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    Romanov: le crime était presque parfait (article de l'Express de 1992):

     

    Les bolcheviques croyaient qu'on n'identifierait jamais les corps de la famille, du tsar. Grâce à la génétique, c'est chose faite. Reste à savoir ce que sont devenus Alexeï et Anastasia. L'impérial mystère demeure.

      

      

    En 1918, les soldats de l'armée bolchevique croyaient avoir commis le crime parfait: des corps défigurés à l'acide, puis enfouis dans la campagne d'Iekaterinbourg, en Russie. Ils avaient tort. S'il a fallu soixante-treize ans pour déterrer les ossements, il a suffi de quelques gouttes de sang royal et d'une série de manipulations en laboratoire pour résoudre l'une des plus grandes énigmes du XXe siècle: la fin des Romanov.

    Les cadavres, exhumés en 1991, sont bien ceux de cinq membres de la famille impériale et de sa suite. Le tsar Nicolas II, la tsarine Alexandra, petite-fille de la reine Victoria et grand-tante de l'actuel prince consort, et trois de leurs enfants ont été malgré tout identifiés. Les meurtriers de 1918 ne pouvaient pas prévoir un tel dénouement. A l'époque, on ignorait totalement le terme d' «empreinte génétique». Et c'est grâce à l'analyse de celle du prince Philip, duc d'Edimbourg, petit-neveu de la tsarine, que les scientifiques ont mis fin à l'impérial suspense.
     

      

      

    L'histoire commence au petit matin du 17 juillet 1918. Des soldats de l'Armée blanche approchent d'Iekaterinbourg, où le tsar et sa famille sont prisonniers depuis soixante-dix-huit jours. Vers 2 heures, un officier de l'Armée rouge réveille le souverain déchu et annonce un départ imminent. Il lui demande de descendre dans la cave, avec ses proches et sa modeste suite - quatre personnes - pour sa «sécurité et les besoins d'une photo». Au lieu d'un photographe, ce sont 12 hommes armés quio apparaissent. Et qui font feu, à bout portant.

    L'ordre d'exécution, transmis avec un luxe de précautions, vient directement de Lénine. A la surprise des tueurs, les balles ricochent sur les enfants, qui dissimulent les bijoux royaux sous leurs vêtements. Ils seront achevés à la baïonnette.


    Romanov: le crime était presque parfait (article de l'Express de 1992):

      

    Mais l'officier craint encore qu'on ne les retrouve: le lendemain, il les fait ressortir pour les jeter dans un trou au milieu d'un chemin boueux, à 10 kilomètres de là. Par précaution, il les arrose d'acide sulfurique, puis d'essence, et enflamme les cadavres avant de les recouvrir... C'est là que Nikolaï Avdonine, un géologue, et son ami cinéaste Guély Riabov vont les exhumer, après de longues recherches, en 1978. Et qu'ils vont les laisser: trop dangereux. A cette époque, Iekaterinbourg s'appelle Sverdlovsk. La maison du massacre a été rasée sur ordre du patron de la région, un certain Boris Eltsine, et la perestroïka est encore loin.

     

     

     

    Romanov: le crime était presque parfait (article de l'Express de 1992):

      

      

    En juillet 1991, les temps ont changé. Les squelettes sont déterrés et la polémique commence, les historiens se déchirant sur l'authenticité des dépouilles. Très vite, les scientifiques russes vont apporter les premières réponses. Grâce à l'informatique, ils reconstituent les visages à partir des crânes retrouvés dans la fosse. Les ressemblances avec les photos du tsar et de la tsarine sont frappantes. L'analyse de la denture, même si les archives médicales ont mystérieusement disparu, apporte un autre élément concordant: les soins y sont de trop grande qualité pour avoir été effectués sur des personnes banales. Il manque toutefois la preuve irréfutable. Que la génétique va fournir.

     

     

     

      

      

    Le 15 septembre 1992, les ossements arrivent dans un laboratoire du Home Office - le ministère britannique de l'Intérieur - à Aldermaston. Le gotha de l'Europe couronnée - et apparentée à la famille impériale russe - est appelé au chevet du mystère Romanov. Le prince Philip, le prince Rostislav Romanov - un banquier londonien de 54 ans, petit-neveu de Nicolas II - et un membre de la famille de Grèce, notamment, fournissent des cheveux ou du sang. Le principe est simple: comparer les empreintes génétiques des descendants connus avec celles des dépouilles exhumées à Iekaterinbourg.

     

      

      

    En raison de l'âge et de l'état de conservation des ossements, la réalisation va se révéler un peu plus délicate. Ne pouvant extraire suffisamment d'ADN chromosomique, les experts, dirigés par les Drs Peter Gill et Pavel Ivanov, vont s'intéresser à l'ADN des mitochondries - «usines énergétiques» de la cellule - présentes en plus grand nombre. Limite du processus: les mitochondries ne se transmettent que par la mère.

     

    Ce sera suffisant. Le 10 décembre, moins de trois mois après avoir reçu les ossements, le Home Office annonce les premiers résultats: il s'agit bien d'une mère avec ses trois filles, et cette femme est - avec une marge d'erreur de 1% - la grand-tante du prince Philip, Alexandra, la tsarine. La présence de Nicolas II parmi les corps reste encore à prouver définivement. Mais l'ADN de descendants de la lignée maternelle du tsar, c'est-à-dire issus d'une tante ou d'une grand-tante, va être examiné dans les mois à venir. Le mystère est presque levé. Presque. Car les résultats londoniens confirment également l'absence des corps de deux des enfants royaux: Alexeï, le fils gravement malade, et, surtout, l'une des filles, Anastasia peut-être.

     

    Or l'énigme des Romanov s'est, au fil du xxe siècle, confondue avec celle de cette mystérieuse princesse que l'on croyait morte. Avec l'histoire étrange de cette jeune femme, retrouvée à Berlin en 1920, qui racontera avoir été sauvée par un jeune soldat amoureux et se nommer Anastasia. Quelques émigrés la croiront, d'autres parleront d'affabulation. Elle mourra aux Etats-Unis en 1984, après avoir, pendant toute sa vie, tenté de faire reconnaître son identité royale. Son secret, pensait-on alors, l'avait suivie dans la tombe. Erreur: les scientifiques d'Aldermaston disposent également de quelques mèches des cheveux de cette «Anastasia». Assez pour une analyse génétique pouvant confirmer l'identité de la princesse et résoudre l'énigme. Ou l'infirmer, et relancer en partie le mystère des Romanov.

      

      

    CINQ MORTS,
    DEUX DISPARUS
     

    1914: la famille impériale pose au grand complet. Autour du tsar, Nicolas II, et de son épouse, la tsarine Alexandra Fedorovna, ont pris place leurs cinq enfants. Les trois filles aînées (au dernier plan et de gauche à droite): Maria, Olga et Tatiana. Les deux plus jeunes (au premier plan): la princesse Anastasia et le tsarévitch Alexeï, en costume marin.

     

     

     

    1918 (17 juillet): le tsar et sa famille, gardés à vue à Iekaterinbourg, dans l'Oural, sont exécutés; leurs cadavres sont brûlés, puis enterrés dans un lieu resté secret.

     

    1991: les squelettes sont enfin exhumés. D'après les premiers examens, on aurait retrouvé ceux du tsar, de la tsarine et de leurs trois filles aînées. Car aucun, compte tenu de la taille, ne peut correspondre à ceux d'Anastasia et d'Alexeï.

     

    1992: les analyses d'ADN effectuées à partir des ossements permettent d'identifier définitivement Alexandra et ses filles. Ce n'est pas encore le cas de Nicolas II, mais la superposition, grâce à l'informatique, de son visage et du crâne retrouvé (photos du bas) ne laisse guère de doute.

     

     

     

    PHOTO des Romanov

    SOURCES : Par L'Express, publié le 17/12/1992 -

    photographies de google.

      

      

     

    bougie 80

     

     

     

     

      

      

      

      

     

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