• La Russie - Vie et Mort d'un Immense Empire

     

    Russie

    Vie et mort d'un immense empire

     


    La Russie est aujourd'hui le plus vaste État de la planète (17 millions de km2), à cheval sur l'Europe orientale et l'Asie septentrionale, mais avec seulement 140 millions d'habitants (2008), soit une densité de 8 habitants au km2, elle est loin d'en être le plus peuplé !

    Cette population, à 80% de langue russe et de tradition orthodoxe, tend à diminuer d'environ un million d'habitants par an, du fait de la dénatalité et des mauvaises conditions d'hygiène. Cette situation si particulière est l'aboutissement d'une histoire particulièrement violente.

    Revanche sur les Mongols

    Après la terrible invasion mongole du début du XIIIe siècle, les populations russes dispersées dans les plaines d'Europe orientale reconquièrent lentement leur autonomie et se fédèrent autour du grand-duché de Moscovie (capitale : Moscou) et de ses souverains.

    Ivan IV le Terrible se donne le titre de tsar ou empereur et entame l'expansion de la Russie vers l'Est. Il conquiert en 1554-1556 les khanats tatars musulmans de Kazan et Astrakhan, sur la Volga. L'empire russe devient dès lors multinational et multiconfessionnel. En 1579, un Cosaque explore la Sibérie. C'est le début de la poussée russe vers l'Asie. Cette poussée est informelle. Elle est le fait d'aventuriers, de marchands de fourrures et de paysans qui fuient le servage.

    En 1640, sous la dynastie des Romanov, les Russes atteignent le fleuve Amour, aux limites de la Chine, et fondent la ville d'Iakoutsk, près du lac Baïkal. Catherine II intensifie la colonisation des terres vierges, au besoin en y installant des paysans allemands ! Au XIXe siècle, l'empire absorbe les khanats d'Asie centrale et dès lors, ses frontières ne bougent plus... Dans le même temps, la Russie s'étend aussi vers les mers chaudes. En 1787, elle annexe la Crimée, sur la mer Noire. Dans le Caucase, l'imam Chamil, chef de la rébellion tchétchène, fait sa reddition en 1859, consacrant la mainmise russe sur la région.

    Jusqu'au dernier tiers du XIXe siècle, les droits culturels des minorités sont respectés et les tsars exaltent l'empire de «toutes les Russies». À noter que les 2/3 de la noblesse ont une origine autre que russe ! Mais l'agitation anarchiste entraîne un durcissement du régime. Sous le règne des derniers tsars Alexandre III et de Nicolas II, on envisage non sans risque la «russification» des populations allogènes de l'Empire.

    Illusion bolchévique

    Lénine et les bolcheviques acceptent par principe l'autonomie voire l'indépendance des minorités de la «prison des peuples». Mais c'est une utopie : très vite, l'État bolchevique est dépassé par les mouvements d'émancipation et doit reconquérir par la force entre 1919 et 1922 les territoires sécessionnistes (sauf les Baltes).

    En théorie, les Républiques de l'URSS née en 1922 conservent le droit à la sécession. Dans les faits, elles se gardent de l'utiliser, en particulier parce que leurs frontières ont été dessinées de façon à mettre en concurrence en leur sein même des nationalités diverses, dont certaines ont été créées de toutes pièces par les bolcheviques.

    L'actuelle fédération de Russie contient à l'intérieur de ses frontières, tout à fait arbitraires, pas moins de 80 % de Russes (auxquels s'ajoutent 25 millions de Russes de l'extérieur, en Kazakhstan, Ukraine, Lettonie, Estonie...). Elle n'a jamais été aussi homogène même si Moscou reconnaît 89 «sujets» autres que russes (républiques autonomes...).

    Aujourd'hui, les Russes tendent à quitter les républiques turques d'Asie centrale mais aussi les provinces d'Extrême-Orient, pauvres, glaciales et sous-administrées. Ils se replient sur la Russie d'Europe.

    C'en est fini de la poussée pluriséculaire des Russes vers l'Asie !

      
      
    Joseph Savès
    Auteur
     
    sources
     
     
     

    La Russie coloniale

     

    La Russie est aujourd'hui le plus vaste État de la planète (17 millions de km2), à cheval sur l'Europe orientale et l'Asie septentrionale, mais avec seulement 140 millions d'habitants (2008), soit une densité de 8 habitants au km2, elle est loin d'en être le plus peuplé.

    Cette population, à 80% de langue russe et de tradition orthodoxe, tend à diminuer d'environ un million d'habitants par an, du fait de la dénatalité et des mauvaises conditions d'hygiène. Cette situation si particulière est l'aboutissement d'une histoire particulièrement violente.

    Revanche sur les Mongols

    Après la terrible invasion mongole du début du XIIIe siècle, les populations russes dispersées dans les plaines d'Europe orientale reconquièrent lentement leur autonomie et se fédèrent autour du grand-duché de Moscovie (capitale : Moscou) et de ses souverains.

    Ivan IV le Terrible se donne le titre de tsar ou empereur et entame l'expansion de la Russie vers l'Est. Il conquiert en 1554-1556 les khanats tatars musulmans de Kazan et Astrakhan, sur la Volga. L'empire russe devient dès lors multinational et multiconfessionnel. En 1579, un Cosaque explore la Sibérie. C'est le début de la poussée russe vers l'Asie. Cette poussée est informelle. Elle est le fait d'aventuriers, de marchands de fourrures et de paysans qui fuient le servage.

    En 1640, sous la dynastie des Romanov, les Russes atteignent le fleuve Amour, aux limites de la Chine, et fondent la ville d'Iakoutsk, près du lac Baïkal. Catherine II intensifie la colonisation des terres vierges, au besoin en y installant des paysans allemands !

    Au XIXe siècle, l'empire absorbe les khanats d'Asie centrale et dès lors, ses frontières ne bougent plus... Dans le même temps, la Russie s'étend aussi vers les mers chaudes. En 1787, elle annexe la Crimée, sur la mer Noire. Dans le Caucase, l'imam Chamil, chef de la rébellion tchétchène, fait sa reddition en 1859, consacrant la mainmise russe sur la région.

    Jusqu'au dernier tiers du XIXe siècle, les droits culturels des minorités sont respectés et les tsars exaltent l'empire de «toutes les Russies». À noter que les 2/3 de la noblesse ont une origine autre que russe ! Mais l'agitation anarchiste entraîne un durcissement du régime. Sous le règne des derniers tsars Alexandre III et de Nicolas II, on envisage non sans risque la «russification» des populations allogènes de l'Empire.

    Les tsars et les juifs

    Suite aux trois partages de la Pologne de la fin du XVIIIe siècle, la Russie qui, jusque-là, avait refusé tout établissement juif sur son territoire, devient l'un des pays avec la population juive la plus importante !

    À la fin du XVIIIe siècle, on y compte 700.000 à 800.00 juifs, soit 2% de la population russe et 1/3 de la population juive mondiale. Au fil du temps, l'administration tsariste constitue en Russie occidentale une zone de résidence où les juifs sont tenus d'habiter. En 1881, le régime considère les étudiants juifs comme responsable des débordements consécutifs à l'assassinat du tsar Alexandre II. Il s'ensuit de premiers pogroms encouragés, voire initiés, par les agents du gouvernement et la troupe.

    Illusion bolchévique

    Lénine et les bolcheviques acceptent par principe l'autonomie voire l'indépendance des minorités de la «prison des peuples». Mais c'est une utopie : très vite, l'État bolchevique est dépassé par les mouvements d'émancipation et doit reconquérir par la force entre 1919 et 1922 les territoires sécessionnistes (sauf les Baltes).

    En théorie, les Républiques de l'URSS née en 1922 conservent le droit à la sécession. Dans les faits, elles se gardent de l'utiliser, en particulier parce que leurs frontières ont été dessinées de façon à mettre en concurrence en leur sein même des nationalités diverses, dont certaines ont été créées de toutes pièces par les bolcheviques.

    L'actuelle fédération de Russie contient à l'intérieur de ses frontières, tout à fait arbitraires, pas moins de 80 % de Russes (auxquels s'ajoutent 25 millions de Russes de l'extérieur, en Kazakhstan, Ukraine, Lettonie, Estonie...). Elle n'a jamais été aussi homogène même si Moscou reconnaît 89 «sujets» autres que russes (républiques autonomes...).

    Aujourd'hui, les Russes tendent à quitter les républiques turques d'Asie centrale mais aussi les provinces d'Extrême-Orient, pauvres, glaciales et sous-administrées. Ils se replient sur la Russie d'Europe et sont remplacés par des immigrants chinois. La grande Russie des Romanov se réduit comme peau de chagrin et pourrait laisser la place à un nouveau «grand-duché de Moscovie».

    C'en est fini de la poussée pluriséculaire des Russes vers l'Asie.

     
     
    Joseph Savès 
    Auteur
     
    Sources
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
    Partager via Gmail Delicious Yahoo! Google Bookmarks

    Tags Tags : , , , ,
  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :