• L'ultime mystère des Romanov

     

     

     

    L'ultime mystère des Romanov bientôt levé

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    Les restes de neuf des membres de la famille impériale et de leur suite avaient été authentifiés en 1998. Ne manquaient que les deux derniers enfants de l'empereur, Alexis et Maria (ici avec Nicolas II).
    Crédits photo : Ria Novosti

     

    Des fouilles menées en juillet dans une forêt russe des environs d'Ekaterinburg ont permis de découvrir des ossements d'un garçon âgé de 10 à 14 ans et d'une jeune fille. Ce pourrait être ceux du tsarévitch Alexis et de la grande- duchesse Maria, deux des cinq enfants de l'empereur Nicolas II dont les restes n'avaient pas été retrouvés lorsque les dépouilles des Romanov furent exhumées en 1991.

    Sur le bureau du procureur d'Ekaterinburg, deux boîtes contiennent tout ce que les archéologues ont trouvé, dans une fosse de 60 centimètres de profondeur, dans la forêt de Koptiaki. Quelques dents, des fragments de crâne, 44 ossements et trois balles ainsi que des tessons d'une céramique qui a révélé des traces d'acide sulfurique. Le parquet étudie la version qui lui paraît la plus probable : les chercheurs ont mis la main sur les restes du tsarévitch Alexis et de la grande-duchesse Maria, dont les corps avaient été brûlés tandis que ceux de Nicolas II, de sa femme Alexandra Fedorovna et de trois de leurs filles, Tatiana, Olga et Anastasia, furent ensevelis sous terre et leur tombe recouverte de madriers.
      
    Des tests ADN ont été ordonnés. Mais, à Ekaterinburg, les autorités semblent n'avoir aucun doute. Elles n'en avaient pas non plus, il y a seize ans, lorsque furent exhumés neuf squelettes gisant dans la Fosse aux troncs.

     

    Pourtant, il fallut sept longues années d'enquête avant que les restes ne soient identifiés. Lorsque la commission gouvernementale a annoncé que, sans doute possible, les ossements étaient ceux de l'empereur, de quatre membres de sa famille et des quatre personnes de sa suite, l'Église orthodoxe avait refusé l'authentification et mené une ultime bataille pour éviter les funérailles officielles des Romanov dans la cathédrale Pierre et Paul de Saint-Pétersbourg.
      
    Et si tout allait recommencer ?
      
    Les batailles, les querelles entre historiens, archéologues, biologistes, généticiens ?
      
    Les allées et venues des ossements entre un institut en Grande-Bretagne et un laboratoire aux États-Unis ?
      
    Brigues et intrigues, rivalités d'intérêts, récupération politique, atermoiements ont entouré les dépouilles des Romanov jusqu'à ce que Boris Eltsine, qui avait lui-même ordonné leur exhumation, tranche et vienne s'incliner devant leurs cercueils en affirmant : « Nous sommes tous coupables. Pendant de longues années, on s'est tu, mais il faut dire la vérité sur l'une des pages les plus honteuses de notre histoire. Sont coupables ceux qui ont commis ce meurtre mais aussi ceux qui ont justifié pendant des décennies cette cruauté insensée. »

     
    C'est dans la nuit du 16 au 17 juillet 1918 que la famille impériale est abattue dans la cave de la maison Ipatiev, à Ekaterinburg. Le commando des tueurs est composé de douze hommes. Iakov Iourovski, membre de la Tcheka, est leur capitaine. Les ordres qu'il a reçus de Moscou sont clairs : tous doivent mourir. Nul ne doit retrouver leur trace. Au petit matin, le commando transporte les cadavres jusqu'à la forêt de Koptiaki. Le temps presse car l'armée blanche progresse vers la capitale de l'Oural. Iourovski va tout d'abord faire jeter les corps dans un puits de mine à ciel ouvert, Ganina Yama, mais il n'est pas satisfait de la cache ou bien sa sinistre décharge a été surprise par quelques paysans. Il revient sur les lieux le lendemain, exhume les cadavres et commence à les brûler.
      
    La crémation est lente, trop lente. Iourovski renonce après avoir enterré les ossements calcinés de deux de ses victimes puis fait enfouir les autres corps, aspergés d'acide sulfurique, dans la Fosse aux troncs. Dans la note confidentielle que Iakov Iourovski aurait rédigée, il décrit toute l'opération. Le rapport disparaît dans les innombrables archives secrètes du parti ou du KGB, successeur de la Tcheka. Jusqu'en 1978. Cette année-là, survient une étrange affaire qui n'a jamais été vraiment élucidée. Deux hommes, qui auraient lu le rapport Iourovski, se rendent nuitamment dans la forêt de Koptiaki et s'acharnent sur la Fosse aux troncs. L'un est à moitié géologue, à moitié historien.
      
    L'autre, un fonctionnaire du ministère de l'Intérieur plus ou moins reconverti dans le journalisme et les romans policiers. Agissent-ils par eux-mêmes, en pilleurs de tombe, ou sont-ils mystérieusement mandatés par le « département du diable » ?
      
    Ils déterrent trois crânes et en choisissent un, supposé être celui de l'empereur. Gely Riabov, l'homme du ministère de l'Intérieur, ramène son trophée à Moscou. Il le gardera douze mois, enrobé dans du papier journal, sous son lit. Pourquoi ?
      
    « Personne n'en voulait », dira-t-il dix ans plus tard en révélant son exploit. Nous sommes alors en 1989. La Perestroïka bat son plein. Une autre personne, entre-temps, s'est penchée sur les archives. Edvard Radzinski, dramaturge à succès, enquête sur le meurtre d'Ekaterinburg. Il parvient à se procurer une copie du rapport confidentiel de Iourovski et le publie dans la presse.
      
    L'année suivante, à Ekaterinburg, sur l'emplacement de la maison Ipatiev qui fut rasée en 1977 parce que trop de pèlerins venaient y prier, une croix blanche en bois est érigée en mémoire de la famille impériale.

    En 1991, Eltsine est élu président d'un pays renaissant : la Russie. Presque aussitôt, il donne l'ordre d'organiser une fouille dans la forêt de Koptiaki, au lieu-dit de la Fosse aux troncs.

     

    Les forces armées ont entouré le périmètre. Il fait nuit noire. Des archéologues s'affairent. À coups de pelles, on creuse la terre et les ossements découverts sont jetés dans des caisses. Pêle-mêle. Avant d'être acheminés au centre médico-légal d'Ekaterinburg.
      
    Ils y resteront sept ans. Un expert russe affirme, dès 1993, qu'il a identifié les neuf squelettes, reconstitués grâce aux techniques de la biologie moléculaire et du génie génétique au centre criminologique d'Aldermaston en Grande-Bretagne, puis aux États-Unis, à l'Institut de pathologie des forces armées américaines. Une commission gouvernementale chargée d'apporter au chef de l'État ses conclusions est créée. Mais le Patriarcat de Moscou fait part de ses réticences.
      
    Bientôt, le Saint Synode va se réunir et soumet à la commission un certain nombre de questions. Tant qu'elles n'auront pas reçu de réponses, les funérailles des Romanov ne pourront avoir lieu.

    Toute cette période sombre, au cours de laquelle des businessmen douteux, des monarchistes suspects et des clercs sans scrupule escroquent à qui mieux mieux les braves gens pour construire une « chapelle du repentir », est également marquée par des disputes d'experts.
     
      
    En 1998, la commission rend ses conclusions.
      
    Le doute n'est pas permis. Les ossements sont bien ceux de Nicolas II, de la tsarine, de trois grandes duchesses et des personnes qui les accompagnaient, à savoir leur médecin, leur cuisinier, un valet de chambre et la camériste de l'impératrice. L'Église orthodoxe refusera de se rallier et le Patriarche de toutes les Russies fera savoir au Kremlin qu'il ne célébrera pas les obsèques. Dans le même temps, le maire de Moscou et celui d'Ekaterinburg livrent un ultime baroud afin que les funérailles aient lieu chez eux. Dans la capitale de l'Oural, on envisage la construction d'un complexe touristico-religieux sur la colline de l'Assomption, là où s'élevait la maison Ipatiev. Des entreprises rivalisent de projets grandioses tandis que des fusillades opposent deux bandes qui entendent avoir une part aux bénéfices du futur centre de pèlerinage.
     
      
    Le 17 juillet 1998, quatre-vingts ans après la tuerie d'Ekaterinburg, la famille impériale est enterrée dans la cathédrale de la forteresse Pierre et Paul. Les cloches sonnent à toute volée. Dix-neuf coups de canon, et non pas vingt et un, car Nicolas II avait abdiqué, résonnent. Déjà malade, Eltsine fait un discours sobre. Émouvant. Les descendants des Romanov sont venus. Ils portent le deuil. Trois mille invités assistent à l'office. Nombre d'entre eux mettront genou en terre lorsque la prière des morts, « mémoire éternelle », sera récitée pour le dernier tsar. La dynastie des Romanov a régné de 1613 à 1917.
      
    Elle fait partie intégrante de l'histoire de la Russie. Boris Eltsine voulait que ses compatriotes en retrouvent la dimension séculaire. Il espérait aussi tourner une page. Celle d'un siècle sanglant. D'une terreur dont le meurtre d'Ekaterinburg fut l'acte fondateur. Eltsine fut un président fantasque, mais il avait du coeur et son âme, comme disent les Russes, n'était pas morte à force de vilenies. Poutine, qui lui a succédé, est un personnage moins romanesque.
      
    Pourtant, il continue à rassembler les morceaux épars de la vieille Russie, à recoller la mosaïque brisée. La reprise des fouilles dans la région d'Ekaterinburg ne peut avoir été décidée sans son aval. Il n'est pas certain non plus qu'il tolère avec autant de résignation ou de fatalisme qu'Eltsine une bataille autour de l'authenticité des restes retrouvés le 29 juillet, si les tests ADN en cours parviennent à identifier les ossements. Interrogée, l'Église orthodoxe a exprimé un espoir : que les analyses soient « plus détaillées » que les précédentes.
      
    À Moscou, on estime que si les nouveaux ossements s'avèrent être ceux du tsarévitch et de la grande-duchesse, il sera difficile pour l'Église orthodoxe de maintenir sa position sur les « reliques » des Romanov.
      
      
      
    SOURCES:
    article FIGARO
      
      
      
      
     
     
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