manière à illustrer l’émulation entre les créateurs européens dans la production d’objets

     

      

    4. Fabergé, le joailler des derniers tsars

    La quatrième et dernière galerie s’intéresse à la place qu’occupe Fabergé dans la vie quotidienne et intime des Romanov, au cours du règne du dernier tsar, Nicolas II, de son épouse Alexandra et de ses enfants, les grandes-duchesses Olga, Tatiana, Maria et Anastasia, et le tsarévitch Alexis. Dans un décor architectural évoquant l’isolement de ces monarques autocrates face aux tourments de l’Histoire, une « cage dorée », sont présentées des œuvres – dont la provenance impériale est certifiée.

      

    Elles dévoilent une famille unie, aimante, mais probablement trop éloignée du goût pour la politique et des aspirations réelles de la société russe de son temps.

      

    Les années 1910 sont évoquées, l’enfance des petits princes, l’ambiance des palais impériaux, mais aussi les premières rumeurs de révolte et l’éclatement de la Première Guerre mondiale. Une confrontation qui mènera les Romanov à leur tragique destin, chassés du pouvoir puis fusillés ensemble, avec leur médecin et leurs domestiques, un matin de juillet 1918.

    Cet œuf, cadeau de Nicolas II à sa mère, l’impératrice douairière Maria Feodorovna, rend hommage à son engagement comme présidente de la Croix-Rouge russe pendant la Première Guerre mondiale.

    La coquille renferme un cadre amovible et pliable agrémenté de portraits de sa belle-fille, l’impératrice Alexandra, de ses deux filles aînées, Olga et Tatiana, et de deux proches parentes, arborant toutes l’habit des sœurs de la Miséricorde.

     

    FABERGÉ étoile

    Pour comprendre l’aura de luxe et de raffinement qui entoure ces objets, il faut connaître l’éternelle quête de perfection et les astucieuses stratégies commerciales de Fabergé.

     

    La Maison FABERGE

    À l’ombre des élégants salons de la Maison, ceux de Moscou et de Saint-Pétersbourg, des centaines d’orfèvres, émailleurs, sculpteurs de pierres et lapidaires recrutés parmi les plus talentueux du pays s’affairaient en effet à créer des œuvres inédites d’une grande complexité, presque impossibles à imiter.

    De 1883 à 1910, la firme cumula de nombreux honneurs, dont le titre de fournisseur officiel de la Cour impériale et la première commission d’un œuf impérial (1885); une médaille d’or hors concours à l’Exposition universelle de Paris (1900) et les titres de joaillier de la Cour et de conseiller industriel (1910).

      

    Parallèlement à cette série de reconnaissances en Russie et à l’étranger, des succursales de la Maison ouvrirent à Moscou (1887), Odessa (1901), Londres (1903) et

    Kiev (1906-1910).

     

     

     

     

    Parmi les temps forts de la carrière de Fabergé, signalons les cérémonies du couronnement de 1896, pour lesquelles il a fourni plusieurs cadeaux des plus raffinés ; le bal costumé impérial de 1903, avec les bijoux créés à cette occasion pour la tsarine Alexandra Feodorovna, l’épouse de Nicolas II, et certainement pour plusieurs autres courtisans.

      

    À cela s’ajoute la célébration du tricentenaire de la dynastie des Romanov qui, avec son nombre élevé de commandes, fut l’événement culminant du régime des Romanov.

     

     

    En 1914, la Russie entra dans la Première Guerre mondiale et plusieurs artisans qui œuvraient chez Fabergé furent enrôlés. La firme elle-même se trouva dans l’obligation de produire des objets en métal ordinaire et des grenades à main.

      

    Anticipant un avenir sombre, Fabergé convertit son entreprise en une compagnie d’actions concertées en 1916.

      

    En 1917, la Révolution russe met brusquement fin au règne des Romanov, tout comme à la Maison Fabergé.

      

    Les bolchéviques saisissent alors les ateliers et leurs richesses : la production cesse.

    Enfin, en 1920, il fuit après avoir légué les clefs de ses bâtiments à un membre du Musée de l’Ermitage de Saint-Pétersbourg.

     

     

    Quarante ans après ses modestes débuts, l’entreprise de Carl Fabergé avait éclipsé toute forme de compétition locale et acquis une renommée mondiale.

      

    Le grand artisan mourut de chagrin – selon la rumeur – en 1920, alors qu’il était réfugié en Suisse. De nos jours, il est considéré comme le joaillier le plus célèbre de tous les temps.

      

    Icône du luxe et d’un savoir-faire, le prestige de la Maison de cesse pourtant de grandir au XXe siècle avec notamment l’ouverture en novembre 2013 d’un important Musée Fabergé à Saint-Pétersbourg dans le palais Chouvalov par un magnat russe qui a racheté la collection Forbes entre autres.

     

     

     

    Partager via Gmail Delicious Yahoo! Google Bookmarks Pin It

    votre commentaire
  •  

     

    Pierre Gilliard
    Photographie de Pierre Gilliard.
     
    Pierre Gilliard (1879-1962) était un universitaire suisse romand surtout connu pour avoir fréquenté la dernière famille tsariste de Russie en tant que professeur enseignant la langue française aux cinq enfants de l'Empereur Nicolas II de 1905 à 1918.
      
    En 1921, après son retour au pays, il a écrit et publié un ouvrage comptabilisant ses mémoires :
      
      
    " Treize années à la cour de Russie ", un livre devenu référence pour toute étude approfondie sur la vie du dernier Tsar et sa famille ; il y décrit les mœurs, les sentiments, la politique, la maladie du Tsarévitch et tout ce qu'il y a à retenir des années qu'il passa auprès des Romanov et cela avec une neutralité bien suisse : il traite du " Crime d'Ekaterinbourg ", comme il l'appelait, mais ne s'y laisse pas tomber dans une lamentation.
     
      
      
     
     
      
     
    Il donne une image objective et humaine de Nicolas II et des siens.
      
    Ainsi, il aborde dans son œuvre littéraire le Tsar à la personnalité faible, la maniaco-dépressive Alexandra, le malade mais néanmoins autoritaire fils hémophile et l'influence qu'exerça Grigori Raspoutine.
     
    1. Précepteur des enfants impériaux.
    2. Révolution russe.
    3. Libération et enquête sur l'après Tobolsk.
    4. Mort et héritage.
     
    Biographie.
     
    Nom complet : Pierre Gilliard
    Père : Edmond Gilliard
    Mère : Marie Gilliard-Malherbe
     
    Naissance : 16 mai 1879, Fiez-sur-Grandson,
    Canton de Vaud,
    Confédération helvétique
    Décès : 30 mai 1962, Lausanne, Canton de Vaud,
    Confédération helvétique
     
     
    Activités : Professeur de français, précepteur des enfants du Tsar Nicolas II,
    auteur, universitaire
    Religion : Protestantisme
     
     
    Conjoint : Alexandra Aleksandrovna Tegleva
     
     
    Enfants : Aucun
     
     
     
    Précepteur des enfants impériaux.
     
    Pierre Gilliard
    Photo de 1911 : Pierre Gilliard, Olga & Tatiana en Crimée à Livadia.
     
     
      
    Dans ses mémoires, Gilliard a confié qu'il était d'abord venu en Russie en 1904 en tant que professeur de français au service du Prince Serge Gueorguievitch Romanovski, Duc de Leuchtenberg et cousin du Tsar.
      
      
    Il vécut les dix premiers mois de son séjour russe à Yalta, non loin du Palais Livadia en Crimée. Devant les réussites de ses méthodes d'enseignement, il est recommandé à Nicolas II et finit par devenir le précepteur des Grande-Duchesses Olga et Tatiana Nikolaïevna en 1905 et plus tard des autres enfants de la fratrie.
      
      
      
    Gilliard n'est absolument pas monarchiste et encore moins partisan de l'idéologie autocrate absolue qui gouvernait l'Empire russe.
      
      
    Il est horripilé par les flagorneries auxquels la famille impériale doit faire face : leurs visiteurs sont bien souvent hystériques quand ils ne sont pas fanatiques, ces gens se jettent aux pieds des Romanov qu'ils couvrent de louanges et de leurs prières et leur baisent littéralement les pieds et les mains.
      
      
    Bref leurs visiteurs expriment une vénération semblant illimitée.
      
      
      
      
    Ils transmettent pourtant bien la vision paysanne qu'incarnait Nicolas II, son épouse et ses enfants. A plusieurs reprises il intervient afin que ce genre de flatteries ridicules, selon lui, cessent, comprenant clairement que les enfants en sont embarrassés.
      
      
      
    Et il ne fit pas cela seulement parce qu'il était égalitaire mais aussi parce qu'il pressentait que le caractère et la personnalité de ces enfants ne pourraient qu'évoluer vers une divination de leur personne bien loin des réalités de l'époque.
      
      
      
    Gilliard comprend tout à fait le principal problème :
      
      la famille est si isolée qu'elle est entourée d'un cercle restreint de courtisans qui ont gardé la vision russe de la monarchie du XVIIe siècle.
    Pourtant, Pierre nota que cela n'avait pas eu d'effets sur le comportement des enfants qui restaient simples et francs.
     
     
    Il tente d'assurer une éducation contraire à l'enseignement traditionnel des Romanov, qu'il juge artificiel, tendancieux et dogmatique. « Isolé dans un monde figé par les traditions, sans contact avec des milieux divers auxquels il doit se confronter, l'enfant ne développe durant son enfance, son adolescence puis sa jeunesse ni esprit critique ni sens des réalités.
      
    Je voulais transmettre au Tsarévitch les valeurs qui font, à mes yeux, l'homme juste et droit, qui sait faire preuve de sentiments. « a écrit Pierre Gilliard dans ses mémoires.
      
      
      
    En 1910, il parlait des Grande-Duchesses en ce sens, dans une lettre écrite à sa mère : " L'accueil de mes élèves m'a montré que l'Impératrice avait raison en disant qu'elles avaient pour moi un sentiment affectueux. Seulement je ne me fais aucune illusion : ces enfants sont incapables de s'attacher vraiment à ceux qui les entourent (ils sont trop nombreux) et ils n'en auraient d'ailleurs pas le temps. Ce changement perpétuel de visages les amène à une grande superficialité de sentiments. "
     
     
    Des années plus tard, il apporte une toute autre description des jeunes filles : " Les grande-duchesses étaient charmantes de fraîcheur et de santé. Il eut été difficile de trouver quatre sœurs de caractère plus dissemblable, mais plus harmonieusement unies par une amitié qui n'empêchait pas l'indépendance personnelle et qui, malgré la diversité de leurs tempéraments, les liait entre elles de la façon la plus vivante.
      
      
    Des initiales de chacun de leurs prénoms elle avaient formé comme un prénom collectif : OTMA, et c'est sous cette signature commune qu'elles offraient parfois leurs cadeaux et qu'il leur arrivait souvent d'envoyer des lettres écrites par l'une d'elles au nom de toutes.
      
      
      
    Ce qui faisait le charme assez difficile à définir de ces quatre sœurs, c'était leur grande simplicité, leur naturel, leur fraîcheur et leur instinctive bonté. " Des quatre Grande-Duchesses, Olga était la plus intelligente mais ne trouvait autour d'elle les divers éléments nécessaires à son développement, au lieu de s'épanouir, tendait à s'étioler ", écrit le suisse francophone. " Quand à ses sœurs, elles n'avaient jamais eu que peu de goût pour les études, et étaient surtout douées de qualités pratiques. "
     
    Pierre Gilliard
    Photo de 1911 à Livadia en Crimée : Anastasia, Pierre & Maria.
     
    Dans l'éducation qu'il apporte aux enfants, il doit non seulement combattre la tradition mais aussi la Tsarine douairière, l'épouse d'Alexandre III et mère de Nicolas II Maria Feodorovna née Dagmar de Danemark.
      
      
    Cette dernière a écrit
    " Quand je pense que mes petites-filles vont offrir des
    gâteaux à la marmaille du personnel ! Quelle décadence !
      
      
    Mon mari n'aurait jamais admis une telle dérogation à nos principes.
      
      
    Ne seraient-elles pas mieux dans un salon avec les enfants de nos amis afin de pouvoir vivre selon leur milieu en toute décence ? " 
    Pierre Gilliard
    Pierre Gilliard, Gen Voyeikov, Tsarévitch Alexeï Nikolaïevitch, Charles Sidney Gibbes et Piotr Vassilievitch Petrov en 1915.
     
    Arrivé dans le pays de la Cathédrale Sainte-Basile en 1904, il ne connaissait encore rien de la société russe, de ses traditions et de sa religion, et bien peu de son système politique.
      
      
    Cette absence de connaissances de la réalité russe sera comblée par la guerre entre les impérialismes russe et japonais et par la Révolution de 1905. En faisant référence aux pogroms (massacres sur base ethnolinguistique et/ou religieuse) et à la violente répression organisée sur ordre ou laissée faire par Nicolas II, il écrit " Dès le début la Russie se révélait à moi sous un aspect terrible et chargé de menaces, présage des horreurs et des souffrances qui m'attendaient ".
     

    En 1914, la guerre surprend la famille impériale.
      
    Pierre Gilliard devait normalement repartir en Suisse mais le Tsar Nicolas II par l'intermédiaire de son ministre des affaires étrangères, Sergueï Dimitrievitch Sazonov intervient auprès du gouvernement fédéral helvète afin que Gilliard puisse rester auprès de la famille impériale.
      
      
    Une faveur exceptionnelle est accordée par Berne le 14 août 1914, son destin est désormais lié aux plus sombres moments des Romanov.
     

    Au printemps de l'année 1917, la situation en Russie est désastreuse : crises politique et économique, défection de régiments entiers dans l'armée dont le moral est au plus bas (aidé en cela par la propagande démoralisatrice que les bolcheviques s'affairent à faire entendre), famine dans les villes où la population fuit vers les campagnes.
      
      
    Ceux qui restent dans le milieu urbain font planer un très fort sentiment républicain et antitsariste. Les interventions se multiplient auprès du Tsar pour qu'il fasse des concessions sur le plan de la politique interne, tous tentent de raisonner l'Empereur. Il cède et accepte d'accorder le fait que les ministres deviennent responsables devant le parlement impérial, la Douma.
      
      
      
    C'est le soulagement général, on croit que la monarchie pourra survivre à la guerre. Mais après toute une soirée à discuter avec son épouse, Alexandra, il a changé d'avis. Il signe un décret ordonnant la dissolution immédiate de la Douma qu'il laisse au premier ministre Galitzine.
      
      
    Pierre Gilliard a écrit " L'influence de la Tsarine, à ce moment précis a été néfaste, elle fessait s'accrocher le Tsar à une autocratie qu'il ne pouvait et ne voulait pas maintenir. La situation était hors de contrôle. "
      
      
    A l'annonce de l'ordre tout le monde est stupéfait et atterré, les derniers soutiens politiques de Nicolas II se sont effondrés.
      
      
    Il ne faut pas plus de dix jours pour pour que les députés, à l'unanimité, ne demandent au Tsar d'abdiquer. La requête est envoyée par télégramme à celui-ci qui se trouvait dans le train impérial avec ses plus hauts commandants, ces derniers donnent leur avis
      
      
    " Sire, l'abdication est la moins pire des solutions qu'il vous reste.
      
    La Révolution et la guerre civile grondent chez toute une partie du peuple gagnée aux idées. "
      
      
    Il fait répondre au télégramme qu'il accepte et qu'il donne le pouvoir à son fils.
      
    Le gouvernement, une fois la réponse reçue, fait prévenir les plus hauts du pays : militaires, cosaques, religieux et nobles.
      
      
      
    Mais la situation se complique davantage, les émissaires venu lui faire signer l'acte définitif reçoivent pour réponse informelle : " Jusqu'à trois heures aujourd'hui je croyais pouvoir abdiquer en faveur de mon fils ; mais j'ai changé d'avis : j'abdique en faveur de mon frère Mikhaïl ".
      
      
    La décision du souverain s'explique par sa constante inquiétude pour l'avenir incertain de son fils qu'il préfère pouvoir garder auprès de lui et de ses soins que de le voir livrer au gouvernement qui se servirait de lui à ses fins.
      
      
      
    Mais moins de vingt-quatre heures plus tard, le frère renonce lui aussi au trône et la monarchie est abolie. " C'est à moi qu'est revenu la tâche de l'annoncer à Alexeï, Alexandra étant alors occupée à sangloter ; il a posé bien peu de questions, il comprenait les raisons et les conséquences. Soudain, ses joues virèrent au rouge, il m'invita à le laisser seul ce que je fis après une courte hésitation.
      
      
    Ce virage au rouge de ses joues est selon moi la honte qui l'a submergé à ce moment : il savait pertinemment que la dynastie attendait beaucoup de lui et que sa maladie l'empêchait de pleinement réaliser tout ce qu'on se remettait à lui, il en était mal à l'aise. " a écrit le précepteur peu de temps après qu'il ait informé le Tsarévitch de la nouvelle.
     

    Peu de temps après que la monarchie ait été abolie la situation se dégrade, deux compagnies de l'ancienne garde impériale prennent place, sur quatre rangs, fusils braqués, à moins de 500 mètres du Palais Alexandre. "
      
      
    Le désespoir de la Tsarine dépasse tout ce que l'on peut imaginer "
      
    a écrit Pierre Gilliard alors qu'un nouvel ordre est venu du gouvernement provisoire :
      
    l'Empereur, l'Impératrice et leurs enfants sont en état d'arrestation et mis à disposition du nouveau pouvoir jusqu'à nouvel ordre et il en sera de même pour toute personne n'ayant pas quitté le palais avant 16 heures. " J'ai décidé de rester " a répondu Gilliard à la Dame.
      
      
      
    Et il tint promesse " A quatre heures, la porte du palais fut fermée.
      
      
      
    Nous sommes prisonniers. " Désormais les soldats en faction ne sont plus là pour les protéger, mais pour les garder et quand à ceux qui refusèrent de trahir ceux qu'ils considéraient toujours comme leurs maîtres, ils sont fait prisonniers et enfermés dans les geôles de la capitale ; ils seront plus tard massacrés lorsque Lénine aura pris le pouvoir.
     

    Pierre Gilliard se retrouve ainsi en captivité volontaire.
      
      
      
    " Si j'ai décidé de rester auprès d'Alexeï et de ses sœurs, les premières victimes du naufrage des Romanov, c'est parce que je sais pertinemment qu'Alexandra Feodorovna ne peut pas faire face à la situation, elle avait failli s'évanouir lorsqu'elle eut vent de ce qu'il se passait. " a-t-il écrit. " Lorsque je revis l'Empereur, son visage était pâli et amaigri, on comprend combien il a effroyablement souffert ".
      
      
    Le 3 avril, Aleksandr Fedorovitch Kerensky, alors ministre de la Justice du gouvernement provisoire, est venu au palais pour s'entretenir avec Gilliard sur la question de la santé des enfants : Olga, Tatiana et Anastasia ont la rougeole, Maria souffre d'une pneumonie et Alexeï a la rougeole en plus de sa fragilité habituelle en raison de son hémophilie.
      
      
    Gilliard décrit Kerenski comme un " petit homme très maigre, très pâle, d'expression très maladive. Il se tenait tout le temps la tempe droite comme s'il souffrait d'un mal de tête. Il avait une voix très forte et dure, autoritaire, un regard étrange et fuyant ". C'est de cette personne que le sort des Romanov dépend pendant quelques mois. Gilliard ajoute que, pour Alexeï, la visite de Kerenski a été un choc. "
      
      
    C'est la première fois qu'il voyait son père dans le rôle de subordonné, recevoir des ordres et obéir à qui, à un civil. " La chambre du précepteur devient un véritable point de rendez-vous où tout le monde se réunit pour discuter de la situation et échanger des informations. Il a de longues conversations avec l'homme déchu de son titre dont il partage les préoccupations et l'espace.
      
    Le devenu citoyen Nicolas Aleksandrovitch Romanov lui explique " le mouvement est parti de haut : famille Romanov, aristocratie avant de rejoindre les oppositions du peuple et c'est là qu'ils ont perdus le contrôle «.
      
      
    En parlant de la Douma, il pense que « le mouvement est allé beaucoup plus loin qu'ils ne le voulaient. Ils ne désiraient aucunement la chute de la monarchie, mais un changement de monarque et une constitution. "
     

    Les Romanov demandent au gouvernement provisoire l'autorisation de partir pour Livadia, en Crimée. Une partie des députés acquiescent mais ceux issus du bord le plus extrême des socialistes-démocrates et qui se trouvent en majorité numérique refusent et demandent, ordonnent le durcissement de la condition des prisonniers.
      
    La Finlande et avec elle les frontières suédoise et norvégienne n'est qu'à quelques heures de train, et chacun pense à l'exil de la famille.
      
    Gilliard apprend " le comité de la Douma avait décidé, lorsqu'on a arrêté le Tsar, notre départ pour l'Angleterre. Tout était arrangé, les bateaux étaient commandés.
      
    A cause de la maladie dont souffrait les enfants, le départ a été renvoyé.
      
    Et plus tard, quand du palais, on fit demander de fixer le départ, les enfants allant mieux, c'était déjà trop tard, la Douma n'était plus assez forte pour nous faire partir, le comité des ouvriers et des soldats, les bolcheviques, s'y opposant. " Et peu de temps après, la porte de sortie britannique s'effrite, l'accueil est maintenant refusé.
      
      
    Trotski écrira plus tard qu'aucune révolution sérieuse " n'avait jamais laissé un monarque détrôné gagner l'étranger ".
      
      
    Et la révolution jusque là incertaine et sur le point d'être réprimée d'un moment à l'autre par les cosaques devient sérieuse et l'embrassement à lieu avec le retour de Zurich de Vladimir Illitch Oulianov, dit Lénine le 3 avril 1917 à bord d'un train blindé offert par l'Allemagne impériale qui le croyait capable de déstabiliser la Russie encore plus qu'elle ne l'était à ce moment.

     


    Pierre Gilliard
    Arrière-plan : Maria, Olga.
    Avant-plan : Anastasia, Nicolas.
    1917, Tsarskoïe Selo.
     
    Le gouvernement provisoire n'était plus, à ce moment-là, en mesure de pouvoir permettre aux Romanov de partir, car il était en proie aux pires difficultés avec les rouges. De plus peu d'États se bousculaient au portillon pour les accueillir :
      
    le gouvernement britannique et le Roi Georges V font savoir que les Romanov sont indésirables en terre du pays de William Shakespeare.
      
      
    La France est ensuite contactée mais elle refuse aussi l'exil à celui qui a pourtant été un fidèle allié, à maints prix. A ce moment, Gilliard est sans nouvelles de son pays depuis des mois, cinq plus exactement.
      
      
    A son père, il a écrit être resté " parce qu'il aurait été trop lâche de ma part d'agir autrement ; j'ai prévu toutes les éventualités possibles et je ne suis pas effrayé par ce qui m'attend.
      
      
    J'estime que je dois aller jusqu'au bout... à la grâce de Dieu. Ayant profité de jours heureux, ne dois-je pas partager avec eux les jours malheureux ? "
     
    Pierre Gilliard
    En arrière-plan : Pierre Gilliard et Nicolas Romanov cultivant la terre de Tsarskoïe Selo avec les serviteurs.
     
    Au cours de l'été 1917, Kerenski est devenu ministre de la Guerre et chef du gouvernement, il tente une offensive contre les Allemands, sans succès.
      
      
    Les troupes refusent de monter au front. Il doit faire face aux menaces de coup d'État. Kerenski annonce alors aux Romanov que actuellement le gouvernement est trop fragile pour assurer leur sécurité dans la capitale, ils vont donc les transférer dans une citadelle loin du danger, en Sibérie occidentale.
      
      
      
    Il déclare également que lorsque le péril bolchevique aura été anéanti, un référendum sera déposé et que le peuple donnera son avis sur l'avenir politique du pays : monarchie ou république et qu'en cas de victoire de l'idée républicaine, ils seraient exilés afin d'empêcher de devenir un point de ralliement, sachant que les monarchistes sont loin d'être isolés et peu nombreux.
      
      
    C'est le 14 août 1917, à 6 heures du matin qu'ils quittent Tsarskoïe Selo, ils l'ignorent mais c'est la dernière fois qu'ils voient de leur yeux cette ville, ils n'y reviendront jamais. Seuls quelques suivants les accompagnent volontairement dont Gilliard. Après quatre jours et trois nuits de voyage, ils atteignent Tioumen et font le reste du parcours en bateau, 300 kilomètres jusque Tobolsk.
      
      
    Ils sont logés dans la maison du gouverneur, rebaptisée pour l'occasion
      
    " Maison de la liberté ".
      
    La suite de la famille, une dizaine d'individus, est installée dans la maison Kornilov, de l'autre côté de la rue. Gilliard a ses quartiers dans l'ancien bureau du gouverneur, au rez-de-chaussée d'où il peut tout voir.
      
      
    300 soldats lourdement armés sont positionnés dans et autour de la résidence.
      
      
      
    En octobre 1917, le gouverneur provisoire des modérés est renversé par le coup d'état menant Lénine et les bolcheviques au pouvoir.
      
      
      
    Cette évolution assez naturelle pour une révolution (en effet ce sont bien souvent les pires extrêmes qui tirent avantage lors de toute révolution) aura des conséquences désastreuses pour la famille impériale. Ils ne sont plus seulement un enjeu entre la lutte des révolutionnaires modérés et extrémistes, tous les mouvements en place les réclament :
      
      
      
    bien qu'ils aient été déchus de leur rang ils incarnent plus que jamais un réel pouvoir politique que les uns comme les autres veulent utiliser à leurs propres fins. Ils ne sont désormais plus les protégés du gouvernement de Kerenski mais les prisonniers du gouvernement de Lénine.
      
      
      
    Leur isolement est total, et il est difficile pour eux d'évaluer les risques.
      
      
    « Il nous était toutefois bien difficile de suivre les événements et d'en saisir la portée, car les données dont nous disposions ne nous permettaient ni d'en comprendre les cause ni d'en supputer les conséquences. Nous étions si loin, à tel points isolés du monde entier ! »
     

    Le 22 avril 1918, Vassili Yakovlev, commissaire de Moscou, homme de confiance de Sverdlov, le président du comité exécutif central, a pour mission d'emmener l'ex-tsar et sa famille, mais refuse de donner le nom de la destination.
      
      
      
      
    On l'informe de l'état de santé d'Alexeï, il va vérifier par lui-même et questionne ce dernier. Il prend la décision de séparer la famille en deux groupes : le premier celui du père et le second celui du fils. Le premier part et est composé du Tsar, de la Tsarine et de leur fille Maria, accompagnés de leurs derniers domestiques et du docteur ; seuls le commis du Tsarévitch et Pierre Gilliard sont autorisés à rester avec le second. " Je partirai avec l'Empereur.
      
      
    Je vous confie Alexeï, je sais que Tatiana, aussi forte soit-elle, ne peut résister à Alyosha " lui confia Alexandra. A quatre heures de l'après-midi, le groupe du Tsar quitte Tobolsk vers une destination qu'ils ignorent encore. Après plusieurs jours de trajet, Nicolas et les siens arrivent à Ekaterinbourg où une foule inquiétante et très hostile les attend.
      
      
      
      
      
      
    Ils sont à présent aux mains du pire exemple d'extrémisme qui soit.
      
      
      
      
      
      
    A Tobolsk, Gilliard tente de s'occuper de son mieux des enfants. Avec l'Impératrice, avant son départ, ils ont eu de longues conversations : « J'ai parlé longuement avec l'Impératrice à propos de ses bijoux : elle en a une quantité avec elle.
      
      
    Qu'en faire ? Ceux des enfants sont faciles à transporter mais pas les siens, il y en a trop. « Gilliard et Alexandra eurent alors l'idée de coudre les bijoux dans les doublures des vêtements des Grandes-Duchesses.
     
    Le 20 mai 1918, Gilliard, le commis et les quatre enfants sont transférés de Tobolsk à Tioumen sur le Rus (le même bateau qui les avait emmenés huit mois plus tôt). Les gardes de celui-ci sont nerveux et particulièrement brutaux envers les enfants. Au moment de monter dans le train en gare de Tioumen, sans qu'il s'y attende, Gilliard est séparé des enfants et du garde du corps.
      
      
      
    C'est le 23 mai 1918 qu'il les vit pour la dernière fois : " Le marin Nagorny passait près de ma fenêtre, portant Alexeï Nikolaïevitch dans ses bras, derrière lui vinrent les Grande-Duchesses chargées de valises et de petits effets personnels.
      
      
    J'ai essayé de sortir, mais j'ai été brutalement repoussé dans le chariot par une sentinelle. Je suis revenu à la fenêtre. Tatiana Nikolaïevna est venue en transportant une lourde valise marron. Il pleuvait et j'ai vu ses pieds qui s'enfonçaient dans la boue à chaque instant. Nagorny a tenté de venir à son assistance mais il a été repoussé par un des gardes.
      
      
    " Gilliard l'apprendra plus tard mais la quasi-totalité des fonctionnaires au service des Romanov (et pas uniquement ceux les ayant accompagnés) ont été massacrés sur ordre de Lénine.
      
    Pierre Gilliard, Sydney Gibbes, la Baronne Buxhoeveden et Alexandra Tegleva restent sous bonne garde.
      
    Le soir, le commissaire Rodionov leur annonce qu'ils sont libres.
     
    Pierre Gilliard
    Dernière photo que Gilliard prit des Romanov : Alexeï & Olga le 20 mai 1918.
      
      
    -On peut voir leur extrême fatigue, leur désespoir, leur peine mais aussi sur leur visage, dans leur regard les maux physiques qu'ils ont eu à subir jusqu'ici-
     

     

    Libération et enquête sur l'après Tobolsk.

     


    Gilliard et ses compagnons sont envoyés dans la région de Tioumen où ils doivent se terrer, les bolcheviques locaux y sont vivement contestés et ils massacrent à tour de bras ceux qui ne sont pas " assez soviétisés ".
      
      
    Le 20 juillet 1918, les Tchécoslovaques s'emparent de Tioumen et forment un gouvernement pro-mouvement blanc et donc favorables aux Romanov.
      
      
      
    Gilliard sort alors de sa clandestinité et découvre un communiqué officiel sur les murs de la ville : " La sentence de mort contre le Tsar déchu Nicolas Romanov a été exécutée la nuit du 16 au 17 juillet, la Tsarine et les enfants ont été évacués et mis en lieu sûr. "
      
      
    Mais Gilliard est troublé, d'autres communiqués tout aussi officiels ne parlent que de la Tsarine et du Tsarévitch ; le sort des fille est ignoré.
      
      
      
    Il se rend alors à Ekaterinbourg pour retrouver les enfants impériaux que tous croyaient encore en vie. La localité est alors aux mains des blancs de Koltchak qui accueille bien volontiers Gilliard.
      
      
    Le général du mouvement blanc fait ouvrir une enquête pour retrouver les enfants impériaux qu'on pensait emprisonné dans la région de Perm.
      
      
      
      
    C'est d'ailleurs à partir de ce moment que nombre d'imposteurs vont commencer à voir le jour en se faisant passer pour les enfants Romanov.
      
      
        
    C'est au mois d'août 1918 que Gilliard arrive à Iekaterinbourg, il visite la villa Ipatiev et en restera marqué :
      
    " Je pénétrai avec une émotion intense dans la chambre qui peut-être (j'avais encore un doute) avait été le lieu de leur mort. L'aspect en était sinistre au-delà de toute expression. Les parois et le plancher portaient de nombreuses traces de balles et de coups de baïonnette. On comprenait à première vue qu'un crime odieux avait été commis là et que plusieurs personnes y avaient trouvé la mort.
      
      
    Mais qui ? Combien ? "
      
    S'il était convaincu de la mort des parents, il ne pouvait se résoudre à penser à la mort des enfants, encore moins dans de telles conditions. " Mais les enfants ? Massacrés eux aussi ? Je ne pouvais le croire.
      
      
    Tout mon être se révoltait à cette idée. " Les pièces qui servaient de chambre à la famille sont dans un triste état, ce qui n'a pas été dérobé est soit détruit soit à jamais détériorer. Il passe des mois à faire des recherches mais il rentre finalement à Tioumen.
      
      
    En janvier 1919, il entre au service de l'armée blanche sous le général Janin où il rencontre l'enquêteur officiel et principal, Nicolas Sokolov. "
      
      
    Dès notre première entrevue, je compris que sa conviction était faite et qu'il ne gardait plus aucun espoir. Pour moi, je ne pouvais croire à tant d'horreur. "
      
      
    " Les enfants ont subi le même sort que leurs parents, cela ne fait pas l'ombre d'un doute pour moi ", lui explique Sokolov.
      
      
    Peu après le juge recueille la déposition de l'un des meurtriers, Pavel (Paul) Medviedev, emprisonné à Perm. Il avoue également que tous les membres de la famille de Nicolas Romanov ont été tués, ainsi que le docteur Botkine et trois domestiques, dans les sous-sols de la villa Ipatiev le 17 juillet 1918.
      
      
      
      
    Mais il ne savait pas ce qu'étaient devenus les corps.
      
      
      
    Sokolov avait alors une idée très précise sur le déroulement du massacre. Il entreprend alors avec plusieurs soldats des recherches dans la clairière appelée les " Quatre frères ", en particulier dans le puits désaffecté d'une ancienne mine. Des centaines de cadavres y sont découverts mais aucun ne correspond à l'une des victimes de la maison Ipatiev.

    Gilliard reprend dans son livre les conclusions du juge.
      
      
    Le 4 juillet 1918, le commissaire Iakov Iourovski
    prit le commandement de la prison.
      
      
      
    Il prit avec lui dix hommes, ceux qui seront chargés du meurtre.
      
      
    Pendant quelques jours, il parcourut la région à cheval pour repérer un endroit sûr où faire disparaître les corps.

    Le soir du 16 juillet, Iourovski procure des pistolets à ses hommes.
      
      
    Après minuit, il demande aux Romanov et à leur suivants : Evgueni Botkine, Anna Demidova, Ivan Kharitonov et Aloïs Trupp de se préparer à être transférés dans un lieu plus sûr. A 1h00 du matin, tout le monde est au sous-sol. Le Tsar portait son fils dans ses bras. Deux chaises sont apportées :
      
    la Tsarine s'installe sur celle localisée à gauche et le Tsar installe son fils sur celle de droite pendant que le docteur chuchote quelque chose au plus jeune enfant. Iourovski prétexte qu'il va chercher un appareil photographique pour prouver leur bonne santé auprès du gouvernement, il alla en réalité dans la pièce d'à côté régler les derniers détails avec ses sbires.
      
      
    Puis dans un grand fracas il ouvre la double porte de la cave.
      
      
    Sur le seuil, les douze hommes s'alignent sur trois rangs.
      
    Dehors, le chauffeur du camion met le moteur en marche pour couvrir le bruit du massacre. Iourovski se trouve au premier rang, il sort un papier et le lit rapidement : "
      
      
    Du fait que vos parents et vos esclaves continuent leurs offensive contre la Russie soviétique, le comité exécutif de l'Oural a pris le décret de vous fusiller avec l'accord du Président de la république fédérative socialiste soviétique de Russie, Vladimir Illitch Oulianov. "
      
      
    Le meurtre se déchaîne aussitôt, dans le désordre le plus absolu.
      
      
    Ils ne font pas ce qu'il leur a été ordonné, leur état de raison n'est plus devant l'immensité de leur ivresse et la plupart d'entre eux visèrent le Tsar qui au choc des impacts est projeté en arrière et s'effondra, mort sur le coup.
      
      
    Alexandra et Olga sont ensuite touchées ainsi que Trupp et Kharitonov, de la fumée encombre la pièce que les bolcheviques évacuent quelques instants.
      
      
    Ensuite le massacre prend un tour infernal et dantesque.
      
      
    Selon Iourovski, le Tsarévitch était effondré par terre et faisait preuve d'une
    « étrange vitalité « : il rampait sur le sol en se protégeant la tête de la main.
      
    Un garde du nom de Nikouline, maladroit ou trop énervé, vida sur lui un chargeur sans réussir à le tuer.
      
      
    « Malgré les blessures qu'on lui avait infligées, il rampait encore, malgré le sang qui coulait abondamment et ses quelques gémissements qu'il tentait de masquer «
    a écrit Iourovski.
      
    Ce dernier donne alors l'ordre qu'on s'acharne sur lui, des dizaines de coups de baïonnette lui sont assénés, son corps est transpercé de part en part.
      
      
    Mais cela ne suffit pas, s'il ne parvient plus à se déplacer il respire encore ; Iakov Iourovski tourne le corps afin de voir le visage du garçon et lui tire trois balles dans la tempe droite.
      
      
    " Au moment où je croisa son regard, j'ai été comme paralysé quelques secondes. Ses yeux n'exprimaient ni la peur ni le dégoût, ils semblaient vides d'une quelconque émotion.
      
      
    J'ai baissé les yeux et j'ai alors remarqué qu'il venait de fermer ses poings tandis qu'il ne gémissait plus, et que d'une main il touchait du bous des doigts la chemise de son père ; c'est alors que je tira trois coups. " a écrit le bourreau.
      
      
    Le sort des jeunes filles fut tout aussi horrible :
      
    les projectiles ricochaient sur leurs corsets où elles avaient cousu des bijoux et des pierres précieuses pour éviter que l'on ne leur dérobe.
      
    Blessées mais pas suffisamment pour succomber, Iourovski dira, plus tard, qu'elle étaient " blindées " (ce détail, une fois rendu public, alimentera les rumeurs de survie).
      
      
    Anna Demidova fut aussi très longue à mourir, les corps des autres fonctionnaires l'ayant protégé.
      
      
    Pour s'assurer de la mort de tout le monde, on transperce encore et encore tous les corps avec couteaux et baïonnettes.
      
      
    Les dépouilles ensanglantées furent ensuite emmenées en camion dans une clairière au milieu de la forêt de Koptiaki.
      
      
      
      
    Arrosés d'acide sulfurique, brûlés et démembrés voilà ce que subirent les corps et d'autres avant d'être ensevelis dans deux fosses communes.

    En 1990, les corps du Tsar, de la Tsarine, d'Olga, de Tatiana et d'Anastasia furent retrouvés. Manquaient les corps de la Grande-Duchesse Maria et du Tsarévitch Alexeï, dont les restes ont été probablement retrouvés en juillet 2007, le débat étant encore en cours.
      
      
    Tout au long du XX siècle et encore de notre siècle, des dizaines de personnes se sont faîtes passées pour les enfants dont la plus célèbre fut sans nul doute une polonaise, Franziska Schanzkowa (plus connue sous le nom d'Anna Anderson).
      
      
      
    On sait aujourd'hui, preuve ADN à l'appuie, que ce fut une fumisterie comme le démontra Gilliard dans son livre " La fausse Anastasia " paru en 1929.
      
      
    Mais il participa également à poursuivre farouchement Alexeï Putsyato qui se déclara être le Tsarévitch.

    Cette fidélité qu'il accorda aux Romanov par de-là la mort lui coûtera cher, tant il est impossible de lutter contre une légende :
      
    " Nous nous laissons toujours exploiter avec tout ce que cela coûte : les embêtements, les soucis, l'argent que cela m'a coûté pour des gens qui se foutent de moi, ça c'est la gaffe de ma vie. C'est notre Don Quichottisme qui vous vaut tous ces embêtements. - "
      
    pour des gens qui se foutent de moi " il ne parle pas de la famille impériale
    mais des autres Romanov -

     

    Mort et héritage.

     


    En quittant Iekaterinbourg, après l'enquête, Gilliard écrivit : "
      
    Ce fut pour moi le désespoir de sentir vains tous mes efforts, ce fut la séparation cruelle et brutale. "
      
    C'est ainsi, dans le drame et la peine que le chapitre russe de sa vie se termina. "
      
      
    Il trouva moyen de survivre à la guerre civile opposant grosso modo les rouges et les blancs puis de regagner la Suisse avec Alexandra Tegleva qu'il finira par épouser.
      
      
      
      
    Pendant des années, il aura le sentiment pénible d'avoir tout perdu lors de la mort des enfants Romanov, il s'était attaché profondément à eux, treize années durant qu'il avait passé à leurs côtés.
      
      
      
      
    Il avait participé à leur éducation, leur avait donné le meilleur de lui-même, les avait suivis durant leur emprisonnement et partagé avec eux les moments difficiles d'une chute à laquelle ils n'étaient guère préparés.
      
      
    Pierre Gilliard n'était pas nostalgique mais extrêmement révolté que ce crime odieux ait été perpétré contre les enfants qu'il avait appris à connaître et à aimer. "
      
      
    Je ne serai jamais apte à saisir la gloire que les bolcheviques ont obtenue à assassiner ces enfants dont le plus jeune n'avait pas encore quatorze ans " cet épisode de sa vie resta à jamais un très mauvais souvenir. "

    En Suisse, Gilliard a reprit ses études qu'il termina à quarante ans, les études qu'il avait interrompues en 1904.
      
    Il travailla quelques temps en Italie et en 1926, il enseigna à l'école de français moderne de la faculté des lettres de l'université de Lausanne. I
      
      
    l y devint professeur en 1937, puis directeur jusqu'en 1949.

    C'est le 30 mai 1962 à Lausanne qu'il s'est éteint, des suites des blessures qu'il a reçues lors d'un accident de voiture en 1958, d'un infarctus.
      
    Ainsi est mort celui qui partagea la tragédie russe des Romanov.
      
    Son héritage est composé des centaines de photographies qu'il a put ramener avec lui ainsi que des écrits et des mémoires sur la vie de
    cette ultime famille impériale russe.

     

    Ci-dessous, une vidéo sur les Romanov :

     

     

     

     

    http://fictions-chao-druty.skyrock.com/tags/gfgAOafnjVE-Professeur.html

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Partager via Gmail Delicious Yahoo! Google Bookmarks Pin It

    votre commentaire
  •  

     

    Le rôle pivot de la Russie dans la Première Guerre Mondiale.

       

    Le rôle pivot de la Russie

      

    Souvent minimisé en Occident, le rôle de l’armée impériale russe dans l’issue de la Première Guerre mondiale fut pourtant déterminant, affirme Serge Andolenko, général historien français d’origine russe.

     

     

    Drapeau du 2e régiment de la 1ere brigad russe col A. Korliakov

    La part décisive prise par les troupes de l’armée impériale russe dans l’issue du conflit n’a pas été reconnue à sa juste valeur en Occident.

      

    C’est en tout cas le point de vue de Serge Andolenko, général français issu de Saint-Cyr et historien d’origine russe émigré en France après la Révolution d’octobre.

      

    Dans un entretien accordé à RBTH, son fils Pavel Andolenko, lui-même ancien officier de « la Royale », divulgue les principales thèses de son père allant à l’encontre de l’opinion dominante.

      

    Celle-ci se limite au souvenir de Brest-Litovsk (la paix séparée signée par les bolcheviks) et à la piteuse performance de l’armée russe.

      

    Pour Andolenko, ce n’était pas du tout le cas jusqu’à

    l’abdication du tsar Nicolas II.

     

     

    _Nicholas_II_of_Russia_by_Ilya_Galkin

    Le tsar Nicolas II .

      

    Le rôle de l’armée impériale russe fut au contraire déterminant sur le cours de la Première Guerre mondiale de 1914-1918 et pour la victoire finale.

      

    Le centenaire du déclenchement de la « Grande Guerre » est une occasion unique de le rappeler, car une idée très répandue dans la conscience historique occidentale veut que la Révolution d’octobre 1917 soit le résultat d’une défaite militaire de l’armée russe.

     

      

      

      

    Le même stéréotype réduit à néant le rôle des troupes russes

    dans la victoire de novembre 1918.

     

     

    soldats russes front russe ( col Lamy

    Soldats ruses sur le front russe.

      

    Les recherches de Serge Andolenko retrouvent aujourd’hui toute leur actualité.

      

    Pour lui, la « désinformation » dont sont victimes nos contemporains à tous les niveaux « conduit, inconsciemment ou non, tous les États complices de cette supercherie à conserver des données fausses dans leurs mémoires respectives ».

    En 1914, l’offensive contre la Prusse sauve l’armée française sur la Marne.

    Pour le général Andolenko, l’armée russe qui s’engage dans la guerre en 1914 est une des meilleures de son temps.

      

     

    Mais elle est « fortement handicapée par deux points faibles inhérents au pays » :

      

    la taille géographique de celui-ci (40 fois la France, deux fois et demie les États-Unis) qui aggrave les difficultés logistiques, et une économie en forte expansion au début du conflit mais pas suffisamment consolidée pour s’adapter à une conflagration mondiale de longue durée.

     

     

    cosaq col P. Lamy

    Cosaques sur le front prussien © Col. P. Lamy

      

    Ces deux handicaps vont forcer l’armée russe à « remplir sa mission dans des conditions inhumaines » au cours des deux premières années du conflit.

      

    Le 17 août 1914, la Russie lance une offensive contre la Prusse orientale, pour laquelle son armée n’est pas prête.

      

    L’Empire russe s’y engage à la demande de la France pour permettre à cette dernière de résister à l’offensive allemande sur la Marne.

     

    Russe en france en 1916

    Régiment russe en France.

      

      

    Ce combat « pour les alliés », comme le qualifie aujourd’hui le réalisateur historien de Saint-Pétersbourg Viktor Pravdiouk, coûtera à la Russie plus de 100 000 morts et une défaite à Tannenberg.

      

    Mais tout commence bien. Les premières victoires affolent l’état-major allemand qui dégarnit le front Ouest de deux corps d’armée et d’une division de cavalerie, ce qui donnera plus tard lieu au « miracle » de la Marne.

      

    Ce dernier est loin d’être dû aux seuls taxis célébrés dans nos écoles.

    1915 : Verdun avant Verdun sur le front de l’est

     

     

    citadelle de Verdun

    Citadelle de Verdun .

      

    M. Andolenko qualifie l’année 1915 de « Verdun avant Verdun » :

    l’armée russe va subir tout ce que l’industrie allemande est capable de produire.

      

    Aux hécatombes de 1914 vont s’ajouter celles encore plus terribles de 1915. L’industrie russe ne suit pas et sur les champs de bataille les soldats russes doivent ramasser les armes de leurs camarades tués.

      

    Toutefois, rien ne les arrête :

    les combats se poursuivent à la baïonnette, au couteau et même à mains nues…

      

    La Russie perd près de 2 500 000 tués ou blessés (au total, la Première Guerre lui coûtera deux millions de morts, plus que la France saignée à un million et demi).

      

    Les Allemands, conscients qu’ils ne peuvent gagner sur les deux fronts, proposent aux Russes une paix séparée en offrant un cadeau de choix :

    Constantinople et les détroits !

     

    Capture d’écran 2014-07-05 à 19.53.19 

    Infographie Natalia Mikhaylenko.

      

    Les Russes eux-mêmes auraient dû demander l’armistice en toute logique militaire, puisqu’ils compensaient par des pertes humaines leur infériorité en équipements et en armes.

      

    Ils ne le font pas et Nicolas II rejette l’offre allemande pour ne pas lâcher ses alliés. Et la boucherie se poursuit.

     

    L’année charnière : 1916


    En 1916, l’Allemagne réactive ses troupes sur le front Ouest. C’est Verdun puis l’offensive de la Somme.

    Pour les Russes, c’est un répit relatif qu’ils mettent à profit pour approvisionner et équiper les troupes grâce aux progrès fulgurants de l’industrie.

      

    Ils lancent au moins deux offensives décisives pour le sort de la guerre :

    celle du général Broussilov en juin vers la Bessarabie, qui met deux millions de combattants adverses hors de combat, et celle du général Youdénitch qui défait les Turcs sur le front du Caucase et arrive jusqu’à l’Euphrate.

     

     

    prise d'armes col P. Lamy

      

      

    Grâce à ce redressement de l’armée russe, les alliés envisagent la suite du conflit avec plus d’optimisme. Winston Churchill, ministre des Munitions à l’époque, relève que « peu d’épisodes de la Grande Guerre sont plus surprenants que la restauration, le ravitaillement et l’effort gigantesque de la Russie en 1916 ».

      

    Au début de l’année 1917, tous les observateurs et acteurs du conflit (Allemands et alliés) sont d’accord :

    « la Russie impériale a déjà gagné la guerre ! »,

    estime le général Andolenko aujourd’hui cité par son fils Pavel.

      

    « L’armée russe n’était pas défaite, au contraire », dit M. Pavel Andolenko à RBTH.


    « Il arrive qu’on qualifie les pertes humaines subies par la Russie en 1915 d’inutiles.

    C’est pourtant grâce à cette multitude de sacrifices que la Russie n’a pas capitulé ou signé une paix séparée.

      

    Que se serait-il passé si la Russie avait été acculée, les alliés occidentaux auraient-ils pu reconstituer leurs forces et développer leur production d’armements pour aborder 1916 ? », s’interroge à son tour M. Pavel Andolenko.

     

     

    Capture d’écran 2014-07-05 à 19.44.50

    (Infographie par Natalia Mikhaylenko)

     

      

    Depuis janvier 1917, les Autrichiens négocient

    avec les Français, les Anglais et les Italiens.

      

    Mais le Tsar n’est pas au courant.

      

    S’il l’avait été, il n’aurait probablement pas abdiqué en mars.

      

    Cette abdication aux raisons encore mal élucidées, selon Andolenko, a marqué le début de la fin :

      

    les soldats qui avaient combattu pour la Patrie, Dieu et le Tsar

    « ne savaient plus où se tourner ».

      

    Le Gouvernement provisoire, tout en proclamant sa volonté de poursuivre la guerre, donne des ordres incohérents qui disloquent l’armée de l’intérieur.

      

    Pour Andolenko, « la révolution n’est pas une conséquence fortuite du marasme existant, ni d’une prétendue défaite militaire ; la révolution serait plutôt la cause première de la destruction de l’armée ».


    Français et Russes ont supporté les deux tiers de l’ensemble des pertes en vies humaines.

      

    « Les armées française et russe ont payé le plus lourd tribut à la victoire et il faut garder en mémoire que ces deux armées ont lutté en étroite collaboration tout au long de la guerre, chacune s’efforçant toujours de soulager l’autre quand celle-ci supportait l’effort principal de l’ennemi »,

    conclut après son père Pavel Andolenko.

      

    À la fin de la guerre, malgré la paix de Brest-Litovsk et les « emprunts russes », le maréchal Foch déclarait :

      

    « Si la France n’a pas été effacée de la carte de l’Europe, c’est avant tout à la Russie que nous le devons ».

      

    L’histoire se rééditera 27 ans plus tard :

    les États-Unis n’interviendront dans le conflit que six mois après la reddition de Von Paulus aux Russes à Stalingrad.

     

    Dimitri de Kochko,

     

     

     

     

     

     

    Partager via Gmail Delicious Yahoo! Google Bookmarks Pin It

    votre commentaire
  • GetAttachment.aspx.jpeg

      

      

    LE SAVIEZ-VOUS ?

     

     

     

     

      La bibliothèque de Voltaire a été acquise par l’impératrice Catherine II peu de temps après la mort du philosophe français survenue le 30 Mai 1778.

      

      

    Dès qu’elle eut reçu  de son agent littéraire et politique M. Grimm la confirmation de cette triste nouvelle, Catherine II lui écrivit (le 21 Juin 1778) :

      

    « Quand je viendrai en ville cet automne, je rassemblerai les lettres que ce grand homme m’a écrites, et je vous les enverrai. J’en ai un grand nombre, mais s’il est possible, faites l’achat de sa bibliothèque et de tout ce qui reste de ses papiers, inclusivement mes lettres. Pour moi, volontiers, je paierai largement ses héritiers, qui, je pense, ne connaissent le prix de rien de tout cela… Je ferai un salon où ses livres trouveront leur place… »

     

     

     

      

      

    M. Grimm ne tarda pas à bien présenter les intentions de l’impératrice dans de nombreux périodiques publiés en Europe Occidentale où l’on put déjà lire non seulement l’achat des livres et des lettres du célèbre français, mais aussi l’érection en son honneur du monument, du « mausolée », du « musée » ou « du temple mémorial » à St-Pétersbourg.

      

    Mais même dans leurs plus beaux songes les européens éclairés de ce siècle n’auraient pas pu supposer le vrai plan de Catherine II : construire dans le parc de sa résidence de Tsarskoië-Sélo une copie du château de Ferney, où Voltaire vécut les 20 dernières années de sa vie.

      

      

    C’est dans un tel décor précieux, que l’impératrice voulait installer ce vrai trésor − la bibliothèque de Voltaire. « Faites-moi avoir la façade du château de Ferney et, s’il est possible, le plan intérieur de la distribution des appartements − écrivit-elle dans une des lettres suivantes à M. Grimm − car le parc de Tsarskoië-Sélo n’existera pas, ou bien le château de Ferney viendra y prendre place.

      

      

    Il faut encore que je sache quels appartements du château sont vers le nord, et quels vers midi, levant et couchant ; il est encore essentiel de savoir si l’on voit le lac de Genève des fenêtres du château et de quel côté ; il en est de même du mont Jura ».

     

     

      Sur l’ordre de Catherine II, en 1779, ont été relevés les plans du château de Ferney et de ses parcs, ainsi qu’un modèle détaillé de tout le bâtiment. Le secrétaire de Voltaire J.-L. Wagnière a été chargé de transporter à St-Pétersbourg les échantillons des tentures murales et des tissus recouvrant les meubles.

      

      

    Le « Ferney russe » à Tsarskoië-Sélo devait, dans l’esprit de l’impératrice, symboliser à jamais la honte de la France, qui n’avait pas rendu les derniers hommages à Voltaire.

     

      Cependant le projet de construction de la copie du château de Ferney en Russie n’a pas été réalisé, probablement pour des raisons financières mais aussi politiques : la révolte de Pugatchev a épuisé les réserves d’état.

      

      

    Au début des années 1780 on a assisté au rapprochement évident de la Russie avec la France de Louis XVI et avec l’Autriche en vue de nouvelles répartitions territoriales du monde. De plus la correspondance de Voltaire avec l’impératrice russe, si recherchée par elle, a été récupérée à Ferney par le libraire Charles-Joseph Panckoucke.



    Photos prises dans l'ouvrage "VOLTAIRE CHEZ LUI - Genève et Ferney"

    Bibliotheque-Voltaire-1-copie-1.jpg
    Maquette du Chateau de Ferney. Bois, papier, verre, métal et plâtre - 100 x 65 cm - H. 48 cm


    Bibliotheque-voltaire-2-copie-1.JPG


    Vue d'ensemble de la maquette, après démontage du toit et des façades.

    Bibliotheque-Voltaire-3.jpg
    Détails : l'aile sud-est avec la bibliothèque.




     

    De tous les projets visant à immortaliser la mémoire de Voltaire, un seul a été complètement réalisé : l’achat de sa bibliothèque. 

    Les pourparlers concernant cet achat furent menés par M. Grimm et I. Chouvalov avec la nièce et héritière de Voltaire, Mme Denis, qui finalement reçut de l’impératrice la somme de cent trente cinq mille trois cent quatre-vingt dix-huit livres, quatre sols, six deniers ainsi qu’un coffret avec un portrait de Catherine II, des diamants et des fourrures.

      

      

      

    Toute cette acquisition fut suivie et même contrôlée par le gouvernement français dont l’opinion officielle fut formulée par le premier ministre Charles Gravier de Vergennes dans sa lettre à l’envoyé français à St-Pétersbourg le chevalier de Corberon : « … Cette affaire est absolument étrangère à la politique et il est au moins inutile que nous nous mêlions de priver Catherine II d’une chose à laquelle elle parait mettre un assez grand intérêt… »

     

      Au début du mois d’août 1778 la bibliothèque de Voltaire arriva à St-Pétersbourg sur un bateau spécialement envoyé par Catherine II. J.-L. Wagnière qui suivit les livres et les manuscrits dans leur voyage, s’occupa de leur déballage et les rangea au Palais d’Hiver dans les pièces attenantes au cabinet de travail de l’impératrice, puis, une fois sa tâche terminée, il revint au pays, chargé de nombreux cadeaux. Wagnière remit les clefs des armoires de la bibliothèque à Alexandre Loujkov (1754 – 1808), un homme cultivé et distingué, traducteur de français.

     

     

      La bibliothèque de Voltaire devint partie intégrante de la bibliothèque personnelle de Catherine II. En novembre 1785 l’ensemble de la bibliothèque de D. Diderot et des ses manuscrits arriva à son tour à St-Pétersbourg et pris place à côté de celle de Voltaire. Au cours des dernières années du XVIIIe siècle la bibliothèque de l’Ermitage fut non seulement le lieu de travail préféré de l’impératrice, mais aussi une des curiosités de la capitale russe, que l’on présentait avec plaisirs aux diplomates et voyageurs étrangers.

      

      

    Une des premières descriptions de la bibliothèque de Voltaire, après son transport en Russie, fut faite par Iohann-Gottlieb Georgi dans sa « Description de la ville

    de St-Pétersbourg » (édition russe du 1794) : « A un étage supérieur de l’Ermitage se trouve la bibliothèque de Voltaire.

      

      

    Achetée par l’impératrice à son héritière, elle occupe une salle, ayant en son centre des armoires, avec un plateau carré en bois où se trouve le buste en bronze de Voltaire et une grande maquette du château de Ferney avec ses parcs ».

     

      Les changements politiques des règnes de Paul 1er et Alexandre 1er n’ont presque rien changé dans la destinée de la bibliothèque du philosophe français : on a toujours continué à la conserver comme une collection à part à l’Ermitage et Alexandre 1er, qui vénérait beaucoup la mémoire de sa grand-mère, a même trouvé la possibilité de la placer dans une salle spécialement aménagée sous les Loges de Raphaël. Au temps de Nicolas 1er pour qui Voltaire fut un des symboles du libéralisme du XVIIIe siècle, donc un des précurseurs de la révolution française et du décembrisme russe, la bibliothèque du célèbre français fut fermée aux lecteurs et visiteurs.

      

      

    Seule exception fut faite à A. Pouchkine, qui put obtenir une permission exceptionnelle du tsar, en 1832, en vue de ses recherches historiques : Pouchkine avait toujours voulu travailler avec des documents dont Voltaire s’était servi pour la composition de « L’Histoire de l’Empire de Russie sous Pierre-le-Grand ».

     

      Au début des années 1850 la bibliothèque de Voltaire trouva un nouvel emplacement à l’Ermitage (aujourd’hui la salle 117), mais, dès 1861, elle fut transportée dans le bâtiment de la Bibliothèque Impériale Publique.

     

      Un an après ce transfert fut fait le nouvel inventaire de la collection, on pensa aussi à faire la description sommaire des notes, que le philosophe avait laissées en marge de ses livres.

      

      

    Vers la fin des années 1860 la bibliothèque de Voltaire fut mise dans les armoires de la Salle ronde au deuxième étage de la Bibliothèque Publique (là où aujourd’hui se trouve la conservation des livres russes).

      

    Dans cette même salle trouva sa place la statue de Voltaire par Houdon, qui rentra à l’Ermitage en 1884.

     

      Au début du XXe siècle le premier catalogue manuscrit de la bibliothèque de Voltaire, nommé le « Catalogue de Ferney » joua un grand rôle dans les recherches scientifiques. Il porte des notes et corrections du philosophe lui-même et donne un bon répertoire des éditions qui se trouvaient au château du vivant de Voltaire.

     

      En 1913, F. Caussy donna au public son célèbre « Inventaire des manuscrits de la bibliothèque de Voltaire conservés à la Bibliothèque impériale publique de St-Pétersbourg ».

     

      En 1929, sous l’égide de l’académicien N. Marr et avec la participation du célèbre scientifique et traducteur M. L. Losinsky fut commencée la préparation de l’édition du Catalogue fondemental de la bibliothèque de Voltaire.

      

      

    Dans ce grand travail participèrent, dans les années 1930/1940, les meilleurs collaborateurs de la Bibliothèque Publique, connaisseurs de l’œuvre de Voltaire, D.S. Krim, Z.D. Ivanova, V.S. Lublinsky, L.S. Gordon, N.V. Varbanets. Le Catalogue fut publié en 1961 dans les éditions de l’Académie des sciences sous la rédaction de l’académicien M. P. Alekseev et de T.V. Kopreeva, il reste jusqu’à nos jours un instrument de recherches pour le scientifique et les lecteurs qui s’intéressent à l’œuvre du philosophe français.

     

      Conformément à son « Catalogue » la bibliothèque de Voltaire comporte 6 814 volumes (y compris 20 volumes de manuscrits décrits par Caussy).

     

      En analysant le répertoire des éditions de la bibliothèque on peut noter le très grand intérêt que Voltaire portait à la littérature philosophique, juridique et théologique.

      

      

      

      

    Ces ouvrages furent un éminent support idéologique au philosophe dans ses combats contre la religion catholique, ainsi que contre toute religion.

      

      

    Les traités juridiques richement annotés des remarques marginales furent utilisés dans la lutte pour la nouvelle législation. La bibliothèque comporte un très bon choix d’ouvrages sur l’histoire de la France, de l’Europe et de l’histoire universelle. Voltaire avait un bon répertoire des ouvrages dramatiques et poétiques en français et en italien.

     

      Par ailleurs, comme toute bibliothèque vraiment encyclopédique, elle avait dans son répertoire les meilleurs périodiques scientifiques du temps, les œuvres de Newton, dont Voltaire fut le vulgarisateur en France, les traités médicaux du célèbre hollandais Hermannus Bœrhaave , des descriptions de voyages, des atlas, en somme des livres traitant de presque toutes les sciences et parlant de tous les arts.

     

     

      Les œuvres de Voltaire occupent une place à part dans sa propre bibliothèque, elles sont richement annotées de remarques, corrections et autres traces de lecture du philosophe.

     

      Pour exemple : « Le dictionnaire philosophique », qui est conservé à la bibliothèque dans toutes ses rééditions successives et avec les notes marginales de Voltaire, donne la possibilité de pénétrer aujourd’hui dans le laboratoire de travail du philosophe et de voir l’évolution de ces idées pendant plusieurs années de suite.

     

      La bibliothèque et les manuscrits de Voltaire contiennent un compendium considérable de documents sur l’histoire russe : il s’agit tout d’abord de la rossica française et de cinq volumes de manuscrits, qui furent préparés en Russie et envoyés à Ferney lors du travail de Voltaire sur « l’Histoire de l’Empire de Russie sous Pierre-le-Grand ».

     

      Voltaire − membre honoraire de l’Académie des sciences de St-Pétersbourg − contribua beaucoup dans les pays de l’Europe à la propagande du nom et des réformes de Pierre-le-Grand, dans ses ouvrages historiques et polémiques ; il créa une image favorable de la Nouvelle Russie.

      

      

    Dans les années 1760/1770, il fit beaucoup pour la présentation idéologique dans les pays occidentaux de la politique de Catherine II qui fut pour Voltaire « l’autocratrice-impératrice-bienfaitrice Catherine la Grande », protectrice de la tolérance religieuse.

     

      C’est pourquoi parmi les manuscrits russes de Voltaire, qui sont conservés dans sa bibliothèque, nous voyons non seulement un « Extrait du Journal de Pierre-le-Grand », mais aussi la traduction française du célèbre « Instruction pour la commission chargée de dresser le projet d’un nouveau Code des Lois » de Catherine II.

      

      

    Ce document fut envoyé à Voltaire en 1769, il fut utilisé par lui dans ses travaux polémiques et rentra en Russie avec sa bibliothèque.

     

      « Ma coutume est d’écrire sur la marge de mes livres ce que je pense d’eux », écrivait Voltaire dans une lettre à Mme de Saint-Julien. Environ 2 000 volumes de sa bibliothèque portant les traces de lecture de leur propriétaire, confirment cette déclaration. On distingue à peu près 30 genres de traces de lecture qui se divisent en notes « écrites » (notes de texte) et notes dites « muettes ».

      

      

      

    A côté des annotations de la main de Voltaire, on trouve aussi dans ses livres de nombreux signets − bandes de papier glissées entre les pages, les « papillons » − petits bouts de papier collés sur le texte du livre ou en marge, les pages cornées ou pliées, les mots et phrases soulignés, ainsi que les différents signes graphiques (traits, croix, points, etc.) faits à l’encre ou au crayon, à la sanguine ou à la pointe sèche.

     

      Les notes marginales de Voltaire, ainsi que sa correspondance, ses carnets de notes, et les autres documents personnels offrent aux chercheurs des possibilités rares pour « parvenir à une meilleure connaissance de l’univers voltairien ». Les liens entre les notes marginales de Voltaire et ses écrits sont incontestables.

      

      

      

    Bien souvent, les notes se retrouvent reproduites mot à mot, ou légèrement modifiées, dans les ouvrages historiques et philosophiques, dans les contes et les pamphlets, et surtout dans la correspondance. Leur importance est inestimable pour recréer l’image du « vrai Voltaire ». Ses annotations sont souvent la réaction immédiate à sa lecture, parfois elles expriment son opinion définitive, résultat de longues médiations. Dans tous les cas elles sont d’une sincérité frappante. Annotant ses livres, Voltaire ne se souciait ni de censure, ni de publicité.

     

      Les notes «écrites » sont très cariées tant du point de vue de leur forme que de leur contenu. Il y en a qui sont des remarques de fait, des répliques brèves ou détaillées, des objections argumentées, mais le plus souvent ce sont des opinions franchement polémiques.

     

      Un mot suffit d’habitude au Voltaire-lecteur pour exprimer son attitude positive ou négative par rapport à la lecture. « Bien », « bon », « vrai », « excellent », « bravo », − de cette manière, laconique mais émotionnelle, il confirme son accord avec l’auteur. « Non », « faux », «erreur », « bêtise », « sottise », « galimatias ! » − et ce sont seulement quelques exemples d’un large spectre des appréciations négatives, que nous donnent les notes marginales.

     

      Ecrivain dont le style peut passer pour exemplaire, Voltaire est très sensible à toute nuance de la langue.

      

      

    Et comme tel il se montrait bien sévère à l’égard de ses confrères de plume, ne supportant ni métaphores maladroites, ni expressions ampoulées, ni rimes banales, ni inexactitude.

      

    « Mal écrit », « inintelligible », « mauvaise comparaison », « quel galimatias d’expressions », « quel style ! », − s’écriait le critique impitoyable. Les reproches et les remarques sarcastiques abondent dans les marges des tragédies de Belloy et de Crébillon, on les retrouve dans les ouvrages philosophiques, historiques, économiques, scientifiques de Buffon, de Dubos, d’Helvétius, d’Holbach, de Linguet, de Mably, de Montesquieu, de Rousseau et de beaucoup d’autres.

     

      L’un des procédés préférés de Voltaire était d’ajouter quelques mots à la suite du nom de l’auteur, du titre de l’ouvrage ou du chapitre, de l’alinéa, etc. les caractérisant d’une manière brève et parfois mordante.

      

      

    C’est ainsi qu’à la fin de la tragédie de Baculart d’Arnaud « Fayel », après la remarque de l’auteur « Le rideau s’abaisse », on lit cette phrase ajoutée à la main : « Il ne devait pas se lever ». Il y a des annotations dont le sens est beaucoup plus général. Ce sont les opinions de Voltaire se rapportant à un auteur, un éditeur, ou un traducteur, à un livre en entier ou à une partie du livre. « Plate préface.

      

      

    Elle rend nécessaire ce que l’auteur veut combattre », − écrit-il en marge du « Christianisme dévoilé » de d’Holbach. « Livre dangereux » − cette note figure sur la feuille de titre de plusieurs ouvrages de la critique philosophique présents dans sa bibliothèque.

     

      A partir de la deuxième moitié du XVIIIe siècle et jusqu’à nos jours, l’intérêt pour les notes marginales de Voltaire ne s’est jamais épuisé. Les premières publications des marginalia de Voltaire datent de l’époque de son vivant.

      

      

    En 1760, Jen Formey a cité dans l’introduction à son ouvrage « Histoire abrégée de la philosophie » les notes de Voltaire dans un exemplaire du livre d’André Bourreau-Deslandes « Histoire critique de la philosophie » dont Formey était le possesseur. En 1890, E. Radlov publia un article consacré aux notes marginales du philosophe sur l’exemplaire du « Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes » de J.-J. Rousseau. Ces travaux furent continués par K. Derjavine, qui publia les remarques de Voltaire sur « L’Emile » et par des chercheurs américains G.R. Havens et N.L. Torrey.

     

      Dans les années 1960, on envisagea pour la première fois d’effectuer une édition de toutes les notes de lecture de Voltaire conservées dans sa bibliothèque. En vue de la réalisation de ce projet, l’administration de la Bibliothèque forma une équipe, dont les membres étaient des paléographes et des historiens du livre, ainsi que des spécialistes des langues et des littératures romanes.

      

      

    Le Comité de rédaction, présidé par O. Golubéva, directeur-adjoint de la Bibliothèque, devait coordonner le travail et porter la responsabilité de l’édition. T. Voronova, S. Manévitch, N. Elaguina et L. Albina furent nommés membres du Comité. Les professeurs L. Gordon, V. Liublinsky et A. Lublinskaja, savants réputés, prirent part à la publication, en qualité de consultants scientifiques. Le travail technique a été effectué par R. Afanassieva, L. Kolgoy, T. Bobyleva, N. Cheina, S. Katalnikova, I. Frolova, E. Bernadskaya, A. Goldberg et S. Dmitryuk.

     

      Après la parution en 1979 du premier volume du Corpus des notes marginales de Voltaire dans les éditions « Académie-Verlag », plusieurs comptes-rendus favorables furent publiés dans la presse russe et européenne.

      

      

    Dans une lettre adressée à O. Golubéva, Robert Shackleton, Président de la Fondation Voltaire à Oxford, écrivait : « Je crois pouvoir affirmer que le retentissement international de l’édition des notes marginales de Voltaire fera époque dans les annales du Siècle des Lumières ».

     

      L’activité de « l’équipe voltairienne » de la Bibliothèque Publique dura de 1969 à 1994. Au cours de cette période, les membres de l’équipe rédigèrent les notices descriptives de 1687, ouvrages portant les signes de lecture de Voltaire.

      

      

    Cinq volumes du Corpus furent donnés au grand public. La préparation et la publication des deux derniers volumes (tomes 6 et 7) seront effectuées par la Bibliothèque Nationale de Russie en coopération avec la Voltaire Fondation (Oxford) et les Editions de la Sorbonne (Paris).

     

      La publication « traditionnelle » des notes marginales de Voltaire fut complétée en 1998 par une édition fac-similé du « Contrat social » de J.-J. Rousseau de la Bibliothèque de Voltaire (édition « Le Serpent à Plumes »). En 2002, les Bibliothèques Nationales de Russie et de France décidèrent d’effectuer une série d’éditions numériques des livres avec des notes marginales de Voltaire.

      

      

    On prévoit déjà en 2003 la mise sur Internet du Traité de CL.-A. Helvétius « De l’esprit » (Paris, 1758) et de la « Lettre de Jean-Jacques Rousseau à Christophe de Beaumont, archevêque de Paris… » (1763).

     

      L’organisation d’expositions fut toujours un travail prioritaire pour les conservateurs de la Bibliothèque de Voltaire et les dernières années ne firent pas exception. En 1994, lors de la commémoration du tricentenaire de la naissance du grand français, la Bibliothèque Nationale de Russie participa à trois expositions internationales :

      

      

    « Voltaire et ses combats » ( Oxford ), « Voltaire chez lui » (Genève), « Voltaire et l’Europe » (Paris).

     

      En 1998/99 des exemplaires annotés par le philosophe furent montrés aux visiteurs du Musée J.-J. Rousseau à Montmorancy, au mois de Juin 1999 eut lieu une exposition « Voltaire, la justice et l’opinion publique », organisée par la Cour de Cassation de France, la Bibliothèque Nationale de France.

      

      

    En 2000, les autographes des lettres de Voltaire au roi de Prusse, Frédéric-le-Grand, furent exposés dans le Nouveau Palais de Potsdam, en 2001, les échantillons des tissus du château de Ferney transportés au XVIIIe siècle en Russie par J.-L. Wagnière rentrèrent pour quatre mois à Ferney-Voltaire.

     

      Le travail des conservateurs de la Bibliothèque de Voltaire et la consolidation de l’intérêt international pour cette collection amenèrent à l’idée de la création à la Bibliothèque Nationale de Russie du « Centre d’étude de l’Encyclopédisme et du XVIIIe siècle » (« Centre Voltaire ») ayant comme base informatique la bibliothèque et les manuscrits de Voltaire et plus largement la bibliothèque de Catherine II.

      

    Le « Centre Voltaire » permettra d’offrir des conditions favorables à la conservation et à l’utilisation de ces collections, il effectuera la coordination des recherches scientifiques et bibliographiques sur l’œuvre de Voltaire en Russie. « Le Centre Voltaire » de St-Pétersbourg continuera les projets d’édition du « Corpus des notes marginales de Voltaire » préparera la réédition du « Catalogue » de la bibliothèque de Voltaire avec des additions et des corrections. Un grand projet de numérisation des manuscrits de Voltaire et de leur description scientifique sera aussi effectué.

     

     

      La reconstitution de la Bibliothèque de D. Diderot et celle de Catherine II, actuellement disséminées dans l’ensemble des fonds étrangers de la Bibliothèque Nationale de Russie, sera l’une des premières tâches scientifiques de la nouvelle institution.

     

     

      L’idée de la création du « Centre Voltaire » à St-Pétersbourg fut soutenu par le président de la République Française, Jacques Chirac, qui avait visité la Bibliothèque Nationale de Russie le 26 Septembre 1997.

     

     

      Les travaux architecturaux et de construction ont débuté en 2001 et terminés pour être au mois de mai 2003. Ainsi l’ouverture du « Centre Voltaire » de la Bibliothèque Nationale de Russie pourra être considérée comme un cadeau à St-Pétersbourg à l’occasion de son tricentenaire.

     


    Source : LA BIBLIOTHEQUE DE VOLTAIRE A SAINT-PETERSBOURG.

     








    Bibliotheque-Voltaire-4004.jpg

     

     

    Dessiné par l'architecte, le Sr Racle, en 1779. Cette planche fait partie du dossier envoyé à Catherine II et accompagne les plans. Encre de chine et aquarelle - St-Péterbourg - Bibliothèque Nationale de Russie.

     

    Bibliotheque-Voltaire-4005.jpg

    Château de VOLTAIRE

     

     

    A LIRE IMPERATIVEMENT : CLIQUEZ SUR LE LIEN...

     

      GetAttachment.aspx

     

     

    http://www.ville-ge.ch/bge/imv/gazette/14/a_propos.html

     

     

    http://www.monsieurdevoltaire.com/article-le-saviez-vous-45216119.html 

     

     

     

     

    Partager via Gmail Delicious Yahoo! Google Bookmarks Pin It

    votre commentaire
  •  

     

     

     

    Anastasia Romanov

    Image du Blog soeurclemantine.centerblog.net

    La monarchie a disparu quand le Tsar et sa famille ont été assassinés dans des circonstances mystérieuses par les bolcheviks. Nicolas II et Alexandra, le dernier Tar de Russie, ont été les protagonistes de la plus grande histoire d'amour et, quoique tragique, de la dynastie les Romanov.  

    Ils se sont rencontrés quand il avait 16 ans et elle 12. 

     

     

     

    Anastasia Romanov est née en 1901. Fille de Nicolas II et Alexandra. Une de ses parentes, Anastasia Romanova , était l'épouse préférée de Ivan IV le Terrible  . Il avait un frère (Alexei) et trois soeurs (Tatiana, Olga et Maria).

    Elle vivait dans l'une des 100 chambres du palais avec sa sœur Marie, et à côté de sa chambre à coucher Tatiana et Olga.

    Après la révolution, les bolcheviks ont saisi toute la famille Romanov, isolée pendant 5 mois dans le palais, puis les ont emmenés en Sibérie. Une nuit, ls révolutinnaires ont réveillé la Famille et les a fait changer. Ils ont été emmenés dans une petite pièce et les ont abattus. Il est dit que Anastasia et ses soeurs ne ne sont pas morts immédiatement parce qu'il avait des diamants vêtements cousus, et ces balles ne pénètrent pas dans le costume. . Alors, ils ont été achevés à la baïonnette et leur a tiré dans la tête.

     

    C'était la plus petite des quatre filles du tsar et était réputée pour celle qui ne cessait de prendre soin de son petit frère, le tsarévitch Alexis, le benjamin de la famille. Anastasia a grandi avec ses trois autres sœurs: Olga, Maria et Tatiana. Avec son frère bien-aimé qu'elle avait toujours Alexis deux ans son cadet. I

    Ils a vécu entourés, choyés par sous la coupe familiale sublime, affectueuse et aimante.

     

     

    Nicolas Alexandrovitch Romanov est né à Saint-Pétersbourg le 18 mai 1868. a été le dernier tsar de Russie jusqu'à son abdication en 1917, avec la mise en œuvre par le mouvement révolutionnaire des bolcheviks durant la Révolution russe Romanov II dynastie des morts. Nicolas, déjà si elle était faible, un homme bon, mais un mauvais roi . Entré au trône confus, mal préparées. Il a cherché à s'appuyer sur quelque chose qu'il devrait vous faire sentir en sécurité, quelque chose qu'il aimait, et il y avait son épouse. Alix

    (données Wikipedia)

    Anastasia avait un caractère un peu réservé, profitant des activités de loisirs ainsi qu'entre ses hobbies, de prendre le terrain, jouer au tennis, jouer avec ses sœurs ou être toujours à l'écoute de sa grand-mère paternelle, l'impératrice Marie du Danemark qui jouissait des milliers d'histoires à raconter et histoires pour enfants. Nous savons que les fermiers ont participé aux événements officiels tels que Noël ou Pâques. On sait peu de détails de la vie d'Anastasia jeune, mais c'était une jeune fille polie, gentille et élégante, humbe et humaine.

    ANASTASIA

     

    Anastasia et sa Mère

     

      

    ALEJANDRA était une petite-fille de la reine Victoria. Le caractère de l'impératrice type très sociable de vie nécessitait un moins «officiel». Le drame qui a conduit à voir son fils souffrant d'hémophilie, de la même maladie qui a tué un de ses frères (hémophilie), peut encore augmenter l'isolement d'Alexandra et de son mysticisme délirant. En bref, la mère d'Anastasia n'était pas exactement la joie de la famille de culpabilité et d'auto-accusation de la condition de son fils et qui vivait dans l'angoisse permanente, comme une mère aimante, craignant que, à tout moment un accident mortel pour Alexis.

     

    Anastasia et ses soeurs

     

     

    Palais de Livadia de Nicolas et Alexandra.

     

    Livadia

     

    Dans la nuit du 17 Février 1920, un policier a sauvé une jeune fille de 20 ans, qui a sauté dans un canal à Berlin. Comme elle a refusé de révéler son identité ou de répondre aux questions sur la cause de sa tentative de suicide, elle a été admise dans un hôpital psychiatrique enregistrée comme Fraulein Unbekannt («Miss Unknown"). Diagnostiquée pour la "maladie mentale caractère dépressif depuis un an, elle a finalement avoué à une infirmière qu'elle a effectivement été la Grande-Duchesse Anastasia, la plus jeune des quatre filles du tsar Nicolas et sa femme 11 tsarine Alexandra.

    ANASTASIA, imposteur? .

    Anna Anderson Manahan, une immigrante américaine, est morte en Klostersee (Allemagne) en 1984 à l'âge de 83 ans à cause d'une pneumonie. Elle a été incinérée par sa volonté. De son apparence lointaine, à Berlin, il a continué de réclamer durant sa vie, il était la fille cadette de l'empereur et l'impératrice. Selon son récit avait survécu, gravement blessée et inconscient, à l'exécution, dit avoir été sauvée par un soldat russe qui a été tué plus tard. La vie d'Anna Anderson est venu en 1920 quand il a été sauvé du suicide au pont sur la rivière Spree dans la ville de Berlin. Elle a été admise dans un hôpital psychiatrique pour un temps dans lequel elle définit comme être la seule survivante de la famille impériale russe et fille de Nicolas II. Les nouvelles ont commencé à se propager à travers toute l'Europe. On admira la magnifique histoire, a donné raison de croire que si cette fille était vraiment la vraie fille du tsar, et l' espoir de milliers de sujets russes de placer un Romanov sur le trône, qui a été saisi par les bolcheviks.

     

    La fin de l'histoire :

     

    Anna Anderson, non seulement n'avait rien à voir avec la famille royale russe, mais son ADN est strictement déclaré comme l'ADN d'une immigrante de la Poméranie, région frontalière entre la Pologne et l'Allemagne. Ce fut le petit-fils d'un immigrant polonais Schanzkowska Franzisca et, fait intéressant, un enquêteur privé, fondée sur des preuves certaines avaient déjà suggéré il ya plusieurs années qui a été le vrai nom d'Anna Anderson. Le commentaire est donc un exemple clair de la façon dont des techniques génétiques modernes pour aider à résoudre des énigmes historiques fascinants que pour près de 80 ans a conduit à la mort violente de la famille royale russe aux mains des bolcheviks.

    Sa génétique ont été comparée avec les familles sur une liste de disparus entre 1918 et 1920 et constaté que Anna Anderson n'était pas la Tsarinne Anastasia, et que sa véritable identité était différente. Son nom de baptême était celui de Franziska Schanzkowska , né en Poméranie (Pologne) le 16 Décembre, 1896 et disparue en Mars 1920, a perdu sa mémoire quand il travaillait dans une usine à Berlin et a trouvé près d'un pont dans cette ville, a pris l'histoire d'Anastasia que son mari lui a raconté souvant, comme sa propre vie. Elle était mariée à un soldat (russe-polonais) de Tchaïkovski qui était présent lors du meurtre des Romanov en 1918 .

    Maintenant se trouve sous une pierre tombale on peut lire:

    Anastasia Manahan 1901-1984

     

     

    Traduction française de l'espagnol : http://www.cecilgoitia.com.ar/anastasia_romanov.htm

    et (données Wikipedia)

      

      

      

    Partager via Gmail Delicious Yahoo! Google Bookmarks Pin It

    votre commentaire
  •  

     

     Anastasia Nicolaievna Romanov

     




























    Anastasia Romanov est née le 18 juin 1901.
     
    Elle avait de beaux cheveux auburn doré et de magnifiques yeux bleu foncé.Enfant, elle n'était pas aussi belle que ses soeurs mais en grandissant elle est devenue une jeune fille d'une grande beauté, avec un nez et des lèvres fines, un visage ovale et légèrement mélancolique.
     
    Espiègle, taquine, bruyante, active, fougueuse, souriante, heureuse de vivre, Anastasia est le rayon de soleil de la famille, mais aussi l'enfant terrible.

     

    Elle aimait jouer de la guitare et de la balalaïka en compagnie d'Olga ou de Tatiana qui jouaient du piano.Elle détestait sa petite taille et que le fait d'être grande-duchesse l'empêche d'aller à l'école et l'oblige à avoir des manières princières.
    Ses passe-temps favoris étaient de faire des blagues à tous les gens qu'elle croisait et de monter aux arbres.
     
    Elle adorait Alexei et aurait tout donner pour qu'il ne soit pas atteint d'hémophilie.
    Elle était très intelligente mais prenait dans l'horreur le fait d'aller étudier.La matière qu'elle redoutait était la grammaire.
     
    Quand la guerre commença, Maria et Anastasia étaient trop jeunes pour être infirmières.A la place, elles allèrent réconforter les blessés.Anastasia était particulièrement appréciée pour son énergie, son entrain et ses plaisanteries.
    Anastasia est officiellement morte en 1918.    
     
     
     
     
     
     
     
     
     
    Partager via Gmail Delicious Yahoo! Google Bookmarks Pin It

    votre commentaire
  •  

     

     

      

    Anastasia Nikolaïevna de Russie (en russe : Анастасия Николаевна Романова), née le 18 juin 1901 (5 juin du calendrier julien) à Peterhof et assassinée avec toute sa famille le 17 juillet 1918 à Iekaterinbourg dans la villa Ipatiev est la quatrième fille du tsar Nicolas II de Russie et de son épouse l'impératrice Alexandra Féodorovna, née princesse Alix de Hesse-Darmstadt. Membre de la famille impériale de Russie, sa mort mystérieuse fut l'une des plus grandes énigmes de la première moitié du XXe siècle.

      

      

    Enfance

    La grande-duchesse Anastasia naît le 18 juin 1901 au palais de Peterhof (surnommé le « château de Versailles russe ») à 6 km au sud de Saint-Pétersbourg. Elle est la quatrième fille de l'empereur Nicolas II de Russie[1] et de l'impératrice, née Alix de Hesse et du Rhin, Alexandra Feodorovna.

      

    Par sa mère, elle est également une arrière-petite-fille de la reine Victoria.

      

    Elle a pour titre complet Son Altesse Impériale la grande-duchesse Anastasia Nicolaïevna de Russie.

     

     

    Anastasia est surnommée Nastia, Nastas ou Nastenka par ses proches. Elle est éduquée par un précepteur suisse, Pierre Gilliard, tout comme ses trois sœurs aînées, les grandes-duchesses Olga, Tatiana et Maria, et avec son frère cadet le tsarévitch Alexis.

      

      

    Elle et sa sœur Maria se font appeler La Petite Paire par la famille car elles sont très souvent ensemble et partagent la même chambre (comme leurs deux sœurs aînées d'ailleurs). Les quatre sœurs sont également connues sous l'acronyme OTMA, assemblage de leurs initiales respectives.

      

      

    Anastasia est connue pour être un garçon manqué. C'est une enfant puis une adolescente espiègle, taquine, bruyante, active, fougueuse, et souriante. À l'inverse de ses sœurs, son comportement n'est guère « princier ». Elle a d'ailleurs supplié sa mère, sans succès, de la scolariser dans un institut afin de se faire des amies, et a même envisagé une carrière d'actrice de théâtre, au grand désespoir de sa mère.

      

      

     

      

    Très intelligente  mais peu intéressée par l'école, elle est dotée d'un excellent sens de l'humour[non et aime les plaisanteries sarcastiques. Refusant de pratiquer la langue allemande de sa mère, elle aime cependant discuter en français avec son précepteur Gilliard.

      

    Elle adore également s'occuper de ses deux chiens, Shvybzik et Jimmy. Elle passe son temps-libre à écouter son phonographe, à écrire des lettres, à regarder des films, à faire des photographies, à jouer de la balalaïka avec son frère et à s'étendre au soleil. Il lui arrive aussi d'aller fumer secrètement dans le jardin, parfois accompagnée de sa sœur Olga. Cependant, elle souffre de maux d'estomac et a un hallux valgus

      

    Révolution et captivité

    La Révolution de février 1917 sonne le glas du régime impérial et le gouvernement perd le soutien du peuple russe. Nicolas II abdique en faveur de son frère le grand-duc Michel de Russie le 15 mars 1917. Le couple impérial et ses enfants sont alors assignés à résidence au Palais Alexandre.

     

    Le ministre de la Justice Kerenski essaie alors d'organiser l'exil de la famille impériale, puisque le roi George V est cousin germain de Nicolas II par sa mère et cousin germain d'Alexandra par son père. Mais le souverain britannique refuse car il a peur de devenir impopulaire. Après cela, les Romanov sont emprisonnés à Tsarskoïe Selo au palais Alexandre, puis à Tobolsk et enfin à la Villa Ipatiev à Iekaterinbourg.

    À Iekaterinbourg, où seuls cinq domestiques ont pu les suivre (le médecin, la femme de chambre, le laquais, le cuisinier et son marmiton), ils sont surveillés par la Tchéka. La maison Ipatiev dans laquelle ils sont gardés est appelée La Maison à Destination Spéciale. Les fenêtres sont cadenassées, et certaines d'entre elles sont même cachées par des volets extérieurs. Des palissades ont été construites autour de la demeure pour la dissimuler.

    Probablement à cause de l'arrivée imminente des Armées blanches, le sort des membres de la famille impériale et de leur suite est scellé. Après que le petit marmiton eut été évacué, les Romanov sont réveillés dans la nuit du 16 au 17 juillet 1918.

      

    Les onze personnes sont exécutées vers deux heures du matin, en moins de trois minutes, dans une pièce du rez-de-chaussée de La Maison à Destination Spéciale : les hommes chargés de l'exécution visent le cœur et on achève les survivants d'une balle dans la tête et de coups de baïonnette.

    Le massacre a été commis par un groupe de bolcheviks commandé par Iakov Sverdlov et Iakov Iourovski, probablement sur l'ordre de Lénine.

    Les corps de la famille impériale furent chargés dans un camion puis transférés dans une forêt proche de Iekaterinbourg. Déshabillées, arrosées d'essence, brûlées et défigurées à l'acide sulfurique, les victimes sont jetées dans un puits de mine d'où elles furent, quelques jours plus tard, retirées pour être ensevelies sous un chemin forestier.

     

    À cause des déclarations contradictoires des journaux et de la confusion ayant régné pendant les opérations de dissimulation des corps, un trouble profond s'installe chez les Russes blancs qui investissent Iekaterinbourg le 25 juillet 1918.

    Le sort de la famille impériale est donc resté pendant longtemps sujet à controverses : si le juge Sokolov, dépêché par l'amiral Koltchak, conclut immédiatement au massacre collectif et à l'incinération des corps, divers historiens — s'appuyant en cela sur des rumeurs répandues dans la région d'Iekaterinbourg — contestèrent ses conclusions. Ainsi l'historienne Marina Grey, fille du général Denikine, tenta de démontrer la survie d'une partie de la famille impériale. Le prénom d'Anastasia est cité fréquemment mais qui considère contrairement à la plupart des partisans de la thèse de la survie (Marc Ferro notamment) que la famille impériale est morte vers 1919 ou 1920 pendant la guerre civile russe et qu'à ce titre la fameuse Anna Anderson était une affabulatrice.

    Pourtant elle a été reconnue comme telle par Tatiana Botkina, la fille du médecin du tsar (assassiné avec la famille impériale) qui publia un an après sa mort un ouvrage sur elle. Elle a été également identifiée par deux cousins germains allemands des cinq enfants de Nicolas II et de l'Impératrice qui défendirent Anna Anderson pendant les procédures des années 1950 et 1960 : les princes Frédéric Ernst de Saxe-Altenbourg (1905-1985) et Sigismund de Prusse (1896-1980). Il faut aussi citer le capitaine Felix Dassel qui en 1916 prit en charge les filles et en 1927, sceptique relativement à sa possible survie, tenta plusieurs fois de la piéger en lui communiquant de fausses informations, qu'elle corrigea aussitôt.

      

    En 1958, peu avant sa mort, il re-témoigna sous serment l'avoir reconnue. Par ailleurs les campagnes contre elles commencèrent lorsqu'elle affirma avoir vu Ernst de Hesse (« l'oncle Ernie »)en décembre 1916 à Saint-Pétersbourg à l'occasion d'un voyage secret de celui-ci pour négocier une paix séparée avec la Russie.

    Ces faits recoupés avec la thèse du massacre collectif ont amené à dire qu'Anastasia aurait survécu au massacre grâce aux bijoux et aux diamants cousus dans sa robe, qui auraient fait ricocher les balles sans la toucher. Lors d'un interrogatoire, un soldat aurait certifié qu'il manquait un corps avant de les enterrer et que pendant le chemin, il aurait entendu des gémissements humains. De plus, Anastasia aurait survécu aux coups de feu et aux coups des soldats léninistes dans la maison. Les soldats l'auraient frappée de nouveau mais n'auraient pas vérifié si elle était morte. Le mystère commence donc à cet instant, c'est-à-dire au moment de la non-vérification de la mort d'Anastasia et de l'empressement des soldats à enterrer tous les corps.

    De nombreuses femmes ont prétendu, tout au long du XXe siècle, être la grande-duchesse Anastasia. Anna Anderson est la plus célèbre d'entre elles avec Eugenia Smith. Cependant, des tests ADN ont prouvé le contraire et permis de réfuter l'une des plus grosses supercheries de l'Histoire.

    En 1990, les corps de la famille impériale ont été retrouvés et exhumés, puis identifiés par une analyse ADN. Deux corps manquent, celui du tsarévitch Alexis et celui de l'une de ses sœurs, Maria ou Anastasia. D'après le rapport de Yourovski, qui dirigea l'exécution, ces deux corps furent brûlés dans les bois voisins. Cependant, il n'existe aucune preuve réelle de la mort du frère et d'une des sœurs.

     

    Maria et Anastasia  

    Le 16 juillet 1998, Nicolas II a été inhumé avec les membres de sa famille (sauf Alexis et l'une de ses sœurs). Ils furent inhumés en présence des descendants de la famille Romanov, notamment du prince Nicolas Romanov, chef de la maison impériale de Russie. Le 14 août 2000, Nicolas II et sa famille ont été canonisés par l'Église orthodoxe de Russie, qui les considère comme morts en martyrs.

    Lors de fouilles, réalisées en juillet 2007, au lieu probable où les corps du tsarévitch et de l'une de ses sœurs auraient été enterrés, ont été retrouvés des ossements de deux corps. D'après les premières conclusions, il s'agirait d'un jeune garçon âgé de treize, quatorze ans et d'une jeune femme âgée de dix-neuf, vingt ans. Tels étaient les âges du tsarévitch Alexis et de la grande-duchesse Maria au moment de leur mort.

    Le 22 janvier 2008, à l'occasion du dépôt des conclusions préliminaires de l'expertise génétique, Nikolaï Nevoline, chef du bureau régional de l'expertise médico-légale de Sverdlovsk, a confié à RIA Novosti :

    « Les ossements découverts le 29 juillet 2007 aux abords d'Ekaterinbourg appartiennent à des enfants du dernier empereur russe. Les analyses ADN effectuées à Ekaterinbourg et à Moscou ont confirmé notre hypothèse. Une fois ces expertises terminées, leurs résultats seront comparés à ceux de nos collègues étrangers[3]. »

    Le 30 avril 2008, les analyses génétiques effectuées par un laboratoire américain auraient confirmé que les restes provenaient bien du tsarévitch Alexis et de sa sœur, la grande-duchesse Maria[4].

    Mais « la prétendante » Anna Anderson a été enterrée et incinérée en février 1984 aux États-Unis sous le titre en anglais « Son Altesse Impériale (Her Imperial Highness) Anastasia de Russia 5/18 juin 1901-12 février 1984 ». Elle a toujours ses adeptes. Une pierre tombale existe aussi en Bavière.

    Monument érigé à la mémoire des enfants martyrs d'Iekaterinbourg :

    Le 15 novembre 2011, jour anniversaire de la naissance de la grande-duchesse Olga Nikolaïevna de Russie, un monument d'une hauteur de 2,9 mètres, d'un poids de de 2 tonnes fut inauguré dans le monastère de Ganina Iama près d'Iekaterinbourg en Oural. Le métropolite Vikenti de Tachkent présida cette cérémonie précédée d'une liturgie. Ce monument à la mémoire des enfants du dernier tsar de Russie est une œuvre du sculpteur russe Igor Akimov. Ce monument représente les cinq enfants impériaux (Olga, Tatiana, Maria, Anastasia et Alexeï descendant du paradis. Un monument dédié au tsar Nicolas II de Russie et à son épouse fut inauguré dans le monastère Ganina Iama quelque temps auparavant

      

    En son honneur, son prénom fut attribué à un village de la province de la Mer noire, Anastasievska

      

     Fleurs - Rose blanche reflet sur fond noir 

      

    sources WIKIPEDIA  

     

    Partager via Gmail Delicious Yahoo! Google Bookmarks Pin It

    votre commentaire


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique