• TSAR NICOLAS II

     

     

     

    Nicolas II de Russie (en russe : Николай Александрович Романов, Nikolaï Aleksandrovitch Romanov), de la dynastie des Romanov, né le 18 mai 1868 (6 mai 1868 C. J.) au palais de Tsarskoïe Selo et exécuté le 17 juillet 1918 à Ekaterinbourg, est le dernier empereur de Russie[n 4], roi de Pologne et grand-prince de Finlande.

    Nicolas II est tsar de toutes les Russies, de 1894 à 1917. Il connaît de nombreux surnoms suivant les époques : « Nicolas le Pacifique », du temps de son règne, puis les Soviétiques le baptisent « Nicolas le Sanguinaire », mais de nos jours la tradition populaire orthodoxe le décrit comme « un saint digne de la passion du Christ ».

    Son règne et celui de son père correspondent à l'époque du plus grand essor dans l'histoire de la Russie des points de vue économique, social, politique et culturel. Les serfs sont libérés pendant le règne de son grand-père Alexandre II et les impôts sont allégés. Piotr Stolypine réussit à développer une classe de paysans riches, les koulaks. La population triple et la Russie, avec 175 millions d'habitants, devient la troisième ou quatrième puissance économique mondiale et possède le premier réseau ferroviaire après les États-Unis. Le rouble devient une monnaie convertible et outre un nombre important de marchands et d'industriels, l'Empire possède désormais ses propres financiers. Ils sont souvent des mécènes. La Russie prend, du temps de Nicolas II, la deuxième place dans le domaine de l'édition de livres. De nouvelles universités, des écrivains, sculpteurs, peintres, danseurs... sont à l'époque connus dans le monde entier[1]. Selon Alexander Gerschenkron: « Nul doute qu'au train où croissait l'équipement industriel pendant les années du règne de Nicolas II, sans le régime communiste, la Russie eût déjà dépassé les États-Unis »[2].

      

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    Nicolas II gouverne de 1894 jusqu'à son abdication en 1917. Il ne réussit pas à mettre fin à l'agitation politique de son pays ni à mener les armées impériales à la victoire pendant la Première Guerre mondiale. Son règne se termine avec la révolution russe de 1917, pendant laquelle lui et sa famille sont emprisonnés d'abord dans le palais Alexandre à Tsarskoïe Selo, puis plus tard dans la maison du gouverneur à Tobolsk, et finalement dans la villa Ipatiev à Ekaterinbourg. Nicolas II, son épouse, son fils, ses quatre filles, le médecin de famille, son domestique personnel, la femme de chambre et le cuisinier seront ensuite assassinés par les bolcheviks dans la nuit du 16 au 17 juillet 1918.

    Le 6 mai 1868 naît Nicolas Alexandrovitch Romanov (en transcription universitaire, Nikolaj Aleksandrovič Romanov), fils d'Alexandre III et de Marie Fiodorovna (1847-1928), fille de Christian IX roi du Danemark. Il est le premier des cinq enfants du couple impérial : Alexandre (1869-1870), Georges (1871-1899), Michel (1878-1918), Xénia Alexandrovna (1875-1960) et Olga (1882-1960).

    Nicolas et ses plus jeunes frères sont élevés à la dure : des lits de camp, un ameublement simple, des icônes de la Vierge et de l'enfant Jésus. Leur grand-mère Marie Alexandrovna introduit les coutumes britanniques en matière d'éducation chez les Romanov : gruau pour le déjeuner, bains froids, abondance d'air frais[3]... Leur mère est brillante, enjouée, aimant la vie en société, les bals et les fêtes et elle leur donne le goût du divertissement et de la vie mondaine[L1 1], mais elle ne s’occupe guère d’eux et c’est leur père, rude et bourru, qui monte dans leurs chambres pour les câliner[4].

    Le 1er/13 mars 1881, Nicolas assiste à la brève agonie de son grand-père, l'empereur Alexandre II de Russie, dont un attentat a arraché les jambes et défiguré le visage[5]. Or cet attentat survient alors même qu'Alexandre II, poursuivant sa politique réformatrice, s'apprêtait à faire de grandes réformes. Nicolas devient tsarévitch. Pour des raisons de sécurité, le nouvel empereur et sa famille s'installent au palais de Gatchina en dehors de la ville[6].

    À l'adolescence, le tsarévitch a déjà un caractère sérieux et réservé, respectueux des conseils de ses précepteurs et obéissant aux ordres de son père[7]. Alexandre III confie l'éducation de son fils à des hommes issus de son gouvernement, parmi lesquels le procureur du Saint Synode, Constantin Pobiedonostsev, le général Danilovitch, le ministre des finances Bunge, totalement pénétrés de la nécessité d'un pouvoir impérial fort[8].

    En 1884, à l'âge de seize ans, il rencontre pour la première fois la princesse Alix de Hesse-Darmstadt, l'une de ses cousines allemandes, âgée de douze ans, dont il tombe amoureux. Toutefois la perspective d'un possible mariage avec une princesse allemande contrarie aussi bien le tsar que la tsarine, et Alexandre III ordonne à Nicolas Alexandrovitch d'abandonner tout espoir de se marier avec une Allemande[9].

    Le futur empereur mesure 1,73 m, est châtain avec des yeux bleus, il est mince et bien physiquement, selon ses contemporains. C'est un excellent danseur, patineur et cavalier et il a le goût de la chasse. Il parle plusieurs langues étrangères, dont le français, mais la politique est pour lui une corvée[L1 2].

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    Tsar NICOLAS II - à Nagasaki en 1891

      

    De 1885 à 1890, il fréquente la faculté de sciences politiques et économiques de l'université de Saint-Pétersbourg, devient colonel de la Garde impériale et suit aussi les cours de l'Académie d'État. Les journaux intimes du jeune Nicolas montrent son enthousiasme pour la vie de caserne, pour les parades, les revues, et la vie des jeunes soldats de la capitale. L'empereur, cependant, ne fait rien pour lui enseigner l'art de gouverner. Il veut en faire un juriste, un officier et le meilleur représentant de la grande Russie et de l'illustre famille des Romanov auprès des cours européennes[10]. Le futur premier ministre Serge Witte propose à Alexandre III de nommer le tsarévitch Nicolas président des travaux du Transsibérien. L'empereur refuse : « Connaissez-vous bien le tsarévitch ? A-t-il jamais réussi à parler sérieusement avec vous ? Il est encore un enfant dans tout et pour tout, il juge les choses en mode enfantine. Comment serait-il capable de présider un comité ? » L'homme d'État lui réplique qu'il ne sera là que pour présider, pas pour comprendre ».

    Le 23 octobre 1890, il appareille sur un croiseur russe et fait une tournée officielle en Grèce, en Égypte, aux Indes, dans le sud-est asiatique, en Chine et au Japon. Il est accompagné de son frère Georges et de son oncle, futur Georges Ier de Grèce. Pendant son séjour au Japon, le tsarévitch reçoit un coup de sabre d'un mari outragé par les avances que Nicolas aurait faites à sa jeune épouse[L2 1]. Le tsarévitch doit revenir dans son palais en traversant la Sibérie. Il revient d'Asie avec un grand mépris pour les Japonais, qu’il appelle « les singes » et il est plus que jamais assuré de son amour profond et sincère pour le paysan russe : « le meilleur des êtres humains[L1 3] ».

    À son retour, son père lui conseille de s'amuser et va jusqu'à favoriser une relation du tsarévitch avec la première danseuse du Théâtre Marie, Mathilde Kschessinska. Il rompt sa relation avec la Kchessinskaïa[11].

    Au début des années 1890, la santé de l'empereur Alexandre III se dégrade. Comme Nicolas est tombé amoureux de la cousine de Guillaume II[12], il obtient le consentement à son mariage avec Alix, malgré l'insistance de ses parents à le marier à la princesse Hélène d'Orléans, fille de Philippe d'Orléans (1838-1894) et ainsi renforcer l'alliance franco-russe. Le 8 avril 1894, Nicolas Alexandrovitch et Alix de Hesse-Darmstadt se fiancent officiellement au château de Cobourg, en présence de leurs familles, parmi lesquelles ont pouvait compter l'empereur Guillaume II et la reine Victoria, grand-mère commune à la fois de la fiancée et du Kaiser.

    Avant de mourir, son père l'exhorte : « Manifeste ta propre volonté, ne laisse pas les autres oublier qui tu es[13] ». Nicolas II succède à Alexandre III, le 1er novembre 1894.

      

      

      

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    L'impératrice Alexandra Fedorovna de Russie

      

    MARIAGE :

    Le nouvel empereur s'interroge : « Que va-t-il nous arriver à moi et à toutes les Russies[14]? ». Il avoue : « Non, je ne suis pas prêt à être un tsar. Je n'ai jamais voulu l'être. Je ne sais rien sur ce qu'il doit faire pour gouverner. Je n'ai pas la moindre idée de comme on parle aux ministres[15] ». Pendant un certain temps, il se contente d'imiter son père, mais il consacre beaucoup plus d'attention aux détails de l'administration que ce dernier.

    Protestante, sa fiancée se convertit avec réticence à l'orthodoxie. Le Kaiser, leur cousin, s’entremet avec succès. Il veut renouer l’entente des trois empereurs[16]. Le 26 novembre 1894, Nicolas II épouse la princesse Alix de Hesse-Darmstadt (1872-1918), fille du grand-duc Louis IV de Hesse et de la grande-duchesse, née princesse Alice d'Angleterre (1843-1878). Elle est connue en Russie sous le nom d'Alexandra Féodorovna[17]. Les cérémonies de mariage obéissent à un rite multiséculaire[18].

    Nicolas II et Alexandra ont eu cinq enfants : un fils, le tsarévitch Alexis Nikolaïevitch (1904-1918) et quatre filles, Olga (1895-1918), Tatiana (1897-1918), Maria (1899-1918) et Anastasia (1901-1918). Il existe de nombreuses photos du mariage, du couple et de ses enfants, qui forment une famille très unie[19]. Les cinq enfants ont pour précepteur Pierre Gilliard.


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    COURONNEMENT


    Le 26 mai 1896 est le jour de son sacre comme empereur et autocrate de toutes les Russies (Божию Милостию, Император и Самодержец Всероссийский) et Basileus de l'Église Orthodoxe russe[20]. Des images d'actualités de l'époque montrent le couronnement de Nicolas II de Russie. Le rituel est inspiré de Byzance[21] et a lieu à Moscou, la troisième Rome[18]. À Moscou, se trouvent les corps de ses ancêtres et cette grande ville outre qu’elle est le centre de l’Empire (Rossia) incarne la tradition Rous, l’ancienne Russie. Se conformant aux précédents couronnements, Nicolas II fait une entrée triomphale dans la ville de Moscou, sur un cheval blanc, suivi des deux impératrices[22].

    Le jour de cette cérémonie très importante, une bousculade se produit dans la foule au champ de Khodinka, provoquant la mort de plusieurs centaines de personnes qui sont piétinées[23]. Le tsar pense annuler les cérémonies officielles, mais il n’ose se décommander au bal du comte de Montebello, l’ambassadeur français. Il y paraît donc, blême et anxieux. Et à peine sorti de cette fête gâchée, il se rend au chevet des blessés[24]. En raison de cette catastrophe et de la participation du tsar au bal, le peuple va se mettre à haïr la tsarine qu’il surnomme « l’Allemande ». Or, tout ceux qui vont la rencontrer vont rapidement se rendre compte qu’elle déteste l'Empire allemand et parle en anglais, sa langue maternelle[L1 4].

     

    Mal préparé à assumer ses fonctions, Nicolas II est généralement considéré par les historiens comme un homme n'ayant ni l'imagination créatrice, ni l'énergie de concevoir un autre ordre[25]. Il subit constamment l'influence de son épouse. Il rêve d'une existence bourgeoise avec elle et leurs enfants et de parties de tennis ou de bains dans les eaux glacées de la Baltique. D'ailleurs trois jours après son mariage, il écrit dans son journal : « Avec Alix je suis immensément heureux. Dommage que les affaires d'État me prennent tant de temps. Je préfèrerais passer avec elle toutes ces heures »[26]. Le tsar semble parfaitement inconscient des intrigues de la cour, de sa dépravation et de l'affairisme de certains de ses conseillers. Peu capable de refus, il est trop délicat et bien élevé pour se déterminer grossièrement et, plutôt que refuser, préfère se taire. Son épouse écrit à la fin de sa vie en 1917 à une amie : « Si vous saviez au prix de quel effort il a pu vaincre en lui cette propension à la colère, propre à tous les Romanov !... Le plus magnifique des vainqueurs est celui qui se vainc lui-même »[27].

    En dépit d'une visite au Royaume-Uni avant son accession, où il s'intéresse au fonctionnement de la Chambre des communes, Nicolas II est opposé au parlementarisme, et même à une extension des pouvoirs des assemblées locales, les zemstvos. Il défend le principe de l'autocratie absolue[28]. Au mois de janvier 1895, il expose clairement son programme : il est le dépositaire d’une tradition, celle des Romanov. L’autocratie est un principe sacré, légitimé par des lois qui ne sont pas temporelles[L1 5]. Il répète aux Russes : « Vous avez formulé des rêves insensés ».

    Fichier:Tsar nikolai.jpg

      

    Affirmation de l'autocratie :

    Nicolas II veut conserver l'organisation centralisée du pouvoir, qui avait permis de conserver la stabilité gouvernementale. Parmi ses principaux collaborateurs, figurent des hommes jadis proches conseillers d'Alexandre III, comme le procureur du Saint Synode, Constantin Pobiedonostsev, ancien précepteur de ce dernier, les ministres de l'Intérieur, Ivan Goremykine (de 1895 aux 1899) et le comte Plehve (de 1902 à 1904), le chef de la police de Saint-Pétersbourg, Dimitri Feodorovitch Trepov (de 1896 à 1905). Le choix de son cabinet annonce quelles vont être les orientations politiques des premières années du règne du jeune Nicolas II.

     Fichier:Nicholastudy.jpg

    Totalement novice dans l'art de gouverner un État, il arrive au trône en appliquant les doctrines conservatrices apprises de Pobiedonostsev[30]. Il a des idées toutes-faites et idéalise la réalité russe. Il est influencé par la lecture des biographies des saints orthodoxes et du tsar Alexis Ier, connu dans l'histoire russe comme « le bon tsar » et se veut être un vrai « père du peuple », le surnom du tsar dans les campagnes russes.

    En même temps, il accède aux demandes de sa femme, timide et puritaine, qui veut s'éloigner, ainsi que sa famille, de la vie mondaine de l'aristocratie russe, en choisissant comme résidence le palais Alexandre, situé à Tsarskoïe Selo, en français le « village des Tsars ». Cela le rendra - et surtout l'impératrice Alexandra - antipathique à une partie importante de la grande noblesse de Moscou et de Saint-Pétersbourg, qui ne se reconnaît pas dans cet empereur privilégiant un style de vie austère loin de la cour[32].

    Sous l'impulsion du comte Plehve, ministre de l'Intérieur, il soumet les zemstvos, assemblées provinciales ouvertes au peuple, à des fonctionnaires d'État, et organise une russification des « provinces », en particulier de la Pologne, de la Finlande et du Caucase[33]. Il accroît également la politique antisémite amorcée par son père Alexandre III : numérus clausus, ghettos, et surtout sanglants pogroms exécutés par les Cent-Noirs.

    Serge Witte et l'industrialisation de la Russie

     

      

      

      

    SOURCES WIKIPEDIA

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