• ROMANOV - La détention ( II ) Tobolsk

     

     

     

    La maison où logeait la famille impériale à Tobolsk, on peut y voir les palissades qui entouraient le jardin lors de la captivité des Romanov.

    Le 6 août 1917, après cinq jours de voyage, la famille impériale arrive enfin à Tobolsk. A leur arrivée, on les emmènent dans la maison du gouverneur de la province, une vaste bâtisse blanche et confortable. Kobylinski, chargé de leur surveillance, s'efforce d'adoucir le sort des captifs.

      

    Mais des palissades furent construites tout autour de la maison et le tsar ainsi que ses enfants souffrent du manque d'espace pour circuler dehors, car ils n'ont le droit de marcher que dans un tout petit jardin. Le docteur Botkine, sa fille et les autres suivants de la famille impériale logent dans une villa en face de celle des Romanov.

      

    Tatiana Botkine, fille du médecin de la famille impériale, témoigne:

    "Des fenêtres de ma chambre, on voyait la maison où logeaient Leurs Majestés et l'espace réservé à leurs promenades. Ce matin-là, malgré la pluie, Sa Majesté et Leurs Altesses sortirent se promener à onze heures et je les vis pour la première fois ici, après Tsarskoïe-Selo. Sa majesté, vêtue d'un manteau de soldat et coiffée d'une casquette militaire, allait d'une barrière à l'autre, du pas vif qui lui est habituel. Les grandes-duchesses Olga Nicolaïevna et Tatiana Nicolaïevna, habillées de capes grises et coiffées de chapeaux ouatés, bleu et rouge, marchaient rapidement à côté de leur père, et Anastasia Nicolaïevna et Maria Nicolaïevna, assises sur une barrière intérieure séparant le potager des magasins à provisions, bavardaient avec les soldats de garde."

     

    Les Romanov lors de leur arrivée à Tobolsk en 1917. De gauche à droite: Tatiana, Anastasia, Maria, Olga, Nicolas, Alexandra et Alexei.

     

    Nicolas ne reçoit presque aucune nouvelle de Petrograd, et les rares qu'il reçoit proviennent d'un journal local. Il y apprend avec effroi que Lénine, un homme qu'il ne connaît que de réputation, est revenu de Suisse pour la Finlande et qu'il compte s'emparer du pouvoir. Cela ne rassure guère les Romanov: il serait apparemment prêt à couvrir la Russie de cadavres pour assurer le triomphe de son idée fixe. Bientôt, le gouvernement provisoire est renversé par les bolchéviques lors de la prise du palais d'hiver.

      

    Kerenski s'est enfuit et ses ministres ont été arrêtés. A présent, le sort des Romanov semble scellé, ils sont condamnés à mourir: les bolchéviques sont à la tête de la Russie et prennent comme siège Moscou qui devient la nouvelle capitale. La nouvelle de la chute de Petrograd parvient à la famille impériale le 15 novembre 1917. Mais Nicolas tient bon et ne laisse rien transparaître. L'impératrice admire d'ailleurs son mari pour cela: "Il est tout simplement merveilleux, écrit-elle à Anna Vyroubova. Tant de douceur et de mansuétude, alors qu'il ne cesse de souffrir pour la patrie!"

     

    Nicolas et Alexei en hiver 1917 à Tobolsk.

    De gauche à droite: Olga, Nicolas, Anastasia et Tatiana en hiver 1917-1918.

      

      

    Ces événements précipitent les Romanov dans une grande précarité: "Je fais tout moi même, écrit Alexandra, je tricote des chaussettes pour Alexei, les pantalons de Nicky sont couverts de pièces et de reprises, le linge de corps des filles est en lambeaux. On ne nous autorise plus les promenades, si ce n'est devant la maison à l'intérieur des clôtures, mais ça permet quand même de prendre l'air".

    En décembre, le thermomètre descend jusqu'à - 38°C, malgré le feu allumé, il fait très froid à l'intérieur de la maison. Mais les prisonniers tiennent bon, Alexeï ne s'est jamais senti aussi bien depuis longtemps. D'ailleurs, il improvise des pièces de théâtre avec son père, ses soeurs, et Pierre Gilliard, qu'ils jouent pour passer le temps.

    Mais l'arrivée des bolchéviques au pouvoir, change le comportement des soldats envers les Romanov, ils deviennent de plus en plus distants. La captivité de la famille impériale devient de plus en plus difficile. Bientôt, les dépenses des détenus seront même réduites, les Romanov n'ont plus le droit de ce rendre à l'église, ou seulement pour les fêtes orthodoxes.

      

    Quelques temps plus tard, un nouveau commissaire est chargé de prendre tête à la garnison qui surveillent les prisonniers, Yakovlev, un homme robuste mais avec des manières courtoises: "Nous sommes tous angoissés, note Gilliard. Nous avons le sentiment que nous sommes oubliés de tout le monde, abandonnés à nous-mêmes, et à la merci de cet homme. Est-il possible que personne ne fasse la moindre tentative pour sauver la famille?"

     

    Alexandra, Olga et Tatiana en 1918 à Tobolsk. Cette photo est la dernière prise d'Alexandra.

    Dernière photo prise de Nicolas et ses enfants sur la verrière de la maison du gouverneur à Tobolsk en avril 1918.

     

    Bientôt, on avertit les Romanov qu'ils vont être prochainement transférés dans une autre ville, mais la santé du tsarévitch c'est énormément dégradée et il lui est impossible de voyager. Le tsar essaie de repousser le départ, mais on lui dit qu'il doit partir de Tobolsk maintenant. Nicolas et Alexandra tentent de négocier pour repousser leur transfert, mais rien n'y fait, Nicolas doit partir. Ils tombent alors d'accord sur un compromis: Nicolas partira avec Alexandra et sa fille Maria. Les autres grandes-duchesses et le tsarévitch rejoindront leur famille une fois qu'Alexeï ira mieux: "Le soir, à dix heures et demie, nous montons prendre le thé, écrit Gilliard. L'impératrice est assise sur le divan, ayant deux de ses filles à côté d'elle. Elles ont tant pleuré qu'elles ont le visage tuméfié." Le lendemain, au petit matin, Nicolas, Alexandra et Maria quittent Tobolsk pour une destination inconnue.

     

    Départ de Tobolsk de Nicolas, d`Alexandra et de Maria

    Calèche où prirent place Nicolas, Alexandra, Maria et quelques servants lorsqu'ils quittèrent tobolsk.

      

    Olga, Tatiana et Anastasia vivent l'horreur à Tobolsk. Le soir juste avant qu'ils ne rejoignent le reste de leur famille, elles se font harcelées toute la nuit par des soldats qui veulent récupérer leurs diamants et leurs pierres précieuses, les soldats fouillent dans leurs affaires mais ne trouvent rien. S'ils n'ont rien trouvé dans leurs affaires, c'est parce que les grandes-duchesses ont cousu leurs bijoux dans les doublures de leurs vêtements.

    Le lendemain, les grandes-duchesses Olga, Tatiana, Anastasia, le tsarévitch Alexei, Pierre Gilliard, Sydney Gibbs et quelques autres servants quittent Tobolsk. Ils partent comme Nicolas, Alexandra et Maria: par calèche. Ils prennent ensuite un bateau qui doit les conduire jusqu'à Tioumen, "le Rus". A bord du bateau, les grandes-duchesses sont harcelées et même bousculées par les gardes à la recherche de leurs bijoux. Gilliard et Gibbes sont retenus par d'autres soldats et ne peuvent venir en aide aux filles. Gibbes écrit dans ses mémoires qu'il sera "hanté le reste de sa vie par le souvenir des cris des grandes-duchesses."

     

    De gauche à droite: Olga, le docteur Botkine, Pierre Gilliard, la baronne buxhoeveden, Tatiana et Anna Demidova à Tobolsk en 1918.

    Olga, Tatiana, Anastasia et Alexei à Tobolsk au printemps 1918.

      

      

    Une fois arrivés à Ekaterinbourg, Gibbes et Gilliard ont été retenus dans le train pris à Tioumen. Les enfants doivent descendre, Gillard essaie de descendre du train mais est retenu. Il revient alors à la fenêtre du train et écrit les dernières images qu'il a de ses élèves: "Je voulus sortir, mais je fus brutalement repoussé dans le wagon par la sentinelle. Je revins à la fenêtre. Tatiana s'avançait la dernière, portant son petit chien et traînant péniblement une lourde valise brune. Il pleuvait et je la voyais s'enfoncer à chaque pas dans la boue. Nagorny voulut se porter à son aide : il fut violemment rejeté en arrière par un des commissaires."

      

    Les enfants et leurs suivants sont ensuite emmenés auprès de Nicolas, Alexandra et Maria, dans une bâtisse rebaptisée pour l'occasion de manière terrifiante: "La maison à destination spéciale".

     

    sources : http://www.les-derniers-romanov.com/tobolsk.php

     

    Dernière photo prise d'Anastasia lors du trajet en train de Tioumen à Ekaterinbourg en mai 1918.

      

      

      

    Dernière photo d'Olga et d'Alexei prise par Pierre Gilliard, lors du trajet en train de Tioumen à Ekaterinbourg, en mai 1918, soit deux mois avant leur mort.

      

      

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