• Le CRIME était presque PARFAIT....

     

     

     

     

    En 1918, les soldats de l'armée bolchevique croyaient avoir commis le crime parfait :

      

    des corps défigurés à l'acide, puis enfouis dans la campagne d'Iekaterinbourg, en Russie. Ils avaient tort.

      

    S'il a fallu soixante-treize ans pour déterrer les ossements, il a suffi de quelques gouttes de sang royal et d'une série de manipulations en laboratoire pour résoudre l'une des plus grandes énigmes du XXe siècle : la fin des Romanov.

      

    Les cadavres, exhumés en 1991, sont bien ceux de cinq membres de la famille impériale et de sa suite.

      

    Le tsar Nicolas II, la tsarine Alexandra, petite-fille de la reine Victoria et grand-tante de l'actuel prince consort, et trois de leurs enfants ont été malgré tout identifiés. Les meurtriers de 1918 ne pouvaient pas prévoir un tel dénouement.

      

    A l'époque, on ignorait totalement le terme d' "empreinte génétique".

      

    Et c'est grâce à l'analyse de celle du prince Philip, duc d'Edimbourg, petit-neveu de la tsarine, que les scientifiques ont mis fin à l'impérial suspense.
     

      

    L'histoire commence au petit matin du 17 juillet 1918. Des soldats de l'Armée blanche approchent d'Iekaterinbourg, où le tsar et sa famille sont prisonniers depuis soixante-dix-huit jours. Vers 2 heures, un officier de l'Armée rouge réveille le souverain déchu et annonce un départ imminent. Il lui demande de descendre dans la cave, avec ses proches et sa modeste suite - quatre personnes - pour sa "sécurité et les besoins d'une photo". Au lieu d'un photographe, ce sont 12 hommes armés qui apparaissent.

      

    Et qui font feu, à bout portant. L'ordre d'exécution, transmis avec un luxe de précautions, vient directement de Lénine. A la surprise des tueurs, les balles ricochent sur les enfants, qui dissimulent les bijoux royaux sous leurs vêtements. Ils seront achevés à la baïonnette.
    "Dites à Sverdlov [chef de la police secrète] que la famille entière a subi le même sort que son chef", dit le télégramme envoyé le jour même.

      

    Les corps, déshabillés et allégés de leurs bijoux, sont dissimulés dans une mine des alentours. Mais l'officier craint encore qu'on ne les retrouve: le lendemain, il les fait ressortir pour les jeter dans un trou au milieu d'un chemin boueux, à 10 kilomètres de là. Par précaution, il les arrose d'acide sulfurique, puis d'essence, et enflamme les cadavres avant de les recouvrir...

      

    C'est là que Nikolaï Avdonine, un géologue, et son ami cinéaste Guély Riabov vont les exhumer, après de longues recherches, en 1978. Et qu'ils vont les laisser: trop dangereux. A cette époque, Iekaterinbourg s'appelle Sverdlovsk. La maison du massacre a été rasée sur ordre du patron de la région, un certain Boris Eltsine, et la perestroïka est encore loin.
    En juillet 1991, les temps ont changé. Les squelettes sont déterrés et la polémique commence, les historiens se déchirant sur l'authenticité des dépouilles. Très vite, les scientifiques russes vont apporter les premières réponses.

      

    Grâce à l'informatique, ils reconstituent les visages à partir des crânes retrouvés dans la fosse. Les ressemblances avec les photos du tsar et de la tsarine sont frappantes. L'analyse de la denture, même si les archives médicales ont mystérieusement disparu, apporte un autre élément concordant: les soins y sont de trop grande qualité pour avoir été effectués sur des personnes banales. Il manque toutefois la preuve irréfutable.

      

    Que la génétique va fournir.
     

    Le 15 septembre 1992, les ossements arrivent dans un laboratoire du Home Office - le ministère britannique de l'Intérieur - à Aldermaston. Le gotha de l'Europe couronnée - et apparentée à la famille impériale russe - est appelé au chevet du mystère Romanov. Le prince Philip, le prince Rostislav Romanov - un banquier londonien de 54 ans, petit-neveu de Nicolas II - et un membre de la famille de Grèce, notamment, fournissent des cheveux ou du sang.

      

    Le principe est simple: comparer les empreintes génétiques des descendants connus avec celles des dépouilles exhumées à Iekaterinbourg. En raison de l'âge et de l'état de conservation des ossements, la réalisation va se révéler un peu plus délicate.

      

    Ne pouvant extraire suffisamment d'ADN chromosomique, les experts, dirigés par les Drs Peter Gill et Pavel Ivanov, vont s'intéresser à l'ADN des mitochondries - "usines énergétiques" de la cellule - présentes en plus grand nombre. Limite du processus: les mitochondries ne se transmettent que par la mère.
     

      

    Ce sera suffisant. Le 10 décembre, moins de trois mois après avoir reçu les ossements, le Home Office annonce les premiers résultats: il s'agit bien d'une mère avec ses trois filles, et cette femme est - avec une marge d'erreur de 1% - la grand-tante du prince Philip, Alexandra, la tsarine. La présence de Nicolas II parmi les corps reste encore à prouver définivement. Mais l'ADN de descendants de la lignée maternelle du tsar, c'est-à-dire issus d'une tante ou d'une grand-tante, va être examiné dans les mois à venir.

      

    Le mystère est presque levé. Presque. Car les résultats londoniens confirment également l'absence des corps de deux des enfants royaux: Alexeï, le fils gravement malade, et, surtout, l'une des filles, Anastasia peut-être.
     

      

    Or l'énigme des Romanov s'est, au fil du xxe siècle, confondue avec celle de cette mystérieuse princesse que l'on croyait morte. Avec l'histoire étrange de cette jeune femme, retrouvée à Berlin en 1920, qui racontera avoir été sauvée par un jeune soldat amoureux et se nommer Anastasia. Quelques émigrés la croiront, d'autres parleront d'affabulation.

      

    Elle mourra aux Etats-Unis en 1984, après avoir, pendant toute sa vie, tenté de faire reconnaître son identité royale. Son secret, pensait-on alors, l'avait suivie dans la tombe. Erreur: les scientifiques d'Aldermaston disposent également de quelques mèches des cheveux de cette "Anastasia". Assez pour une analyse génétique pouvant confirmer l'identité de la princesse et résoudre l'énigme. Ou l'infirmer, et relancer en partie le mystère des Romanov.

      

    CINQ MORTS,
    DEUX DISPARUS
     

    1914 : la famille impériale pose au grand complet. Autour du tsar, Nicolas II, et de son épouse, la tsarine Alexandra Fedorovna, ont pris place leurs cinq enfants. Les trois filles aînées (au dernier plan et de gauche à droite): Maria, Olga et Tatiana.

      

    Les deux plus jeunes (au premier plan): la princesse Anastasia et le tsarévitch Alexeï, en costume marin.
     

    1918 (17 juillet) : le tsar et sa famille, gardés à vue à Iekaterinbourg, dans l'Oural, sont exécutés; leurs cadavres sont brûlés, puis enterrés dans un lieu resté secret.
     

      

    1991: les squelettes sont enfin exhumés.

      

    D'après les premiers examens, on aurait retrouvé ceux du tsar, de la tsarine et de leurs trois filles aînées. Car aucun, compte tenu de la taille, ne peut correspondre à ceux d'Anastasia et d'Alexeï.
     

    1992 : les analyses d'ADN effectuées à partir des ossements permettent d'identifier définitivement Alexandra et ses filles.

      

    Ce n'est pas encore le cas de Nicolas II, mais la superposition, grâce à l'informatique, de son visage et du crâne retrouvé (photos du bas) ne laisse guère de doute.

     

     

     

     

      

    PHOTO des Romanov


    En savoir plus sur http://www.lexpress.fr/informations/romanov-le-crime-etait-presque-parfait_592390.html#MKWptwaz8XSr5Yh3.99

     

     

    Les cercueils d'une partie de la famille Romanov, ainsi que ceux de leurs derniers servants, à la morgue d'Ekaterinbourg.

     

     

     

     

     

    L'INHUMATION

     


    La cathédrale Pierre-et-Paul de Saint-Pétersbourg est le lieu où reposent tous les Tsars de Russie depuis Pierre le Grand. C'est en ce lieu que Nicolas II, sa femme et trois de leurs filles ont été enterrés le 17 juillet 1998.




    En janvier 1998, la Commission d’État chargée de l'identification des restes des Romanov considérait dans une résolution que les restes retrouvés en 1991 étaient bien ceux de Nicolas II, de l'impératrice Alexandra, de trois de leurs filles (Olga, Tatiana et Anastasia), ainsi que ceux de leurs quatre derniers servants. L'enterrement des restes impériaux pouvait donc avoir lieu.

      

    Le Gouvernement russe décida de fixer les obsèques au 17 juillet 1998, 80 ans jour pour jour après le massacre d'Ekaterinbourg.



    Ella Maximovna, journaliste, écrit le 6 avril 1994 dans les Izvestia: « On peut penser ce que l'on veut du règne du dernier monarque de Russie, mais il ne faut pas oublier que le massacre [du tsar et des siens], cette bacchanale de sang, a ouvert le martyrologe de millions de familles, de dizaines de millions de personnes dont on ne saura jamais où elles reposent.

      

    En enterrant la Famille impériale de Russie, c'est également à elles que nous donnerons une sépulture. »



    L'opposition de l’Église orthodoxe russe



    Le Patriarche Alexis II (1929-2008) était le chef
    de l'Eglise orthodoxe russe.

    La décision d'enterrer les restes attribués aux Romanov suscita beaucoup d'oppositions, notamment de la part de l’Église et d'une partie des descendants de la famille Romanov. Le Patriarche de Moscou Alexis II, chef de l’Église orthodoxe, décida de ne pas participer aux funérailles.

    Il se justifie au cours d'une interview : « Les arguments scientifiques, dont les prémisses sont souvent erronés, ne sont pas déterminants pour l’Église, bien qu'elle en tienne compte. L'important est de tenter de comprendre la volonté divine, car il ne s'agit pas d'ossements ordinaires, mais de restes d'êtres dont la canonisation est sans doute très proche. Il ne faudrait donc pas que la vénération de la vie des saints dans leurs restes mortels puisse être soumise à la tentation […]. Pour ce qui est des savants, leurs avis divergent. Je reçois des témoignages d

    e scientifiques qui contestent l'aspect définitif de l'identification. Malheureusement, les travaux de la commission gouvernementale sont peu connus des communautés scientifique et juridique. La public a aussi été tenu à l'écart de l'avancement des travaux [...]. Nous pensons que la décision de la Commission gouvernementale a provoqué des doutes et même suscité une opposition au sein de l’Église et dans la société.

    C'est précisément l'attitude antinomique du peuple chrétien […] à l'égard des ossements d'Ekaterinbourg qui a déterminé la position de l’Église […]. Qu'une partie des croyants vénère ces ossements comme de saintes reliques, alors qu'une autre les considère comme faux, est impensable pour l’Église. »

      

    Ainsi, contrairement à ce que certains historiens avancent depuis 1998, le Patriarche ne conteste pas formellement l'authenticité des restes d'Ekaterinbourg. En réalité, il a décidé d'adopter une attitude neutre face aux divergences scientifiques et en l'absence de ce qu'il appelle « la volonté divine. »

    Le Patriarche Alexis II ajoute :

    « Ce quatre-vingtième anniversaire de la tragédie d'Ekaterinbourg sera jour d'affliction et de pénitence pour le péché de mort commis par le peuple. Il sera aussi jour de prière pour l'empereur, sa famille et ses fidèles serviteurs assassinés, ainsi que pour tous les martyrs du temps des persécutions féroces […].

      

    Des offices funèbres, avec mention particulière des noms de l'empereur Nicolas et de ses proches, seront célébrés tous les 17 juillet, dans toutes nos églises. Pendant les dizaines d'années qui ont précédé, les croyants n'ont jamais cessé de prier en ce jour pour les martyrs d'Ekaterinbourg.

    Cela continuera donc naturellement dans les années à venir, sans qu'aucun rappel particulier ne soit nécessaire. »

    Face à cette attitude réservée de l’Église orthodoxe, Nicolas II et sa famille ont été inhumés avec beaucoup moins d'honneurs que prévu. Au départ, le projet des funérailles était grandiose : les corps devaient gagner Saint-Pétersbourg à bord d'un train qui se serait arrêté dans toutes les grandes villes de Russie pour rassembler sur son passage l'hommage du peuple. Finalement, les dépouilles ont été transportées jusqu'à la capitale impériale par avion, sans aucune escale.

      

    A Saint-Pétersbourg, les descendants des Romanov qui étaient présents se signaient devant le passage des neuf cercueils, tandis qu'un orchestre militaire jouait l'hymne impérial russe. Sur le trajet de la cathédrale, il n'y avait que très peu de décorations : des drapeaux aux couleurs nationales ceints d'un ruban noir et des drapeaux aux armoiries de Saint-Pétersbourg.

      

    A l’extérieur de la cathédrale, des centaines de monarchistes s’insurgeaient contre cet enterrement indigne du Tsar, tandis que des contestataires communistes criaient leur opposition aux funérailles. Plus de 1200 policiers veillaient sur la cérémonie, soutenus par des vedettes sillonnant la Néva. Pour des raisons de sécurité, l'accès à la cathédrale a été interdit au public.



    Le déroulement des funérailles


    Le Président russe Boris Eltsine (1931-2007) et sa femme, entourés par les descendants de la famille Romanov, s'inclinent devant le tombeau du Tsar et de sa famille.


    En dépit des réticences de l’Église, les restes des Romanov ont été inhumés en la cathédrale Pierre-et-Paul de Saint-Pétersbourg le 17 juillet 1998. La chapelle Sainte-Catherine, qui se trouve à l'intérieur de la cathédrale, a été choisie pour accueillir les restes impériaux. Les descendants de la famille Romanov avaient fait le déplacement du monde entier pour assister aux obsèques.

      

    En revanche, la Grande-Duchesse Maria Vladimirovna, qui s'est proclamée chef de la Maison impériale, ainsi que sa mère, ont décidé de se ranger du côté du Patriarche Alexis II et donc de ne pas participer à la cérémonie.

    Le Président Boris Eltsine, ancien membre du parti communiste et instigateur de la destruction de la maison Ipatiev, hésita à participer à la cérémonie. Finalement, il décida de s'y rendre à la dernière minute : « J'ai beaucoup réfléchi et discuté, notamment avec des gens de culture, a expliqué Eltsine, pendant 80 ans on a caché la vérité, on n'a rien dit. Demain, je dois dire cette vérité, je dois être présent à Saint-Pétersbourg. Ce sera un acte de justice humaine. »

      

    Il entendait, selon ses termes, tourner « une des pages les plus honteuses de notre Histoire. » Le Président russe ouvra la cérémonie par ces paroles :

      

    « C'est un jour historique pour la Russie... En mettant en terre ces restes, nous voulons expier les péchés de nos ancêtres.

    Ceux qui ont commis cet acte barbare et ceux qui l’ont approuvé pendant des décennies sont coupables.

    Nous devons terminer ce siècle qui a été celui du sang et de l’illégalité. »



    En revanche, aucune tête couronnée d'Europe n'a jugé bon de faire le déplacement, alors que la plupart d'entre-elles sont apparentées aux Romanov. Seul un représentant de la monarchie britannique était présent.

      

    Ces absences assez étonnantes s'expliquent en raison des polémiques et de la confusion dans l'organisation de la cérémonie. Par ailleurs, très peu de personnalités culturelles ou politiques étaient présentes. Une véritable impression de malaise s'était donc invitée à cette cérémonie très controversée, impression renforcée par l'absence même des défunts. En effet, aucun nom n'a été cité au cours de l'office religieux.

      

    Lors des prières, ils ont été nommés par la formule appliquée en Russie aux morts anonymes : « C'est de toi, Seigneur, que leurs noms sont connus ».

      

    Formule très équivoque pour des corps officiellement authentifiés avec certitude.

      

    Pour certains, c'était la preuve que les corps inhumés n'étaient pas ceux des Romanov. Quoi qu'il en soit, l'ambiance qui régnait dans la cathédrale le jour de la cérémonie, sur fond de querelles religieuses, politiques et dynastiques, n'était pas digne des épreuves endurées par le Tsar et sa famille.



    Les cercueils d'une partie de la famille Romanov, ainsi que ceux de leurs derniers servants, à la morgue d'Ekaterinbourg.


    Les neuf cercueils ont été inhumés dans un caveau de la chapelle Sainte-Catherine. Dix-neuf coups de canon ont accompagné la mise en terre des dépouilles de Nicolas II et des siens. Pendant ce temps, le Patriarche Alexis II célébrait une messe à Moscou en l'honneur des Romanov, refusant toujours de reconnaître formellement l'identité des corps enterrés à Saint-Pétersbourg.

    Le 17 juillet 1998, la Russie a ainsi raté un véritable tournant de son Histoire. L'enterrement de Nicolas II et d'une partie de sa famille a été instrumentalisé pour tenter de réparer la déchirure nationale provoquée par des décennies de dictature communiste.

      

    Cependant, la mise en terre des restes d'Ekaterinbourg n'a fait que raviver les querelles et les oppositions au sein de la population.

      

    Le journaliste Mikhaïl Berg écrit à ce sujet : « Cela aurait pu être un événement d'une grande portée symbolique. Au lieu de cela, on a assisté à de sales jeux politiques sur les cercueils. » A présent, je vous invite à visionner, ci-dessous, les extraits de l'inhumation du Tsar et des siens.





    Partie I – La cérémonie (02:24 minutes)







    Partie II – La « mise en terre » des cercueils (08:15 minutes)







    Partie III – Les derniers adieux au Tsar et à sa famille (04:09 minutes)





     

     SOURCES
     
     
     

     

     

     

     

    Partager via Gmail Delicious Yahoo! Google Bookmarks

    Tags Tags : , , , ,
  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :