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     Biographie
     Hymne royal  Dieu, garde le tsar (Boje, tsaria khrani).
     Dynastie  Romanov
     Nom de naissance  Nikolaï Aleksandrovitch Romanov
     Date de naissance  18 mai 1868[n 3]
     Lieu de naissance Empire russe  Tsarskoïe Selo (Russie)
     Date de décès  17 juillet 1918 (à 50 ans)
     Lieu de décès Russie socialiste  Iekaterinbourg (Russie)
     Père  Alexandre III de Russie
     Mère  Dagmar de Danemark
     Conjoint  Alexandra Feodorovna
     Enfants  Olga Nikolaïevna
     Tatiana Nikolaïevna
     Maria Nikolaïevna
     Anastasia Nikolaïevna
     Alexis Nikolaïevitch
     Héritier  Alexis Nikolaïevitch, tsarévitch
     Mikhaïl Alexandrovitch
     Signature Nicholas II Signature.svg

     

     

    Emblème de l'Empire russeMonarques de Russie

     

     Nicolas II de Russie (en russe : Николай Александрович Романов, Nikolaï Aleksandrovitch Romanov), de la dynastie des Romanov, né le 18 mai 1868 (6 mai 1868 C. J.) au palais de Tsarskoïe Selo et exécuté le 17 juillet 1918 à Ekaterinbourg, est le dernier empereur de Russie[n 4], roi de Pologne et grand-prince de Finlande.

     Nicolas II est tsar de toutes les Russies, de 1894 à 1917. Il connaît de nombreux surnoms suivant les époques : « Nicolas le Pacifique », du temps de son règne, puis les Soviétiques le baptisent « Nicolas le Sanguinaire », mais de nos jours la tradition populaire orthodoxe le décrit comme « un saint digne de la passion du Christ ».

     Son règne et celui de son père correspondent à l'époque du plus grand essor dans l'histoire de la Russie du point de vue économique, social, politique et culturel. Les serfs sont libérés pendant le règne de son grand-père Alexandre II et les impôts sont allégés. Piotr Stolypine réussit à développer une classe de paysans riches, les koulaks. La population triple et la Russie, avec 175 millions d'habitants, devient la troisième ou quatrième puissance économique mondiale et possède le premier réseau ferroviaire après les États-Unis. Le rouble devient une monnaie convertible et outre un nombre important de marchands et d'industriels, l'Empire possède désormais ses propres financiers. Ils sont souvent des mécènes. La Russie prend, du temps de Nicolas II, la deuxième place dans le domaine de l'édition de livres. De nouvelles universités, des écrivains, sculpteurs, peintres, danseurs... sont à l'époque connus dans le monde entier[1]. Selon Alexander Gerschenkron: « Nul doute qu'au train où croissait l'équipement industriel pendant les années du règne de Nicolas II, sans le régime communiste, la Russie eût déjà dépassé les États-Unis »[2].

     Nicolas II gouverne de 1894 jusqu'à son abdication en 1917. Il ne réussit pas à mettre fin à l'agitation politique de son pays ni à mener les armées impériales à la victoire pendant la Première Guerre mondiale. Son règne se termine avec la révolution russe de 1917, pendant laquelle lui et sa famille sont emprisonnés d'abord dans le palais Alexandre à Tsarskoïe Selo, puis plus tard dans la maison du gouverneur à Tobolsk, et finalement dans la villa Ipatiev à Ekaterinbourg. Nicolas II, son épouse, son fils, ses quatre filles, le médecin de famille, son domestique personnel, la femme de chambre et le cuisinier seront ensuite assassinés par les bolcheviks dans la nuit du 16 au 17 juillet 1918.

     Sommaire

     Jeunesse

     Nicolas II avec sa mère, Marie Fedorovna, en 1870.
     Le futur tsar Nicolas II (debout à gauche) avec ses parents et ses frères et sœurs en 1893.

     Le 6 mai 1868 naît Nicolas Alexandrovitch Romanov (en transcription universitaire, Nikolaj Aleksandrovič Romanov), fils d'Alexandre III et de Marie Fiodorovna (1847-1928), fille de Christian IX roi du Danemark. Il est le premier des cinq enfants du couple impérial : Alexandre (1869-1870), Georges (1871-1899), Michel (1878-1918), Xénia Alexandrovna (1875-1960) et Olga (1882-1960).

     Nicolas et ses plus jeunes frères sont élevés à la dure : des lits de camp, un ameublement simple, des icônes de la Vierge et de l'enfant Jésus. Leur grand-mère Marie Alexandrovna introduit les coutumes britanniques en matière d'éducation chez les Romanov : gruau pour le déjeuner, bains froids, abondance d'air frais[3]... Leur mère est brillante, enjouée, aimant la vie en société, les bals et les fêtes et elle leur donne le goût du divertissement et de la vie mondaine[L1 1], mais elle ne s’occupe guère d’eux et c’est leur père, rude et bourru, qui monte dans leurs chambres pour les câliner[4].

     Le 1er/13 mars 1881, Nicolas assiste à la brève agonie de son grand-père, l'empereur Alexandre II de Russie, dont un attentat a arraché les jambes et défiguré le visage[5]. Or cet attentat survient alors même qu'Alexandre II, poursuivant sa politique réformatrice, s'apprêtait à faire de grandes réformes. Nicolas devient tsarévitch. Pour des raisons de sécurité, le nouvel empereur et sa famille s'installent au palais de Gatchina en dehors de la ville[6].

     À l'adolescence, le tsarévitch a déjà un caractère sérieux et réservé, respectueux des conseils de ses précepteurs et obéissant aux ordres de son père[7]. Alexandre III confie l'éducation de son fils à des hommes issus de son gouvernement, parmi lesquels le procureur du Saint Synode, Constantin Pobiedonostsev, le général Danilovitch, le ministre des finances Bunge, totalement pénétrés de la nécessité d'un pouvoir impérial fort[8].

     En 1884, à l'âge de seize ans, il rencontre pour la première fois la princesse Alix de Hesse-Darmstadt, l'une de ses cousines allemandes, âgée de douze ans, dont il tombe amoureux. Toutefois la perspective d'un possible mariage avec une princesse allemande contrarie aussi bien le tsar que la tsarine, et Alexandre III ordonne à Nicolas Alexandrovitch d'abandonner tout espoir de se marier avec une Allemande[9].

     Le futur empereur mesure 1,73 m, est châtain avec des yeux bleus, il est mince et bien physiquement, selon ses contemporains. C'est un excellent danseur, patineur et cavalier et il a le goût de la chasse. Il parle plusieurs langues étrangères, dont le français, mais la politique est pour lui une corvée[L1 2].

     En uniforme écossais 1890.

     De 1885 à 1890, il fréquente la faculté de sciences politiques et économiques de l'université de Saint-Pétersbourg, devient colonel de la Garde impériale et suit aussi les cours de l'Académie d'État. Les journaux intimes du jeune Nicolas montrent son enthousiasme pour la vie de caserne, pour les parades, les revues, et la vie des jeunes soldats de la capitale. L'empereur, cependant, ne fait rien pour lui enseigner l'art de gouverner. Il veut en faire un juriste, un officier et le meilleur représentant de la grande Russie et de l'illustre famille des Romanov auprès des cours européennes[10]. Le futur premier ministre Serge Witte propose à Alexandre III de nommer le tsarévitch Nicolas président des travaux du Transsibérien. L'empereur refuse : « Connaissez-vous bien le tsarévitch ? A-t-il jamais réussi à parler sérieusement avec vous ? Il est encore un enfant dans tout et pour tout, il juge les choses en mode enfantine. Comment serait-il capable de présider un comité ? » L'homme d'État lui réplique qu'il ne sera là que pour présider, pas pour comprendre ».

     Le 23 octobre 1890, il appareille sur un croiseur russe et fait une tournée officielle en Grèce, en Égypte, aux Indes, dans le sud-est asiatique, en Chine et au Japon. Il est accompagné de son frère Georges et de son oncle, futur Georges Ier de Grèce. Pendant son séjour au Japon, le tsarévitch reçoit un coup de sabre d'un mari outragé par les avances que Nicolas aurait faites à sa jeune épouse[L2 1]. Le tsarévitch doit revenir dans son palais en traversant la Sibérie. Il revient d'Asie avec un grand mépris pour les Japonais, qu’il appelle « les singes » et il est plus que jamais assuré de son amour profond et sincère pour le paysan russe : « le meilleur des êtres humains[L1 3] ».

     À son retour, son père lui conseille de s'amuser et va jusqu'à favoriser une relation du tsarévitch avec la première danseuse du Théâtre Marie, Mathilde Kschessinska. Il rompt sa relation avec la Kchessinskaïa[11].

     Au début des années 1890, la santé de l'empereur Alexandre III se dégrade. Comme Nicolas est tombé amoureux de la cousine de Guillaume II[12], il obtient le consentement à son mariage avec Alix, malgré l'insistance de ses parents à le marier à la princesse Hélène d'Orléans, fille de Philippe d'Orléans (1838-1894) et ainsi renforcer l'alliance franco-russe. Le 8 avril 1894, Nicolas Alexandrovitch et Alix de Hesse-Darmstadt se fiancent officiellement au château de Cobourg, en présence de leurs familles, parmi lesquelles ont pouvait compter l'empereur Guillaume II et la reine Victoria, grand-mère commune à la fois de la fiancée et du Kaiser.

     Avant de mourir, son père l'exhorte : « Manifeste ta propre volonté, ne laisse pas les autres oublier qui tu es[13] ». Nicolas II succède à Alexandre III, le 1er novembre 1894.

     Le tsarévitch Nicolas à Nagasaki en 1891.
     Ses proches parents.

     Premières années de règne

     Mariage

     Le mariage de Nicolas II et de l'impératrice Alexandra Fedorovna.

     Le nouvel empereur s'interroge : « Que va-t-il nous arriver à moi et à toutes les Russies[14]? ». Il avoue : « Non, je ne suis pas prêt à être un tsar. Je n'ai jamais voulu l'être. Je ne sais rien sur ce qu'il doit faire pour gouverner. Je n'ai pas la moindre idée de comme on parle aux ministres[15] ». Pendant un certain temps, il se contente d'imiter son père, mais il consacre beaucoup plus d'attention aux détails de l'administration que ce dernier.

     Protestante, sa fiancée se convertit avec réticence à l'orthodoxie. Le Kaiser, leur cousin, s’entremet avec succès. Il veut renouer l’entente des trois empereurs[16]. Le 26 novembre 1894, Nicolas II épouse la princesse Alix de Hesse-Darmstadt (1872-1918), fille du grand-duc Louis IV de Hesse et de la grande-duchesse, née princesse Alice d'Angleterre (1843-1878). Elle est connue en Russie sous le nom d'Alexandra Féodorovna[17]. Les cérémonies de mariage obéissent à un rite multiséculaire[18].

     Nicolas II et Alexandra ont eu cinq enfants : un fils, le tsarévitch Alexis Nikolaïevitch (1904-1918) et quatre filles, Olga (1895-1918), Tatiana (1897-1918), Maria (1899-1918) et Anastasia (1901-1918). Il existe de nombreuses photos du mariage, du couple et de ses enfants, qui forment une famille très unie[19]. Les cinq enfants ont pour précepteur Pierre Gilliard.

     Couronnement

     Le 26 mai 1896 est le jour de son sacre comme empereur et autocrate de toutes les Russies (Божию Милостию, Император и Самодержец Всероссийский) et Basileus de l'Église Orthodoxe russe[20]. Des images d'actualités de l'époque montrent le couronnement de Nicolas II de Russie. Le rituel est inspiré de Byzance[21] et a lieu à Moscou, la troisième Rome[18]. À Moscou, se trouvent les corps de ses ancêtres et cette grande ville outre qu’elle est le centre de l’Empire (Rossia) incarne la tradition Rous, l’ancienne Russie. Se conformant aux précédents couronnements, Nicolas II fait une entrée triomphale dans la ville de Moscou, sur un cheval blanc, suivi des deux impératrices[22].

     Le jour de cette cérémonie très importante, une bousculade se produit dans la foule au champ de Khodinka, provoquant la mort de plusieurs centaines de personnes qui sont piétinées[23]. Le tsar pense annuler les cérémonies officielles, mais il n’ose se décommander au bal du comte de Montebello, l’ambassadeur français. Il y paraît donc, blême et anxieux. Et à peine sorti de cette fête gâchée, il se rend au chevet des blessés[24]. En raison de cette catastrophe et de la participation du tsar au bal, le peuple va se mettre à haïr la tsarine qu’il surnomme « l’Allemande ». Or, tout ceux qui vont la rencontrer vont rapidement se rendre compte qu’elle déteste l'Empire allemand et parle en anglais, sa langue maternelle[L1 4].

     Couronnement de Nicolas et d'Alexandra.

     Mal préparé à assumer ses fonctions, Nicolas II est généralement considéré par les historiens comme un homme n'ayant ni l'imagination créatrice, ni l'énergie de concevoir un autre ordre[25]. Il subit constamment l'influence de son épouse. Il rêve d'une existence bourgeoise avec elle et leurs enfants et de parties de tennis ou de bains dans les eaux glacées de la Baltique. D'ailleurs trois jours après son mariage, il écrit dans son journal : « Avec Alix je suis immensément heureux. Dommage que les affaires d'État me prennent tant de temps. Je préfèrerais passer avec elle toutes ces heures »[26]. Le tsar semble parfaitement inconscient des intrigues de la cour, de sa dépravation et de l'affairisme de certains de ses conseillers. Peu capable de refus, il est trop délicat et bien élevé pour se déterminer grossièrement et, plutôt que refuser, préfère se taire. Son épouse écrit à la fin de sa vie en 1917 à une amie : « Si vous saviez au prix de quel effort il a pu vaincre en lui cette propension à la colère, propre à tous les Romanov !... Le plus magnifique des vainqueurs est celui qui se vainc lui-même »[27].

     En dépit d'une visite au Royaume-Uni avant son accession, où il s'intéresse au fonctionnement de la Chambre des communes, Nicolas II est opposé au parlementarisme, et même à une extension des pouvoirs des assemblées locales, les zemstvos. Il défend le principe de l'autocratie absolue[28]. Au mois de janvier 1895, il expose clairement son programme : il est le dépositaire d’une tradition, celle des Romanov. L’autocratie est un principe sacré, légitimé par des lois qui ne sont pas temporelles[L1 5]. Il répète aux Russes : « Vous avez formulé des rêves insensés »[29].

     Affirmation de l'autocratie

     Le tsar préside le Conseil d'État le 27 mai 1901.

     Nicolas II veut conserver l'organisation centralisée du pouvoir, qui avait permis de conserver la stabilité gouvernementale. Parmi ses principaux collaborateurs, figurent des hommes jadis proches conseillers d'Alexandre III, comme le procureur du Saint Synode, Constantin Pobiedonostsev, ancien précepteur de ce dernier, les ministres de l'Intérieur, Ivan Goremykine (de 1895 aux 1899) et le comte Plehve (de 1902 à 1904), le chef de la police de Saint-Pétersbourg, Dimitri Feodorovitch Trepov (de 1896 à 1905). Le choix de son cabinet annonce quelles vont être les orientations politiques des premières années du règne du jeune Nicolas II.

     Bureau du tsar au palais Alexandre de Tsarkoie-Selo.

     Totalement novice dans l'art de gouverner un État, il arrive au trône en appliquant les doctrines conservatrices apprises de Pobiedonostsev[30]. Il a des idées toutes-faites et idéalise la réalité russe. Il est influencé par la lecture des biographies des saints orthodoxes et du tsar Alexis Ier, connu dans l'histoire russe comme « le bon tsar » et se veut être un vrai « père du peuple », le surnom du tsar dans les campagnes russes[31].

     En même temps, il accède aux demandes de sa femme, timide et puritaine, qui veut s'éloigner, ainsi que sa famille, de la vie mondaine de l'aristocratie russe, en choisissant comme résidence le palais Alexandre, situé à Tsarskoïe Selo, en français le « village des Tsars ». Cela le rendra - et surtout l'impératrice Alexandra - antipathique à une partie importante de la grande noblesse de Moscou et de Saint-Pétersbourg, qui ne se reconnaît pas dans cet empereur privilégiant un style de vie austère loin de la cour[32].

     Sous l'impulsion du comte Plehve, ministre de l'Intérieur, il soumet les zemstvos, assemblées provinciales ouvertes au peuple, à des fonctionnaires d'État, et organise une russification des « provinces », en particulier de la Pologne, de la Finlande et du Caucase[33]. Il accroît également la politique antisémite amorcée par son père Alexandre III : numérus clausus, ghettos, et surtout sanglants pogroms exécutés par les Cent-Noirs.

     Serge Witte et l'industrialisation de la Russie

     Nicolas II conserve aussi le ministre de son père, Serge Witte. Malgré leur divergence de caractère, Nicolas II approuve la politique de développement économique intensif menée par son ministre des Finances (de 1892 à 1903). Le comte de Witte veut faire de la Russie une grande puissance européenne.

     Portrait du comte Serge Witte par Ilya Repine.

     Le 3 janvier 1897, Serge Witte continue les réformes financières amorcées sous Alexandre III : le rouble-or est instauré dont l'impérial (15 roubles) et le demi-impérial (7 roubles et 50 kopecks). Cette réforme donne un élan sans précédent en Russie, à l'économie et aux développements de l'industrie[34],[35]. La dette de la Russie passe de 258 à 158 millions de roubles entre 1897 et 1900[36].

     Le comte de Witte a aussi comme priorité le développement du commerce à l'étranger. Après une négociation serrée avec Berlin, le gouvernement allemand accepte d'appliquer à la Russie un tarif douanier très favorable. En 1914, la moitié des importations russes viendront d’Allemagne et un tiers des exportations y partiront[37].

     Pour développer l'industrie, Serge Witte a recours à l'emprunt à l'étranger, les fameux emprunts russes[38]. De 1895 à 1899, ils atteignent 275 millions de roubles, venant avant tout de France et un peu de Belgique. Grâce à eux, le développement industriel est considérablement facilité. La production augmente en effet de 8% dans les années 1890.

     Pièce de cinq roubles.

     Witte encourage les compagnies privées étrangères à venir investir en Russie. En 1900, près de 300 sociétés, en grande partie françaises et belges, y sont installées. Elles contrôlent 60% de la production de houille et 80% de celle du coke.

     Les progrès réalisés dans le domaine du développement économique, sans réel souci du sort des ouvriers, entraînent logiquement des mouvements sociaux. Serge Witte se rend compte de la nécessité de faire des réformes sociales, culturelles et politiques. Mais il doit faire face à l’essor de la culture russe traditionnelle qu'inspire au peuple et aux intellectuels la peur du changement. C’est le cas de Constantin Aksakov et d'Alexeï Khomiakov, slavophiles ennemis de l’Occident et du progrès, partisans du retour au mir et à l’orthodoxie des anciens. Et aussi à l’opposition des grands propriétaires fonciers[39] et d'industriels voulant de la main-d'œuvre bon marché. En juillet 1897, le gouvernement limite la journée de travail à onze heures trente et le travail de nuit à dix heures[40].

     Malgré tout, Nicolas II est conscient de la valeur de Witte qu'il déteste, car il est soupçonné d'être franc-maçon[L2 2], mais qu'il laisse réformer et industrialiser l’Empire[41]. Avant la fin du siècle, la balance commerciale russe n’est plus déficitaire et le rouble devient convertible et fiable. Des chemins de fer sont construits dans tout le pays, dont le Transsibérien terminé en 1901[42]. Witte transforme la Russie en « serre du capitalisme »[43]. On le compare souvent à Colbert et à Turgot[44].

     La politique agricole, au contraire, se montre ruineuse et inadéquate. Les jachères sont nombreuses et les paysans libres endettés[43]. Witte comprend qu'il faut baisser leurs impôts et, comme il constate que la vodka est consommée en quantité excessive, il décrète l'alcool monopole d'État. Le Trésor se gonfle des sommes importantes générées par la consommation de vodka[L1 6]. Entre 1893 et 1899, 24 pour cent des ressources du gouvernement proviennent de la vodka[38].

     La population passe de 98 à 175 millions d’habitants de 1880 à 1914. Witte repeuple la Sibérie et des territoires en Extrême-Orient. L'exploitation des ressources orientales toutefois engendre un conflit administratif de compétences entre les ministères des Finances et des Étrangers.

     En 1900, la crise mondiale de la monnaie cause la fermeture d'industries et de banques. Les propriétaires fonciers, opposés à Witte profitent de la situation pour relancer des attaques contre lui, en l’accusant d’être le père de la social-démocratie. La Russie reprendra seulement en 1903 son ascension économique[45].

     La ligne transsibérienne en 1904.

     Défense de la paix

     Nicolas II en 1901 photographié par Karl Bulla dans son pavillon de chasse

     L'allié principal de la Russie, à cette époque, est toujours la France, depuis la signature de l'alliance franco-russe, ratifiée par Alexandre III de Russie en 1893. En effet, la Russie voit d'un œil inquiet la montée en puissance de l'Empire allemand à sa frontière occidentale. La Triplice redoutée lie toujours l'Allemagne, l'Autriche-Hongrie - dont la diplomatie expansionniste dans les Balkans l'oppose à la Russie - et le royaume d'Italie. Aussi la France, outre son programme de coopération financière et économique, aide-t-elle l'armée à se moderniser suite à l'alliance franco-russe signée en 1891. Des visites officielles bilatérales s'effectuent à un rythme régulier : d'abord la visite du jeune couple impérial en France, en octobre 1896, qui est un triomphe et au cours de laquelle Nicolas II inaugure le Pont Alexandre III à Paris[46], ensuite la visite en 1897 du président Félix Faure, puis la seconde visite de Nicolas II en France en 1901, auquel répond celle du président Émile Loubet à Saint-Pétersbourg en 1902.

     L'Angleterre, quant à elle, reste fidèle à sa politique de splendide isolement, et, concurrente de la France dans sa politique coloniale, n'a de cesse de contenir la Russie et de critiquer cette alliance. En 1902, elle va même jusqu'à signer avec le Japon un traité, où elle attaquerait la France si le Japon est attaqué par la France. Ce qui explique la neutralité de cette dernière, lors de la désastreuse guerre russo-japonaise.

     Par la suite, constatant la faiblesse de l'armée russe après sa défaite et inquiète de la rencontre à l'été 1905 du Kaiser et de son cousin le tsar, l'Angleterre change de point de vue par nécessité. Elle se décide à régler ses différends de frontières dans le Pamir, en Afghanistan et en Perse avec la Russie et amorce une politique de rapprochement qui donnera corps à la Triple Entente. Le président Fallières rencontre Nicolas II à Cherbourg, le 31 juillet 1909. Cette alliance à trois qui est présentée alors comme une défense de la paix face à la montée des périls est en pleine vigueur, jusqu'à la Première Guerre mondiale.

     En août 1912, après les affaires de la canonnière d'Agadir et des différends de la France avec l'Empire allemand, Raymond Poincaré, alors président du conseil et chargé des Affaires étrangères, se rend en visite officielle en Russie, pour surtout assister à des manœuvres conjointes et se rendre compte de l'état de l'armée russe. Il réitère sa visite, cette fois en tant que président de la république, juste après l'attentat de Sarajévo, en juillet 1914.

     Sur le plan intérieur, en 1897, le tsar envoie le général Galitzine russifier les provinces du Caucase et en 1898, il nomme gouverneur général du grand-duché de Finlande Bobrikov qui entreprend une certaine russification de la population.

     Malgré cette répression, un appel au désarmement est lancé en 1898 par Nicolas II, conseillé par Witte qui est totalement opposé à une guerre soit avec l’Allemagne, soit avec le Japon. Nicolas II lance à tous les pays un appel au désarmement et à la paix mondiale, en se référant aux conséquences commerciales, financières et morales de la course aux armements[47] En 1899, le tsar choisit la ville de La Haye pour la première conférence internationale devant discuter de ce problème.

     Viatcheslav Plehve († en 1904)

     Les autres puissances comme le Royaume-Uni et l'Allemagne accueillent froidement son invitation. Vingt nations européennes, toutefois, participent à ces rencontres, ainsi que les États-Unis, le Mexique, le Japon, la Chine, le Siam et la Perse qui réunissent aussi des experts de droit international public de divers pays. La proposition de désarmement est repoussée, mais on obtient une convention sur les règles de guerre (qui prévoit la tutelle de personnes et les structures civiles et la prohibition des gaz toxiques), et le droit international humanitaire. Le résultat le plus important obtenu du tsar et de ses collaborateurs est cependant la création de la Cour d'arbitrage international de La Haye[48],[49].

     Situation intérieure au début du XXe siècle

     Les révoltes paysannes se multiplient au début du siècle dans l'Empire, les émeutes et les grèves aussi et s'ajoutent à ces violences des pogroms. La crise internationale et l'effort de guerre ont comme conséquences la fermeture de 4 000 usines.

     En 1902, Nicolas II confie le ministère de l'Intérieur au comte Plehve. Bien qu'il éprouvât de la sympathie pour les idées constitutionnelles, Plehve développe une politique très conservatrice.

     En 1903, l'empereur fait de Séraphin de Sarov un saint et se sent placé sous la protection d'une sainte figure authentiquement russe, paysanne, à l'image du peuple idéal auquel il se réfère sans cesse[L1 7].

     Les désastres et les massacres de 1905

     La guerre contre le Japon (1904-1905)

     Article détaillé : Guerre russo-japonaise.
     Bataille de Chemulpo Bay.

     En 1896, la Russie obtient la construction du chemin de fer de l'est chinois qui doit relier la ville russe de Tchita au port de Vladivostok, en traversant le saillant que forme la Mandchourie, entre les deux points (ce qui permet d'éviter un long détour le long de l'Amour).

     Dans son expansion vers l'est pour participer au dépeçage de la Chine par les grandes puissances européennes, la Russie pendant la révolte des Boxers occupe la Mandchourie, en 1900.

     Des généraux et des hommes d'affaires envisagent d'étendre le protectorat russe sur la Corée que le Japon considère comme sa chasse gardée. Jusqu'en 1902, la Russie et le Japon tentent de régler pacifiquement leurs différends. D'intenses contacts diplomatiques ont lieu entre les deux pays, diverses options sont envisagées : le partage de la péninsule coréenne, la neutralité coréenne sous garantie internationale, l'échange de la Corée contre la Mandchourie.

     Centenaire du siège de Port-Arthur.

     Le 8 février 1904, le Japon attaque par surprise la flotte russe ancrée à Port-Arthur et assiège la ville qui se rend après un siège de huit mois. En mars 1905, l'infanterie russe est battue à la bataille de Moukden. En mai, la flotte de la Baltique, parvenue sur les lieux après un périple de plusieurs milliers de kilomètres est anéantie dans le détroit de Tsoushima.

     En septembre 1905, un traité de paix russo-japonais est signé à Postsmouth (États-Unis). La Russie reconnaît l'existence des intérêts japonais en Corée, concède au Japon les privilèges qu'elle avait acquis en Mandchourie et lui cède la partie méridionale de l'île de Sakhaline mais, malgré l'insistance de la délégation nippone, ne verse pas d'indemnité de guerre.

     Sur le plan militaire, ce conflit préfigure les guerres du XXe siècle par sa durée (un an et demi), par les forces engagées (sans doute plus de deux millions d'hommes au total) et les pertes (156 000 morts, 280 000 blessés, 77 000 prisonniers) ainsi que par l'emploi des techniques les plus modernes de l'art de la guerre (logistique, lignes de communications et renseignements; opérations combinées terrestres et maritimes; durée de préparation des engagements, tranchées)[50].

     Cette catastrophe est la première défaite de l’homme blanc face à des gens de couleur et pour les peuples colonisés de l’Empire russe c’est la défaite du tsar blanc. Les musulmans de Russie se mettent à rêver d’émancipation[51]. L’admiration fait place au mépris.

     Chez les Russes, le mécontentement grandit. Le cuirassé Potemkine bombarde le port d'Odessa. Les partis d'opposition sortent renforcés de la défaite des armées russes.

     La révolution de 1905

     Article détaillé : Révolution russe de 1905.
     Le Dimanche Rouge des dizaines de personnes sont massacrés près du Palais d'Hiver.

     La Russie est depuis le début du XXe siècle dans un état de révolte permanente. Trois partis exploitent le mécontentement chez les ouvriers, les paysans et les bourgeois :

     Le parti ouvrier social-démocrate de Russie est une organisation politique marxiste révolutionnaire fondée en mars 1898. Les grèves ouvrières commencent relativement tard, en 1903. Elles obéissent au début à des motivations économiques puis deviennent politiques. En 1897 est né le Bund, mouvement ouvrier juif marxiste qui revendique pour les juifs l'égalité nationale qui va se heurter à Lénine qui est partisan de l'unité du parti[52].

     Le Parti socialiste révolutionnaire est une organisation politique russe, d'inspiration socialiste et à base essentiellement paysanne. Il se réclame du groupe terroriste Narodnaïa Volia (Volonté du peuple) disparu en 1881. En 1904, la brigade terroriste du parti, sous la direction de Boris Savinkov, organise l'attentat contre le ministre de l'intérieur Plehve. Les SR assassinent aussi Dmitri Sipiaguine et le grand-duc Serge, oncle du tsar. L'agitation paysanne est endémique à partir de 1902, mais les émeutes ne virent jamais à l'insurrection : elles ont pour but de faire peur aux nobles afin qu'ils cèdent la terre à bas prix. On compte 670 soulèvements de ce type de 1902 à 1904.

     Le parti constitutionnel démocratique un parti politique libéral. Les membres du parti sont appelés Cadets, de l'abréviation KD du nom du parti en russe (Конституционная Демократическая партия). Le Parti constitutionnel démocratique est formé à Moscou du 12 au 18 octobre 1905, à l'apogée de la révolution russe de 1905. Ce n'est qu’en 1906, avec le repli de la révolution, que les Cadets abandonnèrent leurs aspirations révolutionnaires et républicaines et se déclarèrent en faveur d'une monarchie constitutionnelle.

     Le Mouvement d'octobre par Répine.

     L'évolution économique et sociale du pays avait fait monter les oppositions libérales, démocrates, socialistes et révolutionnaires au régime tsariste. Il suffit d'une étincelle pour déclencher une révolution. Le 22 janvier 1905, la police ouvre le feu sur une immense manifestation ouvrière, faisant entre huit cents et mille morts. L'ironie du sort veut que le meneur de la manifestation, le pope Gapone, soit en réalité membre d'un syndicat policier destiné à noyauter le mouvement ouvrier et l'orienter dans la direction voulue par les autorités. Les ouvriers qui convergent vers le palais d'Hiver - ils ignorent que Nicolas II est absent de la capitale - portent des icônes et des portraits du tsar et viennent en sujets fidèles ou plutôt comme des enfants devant leur père pour le supplier de soulager leur misère.

     Le Dimanche Rouge marque le début d'un engrenage révolutionnaire : la première révolution russe.

     Des jacqueries éclatent dans la plupart des provinces de l'Empire, indépendamment des troubles survenus à Saint-Pétersbourg, car les moujiks ignorent le Dimanche Rouge, dont les journaux censurés ne disent pas un mot.

     Dans le même temps, la grève ouvrière s'étend à tout le pays. En l'absence de syndicats, l'idée d'une organisation représentative des ouvriers fait son chemin sous la forme de soviets : ils apparaissent d'abord en province dans le rôle de comités de grèves éphémères (ce mot russe signifiant conseil est adopté en mai 1905 par les ouvriers d'Ivanovo pour désigner leur comité de grève). Ils prennent une coloration plus politique avec la fondation du soviet de Saint-Pétersbourg, en octobre 1905, et de Moscou, en décembre. Tout en se méfiant des intellectuels suspects de vouloir imposer leur hégémonie, les ouvriers ressentent le besoin d'être conseillés par des révolutionnaires expérimentés, qui n'ont qu'un rôle consultatif à côté des délégués ouvriers : d'abord réservés parce qu'ils n'approuvent pas le mouvement des masses, les bolcheviks envoient des représentants mais les postes dirigeants reviennent aux mencheviks, plus nombreux jusqu'en 1917.

     La population réclame une constitution, une Douma et les libertés. À Saint-Pétersbourg, les Socialistes Révolutionnaires, les bolcheviks et les mencheviks s'unissent au sein du soviet ouvrier qui publie les Izvestia.

     L'échec de l'Empire constitutionnel

     Le Manifeste d'octobre 1905

     Ivan L. Goremykine.

     « J’ai signé cette déclaration à cinq heures. Après une semblable journée je ressens le poids de mes responsabilités et mes pensées sont confuses. Oh Seigneur ! aide nous et sauve la Russie et la paix[53] ! ».

     La première révolution russe contraint Nicolas II à des concessions arrachées par son ministre Witte. Nicolas II promulgue le manifeste du 17 octobre, le nom officiel est Le Manifeste sur le perfectionnement de l'ordre de l'État (russe : Манифест об усовершенствовании государственного порядка). Il s'engage à accorder des libertés civiques au peuple, dont :

    •  la liberté de culte
    •  la liberté de parole,
    •  la liberté de réunion,
    •  la liberté d'association,
    •  l'institution d'une Douma d'Empire, élue au suffrage semi-universel qui va avoir le pouvoir d'approuver les lois. La Douma est le nom emprunté à l'ancien conseil des tsars moscovites, afin de signifier que l'organe créé en 1905 ne repose que sur la volonté du tsar.
    •  une amnistie pour tous les délits et crimes commis avant la proclamation du Manifeste.
    •  une promesse aux populations non russes du respect des libertés et le droit, pour chaque nationalité, d'utiliser sa propre langue.
    •  un Premier ministre avec des pouvoirs étendus.

     Il comporte un décret selon lequel aucune loi n'entrera en vigueur sans le consentement de la Douma. Le manifeste a été précurseur de la première constitution russe de 1906. En réalité, le manifeste n'entraîne pas un accroissement significatif des libertés ou de la représentation politique pour le Russe moyen. L'empereur continue d'exercer son droit de veto sur la Douma, et il va la dissoudre plusieurs fois. Nicolas II ne pense pas que les rapports avec les peuples dominés doivent être modifiés[54].

     L'empereur, l'impératrice et leurs deux filles aînées, Olga et Tatiana.

     Les libéraux estiment qu'ils ont obtenu satisfaction sur l'essentiel, mais sont divisés sur la stratégie à adopter : l'aile droite forme le mouvement octobriste, mené par Alexandre Goutchkov et s'affirme prête à collaborer loyalement avec le gouvernement tandis que l'aile gauche, menée par l'historien Milioukov et le Parti constitutionnel démocratique (K. D.) fait du parlementarisme à l'occidentale, un idéal que la Russie doit prochainement atteindre. Les radicaux considèrent ces concessions comme insuffisantes : les Socialistes révolutionnaires et les bolcheviks refusent de participer à une Douma sans pouvoir réel et appellent à la poursuite du mouvement révolutionnaire, relayés par le soviet de Saint-Pétersbourg. Les ouvriers de la capitale, épuisés par une année de luttes, répondent mal à l'appel lancé par le Soviet, dont le gouvernement fait arrêter les membres, mais les ouvriers prennent les armes à Moscou et le pouvoir doit utiliser l'artillerie pour écraser le soulèvement.

     Le 27 avril 1906, le tsar est à l’origine de la Loi fondamentale de l'État, sorte de constitution, qui transforme la Russie en une monarchie constitutionnelle, mais non parlementaire, les ministres ne dépendants que de l'empereur. En outre, la Douma se trouve rapidement en complet désaccord avec l'empereur. Celui-ci change alors la loi électorale, en diminuant considérablement le poids électoral de la majorité du peuple par rapport à celui des classes aisées et fausse ainsi largement le suffrage universel.

     Le 3 mai 1906, Nicolas II accepte la démission du premier ministre Serge Witte aux tendances relativement progressistes ainsi que de son gouvernement et le remplace par le très conservateur Ivan Goremykine, assisté de Piotr Stolypine comme ministre de l’Intérieur qui conserve ses fonctions de gouverneur de Saratov.

     L'année suivante, la répression met fin à la vague de grèves. Le nouveau Premier ministre Stolypine ne cherche pas à gagner la confiance du prolétariat et se contente d'une loi sur les assurances et les maladies, mesure peu populaire, car elle exige une participation ouvrière aux cotisations.

     Les lois fondamentales (avril 1906)

     Nicolas II ne cède qu'à contre-cœur en octobre 1905. Il limite au maximum les concessions octroyées dans les Lois fondamentales (ce qui évite d'utiliser le terme honni de constitution) promulguées en avril 1906, la veille du jour où doit se réunir la première Douma.

     L'empereur conserve le titre d'autocrate (article 4) et garde le contrôle de l'exécutif. Les ministres ne sont pas responsables devant la Douma et relèvent uniquement du souverain. L'empereur est le chef des forces armées, dirige la politique étrangère (et notamment détient le droit de déclarer la guerre et de faire la paix) et convoque les sessions annuelles de la Douma (article 9).

     Le pouvoir législatif de la Douma est officiellement restreint : elle n'a pas l'initiative des lois et les lois qu'elle a acceptées passent ensuite devant l'ancien Conseil d'État transformé en Conseil d'Empire et qui tient lieu de chambre haute (article 44). Le gouvernement a la possibilité de légiférer par oukases dans l'intervalle des sessions, à charge de les faire ratifier ensuite par la Douma.

     La période semi-constitutionnelle (1905-1907)

     La salle de la Douma.

     La première Douma ou Douma cadette (mai-juillet 1906)

     Les élections réellement libres sont un succès pour le parti Kadet et le centre gauche. Beaucoup parmi les nouveaux élus prennent leurs fonctions à cœur et s'aliènent immédiatement la couronne en cherchant à établir un régime parlementaire et à imposer une réforme agraire jugée inacceptable par la noblesse tandis que Goremykine, éphémère premier ministre d'avril à juillet 1906, refuse tout contact avec la Douma. Elle veut aussi la libération de tous les prisonniers politiques et du veto des ministres. Les Russes sont à peine majoritaires (deux cent soixante-dix députés russes pour deux cents non-russes)[54].

     Stolypine, nommé nouveau premier ministre par Nicolas II, obtient la dissolution de la Douma. Les députés libéraux et socialistes modérés répliquent en lançant l'appel de Vyborg, appelant à la résistance passive par le refus de l'impôt et de la conscription. Les signataires de l'appel sont condamnés à la prison et déclarés inéligibles non seulement à la future Douma mais aussi aux zemstvos.

     La deuxième Douma ou Douma rouge (février-juin 1907)

     Le gouvernement s'est assuré tous les moyens de pression pour obtenir des résultats favorables, mais la deuxième Douma s'avère encore plus ingouvernable que la première. Les partis de gauche qui ont renoncé au boycott progressent aux dépens des cadets, dont les leaders sont inéligibles. Les socialistes-révolutionnaires obtiennent trente-six députés et les sociaux-démocrates soixante-six. Les députés non-russes sont toutefois moins nombreux)[54]. Ils s'opposent à Stolypine par tous les moyens : ce dernier obtient de nouveau de l'empereur la dissolution de la Douma, à cause d'un prétendu complot fomenté par les sociaux-démocrates.

     Le gouvernement Stolypine (1906-1911)

     En juillet 1906, Nicolas II nomme Stolypine président du Conseil des ministres. Celui-ci se donne deux objectifs : rétablir l'ordre et mettre en œuvre un programme de réformes. Il est le grand artisan de la nouvelle politique russe, qui se veut conservatrice et moderniste. Issu d’une famille de vieille noblesse, il pense que le seul remède à la poussée révolutionnaire est le développement économique du pays.

     La modification de la loi électorale et l'élection de la Troisième Douma

     La modification de la loi électorale a pour but de faire élire une Douma prête à coopérer avec le gouvernement : la représentation paysanne est diminuée de près de moitié, celle des ouvriers réduite de façon draconienne. Le nombre de députés de la noblesse augmente de façon tout à fait disproportionnée étant donné le faible nombre de ses électeurs. Le gouvernement trouve enfin une Douma coopérative, où l'Union du peuple russe (droite nationale) et les Octobristes sont majoritaires, mais où des bolcheviks sont députés.

     Contrairement à ce qui s'est passé pour les deux premières Doumas qui n'ont duré que quelques mois, la troisième reste en fonction jusqu'au terme légal de la législature, c'est-à-dire jusqu'en 1912.

     La quatrième Douma dure également cinq ans, de 1912 à la révolution de Février 1917.

     La lutte contre le terrorisme

     L'arrivée au pouvoir de Stolypine correspond à une reprise du terrorisme. Les socialistes-révolutionnaires décident en 1906 de frapper un grand coup : la résidence où vit le premier ministre est l'objet d'un attentat particulièrement sanglant (plus de trente victimes, dont deux enfants de Stolypine, sont grièvement blessés). Stolypine est indemne, mais il est convaincu de la nécessité de sévir sur-le-champ. Il décide la constitution de cours martiales ambulantes composées d'officiers sans formation juridique qui procèdent à l'instruction immédiate des dossiers : les jugements sont rendus et exécutés par des militaires, les accusés sont privés d'avocat et du droit d'interjeter appel. Cette justice expéditive et arbitraire, qui fonctionne jusqu'au printemps 1907, prononce des milliers de condamnations à mort (la cravate de Stolypine) ou aux travaux forcés (le wagon de Stolypine). Au temps de Stolypine, la Sibérie gagne trois millions d’habitants, dont des condamnés politiques.

     Une réelle tentative de réforme agraire

     Stolypine estime qu'il faut changer radicalement de politique agraire. Il est convaincu que le mir est devenu un ferment de socialisme qui va à l'encontre du droit de propriété et ne permet plus de maintenir l'ordre dans les campagnes. Il entend par conséquent constituer une classe de petits propriétaires privés qui élargirait la base sociale du régime et briserait l'unité corporative de la paysannerie, en calquant l'Occident où les paysans soutiennent politiquement les partis conservateurs.

     Les oukases de 1906, 1910 et 1911 facilitent la dissolution des mirs, afin de permettre le passage de la propriété collective à la propriété individuelle. La législation agraire de Stolypine, quoique critiquée, est la seule à tenter une modification en profondeur des campagnes et de la condition du peuple russe.

     Leur résultat est très controversé. Les statistiques divergent et vont de 16 à 54% de koulaks sortis du mir selon les auteurs. Les libéraux estiment que cette politique résolue est en train de sauver l'Empire et, avec les années, la réforme aurait atteint son but avec la transformation et la stabilisation des campagnes. Les marxistes pensent que cette réforme a eu une portée très limitée, car elle pèche par l'étroitesse de son champ d'application. Stolypine est décidé à ne pas confisquer de terres à la noblesse et invite les paysans à repartager les terres qu'ils possèdent déjà. Son aspect est coercitif et provoque l'accentuation des différenciations sociales au sein de la masse paysanne.

     Stolypine s’emploie à russifier le monde des affaires en favorisant la formation de capitaux russes, le développement des exportations et la mise en œuvre d’une production de plus en plus compétitive. Mais, le 14 septembre 1911, il essuie un coup de feu, tiré par Bogrov, alors qu'il assiste à une représentation à l'opéra de Kiev en présence du tsar et de sa famille. Il meurt quatre jours plus tard. Bogrov est présenté comme un juif agissant pour l’extrême-gauche, mais en réalité il appartient à l’Okhrana et a l’ordre de supprimer Stolypine, responsable de la réforme agraire et donc haï par les grands propriétaires terriens. Cette thèse sera développée par Alexandre Soljenitsyne dans août 14, premier nœud.

     En 1913, deux ans après sa mort, l’Empire russe est considéré comme la troisième puissance mondiale, mais la dernière tentative de réforme conservatrice de l'Empire n'a pu être menée à son terme.

     L'avant-guerre

     Une impression de fin de règne (1911-1914)

     La mort de Stolypine marque la reprise des troubles révolutionnaires et des grandes grèves, telle celle sur la Léna à partir de février 1912. Kokovtsov est nommé, par l'empereur, président du Conseil. Pendant ce mandat, il garde le portefeuille de ministre de l'Intérieur. Dans son autobiographie, le comte Witte mentionne Kokovtsov, comme l'un de ses assistants les plus brillants. Witte laissait son assistant gérer lui-même certaines affaires, notamment certaines réformes dans les finances de la Russie impériale. Kokovtsov, homme prudent, très capable et défenseur du tsar, ne peut toutefois pas lutter contre les factions puissantes de cour, qui détiennent un véritable pouvoir[55]. Kokovtsov est une sorte de mandarin russe, haut fonctionnaire froid, hautain, consciencieux et compétent[56]. Quand le ministre de la guerre Vladimir Soukhomlinov réclame pour son budget des crédits démesurés, il les réduit considérablement, ce qui lui attire la haine de ce personnage qui voulait remplacer Stolypine.

     En 1912, la Russie instaure un système d'assurance sociale pour les ouvriers et adopte un certain nombre d'autres lois pour améliorer leurs conditions de vie. Le président américain William Taft commente ainsi ces lois sociales : « La législation du travail que votre Empereur a promulgué est tellement parfaite que notre pays démocratique ne peut se vanter de pareille protection sociale »[57]. Kokovtsov, premier ministre libéral, qui a négocié avec Cambon et Poincaré les emprunts ferroviaires de 1906, en redemande en 1913. Émigré en France, il sera l'ami de Poincaré[58].

     Le tsar visite le port de Riga en 1910.

     Vladimir Kokovtsov est remplacé par Ivan Goremykine, car il s’est permis de critiquer ouvertement Raspoutine. Le 12 février 1914, Goremykine est de nouveau rappelé par Nicolas II au poste de président du Conseil. Le choix du tsar est dicté par les bons sentiments qu'éprouve l'impératrice Alexandra pour le président du Conseil. Il reste dans ces fonctions jusqu'en juillet 1916. L'hostilité des membres de la Douma et des ministres nuit à l'efficacité de son gouvernement. En 1915, Nicolas II prend la décision d'assurer lui-même le commandement de l'armée impériale, Goremykine invite le Conseil d'État a approuver la décision de l'empereur. Les conseillers d'État refusent sa proposition, il déclare alors : « Je ne suis pas apte à assurer ma position et demande à être remplacé par un homme possédant des vues plus modernes ». Le 2 février 1916 son désir est exaucé, il est remplacé par Boris Stürmer qui n'est en rien un homme moderne.

     Raspoutine

     Raspoutine, le « fakir vagabond »[59].

     Par l'intercession de la grande-duchesse Militza et de sa sœur, la grande-duchesse Anastasia, Raspoutine, qui se dit staretz, est présenté à la famille impériale au grand complet, le 1er novembre 1905. Il offre à chacun de ses hôtes des icônes. Le jeune tsarévitch Alexis souffrant d'hémophilie, Raspoutine demande à être conduit au chevet du jeune malade, lui impose les mains, et parvient à enrayer la crise et à le soulager. Selon certains, il ne donne plus d’aspirine au jeune malade, ce médicament anticoagulant qui aggrave l'hémophilie.

     Le moujik acquiert la reconnaissance de la famille impériale et ses proches. Mais la tsarine Alexandra Feodorovna croit que Raspoutine est un messager de Dieu. Invité à leurs fêtes ou réunions, il fait la connaissance de nombreuses femmes riches qui le prennent pour amant et guérisseur. L'une d'entre elles, Olga Lokhtina, épouse d'un général influent mais crédule, le loge chez elle et le présente à d'autres femmes d'influence, comme Anna Vyroubova, amie et confidente de la tsarine, et Mounia Golovina, nièce du tsar. Grâce à d'habiles mises en scène, il se produit à Saint-Pétersbourg ou au palais impérial de Tsarskoie Selo, résidence impériale, dans des séances d'exorcisme et de prières. Des récits de débauches, prétendues ou avérées, commencent alors à se multiplier et à faire scandale.

     En 1912, le tsarévitch Alexis souffre d'hémorragie interne que les médecins n'arrivent pas à guérir. Raspoutine est appelé en désespoir de cause, et après avoir béni la famille impériale, entre en prière. Au bout de dix minutes, épuisé, il se relève en disant : « Ouvre les yeux, mon fils ». Le tsarévitch se réveille en souriant et, dès cet instant, son état s'améliore rapidement.

     Dès lors, Raspoutine devient un familier de Tsarskoie Selo et est chargé de veiller sur la santé des membres de la famille impériale. Le tsar se figure être proche du peuple car il accueille dans son palais Raspoutine. Cependant, malgré la pleine confiance du tsar, il se rend vite très impopulaire auprès de la cour et du peuple et est vite considéré comme le « mauvais ange » de la famille impériale.

     Il ne se préoccupe pas de s'assurer une fortune personnelle, le seul luxe qu'il s'accorde étant une chemise de soie confectionnée par l'impératrice Alexandra et une magnifique croix également offerte par elle. Il conserve ses cheveux gras et sa barbe emmêlée.

     Raspoutine se heurte en 1905 au président du Conseil Stolypine, homme moderne et efficace, qui n’accepte pas l'influence de ce moujik mystique. Lors de l'affaire des Balkans, en 1909, Raspoutine se range dans le parti de la paix aux côtés de la tsarine et d'Anna Vyroubova contre le reste de la famille Romanov. Le président du Conseil le fait surveiller par l'Okhrana et Raspoutine est écarté de la cour et exilé à Kiev. Le 14 septembre 1911, l’assassinat de Stolypine met fin aux réformes et permet aussi au « staretz » de revenir à la cour. Lors de l'été 1912, le tsarévitch Alexis, en déplacement en Pologne, est victime d'une nouvelle hémorragie interne très importante, après un accident. Raspoutine envoie un télégramme assurant la famille impériale de ses prières et, après la réception de son télégramme, l'état de santé du tsarévitch se stabilise et commence à s'améliorer le lendemain. Cette coïncidence est à l’origine du renvoi de ministres ou de généraux. Raspoutine est toutefois contre l’entrée en guerre de la Russie[60]. Les défaites qu’ils avaient prédites font que l’opinion va jusqu’à lui prêter une relation avec l’impératrice[61].

     L'empereur se montre alors de moins en moins réceptif aux prophéties et aux conseils du faux moine[62]. Mais, en 1915, il est discrédité et le pouvoir se retrouve aux mains de l'impératrice Alexandra Feodorovna et de Raspoutine. Ce dernier est finalement assassiné en décembre 1916 par un agent des services secrets britanniques lors d'un complot organisé par des ultra-monarchistes et menés par le prince Youssoupoff, parent par alliance de l'empereur.

     La rivalité avec l'Autriche-Hongrie dans les Balkans (1908-1914)

     Le Tsar et son fils en 1913, année du tricentenaire de la dynastie des Romanov.

     En 1613, le boyard Michel III de Russie avait été élu, tsar de toutes les Russies. Nicolas II célèbre en 1913 le 300e anniversaire de règne de la Maison Romanov et les acclamations orchestrées de la foule le convainquent de sa popularité et de la puissance de la Russie, mais ce pays est un colosse aux pieds d’argile[63].

     Nicolas II et sa famille assistent à des nombreuses cérémonies dans tout le pays. A-t-il conscience du danger qui menace l'Europe et son Empire? En 1913, Lénine écrit à Gorki : Une guerre entre la Russie et l'Autriche serait très profitable à la révolution. Mais, il y a peu de chances que François-Joseph et Nikki[64] nous fassent ce plaisir[65]. C'est aussi l'avis d'autres révolutionnaires russes.

     Lorsque l'Autriche-Hongrie a annexé la Bosnie-Herzégovine en 1908, la Russie a refusé de s'incliner mais, mal soutenue par la France qui estimait que les intérêts vitaux de la Russie n'étaient pas en jeu et menacée par un ultimatum secret allemand, elle dut accepter le fait accompli.

     Les querelles balkaniques ne sont pas perçues comme un danger pour la paix, mais comme une possibilité de revanche pour une Russie humiliée en 1904-1905, puis en 1908. Elle acquiert la certitude qu'un jour l'un des deux empires devra céder devant l'autre. Elle entend de ce fait tirer profit d'un éventuel démembrement de l'Empire ottoman, dans les Balkans, pour s'assurer des positions rêvées et patronne la création d'une alliance entre les États balkaniques qui attaquent la Turquie en 1912 et soutient la Serbie dans toutes ses entreprises.

     L'attentat de Sarajevo est l'œuvre de terroristes armés par Belgrade et soutenus par leur 2e Bureau, mais ils sont liés au colonel Artmarov, attaché militaire russe en Serbie et aux services secrets russes. Le gouvernement serbe n'ose pas sévir contre eux[66].

     Après l'assassinat de l'héritier du trône d'Autriche-Hongrie à Sarajevo par les Serbes et l'envoi par le gouvernement austro-hongrois à la Serbie d'un ultimatum, jugé qu'en grande partie acceptable par Belgrade, le gouvernement russe décide de soutenir la Serbie, faute de quoi il ne lui resterait qu'à enregistrer une nouvelle défaite. La Russie se considère comme la protectrice naturelle des Slaves. Elle a déjà fait par le passé des guerres pour ce genre de prétexte. Nicolas II, demeuré pacifique, déclare : « C'est une crise balkanique de plus »[L2 3]. Il écrit à son cousin Willy[67] : « Je compte sur ta sagesse et ton amitié. » Néanmoins son cousin lui réplique: « Actuellement, il est en ton pouvoir d'empêcher la guerre... Personne ne menace l'honneur et la puissance russe... La paix peut encore être sauvée par toi si tu consens à arrêter les préparatifs militaires menaçant l'Allemagne et l'Autriche-Hongrie »[L1 8].

     Les économistes, comme les hommes politiques russes ne croient pas à l'imminence de la guerre. D'ailleurs, les Empires centraux ne pensent pas que la Russie, affaiblie par les troubles révolutionnaires de 1905, veuille faire la guerre, mais, le 23 juillet 1914, Raymond Poincaré, en visite officielle à Saint-Pétersbourg, promet son aide à la Russie[68]. Il est l’ami du Premier ministre russe, qui n’a pourtant pas voté un budget suffisant à l’armée. Ils imaginent cependant que l'armée russe agirait comme un rouleau compresseur sur les armées ennemies.

     Malgré les conseils de sa femme, du comte Witte, du comte Freedrickcz, grand maréchal de la cour, Nicolas II est victime des intrigues des panslavistes et des partisans de l'alliance franco-russe[69]. Il a néanmoins des doutes. Je pense à la responsabilité que je dois assumer. Tu penses que cela coûtera la vie à des milliers de russes. Sazonov, tu m’as convaincu mais c’est le jour le plus triste de ma vie, écrit Nicolas II à son ministre des Affaires Étrangères, avant de signer l'ordre de mobilisation[70]. « Sazonov est honnête et capable, mais égaré par sa haine des Autrichiens »[71]. Le 30 juillet 1914, la Russie, inconsciente du danger et belliciste, est la première à mobiliser ses troupes[72]. Sazonov veut récupérer des territoires, comme la Posnanie et la Galicie, en cas de victoire sur l'Allemagne qui ne feront qu'aggraver le problème des minorités[L2 4], dont la reconstitution de la Pologne dans son intégrité territoriale[L1 9].

     Cette initiative de mobilisation russe fait que le peuple allemand se sent agressé. L’entrée en guerre, et le manifeste du tsar du 2 août 1914, suscitent un renouveau du patriotisme russe comme en 1812. Des images d'actualités de l'époque nous montrent le déclarant la guerre devant une foule enthousiaste. La Russie est enfin réunie[L2 5]. L'Église et les cosaques sont les plus enthousiastes, et à la Douma, même les députés bolcheviks ne votent pas contre l'accroissement du budget militaire, malgré les ordres de Lénine de préparer la défaite[L1 10]. Ils s'abstiennent, ce qui est déjà une exception en Europe où l'heure est à l'union sacrée.

     Nicolas II, qui a été très heureux par le passé au sein de son régiment, rêve d'être à la tête des armées, mais il ne le sera qu'en 1915[L1 11]. Pour l'heure, les armées sont dirigées par le grand-duc Nicolas, oncle de l'empereur et extrêmement populaire. L'autocrate veut rejoindre le front, mais son entourage s'y oppose. « Le tsarisme retrouve sa vigueur et sa légitimité : 1914 est son année de gloire. »[L2 6].

     Le régime impérial à l'épreuve de la Première Guerre mondiale

     Nicolas II reçoit Raymond Poincaré à la veille de la guerre (20-23 juillet 1914)

     L'engrenage des alliances conduit la Russie à entrer dans la Première Guerre mondiale aux côtés de la France et du Royaume-Uni, contre l'Empire allemand, l'Empire austro-hongrois et l'Empire ottoman. Elle inspire confiance à ses alliés :

    •  financièrement au moyen des emprunts russes souscrits par plus d'un million et demi de petits épargnants français.
    •  militairement par le nombre considérable d'hommes qu'elle peut aligner face aux armées des Empires centraux.

     Les défaites et les succès militaires de 1914

     Soldats russes capturés à la suite de la bataille de Tannenberg.

     Les armées russes ne sont pas préparées à la guerre moderne, en sous-effectif du fait du manque d’armes, malgré 14 millions d’hommes mobilisés. Elle souffre de problèmes logistiques et son artillerie et son aviation sont insuffisantes. Les détroits turcs étant fermés, les alliés ne peuvent lui livrer de l’armement et des munitions qu’au compte-gouttes par Mourmansk et Vladivostok.

     Conformément aux engagements pris envers la France, l'armée russe attaque début août 1914 en Prusse-Orientale et en Galicie.

     Face à l’Allemagne, dont les forces principales attaquent la France et la Belgique et ne laissent que quelques corps d'armées en Prusse orientale, les armées russes sont battues à la bataille de Stalluponen, mais remportent celle de Gumbinnen. La riposte allemande, fin août, commandée par Paul von Hindenburg et Ludendorff à la bataille de Tannenberg et à la bataille des lacs de Mazurie, est foudroyante. Les Allemands capturent 90 000 prisonniers et récupèrent beaucoup d’armement ennemi à Tannenberg[73]. À la bataille des lacs de Mazurie le nombre de prisonniers atteint 100 000. Curieusement dans son Journal, le tsar fait silence sur ces désastres, mais il va se réjouir des nouvelles du front galicien[L1 12].

     Nicolas II et le grand-duc Nicolas. L'offensive menée par ce prince sauve Paris en obligeant Moltke à dégarnir le front ouest.

     Les armées russes obtiennent quelques francs succès face aux Autrichiens en occupant la Galicie orientale. C’est la victoire de Lemberg, qui fait 300.000 morts et 130.000 prisonniers dans les rangs austro-hongrois. La bataille de Lodz sauve la Silésie, mais l'armée ottomane est battue à plusieurs reprises dans le Caucase[74]. Ces victoires sont dues en partie au grand-duc Nicolas, commandant suprême des armées impériales russes, qui est très populaire, car il se soucie notamment beaucoup du sort des blessés. L'empereur est envieux de ses victoires et, semble-t-il d'après certains historiens, de sa taille et de sa belle prestance. L'impératrice, quant à elle, le déteste, depuis qu'un jour Raspoutine, annonçant qu'il voulait se rendre au grand quartier général, s'est vu répondre par le grand-duc : « Il peut venir mais il sera pendu »[L2 7].

     Les armées du IIe sont peu nombreuses sur le front oriental. Les armées austro-hongroises comptent de nombreux Slaves et l'armée ottomane est médiocre, mais Moltke et Ludendorff suscitent à la cour et dans l’armée impériale, le parti oriental. Pour eux, l'issue de la guerre à l’ouest est impossible et la seule solution est de vaincre les Russes et d'obtenir la paix avec Nicolas II ou ses successeurs[75].

     La pénurie et l'isolement (1915)

     Portrait de Nicolas II en 1915, par Boris Koustodiev.

     En 1915, la situation de la Russie est préoccupante. Les zemstvos sont méfiants à l'égard du régime, la Douma est hostile, les minorités politiques et ethniques s'agitent et le gouvernement est incapable de diriger le pays et de mener la guerre. Les ingénieurs allemands ne sont plus là, donc la production s'effondre et les armes que la Russie n'arrive pas à produire en quantité suffisante viennent à manquer. Celles qui proviennent des Alliés ne parviennent en Russie que par les ports de l'océan arctique[76].

     Une contre-offensive austro-allemande balaie les conquêtes en quelques semaines. Les Russes reculent, abandonnant la Pologne, la Lituanie et une partie de la Lettonie[77].

     Nicolas II et son état-major.

     Nicolas II démet alors le grand-duc Nicolas de ses fonctions de commandant suprême des armées impériales. Le 21 août 1915, ne possédant ni les aptitudes, ni la formation, l'empereur se met à la tête des armées. Elles sont obligées de se replier et leur dénuement devient catastrophique. Le conseil de guerre, qui est présidé par un monarchiste constitutionnel et un nationaliste, membre de l'Union du peuple russe, désapprouve le 4 septembre 1915 le limogeage du grand-duc et rappelle au tsar que l'armée russe a perdu en treize mois 4 000 000 hommes, tués, blessés ou prisonniers et bat en retraite. L'empereur ne répond pas[L2 8].

     Nicolas II refuse même de recevoir un homme de confiance allemand à Petrograd porteur d'offres, comme un privilège russe sur les détroits ottomans. C'est pour Nicolas le seul moyen de sauver sa dynastie en péril. Guillaume II demande même à ses armées de freiner leur avance, mais le tsar oppose un Niet solennel et définitif aux offres allemandes. Hindenburg a les mains libres et l'Allemagne abandonne le tsar et choisit de déstabiliser la Russie en y favorisant la révolution[78].

     1916

     Le bilan de l'année 1916 est très contrasté : depuis le début de l'année, la Russie peut compter, en partie grâce au doublement du Transsibérien, sur un afflux de matériel de guerre étranger, fourni par les Alliés, ce qui améliore notablement les capacités de combat des troupes russes, confrontées jusque là à une terrible pénurie de moyens militaires. La production russe fait d'étonnants progrès et 144 écoles d'officiers fournissent de jeunes cadres à l'armée impériale qui vont donner ses plus belles victoires aux armées du tsar[79].

     Pendant que les Alliés attaquent sur la Somme, Nicolas II lance une vaste offensive en Galicie. En mars 1916, Broussilov est affecté au commandement du Corps Sud-Ouest regroupant quatre armées russes. En juin, il lance son offensive en Galicie. Celle-ci, au début victorieuse et prometteuse, se révèle au fil des mois extrêmement coûteuse en hommes, mais convainc la Roumanie d'entrer en guerre. Les armées autrichiennes, retenues sur le Trentin, sont rapidement hors de combat. Deux armées austro-hongroises sont détruites. Les Russes font 400.000 prisonniers et sont aux frontières de la Hongrie et leur effondrement paraît si complet que l'Allemagne doit envoyer plusieurs divisions à leur secours pour les maintenir dans la guerre et même des contingents ottomans[79].

     Nicolas II et ses cinq enfants avec des cosaques en 1916.

     Malgré l'insuffisance de l'armement, la faiblesse du commandement et les désastres militaires qui se soldent par des milliers de tués, de blessés et de prisonniers, ce n'est pas le front russe qui s'effondre : c'est l'arrière qui ne tient plus. Le mouvement des grèves reprend avec une ampleur extraordinaire[L2 9].

     Le tsarévitch en uniforme en 1916.

     Le degré de développement du pays est insuffisant pour faire face aux besoins d'une guerre moderne et en même temps pour assurer les besoins de l'arrière. La conversion de l'industrie, en industrie de temps de guerre, permet de fabriquer les équipements nécessaires à la défense du pays, mais entraîne l'asphyxie économique des autres secteurs de l'économie. Ce phénomène est aggravé, car la Russie est isolée de ses principaux partenaires européens. L'Allemagne fournissait 50% des produits manufacturés et achetaient 33 % des matières premières. Beaucoup d'ingénieurs et de conseillers venaient des empires centraux. Au bout de quelques mois, l'arrière manque de biens de consommation et les prix des denrées de base augmentent considérablement[80].

     La désorganisation des transports perturbe le ravitaillement du front et de l'arrière, notamment dans les centres urbains où l'afflux des réfugiés accroît la précarité de l'approvisionnement. Les campagnes sont également touchées par la mobilisation massive d'hommes pour l'armée, par les réquisitions de cheptel et de céréales. Il devient manifeste que l'autocratie n'est plus capable de gouverner en temps de guerre. Partout dans l'Empire s'organisent des comités (de zemstvos ou autres) qui prennent en charge la gestion du quotidien que l'État est incapable d'assumer. Les populations apprennent à résoudre les problèmes par elles-mêmes, étant donné que le pouvoir est de plus en plus désorganisé et lentement s'évanouit. De fait, pour la Russie et pour son souverain, cette évolution constitue une grande chance. La société fait l'apprentissage d'un système démocratique, mais ni le tsar, ni les partis politiques ne vont profiter de cette révolution invisible et pacifique avec laquelle le pays aurait pu s'installer dans la modernité[L1 13].

     Le prince Youssoupoff tue le fakir vagabond[81], Raspoutine, qui incarne pour lui le bolchévisme en marche[L2 10]. Il est vrai que cet individu[82], va largement contribuer à donner une mauvaise image de la tsarine et la pousser à demander la nomination d'incapables et de traîtres[L2 11].

     L'hiver 1917

     Article détaillé : Révolution de Février.
     Le prince Gueorgui Lvov, principal opposant à Nicolas II, premier Premier ministre post-impérial de la Russie, du 23 mars au 7 juillet 1917.

     Dès janvier 1917, les protestations au sein la Douma et les mouvements ouvriers s'intensifient dans la capitale. Les premiers tracts bolcheviks qui invitent l'armée à renverser le gouvernement sont distribués. Il devient évident à Petrograd, que des promesses à la Douma, de la part du souverain, sont indispensables pour éviter la fin de l'Empire. Nicolas II a un entretien au grand quartier général avec l'attaché militaire britannique, Hanbury-Williams. Il s'exprime sur les réformes à entreprendre : « Le pouvoir doit être décentralisé en partie dans l'Empire, mais l'autorité suprême doit rester au souverain. La Douma doit avoir plus de pouvoirs, mais seulement graduellement parce qu'il est difficile de développer l'instruction des masses avec une satisfaisante rapidité[83] ».

     À la Douma, une majorité de députés se rassemble derrière les Octobristes du Bloc progressiste qui réunit les deux tiers de ses membres et est dirigé par le prince Lvov et par Milioukov. Ces nobles ou ces bourgeois espèrent tous que l'empereur va sauver la Russie du chaos. Celui-ci en guise de réponse à leurs souhaits de réformes, nomme leur pire ennemi, Boris Stürmer, accusé par les nationalistes d'être un partisan de l'Allemagne. Puis, Nicolas II nomme Alexandre Feodorovitch Trepov, qui conseille au tsar de donner plus de pouvoir à la Douma et qui veut se faire apprécier des députés. Dans les deux cas, Trepov connaît l'échec, et il donne sa démission le 9 janvier 1917 au bout de cinq semaines à la tête du gouvernement[84].

     En février 1917, Nicolas II nomme le prince Galitzine président du Conseil d'État. Celui-ci demeure à son poste jusqu'à l'abdication du 3 mars 1917. Il refuse d'abord sa nomination en demandant à Nicolas II de nommer quelqu'un d'autre à sa place [85]. Le prince a la faveur de l'impératrice Alexandra[86].

     Mais Lvov n'est pas leur pire ennemi.

     Alexandre Protopopov le dernier ministre de l'Intérieur de la Russie impériale (1916 à 1917).

     À la cour, une partie de la famille impériale veut faire abdiquer Nicolas et envoyer l'impératrice dans un couvent[réf. nécessaire]. Des hypothèses sont évoquées dans un cercle restreint comme de porter sur le trône le tsarévitch avec comme tuteur le populaire grand-duc Dimitri[87], mais ce ne sont que suppositions.

     Rodzianko propose à Nicolas II d'envoyer l'impératrice au palais Livadia, en Crimée jusqu'à la fin de la guerre ; l'empereur refuse. Il déclare désormais à la fin de tous ces entretiens : Modèle:Cotation. Même le ministre de l'intérieur, Alexandre Protopopov, l'un des grands naufrageurs du régime tsariste[88], incapable et dérangé[L1 14], mais protégé de l'impératrice, veut faire un coup d'État et organiser des élections anticipées.

     Toutefois, l'opposition modérée et les comploteurs de salon ne sont pas le danger réel. La montée du mouvement des grèves a repris avec une ampleur extraordinaire [L2 12]. Les militants bolcheviks qui sont ouvriers ne sont pas mobilisés et les rares qui le sont contribuent à démoraliser les troupes. Lénine « veut transformer la guerre des peuples en guerre civile[89] ».

     Pour augmenter la production, des sous-prolétaires venus des campagnes s’entassent dans des dortoirs à Pétrograd. Des femmes du peuple sortent dans la rue au cri de « Du pain ! De la chaleur ! ». Les 150 000 soldats de la garnison sont noyautés par les militants ouvriers[90]. Les dirigeants révolutionnaires sont en exil ou en prison ou bien encore dans la clandestinité. Lénine écrit à Alexandre Chliapnikov (1885-1937) : « Les échecs militaires tsaristes aident à l’effondrement du tsarisme. Ils facilitent l’union des travailleurs révolutionnaires... » Les anarchistes, les socialistes-révolutionnaires, les mencheviks et les bolcheviks sont désormais en relation étroites[L2 13].

     Nicolas II est au grand quartier-général à Moghilev, en Biélorussie. L’homme fort est le ministre de l'Intérieur Protopopov, détesté à la fois des libéraux et de la droite. La ville n’est pas approvisionnée. Il fait – 40° C. Chez Maxime Gorki, le député de gauche modérée Alexandre Fedorovitch Kerensky rencontre le pro-bolchevik Alexandre Chliapnikov[L2 14].

     La semaine qui va ébranler la Russie commence par des émeutes de la faim...

     Dans la soirée du 25 février, Nicolas II ordonne de faire cesser par la force, avant demain, les désordres à Petrograd. Le refus de toute négociation, de tout compromis va faire basculer le mouvement en une révolution. Au cours de la journée du 27, la garnison de Petrograd (environ 150 000 hommes) passe du côté des insurgés[91].

     À la surprise générale, l'État-major fait pression sur le tsar pour que celui-ci abdique afin de sauver l'indépendance du pays et assurer la sauvegarde de la dynastie. Nicolas déclare à ses derniers généraux fidèles : « Que pouvais-je faire d’autre, ils m’ont tous trahi[L2 15] ». Le général Alexéïev, soutenu par les commandants des cinq fronts, le convainc en arguant que l'abdication serait le seul moyen de poursuivre la guerre contre l'Allemagne. Le 2 mars 1917, Nicolas II renonce au trône en faveur de son frère, le grand-duc Michel.

     Devant la protestation populaire, celui-ci renonce à la couronne le lendemain. En cinq jours, « sans avoir pu offrir la moindre résistance, l'Ancien Régime russe s'écroule comme un château de cartes[92] ».

     De l'abdication de la famille impériale à son massacre

     Cinq mois cloîtrés

     Article détaillé : Révolution russe de 1917.
     Les quatre grandes-duchesses et le tsarévitch en juin 1917 avec les têtes rasés du fait de la rougeole qu'ils avaient contractée[93].

     Les ouvriers, paysans ou soldats, qui dans leurs nombreuses pétitions au soviet de Petrograd, demandent que des mesures soient prises contre le tsar, sont très peu nombreux[L2 16]. Des soldats du front veulent qu’ils partent, des paysans ressuscitant les mirs se saisissent de ses terres. Même dans les faubourgs où il est surnommé Nicolas le sanglant, on ne crie pas vengeance sur son passage. Les policiers, mais aussi le clergé orthodoxe, les officiers, les propriétaires terriens et même assez étrangement la Douma sont désormais les ennemis du peuple.

     Certains hommes politiques modérés essaient de sauver la dynastie en sacrifiant Nicolas[L2 17]. En vain ! Nicolas est arrêté par le gouvernement provisoire. Nicolas va répéter à tous ceux qu’il rencontre les termes employés par le représentant du gouvernement provisoire : Savez-vous que désormais le tsar est privé de liberté. Alexandra est encore en liberté au palais Alexandre avec quelques fidèles, dont le vieux comte Benckendorff, protégés par les gardes à cheval de Novgorod.

     L'ex-empereur demande à pouvoir rejoindre sa famille au palais Alexandre et de là à s’exiler jusqu’à la fin de la guerre, pour retourner ensuite à tout jamais en Crimée. Le gouvernement provisoire accède à ses demandes. Kerensky se met d’accord avec Milioukov pour que l’ancien empereur parte pour l'Angleterre[L2 18], mais le gouvernement provisoire lui offre aussi de choisir entre partir ou demeurer en Russie.

     Nicolas II en captivité à Tsarkoie-Selo en 1917.

     Cependant le 9 mars 1917, la garde du palais Alexandre se retrouve sous l'autorité de contingents révolutionnaires. Personne ne peut plus sortir ou entrer au palais et les lignes téléphoniques sont coupées. Toutefois Kerensky refuse que la famille impériale soit transférée dans une forteresse.

     Milioukov, qui se dit monarchiste, malgré une grande campagne britannique en faveur du fidèle allié, veut faire passer l'ancien tsar en jugement et déclare que cela n’est pas possible. Puis c’est la gauche britannique et le roi – son cousin - qui poussent le gouvernement britannique à ne pas lui accorder le droit d’asile.

     Peu à peu, les conditions de détention se durcissent. De simples soldats donnent des ordres à l'empereur déchu, malgré les interventions d'officiers et pendant cinq mois ces gardes sont insolents avec ses filles[L1 15]. Le tsar se dit « cloîtré avec sa famille comme des prisonniers »[L2 19]. Toutefois Kerensky est, semble-t-il, un humaniste, le prince Lvov est monarchiste, comme Milioukov. Le désordre grandit et le mouvement révolutionnaire se durcit, inquiétant les militaires russes et alliés. La plupart d’entre eux regrettent leur choix et leur soutien à une révolution qui ne bénéficie qu’à l’armée allemande et aux dirigeants bolcheviks.

     Ces derniers sont farouchement hostiles au dernier souverain. Ils excitent en permanence la fureur populaire contre le tyran buveur de sang et contre l’Allemande, qui ne sont pas sans rappeler les surnoms du roi Louis XVI et de sa femme. D'ailleurs, ils évoquent sans cesse le précédent de la fuite et de l'arrestation de Louis XVI à Varennes. Pour empêcher une telle possibilité de retour des Romanov sur la scène de l’histoire, ces personnes redoutables doivent être remises au Soviet[L1 16].

     Nicolas ne peut pas partir de Tsarskoïe Selo, ni se rendre en Crimée. Selon les rares témoins, il lit, jardine, marche et surtout prie pour que sa patrie et son armée restent fidèles à leurs alliés. Il est vêtu de son uniforme tout simple et porte sa croix de chevalier de Saint-Georges sur le cœur[94]. Les premières vexations se multiplient et les siens comprennent qu’ils ne sont pas tombés seulement au rang de citoyens ordinaires. Ils assistent impuissants à tous les sursauts de la révolution russe et à l’irrésistible avancée des troupes allemandes.

     Kerensky les envoie à Tobolsk (Sibérie occidentale), le 31 juillet, soi-disant pour protéger Nicolas des bolcheviks. En réalité, les bolcheviks, pour une fois, se soucient très peu des Romanov, en juillet 1917. Kerensky craint un coup d’État monarchiste qui se servirait du tsar comme étendard[95], mais, les tentatives monarchistes pour libérer Nicolas sont quasi inexistantes et se limitent à quelques tracts distribués à Madrid, à Nice, à Lausanne et tout de même... à Yalta.

     Cependant, Kerensky n’a pas totalement tort. Le général Kornilov est nommé par lui nouveau commandant en chef. Alors que l’armée se disloque, il incarne un retour à la discipline de fer antérieure : il a déjà donné l’ordre en avril de fusiller les déserteurs et d’exposer les cadavres avec des écriteaux sur les routes, et menacé de peines sévères les paysans qui s’en prendraient aux domaines seigneuriaux. Ce général, réputé monarchiste, est en réalité un républicain indifférent au rétablissement du tsar, et un homme issu du peuple (fils de cosaque et non d’aristocrate), ce qui est rare pour l’époque dans la caste militaire. Avant tout nationaliste, il veut le maintien de la Russie dans la guerre, que ce soit sous l’autorité du gouvernement provisoire ou sans lui. Beaucoup plus bonapartiste voire pré-fasciste que monarchiste[96]. Il redonne néanmoins un peu d’espoir à la famille, à Nicolas et à ses proches.

     Article détaillé : Affaire Kornilov.

     La détention à Tobolsk

     Nicolas et son fils Alexis Nikolaïevitch durant leur captivité à Tobolsk en 1917.

     Le train part le 31 juillet 1917 et arrive le 3 août à Tioumen. De là, le bateau part à Tobolsk (Sibérie occidentale).

     La ville ne connaît pas d’insurrection d’octobre. La réalité du pouvoir appartient à un comité de sauvegarde, dans lequel les bolcheviks sont très minoritaires. Nicolas et sa famille peuvent se promener en ville avec des gardiens et recevoir des prêtres, mais les conditions de vie sont très difficiles. La maison du gouverneur a été pillée, vandalisée[97]. Nicolas II note : « Depuis quelques jours, nous recevons du beurre, du café, des gâteaux secs et de la confiture de la part de braves gens qui ont appris que nous avions dû comprimer nos dépenses de nourriture »[L1 17]. Des passants s'arrêtent parfois devant la maison et bénissent la famille impériale en faisant un signe de croix. Les gardes les chassent mollement. Nicolas joue aux dames avec eux[98]. À Tobolsk, le pouvoir bolchévique ne s’est instauré que le 15 avril 1918[L2 20].

     Nicolas regrette son abdication en apprenant avec bien du retard les nouvelles du pays. Dès que les bolcheviks prennent le pouvoir le sort des captifs s’aggrave. Nicolas est contraint d’ôter ses épaulettes. Ils sont traités désormais comme de véritables prisonniers. Les anciens combattants qui les gardaient sont remplacés par des gardes rouges[99]. Lénine pense qu’il faut exterminer une centaine de Romanov, et en mars 1918 il ne veut pas d’un procès[L1 18].

     L'ex-tsar, Olga, Tatiana et Anastasia pendant leur captivité à Tobolsk en 1917.

     Le pouvoir bolchevik considère que l'ancien empereur ne peut être ramené à Kronstadt avant la débâcle des rivières et ainsi à Moscou, la nouvelle capitale, on décide que le problème de l’ex-tsar n’est pas à l’ordre du jour.

     Les monarchistes ne sont pas non plus très soucieux du sort de l'ancien monarque. Certes un ex-sénateur, Tougan-Baranovski, achète une maison en face de la résidence du gouverneur et creuse un tunnel, mais il est entouré d’un nombre de personnes limité et ce projet n’est pas terminé quand Nicolas est emmené à Iekaterinbourg[L2 21]. Il est vrai que beaucoup de partisans sont morts au front ou tués par les révolutionnaires.

     Tout d'un coup, peut-être du fait de rumeurs d'évasion, Sverdlov estime que le problème des Romanov est désormais à l’ordre du jour. Le 2 mai 1918, le Praesidium du Comité central décide de déplacer les Romanov de Tobolsk à Iekaterinbourg, mais Omsk revendique aussi leur présence. Les parents et la grande-duchesse Marie partent sous bonne garde, pensant être transférés à Moscou pour contresigner le traité de Brest-Litovsk, mais le 7 mai 1918, les trois sœurs et leur frère apprennent qu’ils sont détenus à Ekaterinbourg. Les bolcheviks locaux se sont emparés d’eux, à leur passage dans cette ville. Cette étape du martyre des Romanov est particulièrement affreuse et redoutée à l’avance[L1 19].

     La maison à destination spéciale

     Dernière photo d'Alexis et d'Olga prise en mai 1918 pendant le trajet en train de Tioumen à Ekaterinbourg.

     En avril 1918, les bolcheviks conduisent le tsar, la tsarine et la grande-duchesse Marie, à Ekaterinbourg dans la maison à destination spéciale[L2 22]. Les trois autres filles du tsar sont restées à Tobolsk pour prendre soin d'Alexis, atteint d'une grave crise d'hémophilie. Ils rejoindront le reste de leur famille un peu moins d'un mois plus tard. Ils sont confiés au commissaire militaire pour l’Oural, Isaac Golochekine, un des compagnons de Lénine, arrivé de Suisse avec lui, mais surtout ami de Sverdlov[100]. Quand Nicolas comprend que sa destination est Ekaterinbourg, il déclare : « J’irai n’importe où, mais surtout pas dans l’Oural. » Cette ville est, selon Hélène Carrère d'Encausse, « dans l’Oural rouge, peuplée d’extrémistes—bolcheviks, anarchistes et socialistes-révolutionnaires—qui réclament bruyamment l’exécution du buveur de sang »[L1 20].

     La garde de la famille impériale est assurée par des hommes ayant toute la confiance du commissaire Golochekine. Ce sont des ouvriers travaillant dans les usines avoisinantes. Le commandant Avdeïev commande la garde extérieure et intérieure de la maison Ipatiev. C'est un ivrogne au vin mauvais avec un passé de voyou. Il aime humilier ses prisonniers[101]. Violent et borné, il n'adresse la parole à l'ancien monarque qu'en le traitant de buveur de sang[102]. Le logement du commandant et de dix autres gardes se situe à l'étage réservé à la famille impériale. Cette cohabitation est source pour les membres de la famille impériale de nombreuses vexations. Ils sont les victimes d'incessants quolibets de la part des gardes, de plaisanteries douteuses à l'encontre des jeunes grandes-duchesses, qui couvrent les murs d’inscriptions obscènes et volent tout ce qu’ils peuvent, dont les provisions destinées à l’ancien tsar et ses proches[L1 21]. Aucune intimité n'est possible les membres de la famille qui sont dans l'obligation de partager cette maison sale et sans aucun confort avec leurs geôliers[103]. Une palissade est élevée autour de la maison Ipatiev[104]. Les vitres sont recouvertes de peinture et les détenus reçoivent l'ordre de laisser leurs portes ouvertes[105].

     Dernière photo d'Anastasia prise en mai 1918 lors du trajet en train de Tioumen a Ekaterinbourg.

     Toutefois en juin, la garde est changée avec à sa tête un bolchevik de toujours, Iakov Iourovski, membre du comité exécutif du soviet de l’Oural et surtout membre du collège de la Tcheka. Nicolas II écrit dans journal le 21 juin 1918 : On nous a changé la garde Avdeïev, si désagréable est remplacé par Iourovski… Il nous a pris nos bijoux… et nous les a rapportés dans une boîte qu’il a cachetée en nous priant d’en vérifier le contenu. Puis il nous l’a remise en garde… Iourovski a compris que les gens qui nous entouraient gardaient pour eux la plus grosse partie des provisions qui nous étaient destinées…[L2 23]. Jacob Iourovski est juif, mais les autres tchékistes ne le sont pas, contrairement à ce qui se racontera. Ce sont des étrangers, des Autrichiens, des Hongrois, des Lettons, qui sont tous très peu instruits et ne comprennent donc pas les propos des prisonniers et ne cherchent pas à les comprendre[106].

     En dehors de la maison Ipatiev, la situation de l’État bolchévique se dégrade :

    •  crise diplomatique avec l’Allemagne qui occupe l’ensemble de la Pologne, les pays baltes, une partie de la Russie Blanche, et l’Ukraine
    •  débarquement des alliés à Mourmansk et des Japonais à Vladivostok
    •  soulèvement de la Légion tchèque et formation d’une armée anti-bolchévique composée de libéraux, de socialistes-révolutionnaires et de monarchiste à Samara, au sud d’Ekaterinbourg.

     Il est trop tard pour transférer l’ex-tsar et sa famille dans une zone plus sûre. C’est un problème aigu pour Lénine[107]. Il faut supprimer Nicolas et tous les siens...

     Nicolas II déclare à un ami deux jours avant son assassinat : « Au fond, je suis déjà mort... mort mais pas encore enterré[108] ».

     Exécution de la famille impériale

     Article détaillé : Exécution de la famille Romanov.

     Avant même son arrivée, le 21 juin 1918[109] Iourovski reçoit des instructions du soviet de l’Oural concernant les préparatifs pour une prochaine exécution. Alarmé par l'avance de l’armée blanche, qui approche d’Ekaterinbourg, il reçoit bientôt ce message : Informé de la menace que font peser les bandits tchécoslovaques sur la capitale rouge de l’Oural et prenant en considération le fait que le bourreau couronné, en se dissimulant, pourrait échapper à la sentence du peuple, le Comité exécutif, exécutant la volonté du peuple, a décidé de fusiller le ci-devant tsar Nicolas Romanov, coupable d'innombrables crimes sanglants.

     Les jours suivants, Iourovski et son second, Ermakov, examinent les terrains du côté de Koptiaki, à dix-huit kilomètres de la ville, afin de trouver un endroit assez discret pour y enterrer les corps et garder secret le lieu de l’inhumation.

     Début juillet, l'armée de Koltchak s'approche dangereusement de la ville, où sont enfermés Nicolas II et sa famille. Le Comité central du parti bolchevique, alors favorable à un procès public du dernier des Romanov, envoie à Ekaterinbourg Golechtchekine, un bolchevik parfaitement sûr[110], pour ramener Nicolas II et sa famille à Moscou et organiser le procès.

     Pierre Gilliard[111] raconte dans son livre : « Le 4 juillet 1918, le commissaire Yakov Yourovski prit le commandement de la villa Ipatiev. Il emmena avec lui dix hommes, qui seront chargés de l’exécution. Pendant quelques jours, il parcourut la région à cheval pour repérer un endroit sûr où faire disparaître les corps. »

     Le 12 juillet, les officiers de l'Armée rouge préviennent que la chute de la ville n'est plus qu'une question de jours. Lénine et une partie du Bureau Politique décident alors secrètement de faire assassiner le tsar sans aucune autre forme de procès. Le 16 juillet, il reçoit de Sverdlov, à Moscou, l'autorisation d'abattre toute la famille. L'ancien monarque est peut-être fusillé avec toute sa famille dans la nuit du 17 au 18 juillet 1918, à Ekaterinbourg, une semaine avant que celle-ci ne tombe aux mains des Blancs. En 1990, Marc Ferro se demande si Lénine n'a pas fait que consentir à une décision prise par le soviet régional de l'Oural qui devait de toute façon prendre une décision des armées blanches et souligne que la décision se limitait au tsar, peut-être au tsarévitch, mais pas aux femmes de la famille Romanov[112]. La population d'Ekaterinbourg accueillit la mort du tsar avec "une stupéfiante indifférence"[L2 24].

     Le 16 juillet au soir, Yourovski procura des pistolets à ses hommes. Après minuit, il demanda aux Romanov et à leurs domestiques (Evgueni Botkine, Anna Demidova, Ivan Kharitonov et Aloïs Troupp) de se préparer à être transférés dans un lieu plus sûr. Tout le monde descendit par les escaliers intérieurs jusqu’au sous-sol[113]. L’ex-tsar portait son fils dans ses bras. Il y avait deux chaises, où s’assirent l’empereur et l’impératrice, Alexis se trouvait sur les genoux de son père, les grandes-duchesses et leurs domestiques se trouvaient debout à côté du couple impérial.

     Yourovski, prétextant qu’il allait chercher un appareil photographique pour prouver leur bonne santé auprès de Moscou, alla régler les derniers détails du massacre avec ses hommes de mains, puis il ouvrit la double porte où se trouvaient les prisonniers. Les douze hommes s’alignèrent sur le seuil en trois rangs. Dehors, le chauffeur du camion mit le moteur en marche pour couvrir le bruit des détonations.

     Au premier rang des tueurs, Yourovski sortit un papier et se mit à le lire rapidement : « Du fait que vos parents continuent leur offensive contre la Russie soviétique, le comité exécutif de l’Oural a pris le décret de vous fusiller. » La fusillade se déchaîna aussitôt, dans le désordre le plus absolu. Il n’était plus question de préséance révolutionnaire : la plupart des soldats visèrent le tsar. Le choc des multiples impacts le projeta en arrière et il s’effondra, mort sur le coup. Alexandra et la grande-duchesse Olga eurent à peine le temps d’esquisser un signe de croix avant de tomber à leur tour, ainsi que Troupp et Kharitonov.

     Dans la fumée de la poudre qui emplissait la pièce, le tsarévitch effondré par terre, faisait preuve, selon Yourovski, d’une « étrange vitalité » : il rampait sur le sol en se protégeant la tête de la main. Nikouline, maladroit ou trop énervé, vida sur lui un chargeur sans réussir à le tuer. Yourovski dut l’achever de deux balles dans la tête[114]. Le sort des grandes-duchesses fut encore plus horrible : les projectiles ricochaient sur leurs corsets où elles avaient cousu des bijoux et des pierres précieuses pour les dissimuler aux gardiens.

     Yourovski dira, plus tard, qu’elles étaient « blindées » (ce détail, une fois connu, a alimenté les rumeurs des survivants car les bijoux avaient servi de gilets pare-balles, et également celle d’un fabuleux trésor). Anna Demidova fut aussi longue à mourir. Les tueurs avaient vidé leurs armes, mais cela ne suffit pas, car trois des grandes-duchesses étaient encore en vie.

     Selon son témoignage, Kabanov alla chercher une baïonnette en forme de couteau d’une Winchester pour les achever. D’autres l’imitèrent.

     Les victimes sont au nombre de onze : Nicolas II, sa femme Alexandra Fedorovna, ses quatre filles Olga, Tatiana, Maria et Anastasia, son fils Alexis, le médecin de la famille Ievgueni Botkine, la femme de chambre Anna Demidova, le valet de chambre Alexeï Trupp et le cuisinier Ivan Kharitonov. Une vidéo[115] reconstituant le massacre du tsar et de sa famille permet de mieux comprendre le déroulement des événements.

     Aussitôt l’exécution terminée, les corps sont chargés dans un camion et emmenés à un ancien puits de mine, dans le bois de Koptiaki, où ils sont jetés après avoir été dépouillés de leurs vêtements et de leurs bijoux. Yourovski s'avise vite cependant que les Blancs ne tarderont pas à les retrouver. La nuit suivante, aidé d'un autre commando, il repêche les cadavres et les emmène plus loin dans la forêt. À un moment, le camion s'enlise définitivement dans le sentier et il décide de les enterrer sur place. Après avoir fait brûler deux corps, les hommes de Yourovski préparent une fosse commune pour les autres. Ils y installent les corps, les aspergent d’acide sulfurique pour empêcher leur identification s’ils étaient retrouvés, puis remplissent la fosse en plaçant, pardessus, des traverses de chemin de fer [113].

     Deux jours plus tard, Yourovski part pour Moscou, emmenant avec lui les biens des Romanov. Il est également chargé de convoyer jusqu’à la capitale l’or des banques de l’Oural. Il expliquera ses actes dans sa confession du 1er février 1934.

     Du massacre à la réhabilitation

     Monogramme de Nicolas II de Russie

     Après le massacre (1918)

     La destruction totale des restes a pour but d’éviter qu’ils ne deviennent des reliques et de permettre à des pseudo-historiens et des escrocs de nier le massacre ou surtout de faire croire à l’existence de survivants[116]. Sverdlov fait biffer la mention concernant la famille sur un tract annonçant le massacre. À Trotski, qui avait soutenu l’idée d’un procès, Sverdlov répond froidement : « Nous l’avons décidé ici. Illitch [Lénine] était convaincu que nous ne pouvions laisser aux Blancs un symbole auquel se rallier[117] ». Lénine de son côté nie qu’il soit pour quelque chose dans le meurtre des enfants de Nicolas et des membres de sa famille.

     Après la reprise de la ville d'Ekaterinbourg par la légion tchèque[118], les pièces de la maison où a eu lieu le massacre sont placées sous scellés et le général tchécoslovaque Radola Gajda installe son état-major à l'étage. Son bureau personnel se trouve alors dans la pièce qui avait été affectée au couple impérial[119]. Le 7 février 1919, l'amiral Koltchak, chef des armées blanches, confie l'enquête à Nicolas Sokoloff et Mikhaïl Dieterichs sur la mort de Nicolas II et de sa famille. Le juge Sokoloff découvre dans un puits de mine, dont parlent aussi les bourreaux, des vêtements et des objets personnels, dont six buscs de corsets de femme, appartenant aux six victimes féminines[120].

     Controverses

     Article détaillé : Controverses sur la mort de la famille impériale russe.

     Le sort de la famille impériale reste pendant longtemps sujet à controverses : si le juge Sokoloff conclut immédiatement au massacre collectif et à l'incinération des corps, diverses personnes -- contestent ses conclusions. Le mythe de l’immense fortune impériale dormant dans des coffres étrangers ferait fantasmer des journalistes qui écriraient -d'après Hélène Carrère d'Encausse des ouvrages dénués de sérieux, à partir de rumeurs répandues dans la région [121].

     Ainsi en serait-il de Marina Grey, fille du général Denikine[122], qui tenterait de démontrer la survie courte -limitée à quelque mois ou aux quelques années de la guerre civile russe-d'une partie de la famille impériale. Seuls le tsar, le tsarévitch et les quatre membres de l'entourage impérial auraient été exécutés.

     Confirmation et inhumation

     Dernière demeure du tsar.
     Église "sur le sang" construite sur le lieu de la villa Ipatiev, détruite en 1977 par Boris Eltsine, à Ekaterinbourg.

     En 1990, les corps de la famille impériale sont retrouvés et exhumés, puis identifiés par une analyse ADN. Deux corps manquent pendant un temps, celui du tsarévitch Alexis, 13 ans, et celui de l'une des filles, Marie : d'après le rapport de Yourovsky, qui dirige l'exécution en 1918, ces deux corps ont été brûlés.

     Le 17 juillet 1998, Nicolas II est inhumé avec sa famille (sauf les deux corps non retrouvés) dans la Cathédrale Pierre-et-Paul à Saint-Pétersbourg, ainsi que le docteur Ievgueni Botkine, médecin de la famille impériale, et leurs domestiques : Anna Demidova, Ivan Kharitonov et Alexeï Trupp. Ils sont inhumés en présence de plus de cinquante membres de la famille Romanov et de leurs proches parents, en particulier le grand duc Nicolas Romanovitch de Russie, chef de la maison impériale de Russie.

     Sont également présents aux funérailles : Constantin Melnik (petit-fils du docteur Ievgueni Botkine), H. Kharitonov (petit-fils du cuisinier Ivan Kharinotov), Natalia Demidova (petite-nièce de la femme de chambre Anna Demidova). En revanche sont absents le patriarche de Moscou Alexis II, la reine d'Angleterre, cousine du tsar[123].

     Les corps auparavant introuvables des deux enfants du dernier tsar, Marie, 19 ans et Alexis, 13 ans, semblent avoir été retrouvés en 2007 dans une forêt de l'Oural[124]. Le 25 juin 2008, les tests ADN menés par une équipe de scientifiques russes démontrent que les ossements sont bien ceux de l'héritier du tsar et de l'une de ses filles.

     Le 30 avril 2008, Édouard Rossel, gouverneur de l'oblast de Sverdlovsk, déclare « Le plus grand laboratoire génétique des États-Unis a confirmé leur identité, les corps retrouvés en août 2007, sont bien les corps des deux enfants du tsar Nicolas II, la princesse Maria et le tsarévitch Alexis [...] Nous avons à présent retrouvé la famille au grand complet. »

     Canonisation

     De gauche à droite : les grandes-duchesses Maria, Tatiana, Anastasia, Olga et le tsarévitch Alexis en 1910.
     Article détaillé : Canonisation des Romanov.

     Le 14 août 2000, Nicolas II et sa famille sont canonisés par l'Église orthodoxe de Russie, qui les considère comme martyrs, ils sont également inscrits dans le martyrologe de l'Église orthodoxe russe. Saint-tsar Nicolas est vénéré le 17 juillet, le lieu de pèlerinage est situé à Ekaterinbourg en l'église nouvellement bâtie sur le lieu où furent massacrés Nicolas II et sa famille en 1918.

     Réhabilitation

     Nicolas II et sa famille, timbre russe de 1998.

     Après plusieurs rejets de la plainte et des appels déposés par l'avocat de la grande-duchesse Maria Vladimirovna de Russie[125], la Cour suprême de Russie avait statué en novembre 2007 que Nicolas II et sa famille ne pouvaient pas être réhabilités, arguant de l'absence du verdict émis par les bolcheviks qui avaient condamné à mort la famille impériale[126]. Mais, en octobre 2008, le Présidium de la Cour suprême a reconnu les actes de répression contre Nicolas II et sa famille comme injustifiées et a décidé de les réhabiliter. 90 ans après leur exécution sommaire, la justice russe reconnaît que le dernier tsar de Russie et sa famille ont été victimes du bolchevisme[127].

     Boris Gryzlov, président en exercice de la Douma d'État de Russie depuis 2003, a condamné le 7 juin 2008 le massacre de la famille impériale, le qualifiant de crime du bolchévisme[128].

     Distinctions

     Généalogie

     Nicolas II et le roi d'Angleterre George V, qui étaient cousins germains par leurs mères, se ressemblaient à un tel point qu'ils étaient souvent confondus l'un avec l'autre. Le duc de Kent actuel ressemble également beaucoup à Nicolas II.

     Ainsi, au lendemain de la Révolution russe et de l'exécution de la famille impériale, un jour que le roi Georges V parut dans la pièce où se trouvait la grande-duchesse Xenia Alexandrovna, sœur de Nicolas II, entourée de ses serviteurs, ces derniers se méprirent sur l'identité de la personne et se jetèrent aux pieds du souverain britannique croyant que Nicolas II était ressuscité.

     Ascendance de Nicolas II

     Nicolas II appartient à la première branche de la Maison d'Oldenbourg-Russie (Holstein-Gottorp-Romanov), issue de la première branche de la Maison d'Holstein-Gottorp, elle-même issue de la première branche de la Maison d'Oldenbourg.

     

     

     Culture populaire

     Nicolas II et sa famille au cinéma

     
     Poster du film Darkest Russia

     La vie et la mort du tsar et des siens ont inspiré beaucoup de films, la plupart inédits en France :

    •  The Fall of the Romanoffs (1917)
    •  Rasputins Liebesabenteuer (1928)
    •  Arsenal, la révolte de janvier à Kiev, an 1918 (1929)
    •  1914, die letzten Tage vor dem Weltbrand (1931)
    •  Anastasia l'ultima figlia dello zar (1956)
    •  Anastasia (1956)
    •  L'ultimo zar (Les nuits de Raspoutine) (1960)
    •  Nicolas et Alexandra (1971)
    •  Fall of Eagles (1974) Miniserie TV
    •  Anastasia: Il mistero di Anna (1986) Film TV
    •  L'assassino dello zar (Careubijca) (1991)
    •  Anastasia (1997) Film d’animation
    •  Les Romanov : une famille couronnée (2000)
    •  L'Arche russe (2002)
    •  Bednaja Nastja (2003) Série TV
    •  Engineering an Empire, (2006)
    •  Amiral (8 octobre 2008), une superproduction cinématographique russe Amiral, à la gloire d’Alexandre Vassilievitch Koltchak, comme le titre Euronews, et qui obtient un succès record dans toute la Russie.

     Nicolas II et sa famille dans la littérature

    •  Jacqueline Monsigny, Les filles du tsar, Marie ou les tourbillons du destin, Paris Michel Lafon, 2003.
    •  Franck Ferrand, L'ombre des Romanov, Paris, XO Edtions, 2010.
    •  Steve Berry Le Complot Romanov, États-Unis, Le Cherche Midi, 2011.
    •  Marc Ferro Nicolas II, France, Petite bibliothèque Payot62,

     

     

    SOURCES

    http://fr.academic.ru/dic.nsf/frwiki/1232681

     

     

     

     

     

     

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    Grand Duchess Maria Nikolaevna of Russia (1899-1918).

     

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  • Olga as a baby with Miss Eagar, her nanny. Margaretta Eagar eventually would write on life with the Imperial Family in her book, Six Years At The Russian Court.

     

     

    Olga as a baby with Miss Eagar, her nanny. Margaretta Eagar eventually would write on life with the Imperial Family in her book, Six Years At The Russian Court.

     

     

     

     

     

     

     

     

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    Cet article a pour but de présenter la manière dont Pierre Gilliard, suisse ayant servi en tant que professeur de français auprès des enfants du Tsar Nicolas II et de la Tsarine Alexandra Feodorovna durant 13 ans, décrit les enfants impériaux. Ces textes proviennent de l'ouvrage

      

     

     

     Alexei with Pierre Gilliard (playing with Alexei's dog Joy) and Dr. V. Derevenko.

     

    Treize années à la cour de Russie.

     


     

     Happy 115th birthday, Grand Duchess Olga Nicholaevna of Russia!


    Ses notes sur Olga Nicolaïevna. Pages 96 et 97.
     

     

    " L'aînée, Olga Nicolaïevna, faisait preuve d'une intelligence très vive ; elle avait beaucoup de raisonnement en même temps que de spontanéité, une grande indépendance d'allure et des reparties promptes et amusantes. Elle me donna tout d'abord un peu de peine ; mais à nos escarmouches du début succédèrent des rapports empreints de la plus franche cordialité.

     

      

     
    Olga with the French tutor, Pierre Gilliard.
     

    Elle saisissait toute avec une extrême rapidité et savait donner un tour original à ce qu'elle avait compris.

      

    Je me rappelle entre autres que, dans l'une de nos premières leçons de grammaire où je lui expliquais le mécanisme des verbes et l'emploi des auxiliaires, elle m'interrompit tout à coup en s'écriant : " Oh ! Monsieur, j'ai bien compris ! Les auxiliaires, ce sont les domestiques des verbes ; il n'y a que ce pauvre verbe "avoir" qui doit se servir lui-même...

      

    " Elle lisait beaucoup en dehors des leçons. Lorsqu'elle fut plus âgée, chaque fois que je lui remettait un ouvrage, j'avais la précaution -alléguant la difficulté du texte ou le peut d'intérêt qu'il présentait – d'indiquer en marge par annotations les passages ou les chapitres qu'elle devait de côté et dont je lui donnais un cours résumé. "
     

     


    OTMAA par Pierre Gilliard 

     

    Ses notes sur Tatiana Nicolaïevna. Page 98.
     
    " Tatiana Nicolaïevna, nature plutôt réservée, très bien équilibrée, avait de la volonté mais moins d'ouverture et de spontanéité que sa sœur aînée.
      
    Elle n'était pas aussi bien douée, mais elle rachetait cette infériorité par plus d'esprit de suite et d'égalité de caractère. Elle était fort jolie, sans avoir toutefois le charme d'Olga Nicolaïevna.
      
    Si tant est que l'impératrice fit une différence entre ses filles, Tatiana Nicolaïevna était sa préférée. Ce n'est pas que ses sœurs aimassent moins leur mère, mais Tatiana Nicolaïevna savait l'entourer de soins plus assidus et ne se laissait jamais aller à un mouvement d'humeur. Par sa beauté et le don qu'elle avait de s'imposer, elle éclipsait en public sa sœur aînée qui, moins attentive à sa personne, paraissait effacée.
      
    Cependant, ces deux sœurs s'aimaient tendrement ; il n'y avait qu'un an et demi de différence entre elles, ce qui les rapprochait naturellement. On les appelait "les grandes", tandis qu'on avait continué d'appeler Maria Nicolaïevna et Anastasia Nicolaïevna "les petites". "
     
     
     
    OTMAA par Pierre Gilliard 
     
      
      
    Ses notes sur Maria Nicolaïevna. Page 98.
     
    " C'était une belle fille que Maria Nicolaïevna, grande pour son âge, éclatante de couleurs et de santé ; elle avait de grands et magnifiques yeux gris.
      
    De goûts très simples, pleine de cœur, elle était la complaisance même ; ses sœurs en abusaient peut-être un peu et l'appelaient "le bon gros toutou".
      
    Elle en avait tout le dévouement bénévole et un peu pataud. "

     
    OTMAA par Pierre Gilliard 
     

    Ses notes sur Anastasia Nicolaïevna. Pages 98 et 99.
     
    " Anastasia Nicolaïevna, au contraire, était très espiègle et assez fine mouche.
      
    Elle saississait prestement le ridicule, et l'on résistait mal à ses saillies. Elle était un peu enfant terrible, défaut qui se corrigea avec l'âge.
      
    Fort paresseuse, mais d'une paresse d'enfant très douée, elle avait en français une excellente prononciation et jouait de petites scènes de comédie avec un véritable talent.
     
     
      
      
      
      
    Elle était si gaie et déridait si bien les fronts les plus morosses que plusieurs personnes de l'entourage avaient pris l'habitude de l'appeler "Sunshine", en souvenir du surnom qu'on avait autrefois donné à sa mère à la cour d'Angleterre. "
     

     
    OTMAA par Pierre Gilliard
     
      
      
      
      
      
    Ses notes sur Alexeï Nicolaïevitch. Page 95.
     
    " Alexis Nicolaïevitch était le centre de cette famille si étroitement unie, c'était sur lui que se concentraient toutes les affections, tous les espoirs.
      
    Ses sœurs l'adoraient et il était toute la joie de ses parents. Quand il se portait bien, le palais en était en quelque sorte métamorphosé ; c'était comme un rayon de soleil qui éclairait choses et gens.
      
    Doué des plus heureuses dispositions naturelles, il se serait développé d'une façon tout à fait harmonieuse s'il n'avait été retardé par son infirmité.
      
    Chacune de ses crises exigeait des semaines, parfois des mois, de ménagement, et quand l'hémorragie avait été abondante il en résultait une anémie générale qui lui interdisait, pour une période souvent fort longue, tout travail intensif.
      
    On ne pouvait donc mettre à profit que les répits que lui laissait la maladie, ce qui, malgré sa vive intelligence, rendait son instruction fort malaisée. "

     
     
     
     
     
     
     OTMAA par Pierre Gilliard

     

    Note personnelle :

    J'ai lu ce livre, il m'a boulversée.

    Pierre Gilliard, conteur de premier choix, explique en détail cette période qui l'a propulsé en Russie,

    auprès des Souverains Impériaux, avec une vive émotion, et la vie quotidienne avec les Enfants...

    Il narre la fin, la tourmante, le massacre par les rouges, de

    cette Famille très unie..

     

     

    Treize années à la cour de Russie

     

    Editions : Payot
     

    "En août 1920, après trois ans de séjour en Sibérie, je pus enfin rentrer en Europe. Une réhabilitation de la personnalité morale des souverains russes s'imposait.

     

    C'est le drame de toute une vie que je vais essayer de décrire, tel que je l'ai tout d'abord pressenti sous les dehors d'une cour fastueuse, tel qu'il m'est ensuite apparu pendant notre captivité, alors que les circonstances me permettaient de pénétrer dans l'intimité des monarques."

    Arrivé en Russie en pleine révolution de 1905 et reparti en pleine guerre civile, le Suisse Pierre Gilliard (1879-1962) partagea durant plusieurs années le quotidien de Nicolas II, de son épouse Alexandra, de leurs quatre filles et de leur fils hémophile, dont il devint officiellement le précepteur en 1913.

    Ce fin observateur qui photographiait volontiers la famille impériale et développa une pédagogie originale avec le tsarévitch Alexis n'en déplorait pas moins les erreurs de l'autocratie et l'influence de Raspoutine, mais il redoutait que la chute du tsarisme ne précipite le pays dans une sanglante anarchie.

    La tourmente de l'histoire renforça les liens de Gilliard avec les Romanov, et c'est volontairement qu'il partagea leur captivité à Tsarskoïe Selo puis Tobolsk.

    Séparé d'eux moins d'un mois avant leur exécution, il eut bien du mal à regagner la Suisse avec la gouvernante des filles du tsar, Alexandra Tegleva, qu'il épousa.

     

    SOURCES

    D.R.

     

     

     

     

    Grand Duchesses Anastasia and Maria with their tutor Pierre Gilliard in Livadia.
    Originally balck and white  

      

      

      

     

     

     

      
     
     
     
     
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    Cet article a pour but de vous présenter un poème conjointement écrit par les Grandes-Duchesses Olga et Tatiana, à Ekaterinbourg durant leur captivité. Il était à l'origine destiné à un ami et fut déposé dans un livre. Il ne fut jamais délivré à la personne concernée. Il fut découvert par des fidèles du Tsar après la mort de la famille impériale en 1918.

     


    Un poème de la Grande Paire (Olga & Tatiana)

    Olga (assise) et Tatiana (debout).
     
    « Seigneur donne-nous, en ces jours tumultueux, la patience, afin que nous supportions la famine et la souffrance qui menacent dans notre pays.
      
    Dieu de vérité, la force dont nous avons besoin, donne-la nous afin que nous pardonnions à ceux qui nous torturent ; que nous portions la lourde charge de la croix sur nous ; que nous prenions comme exemple, le plus grand, celui de ton humilité.
      
    Lorsqu'ils nous pilleront et nous offenseront, lorsqu'ils nous mutileront et nous exploiteront, nous t'appellerons Christ-Sauveur.
      
    Aide-nous, afin que nous survivions à ces dures épreuves. Seigneur de ce monde, Dieu de toute création, nous te rendons grâce ; donne-nous la paix de l'âme, oh Seigneur, dans les moments les plus durs.
      
    Et au seuil  de notre tombe, souffle ta puissance éternelle sur nous, tes enfants, afin de trouver la puissance, nous qui te prions dans l'humilité, ainsi que pour nos ennemis. »
     

     

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    Tatiana Romanov
    Photo officielle de la Grande-Duchesse Tatiana en 1913.
     
     
      
    Biographie.
     
    Titre : Tsarevna (Grande-Duchesse)
    Sainte Tatiana
     
    Dynastie : Romanov
    Religion : Orthodoxie russe
     
    Nom de naissance : Tatiana Nikolaïevna Romanova
     
    Naissance : 10 juin 1897, Peterhof, Saint-Pétersbourg, Empire russe
     
    Décès : 17 juillet 1918, Ekaterinbourg, R.F.S.S.R. (République fédérative socialiste soviétique de Russie)
     
    Père : Nicolas II Aleksandrovitch Romanov
     
    Mère : Alexandra Feodorovna Romanova (Alix de Hesse-Darmstadt)
     
    Conjoint : Pas d'époux
     
    Enfants : Pas de descendance

     

     
     
    Enfance et jeunesse.
     
     
    Tatiana Romanov
    Nicolas II, Alexandra et Tatiana en 1897.
     
    Tatiana Nikolaïevna Romanova naît le 10 juin 1897 à Peterhof, dans la périphérie de Saint-Pétersbourg, dans l'Empire russe. Seconde d'une fratrie constituée de sa grande sœur, la Grande-Duchesse Olga et petites sœurs, la Grande-Duchesse Maria, la Grande-Duchesse Anastasia et son petit frère, Alexeï, l'héritier hémophile. Comme toute la famille, elle partageait une relation très importante envers ses parents et ses frère et sœurs qui durera jusqu'à sa mort.

    Tatiana a été décrite comme grande et mince, avec les cheveux châtains foncés, les yeux bleu-gris, des traits fins et ciselés. Elle était une personne qu'on disait raffinée, élégante et digne d'être la fille d'un empereur. Elle était aussi considérée comme la plus belle des quatre Grande-Duchesses par de nombreux courtisans et parmi toutes les filles du couple impérial, elle était celle qui ressemblait le plus à Alexandra. Sa famille, ses amis et ses fonctionnaires l'appelaient généralement par son prénom et son patronyme et non pas par son titre impérial, Tatiana Nikolaïevna ou par ses surnoms " Tanya ", " Tatya ", " Tatianochka " ou " Tanushka ".

    Comme ses sœurs et dans une moindre mesure son frère, elle a été élevée dans une certaine austérité. Elle et ses sœurs dormaient sur des lits de camp, elle prenait des bains froids le matin et passait son temps libre à broder et à tricoter. Ce qu'elle concevait était offert aux œuvres de charité ou vendu dans les marchés en Crimée où la famille passait ses étés. Selon les notes de Sophie Buxhoeveden, Tatiana était si peu habituée à ce qu'on lui parle en se référant à son titre que lorsque la baronne Sophie Buxhoveden l'appela " Votre Altesse Impériale ", Tatiana lui répondit, en chuchotant " Êtes-vous folle de m'appeler ainsi ? " Au sein du domaine familial de Tsarskoïe Selo, Tatiana et sa sœur aînée, Olga étaient connues comme " La Grande Paire ".

    Selon le journal intime du 29 mai 1897 écrit par le cousin éloigné de son père, le Grand-Duc Konstantin Konstantinovitch Romanov, le nom de « Tatiana » lui a été donné en honneur à l'héroïne du roman d'Alexandre Pouchkine, Eugène Onéguine. Son père aimait l'idée d'avoir des filles nommées Olga et Tatiana, comme les sœurs dans le célèbre poème. Comme leurs deux jeunes sœurs cadettes, Tatiana et Olga ont partagés une même chambre et ont été très proches l'une de l'autre lors de leur petite enfance. Au printemps de l'année 1901, Olga a eu la fièvre typhoïde et a été confinée à la pépinière, loin de ses sœurs pendant des semaines. Quand elle a commencé a aller mieux, Tatiana a été autorisée à aller voir sa sœur aînée pendant cinq minutes mais ne la reconnaissait pas. L'enfant de quatre ans qu'était Tatiana s'est mise à pleurer, protestant que l'enfant pâle et mince ne pouvait être sa sœur adorée. Sa gouvernante, Margaretta Eagar a eu du mal à persuader Tatiana que Olga récupérerait. Selon le précepteur et professeur de français, Pierre Giliard les deux sœurs étaient " passionnément attachées l'une à l'autre ".

    Tatiana s'est montrée précoce par son talent naturel pour l'autorité. Ses sœurs lui ont donné le surnom de " La Gouvernante " et l'envoyé en tant que représentante lorsqu'elles voulaient que leurs parents leur accorde une faveur. Même si Olga avait dix-huit mois de plus que Tatiana, elle n'avait aucune objection a voir sa petite sœur prendre en charge la situation. Elle était plus proche de sa mère que n'importe la-quelle de ses sœurs et était considérée par beaucoup de courtisans comme la fille préférée de la Tsarine Alexandra. Tatiana s'assurait que chaque décision de sa mère soit respectée. " Ce n'est pas que ses sœurs aimaient moins leur mère " a indiqué Pierre Gilliard " Mais Tatiana a entourer d'attentions infatigables et n'a jamais cédé la place à ses propres impulsions capricieuses ". Alexandra a écrit à Nicolas le 13 mars 1916 que Tatiana était la seule de leurs quatre filles qui " comprenait " quand elle expliquait sa façon de voir les choses. Gilliard a écrit que Tatiana était réservée et " bien équilibrée " mais moins ouverte et spontanée que Olga. Elle était aussi moins talentueuse que Olga, mais elle travaillait dur et a consacré plus de temps à des projets officiels que sa sœur aînée. Le Colonel Kobylinsky, l'un des gardes de la famille à Tsarkoïe Selo et à Tobolsk a témoigné " Tatiana n'aimait pas l'art. Peut-être aurait-il mieux valu qu'elle soit un homme ". Elle a exprimé son talent pour les œuvres d'arts dans d'autres domaines comme la mode et la coiffure. L'amie de sa mère, Anna Vyroubova écrivit que Tatiana avait un grand talent pour la confection de vêtements, la broderie et qu'elle coiffait les cheveux de sa mère comme une coiffeuse professionnelle.
     
    Tatiana Romanov
    Maria, Anastasia, Olga et Tatiana, photo officielle de 1913.

     

    Comme toute sa famille, Tatiana aimait beaucoup son frère, le Tsarévitch Alexeï qu'elle surnommait, comme sa mère, " Baby " qui a subi de nombreuses attaques de l'Hémophilie et a failli mourir à plusieurs reprises. Tatiana, comme ses trois sœurs était une porteuse potentielle du gêne de l'Hémophilie qui provenait de la grand-mère de sa mère, la Reine Victoria. Ainsi, la Tsarine s'est appuyée sur les conseils de Grigory Raspoutine, un paysan russe qui s'autoproclamait starets (patriarche d'un monastère orthodoxe russe) et l'a remercié de ses prières qui auraient sauver la vie du Tsarévicht. Tatiana, comme ses sœurs et son frère ont ainsi appris à voir Raspoutine comme " Notre ami " et a partager des confidences avec lui. A l'automne de 1907, sa tante, la Grande-Duchesse Olga Aleksandrovna Romanova a été escortée à la crèche par le Tsar pour rencontrer Raspoutine. Tatiana, son frère et ses sœurs étaient tous vêtus de leurs longues chemises de nuit blanches. Les enfants semblaient amicaux avec Raspoutine et à l'aise en sa présence. L'amitié de Raspoutine envers les enfants étaient assez évidente dans certains messages qu'ils s'envoyaient entre eux. En février 1909, Raspoutine a envoyé un télégramme aux enfants impériaux leur conseillant de " Aimez l'ensemble de la nature de Dieu, l'ensemble de sa création, en particulier la terre. La Mère de Dieu a toujours été occupée par des fleurs et des travaux d'aiguilles. " A onze ans, Tatiana lui envoya une lettre, lui demandant de lui rendre visite et lui expliqua combien il était difficile de voir sa mère malade. " Mais vous savez, parce que vous savez tout " a-t-elle écrit.



    En 1910, cependant une des gouvernantes, Sofia Ivanovna Tyutcheva, a été horrifiée de voir Raspoutine pouvoir accéder à la crèche quand les quatre fille étaient dans leur chemises de nuit et a voulu le lui interdire. Si Raspoutine était certes un pervers et un débauché, sa relation avec les jeunes filles était complètement innocente. Nicolas lui a demandé d'éviter de continuer à aller voir ses filles dans leurs chambres à l'avenir pour éviter de nouveaux scandales. Bien que jeune, Tatiana était consciente de la tension qu'il existait et avait peur des réactions de sa mère sur les actions de Tyutcheva. " Elle veut seulement nous aider mais parle de notre ami comme quelqu'un de mauvais " a écrit Tatiana âgée de douze ans à sa mère , le 8 mars 1910. " J'espère que notre infirmière sera agréable avec notre ami, maintenant. " Lui répondit sa mère.


    Alexandra, peut-être sur demande de Raspoutine, a renvoyé cette gouvernante quelques temps plus tard qui racontera cependant l'histoire à d'autres membres de la famille dont la sœur de Nicolas, Xenia Aleksandrovna, Grande-Duchesse de Russie qui a été profondément choquée et elle a écrit le 15 mars 1910 qu'elle ne comprenait pas la relation entre Raspoutine et la famille impériale.

    " L'attitude d'Alix et des enfants envers ce sinistre Grigory (qu'ils considèrent comme presque un saint, alors qu'en fait ce n'est qu'un adepte de la secte des Khlystis !) est incompréhensible. Il est toujours là, dans leurs chambres, rendant visite à Olga et Tatiana alors qu'elles se préparent à aller au lit, il s'assit là, parlent avec elles et les caressent. Ils prennent soin de les cacher de Sofia Ivanovna et les enfants n'osent pas lui parler de lui. C'est assez incroyable et ça dépasse l'entendement ". - A retenir qu'il n'existe aucune preuve de ce que raconte Sofia Ivanovna Tyutcheva et que les journaux intimes des Grande-Duchesses (où elles inscrivaient absolument tout de leur vie) n'en font nul mention. Il faut peut-être voir là une manière pour cette Sofia de salir la famille impériale qui l'avait renvoyée. D'autant plus que Raspoutine agissait presque avec béatitude lorsqu'il était avec les Romanov. -


    Maria Ivanovna Vishnyakova, une autre servante des enfants, fut d'abord une fervente fidèle de Raspoutine mais fut plus tard déçue par Grigory. Elle a affirmé avoir été violée par Raspoutine au printemps de 1910. L'impératrice a refusé de la croire et a dit que tout ce que dit Raspoutine est sacré. La Grande-Duchesse Olga Aleksandrovna Romanova a clarifié la situation en disant que la demande de Vishnyakova avait été vraiment examinée mais, " la jeune femme a été vue quelques heures plus tard au lit avec un cosaque de la garde impériale. Vishnyakova a été aussitôt démise de ses fonctions ".


    Selon la rumeur populaire de Saint-Pétersbourg, Tatiana aurait été présente durant l'assassinat de Raspoutine, déguisée en un lieutenant de la Garde des Chevaliers, afin de pouvoir se venger de Raspoutine qui aurait tenté de la violer. On disait aussi que Raspoutine a été castré sur ordre de Tatiana, écrivit Maurice Paléologue, ambassadeur français en Russie, dans ses mémoires. Mais Paléologue était sceptique à l'époque, sur la véracité des rumeurs et les attribués à la haine folle envers Raspoutine que ressentait les habitants de Saint-Pétersbourg notamment pour sa proximité avec la famille impériale, qu'il avait pervertie, disait-on. Dans ses mémoires, AA Mordvinov a indiqué que les quatre Grande-Duchesses sont apparues terriblement bouleversées " par la mort de Raspoutine " et assises " recroquevillées " sur un canapé dans une de leurs chambres, la nuit qu'elles ont reçues la nouvelle de la mort du mystique. Mordvinov a également rapporté que les jeunes femmes semblaient d'humeur sombre et sentait le bouleversement politique qui était sur le point d'arriver. Tatiana a assisté à l'enterrement de Raspoutine, le 21 décembre 1916, enterrés avec une icône signée au verso par Tatiana, ses sœurs et sa mère.


    Tatiana a gardé un cahier dans lequel, elle notait les paroles de Raspoutine : " L'amour est léger et il n'a pas de fin. L'amour est une grade souffrance et il ne peut pas manger, il ne peut pas dormir. Il est mélangé avec le péché, à parts égales. Et pourtant il est préférable d'aimer. En amour on peut se tromper, et par la souffrance, on expie ses fautes. Si l'amour est fort, les amants sont heureux, la nature et le Seigneur leur donne du bonheur. On doit demander au Seigneur qu'il apprenne à aimer le lumineux, afin que l'amour ne se tourmente pas, mais la joie, l'amour pur, lumineux est le Soleil. Le soleil nous réchauffe et l'amour nous caresse. Tout est dans l'amour, et même une mort ne peut briser cela. " Tatiana, comme sa mère, était profondément religieuse et lisait fréquemment sa Bible. Elle a également étudié la théologie et avait une vision manichéenne de la vie. Elle décida que " Il faut lutter beaucoup parce que le retour pour de bon est le mal, et le mal règne ". AA Mosolov, un fonctionnaire de la cour, a estimé que la nature réservée de Tatiana lui a donné un caractère " difficile ", mais plus profondément spirituelle que sa sœur Olga. Son professeur d'anglais, Sydney Gibbes, qui deviendra plus tard un prêtre orthodoxe russe, n'était pas d'accord et a estimé que la religion pour Tatiana était un devoir plutôt que quelque chose de profondément empeigné dans son cœur.

     
    Tatiana Romanov
    Tatiana et Maria.
     
    Devenue jeune adolescente, Tatiana s'est vu attribuer un régiment de soldats sous ses ordres, les Hussards Vosnesensky et a reçu le grade honorifique de colonel. Ce que Tatiana a beaucoup apprécié. Quand elle eut près de quatorze ans, Tatiana alors malade pria sa mère de lui permettre de sortir du lit, le temps d'aller examiner les troupes sous son commandement et regarder un soldat de qui elle s'était entichée. " J'aimerai tellement aller examiner la deuxième division et comme je suis la deuxième fille et qu'Olga a déjà eu son tour, c'est maintenant à mon tour. " écrivit-elle à Alexandra le 20 avril 1911. " ...Oui maman, et à la deuxième division, je vais voir, je dois voir...vous savez qui... " Elle appréciait la compagnie des soldats qu'elle a rencontré mais les trouvait parfois choquant par leur comportement. Un groupe d'officiers à bord du yacht impérial donna à sa sœur aînée, Olga un portrait du David de Michel Ange, découpé d'un journal comme cadeau pour la fête des Olga, le 11 juillet 1911. " Olga riait longuement " mais sa sœur, Tatiana âgée de quatorze ans fut indignée et confia à sa tante, Olga Aleksandrovna Romanova " Aucun ne veut avouer ce qu'ils ont fait devant papa. Ce sont des porcs, n'est-ce pas ? " Des années plus tard, Tatiana s'est plainte à sa mère de l'influence grandissante et néfaste des soldats envers son frère, Alexeï qui aimait les fréquenter. " Il faudrait que vous demandiez à papa de faire renouveler les membres de la Garde impériale, ils pervertissent notre Alyocha qui acquiert un comportement tout à fait irrespectueux avec les demoiselles de la Cour. "

    Tatiana a connu son premier contact avec la violence à l'âge de quatorze ans, elle a été témoin du meurtre du ministre Piotr Stolypine lors d'un spectacle à l'Opéra de Kiev. Cet épisode la traumatisera ainsi que sa sœur Olga, également présente. Son père dira à sa mère, Maria, que Tatiana avait sangloté eu du mal à dormir cette nuit-là. Trois ans plus tard, elle est devenue infirmière pour la Croix Rouge avec Olga et Alexandra, elle ont traités les soldats blessés et mourants dans un hôpital militaire installé à Tsarskoïe Selo. Selon Vyroubova : " Tatiana était presque aussi habile et dévouée à sa mère qu'elle ne l'était aux soldats et se plaignait seulement qu'à cause de son jeune âge, on lui ait épargné certains cas particuliers. " Tatiana était fortement patriotique et s'est excusée dans une lettre du 29 octobre 1914 adressée à sa mère, après avoir dit quelques chose de négatif sur les allemands en présence de sa mère. Elle a expliqué qu'elle avait oublié que sa mère était allemande de naissance et pensait à sa mère comme seulement russe. Alexandra lui répondit qu'elle ne se sentait pas complètement russe mais qu'elle n'avait pas été blessée par ses mots mais plutôt par les actions de ses anciens compatriotes et par les rumeurs persistants qu'elle était une espionne.

    Le 15 août 1915, Tatiana a écrit une lettre à sa mère exprimant son désir d'aider et de supporter les charges provoquées par la guerre : " Je ne peux tout simplement pas vous dire à quel point je suis terriblement désolée pour vous, ma chère mère. Je suis tellement désolée que je ne peux en aucun cas vous aider ou être utile. Dans ces moments là, je suis désolée de ne pas être un homme. " A l'âge adulte, elle a entrepris de nombreuses apparitions publiques et était mieux connue du peuple que ses trois autres sœurs. Selon les mémoires de l'amie de sa mère, Vyroubova et de la dame d'honneur Lili Dehn, Tatiana était la plus sociale des sœurs et aspirait à avoir des amis de son âge mais sa vie sociale a été limitée par son rang et le dégoût de sa mère pour la société. Elle avait aussi un côté introspectif connu uniquement de sa famille et ses plus proches amis. " Pour elle, comme pour sa mère, la timidité et la réserve ont été comptabilisés comme une fierté, mais une fois que vous la connaissiez et aviez gagné son affection, cette réserve disparaissait et la réelle Tatiana devenait évidente ". " Elle était une créature poétique, toujours en recherche de l'idéal, et rêvant de grandes amitiés qui pourraient être les siennes. " Chebotareva qui a appris à aimer Tatiana presque comme sa propre file a décrit comme la timide Grande-Duchesse lui a tendu la main quand elle était nerveuse au sujet de la marche en avant d'un grand groupe d'infirmières. " Je suis tellement et terriblement gênée et effrayée. Je ne sais pas qui je devrais saluer " lui aurait confié Tatiana. Le caractère informel de Tatiana a également impressionné le fils de Chebotareva, Gregory. Lorsque Tatiana a téléphoné chez cette dame, la personne qui répondit fut son fils de seize ans, Gregory, ennuyé que la personne au bous du fil l'appelle par son diminutif, « Grisha ». Ne réalisant pas qui elle était, Gregory a offensé la Grande-Duchesse en lui demandait qui elle était. " Tatiana Nikolaïevna " fut sa réponse. Il ne croira pas parler à un Romanov. Tatiana a de nouveau échouer à le convaincre même en prononçant son titre impérial et a répondu qu'elle était " La seconde sœur Romanov ".

    Tatiana est tombée amoureuse au moins une fois. Elle a rencontré l'officier Dmitri Yakovlevitch Malama en 1914 lorsqu'il était blessé et plus tard lorsqu'il fut nommé écuyer à la cour du Tsar à Tsarskoïe Selo. Dmitri Malama donna à Tatiana un bouledogue français qu'elle a nommé " Ortino " en septembre 1914. Malama est décédé en août 1919 alors qu'il commandait une unité tsariste de l'armée blanche lors de la guerre civile contre les bolcheviques en Ukraine, selon son cousin Peter Malama. Tatiana aimait aussi un officier du nom de Vladimir Kiknadze dont elle s'est occupée quand il a été blessé en 1915 et de nouveau en 1916, selon le journal intime de Valentina Ivanovna Chebotareva, une infirmière qui a travaillé avec Tatiana pendant la guerre. Chebotereva se dira étonnée que le couple impérial laisse ses enfants avoir des fréquentations qui pourraient nuire à leur réputation.

    Selon certaines sources, le Roi Pierre Ier de Serbie voulait Tatiana comme épouse pour son fils cadet, le Prince Alexandre.
      
    En janvier 1914, le premier ministre serbe Nikola Pasic a remis une lettre au Tsar Nicolas II où le Roi Pierre exprimait son désir de voir son fils épouser l'une des Grande-Duchesse.
      
    Nicolas a répondu que le choix de l'époux appartenait à ses filles et uniquement à elles mais qu'il avait remarqué que le Prince Alexandre avait souvent contemplé Tatiana lors d'un dîner de famille.
      
    Les négociations du mariage ont pris fin en raison de l'éclatement de la Premier Guerre Mondiale.
      
    Tatiana a échangé des lettres avec Alexandre durant la Premier Guerre Mondiale et ce dernier, Alexandre fut désemparé lorsque le meurtre de toute la famille fut officiellement affirmé en 1921.
      
    Mais Tatiana a de nombreuses fois affirmé qu'elle ne voulait pas quitter le pays de son enfance, qu'elle voulait épouser un russe et rester aux côtés de sa famille.

     
    Tatiana Romanov

     


    Les suites de la Révolution.

     Tatiana Romanov
    Tatiana et Alexeï à Tsarskoïe Selo, en 1917.
     
    La famille a été arrêtée au cours de la Révolution russe de 1917 et emprisonnée à Tsarskoïe Selo et plus tard dans des résidences privées de Sibérie, d'abord à Tobolsk, dans la maison du gouverneur et plus tard à Ekaterinbourg, dans la maison Ipatiev.
      
    Le changement radical de vie et l'incertitude général a fait que le moral de Tatiana en pris un coup.
      
    Elle " s'ennuyait " écrivit sa nourrice Valentina Chebotareva après avoir reçu une lettre de Tatiana le 16 avril 1917. " Il est étrange de s'asseoir dans la matinée à la maison, pour être en bonne santé et ne pas aller au changement de bandages ! " écrivit Tatiana à Chebotareva.
      
    Tatiana, essayant apparemment de plaider pour sa mère, a demandé à son amie Margarita Khitrovo dans une lettre datée du 8 mai 1917 pourquoi personne parmi les infirmières n'écrivait à la Tsarine Alexandra.
      
    Cheboterava lui répondit que elle ne pouvait écrire directement à la Tsarine parce qu'elle lui reprochait le fait que la Révolution ait eu lieu. " Si quelqu'un veut que nous lui écrivions, qu'ils nous écrivent d'abord. " Le fils de Cheboterava, Gregory P. Tschebotarioff, a noté que l'écriture était ferme et énergique, reflétant l'amour de la Grande-Duchesse pour sa mère.

    Selon son professeur d'anglais, Sydney Gibbes, la captivité à haussé l'attitude hautaine et impénétrable de Tatiana. En avril 1918, les bolcheviques ont déplacés Nicolas, Alexandra, Maria et les domestiques à Ekaterinbourg.
      
    Les autres enfants sont restés à Tobolsk car Alexeï était médicalement intransportable après avoir subis une grave attaque de l'hémophilie suite à un accident ou une brutalité de la part d'un garde.
      
    C'est Tatiana qui a persuadé sa mère à prendre la décision d'aller avec son père et de laisser Alexeï à ses soins. En effet, Tatiana était la seule a avoir un caractère suffisamment fort pour pouvoir tenir en place Alexeï qui avait lui-même un fort caractère. Dès lors et jusqu'à leur mort, Tatiana agira comme une seconde mère pour son frère après avoir promis de prendre en mains Alexeï si jamais Nicolas et Alexandra devaient mourir. Pierre Gilliard a décrit la dernière fois qu'il aura vu les enfants impériaux partant pour le bateau qui les conduirait à Ekaterinbourg.
      
    " Le marin Nagorny passait près de ma fenêtre, portant Alexeï Nikolaïevitch dans ses bras, derrière lui vinrent les Grande-Duchesses chargées de valises et de petits effets personnels.
      
    J'ai essayé de sortir, mais j'ai été brutalement repoussé dans le chariot par une sentinelle. Je suis revenu à la fenêtre. Tatiana Nikolaïevna est venue en transportant une lourde valise marron. Il pleuvait et j'ai vu ses pieds qui s'enfonçaient dans la boue à chaque instant. Nagorny, a tenté de venir à son assistance mais il a été repoussé par un des gardes. "
     
    Tatiana Romanov
    Olga et Tatiana en tenues d'infirmières en 1916.

     

     

    Disparition.
     
    Le 17 juillet 1918, à 1H00 du matin, la famille est réveillée par Iakov Iourovski qui hurlait que des émeutes avaient éclatés en ville, ils doivent se préparer, s'habiller et surtout ne pas se charger en bagage et enfin le rejoindre dans le couloir.
      
    Près d'une heure plus tard, toute la famille accompagnée de son médecin et de ses derniers domestiques se trouve dans la principale cave de la maison devenue prison.
      
    La Tsarine est installée sur la chaise de gauche installée par les bolcheviques sur ordre de Iakov, le Tsarévitch, toujours incapable de marcher, est installé sur la chaise de droite et enfin le Tsar se trouve au milieu des deux chaises.
      
    Les domestiques et le reste de la famille dont Tatiana se trouvent derrière eux.
      
    Dans un premier temps, le commandant des bolcheviques locaux leur explique que des rumeurs circules quand à l'évasion d'un ou deux membres de la famille et que pour rassurer Moscou, on va prendre une photographie que l'on expédiera.
      
    Il les laisse seul quelques instants avant de revenir accompagné de 11 gardes armés. Il dépliât un document qu'il lisait distinctement, insistant sur les derniers mots.
      
    " Etant donné que vos parents continuent leurs actions à l'encontre de la Russie soviétique, vous Nicolas Romanov et toute votre famille allez perdre la vie sur le champ. " Immédiatement, Nicolas s'avance de deux pas, il crie presque « Quoi...? Qu'est-ce...? " sur un ton neutre, presque interrogateur. Une demie-heure après tous sont morts dans un horrible massacre.

     


    Découverte, Canonisation et Réhabilitation.

     


    En 1988, l'Union soviétique est en pleine déconstruction, le peuple veut savoir ce qu'il est vraiment arrivé aux Romanov. Une équipe d'archéologues reçoit alors l'autorisation d'effectuer des fouilles à l'emplacement où Iakov Iourovski a confié avoir fait enterré une partie de la famille en 1918. Sous soixante centimètres de terre sont retrouvés neuf squelettes dans un état de détérioration déjà avancé.
      
    Parmi eux, se trouvent les restes de la Grande-Duchesse Tatiana Nikolaïevna Romanova, la seconde des enfants impériaux et fille de Nicolas II et Alexandra. Les testes génétiques et d'ADN prouveront à 99,7% qu'il s'agit d'elle. Le 17 juillet 1998, exactement
     
    80 ans, jour pour jour, après leur mort, Tatiana et les Romanov retrouvés bénéficient de funérailles nationales dans la chapelle funéraire Sainte-Catherine, dans la Forteresse Saints-Pierre-et-Paul à Saint-Pétersbourg, l'ancienne capitale impériale, la ville bâtie par Pierre Le Grand.
     
    En 1981, l'Église orthodoxe russe de l'étranger dont le siège se trouve aux États-Unis a canonisé l'ensemble de la famille comme martyrs.
      
    En 2000, c'est l'Église orthodoxe russe qui leur reconnaît ce statut, déclarant qu'ils sont morts en martyrs, en tant que « vraies chrétiens « et que pour leur rôle religieux, leur patience, leur douceur et leur charité, ils sont des saints. Ainsi, Tatiana est aujourd'hui connue comme Sainte Tatiana, porteuse de la passion et est vénérée comme sa famille tous les 17 juillet. Le lieu de pèlerinage se situe en la nouvelle Cathédrale d'Iekaterinbourg dont le nom est sous-le-sang-versé, dans l'Église de tous les Saints.
     
    En 2008, la Cour suprême russe a reconnu, après des années d'enquêtes, que les Romanov ont été victimes de la persécution politique des bolchevique et que leur mort résulte d'un assassinat, une barbarie intolérable. Ils ont ainsi été réhabilités.
       
      
    Ci-dessous, une vidéo faîte en son honneur par un utilisateur de Youtube.
     
      
     
     
     
     
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    Disparition et "destruction des preuves".
     
    En mai 1918, la famille est de nouveau réunie à Iekaterinbourg, une ville de Sibérie située dans l'Oural. Il s'agit ici d'une région politiquement hostile aux Romanov, le cœur du bolchevisme dans l'Oural.
      
    Ils sont gardés par 70 gardes bolcheviques, des ivrognes, des à demi-fous et ne vivent plus que dans 5 pièces contiguës. Les fenêtres sont obstrues avec de la peinture afin d'empêcher qu'on puisse voir de l'intérieur à l'extérieur et inversement.
      
    Des palissades de 3 mètres de hauts sont montées autour de la propriété.
      
    La seule nourriture qui leur ait donnée, ce sont des rations militaires dont la moitié leur est volée par leurs gardes.
     
    Les jeunes filles sont soumises à une pression psychologique considérable, n'ayant pas le vocabulaire nécessaire pour s'expliquer la situation.
     
      
    Les gardes dessinent sur les murs des scènes obscènes.
     
    C'est une déchéance dans tous les sens du terme... Leurs vêtements tombent en lambeaux, la Tsarine doit raccommoder les vêtements de son mari.
      
    Ils ne peuvent plus boire de thé, n'ont plus accès au sucre ni au tabac. Les humiliations sont monnaies courantes.
      
    Une chaîne vieille de plusieurs siècles représentant Saint-Georges et appartenant à Alexeï lui est presque arrachée au cours d'un violent incident avec un garde qui aurait intenté à sa vie.
      
    Les jeunes filles sont fouillées à n'importe quelle heure pour des raisons aussi futiles que perverses.
     
    Nicolas et Alexandra tombent finalement dans le fatalisme, passant le plus clair de leur temps à prier, dans leur chambre.
      
      
    Tandis qu'Alexeï, Olga et Tatiana restaient ensemble, se soutenant mutuellement. Maria et Anastasia auraient été les moins physiquement et psychologiquement touchées par tous ces événements et auraient gardés leurs caractères intacts.
     
    Le 4 juillet 1918 un nouveau chef de garde arrive, il s'agit de Iakov Mikhaïlovitch Iourovski un fanatique bolchevique haïssant les Romanov dans leur ensemble alors qu'il est issu d'une famille vouant un culte aux Romanov.
      
    C'est avec son arrivée que le début de la fin commence.
      
      
    Il commence les préparatifs pour accomplir l'ordre qu'il a reçu venant d'un comité constitué entre autres, de Lénine, de Trotski ( Léon Bronstein dit Trotsky ) et de Staline.
      
    Cet ordre est... d'exterminer tous les prisonniers jusqu'au dernier ainsi que leurs serviteurs.
     
     

     


    Le 17 juillet, à 1H du matin Iakov vient lui-même réveiller Nicolas et sa femme, leur disant de se préparer ainsi que leurs enfants, des troubles auraient éclatés en ville et pour leur sécurité on doit les déplacer.
      
    Trois quarts d'heure plus tard, le Tsar portant son fils toujours incapable de marcher, la tsarine, ses filles et leurs domestiques sont emmenés dans l'une des caves de la maison.
      
    On leur dit que l'on s'apprêter à prendre une photo pour assurer à Moscou leur bonne santé.
      
      
    La Tsarine demande s'il n'y a pas de chaises et Iakov donne l'ordre que l'on en apporte.
     
    Deux chaises sont apportées, la Tsarine s'assied sur l'une d'entre elles et le Tsar installe son fils sur l'autre.
      
    Le Tsar se place au milieu des deux chaises et le reste de la famille ainsi que les serviteurs se placent derrière eux.
      
    Quelques instants plus tard, Iakov rentre dans la pièce, accompagné de 11 gardes.
      
      
    Et il déclare, dépliant un document "Étant donné que vos parents continuent leurs actions à l'encontre de la Russie soviétique, vous Nicolas Romanov et toute votre famille allez perdre la vie sur le champs."
     
    Le Tsar tourna alors la tête d'abord vers son fils, puis vers sa femme et enfin vers ses autres enfants avant d'avancer d'un pas et de dire
      
    "Quoi... ? Qu'est-ce ?".
      
    Pour réponse, Iakov lui montra le document avant de jeter ce dernier à terre et de sortir son revolver de sa poche. Nicolas se serait alors écrié
      
    "Dieu, pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu'ils font."
     
    Le massacre aurait alors commencé...
      
    Le Tsar est tué d'une balle dans le cœur et meurt sur le coup, en tombant, sa main frôle celle de son fils qui ne bougeait pas, tenant fermement les bras de sa chaise.
      
    La Tsarine reçoit une dizaine de balles dans le ventre en tentant de faire le signe de croix.
      
    Et très vite tout s'accélère, quelques cris et un épais nuage de poussières envahissent la pièce.
     
    Iakov fait évacuer la pièce, le temps de faire dissiper la fumée afin de voir qui vivait encore.
      
    Quelques minutes plus tard, la fumée s'est dissipée et... stupéfaction !
      
    Les quatre Grande-Duchesse entourent le Tsarévitch, fessant rempart avec leur corps.
      
    Mais deux d'entre elles, Olga et Maria sont blessées. 
    La fusillade continue, les corps tombent les uns après les autres dans un bain de sang épouvantable.
      
    On poignarde à tout va tous les corps, on donne des coups de poings et de pieds et on achève à coup de baïonnette.
      
    Lorsque tous semblent morts, Anastasia et Alexeï montrent encore des signes de vie, Iakov décide de les achever lui-même. Anastasia reçoit une balle en plein front et cesse de bouger... Alexeï reçoit trois balles derrière l'oreille et perdit les dernières goûtes de vie qu'il lui restait.
     
    Au total 103 balles ont été tirées, une cinquantaine de coups de baïonnettes et une trentaine de coups de couteaux. Le Tsarévitch a reçu l'équivalent d'un chargeur complet en plein torse ainsi qu'une balle dans la jambe et trois balles dans la tête.
      
    Quant aux jeunes Grande-Duchesses leur sort n'en fut pas moins funeste.
      
      
    Balles, baïonnettes, couteaux, elles moururent en souffrant, étalées dans une marre de sang.
     
    Une fois assurés que tous sont morts, on transperce une fois de plus les corps à coups de baïonnettes, pour se "venger de l'ancien régime" selon Iakov.
      
    On emballe les dépouilles dans des draps et on les charge dans une camionnette.
      
      
    Une demi-heure plus tard, en pleine forêt de Koptiaki, le véhicule est coincé dans la boue et Iakov décide qu'on placera les corps là même.
     
    On jette les corps sur le sol et on leur vole leurs vêtements et leurs derniers bijoux. Alexeï et Maria sont jetés au feu alimenté au pétrole – Après que le crâne du Tsarévitch eut été scié -.
      
    Quand à Nicolas, les autres Romanov et les serviteurs, on leur jette de l'acide sulfurique sur leur dépouille et on les enterre sur place.
      
      
      
    Quelques heures plus tard, les corps carbonisés et en pièces du Tsarévitch et de la Grande-Duchesse sont enterrés un peu plus loin...
     
    Les derniers Romanov de l'Empire russe
    La cave où eut lieu le massacre, photo prise quelques heures après le meurtre.

     

     

    La grande "humanité" du COMMUNISME

     

     

    Le Tsar Nicolas II

    L'impératrice Alexandra

     

    "Je n'aurais jamais pu imaginer qu'un tel bonheur puisse exister sur terre, une union aussi parfaite entre deux êtres.

    Je t'aime, ces mots résument ma vie toute entière."

    Alexandra

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    L'impératrice et ses filles rendant visite au Tsar et au Tsarévitch au quartier général de Moghilev, en 1916. De gauche à droite : Tatiana, Anastasia, Maria, Olga, Nicolas, Alexandra et Alexis.



    Depuis le 17 juillet 1918, le sort des Romanov était entouré d'un grand mystère et les spécialistes sur la question n'arrivaient pas à se mettre d'accord : si pour certains tous les membres de la dernière Famille impériale russe ont bien été tués, d'autres en revanche estimaient que certains d'entre-eux auraient pu survivre. La cause de ces divergences était en réalité l'absence de corps. Malgré des recherches poussées, organisées notamment par le juge Sokolov, aucun corps n'a jamais été retrouvé. C'est pour cette raison que le juge a conclu à la destruction complète des onze dépouilles. Pourtant, il est matériellement impossible que Yourovski et ses hommes aient pu se débarrasser définitivement des corps des victimes en aussi peu de temps. Face à cette constatation, les plus grands enquêteurs de l'époque ont cherché à remettre en cause la thèse de l'assassinat collectif de Nicolas II et sa famille. Il faudra attendre 1979 pour que la lumière commence à se faire sur les événements de la nuit du drame.



    La découverte de 1979

    A partir de 1976, deux enquêteurs soviétiques, Guéli Riabov et Alexandre Avdonine, décidèrent de se lancer à la recherche des restes des Romanov, exécutés près de soixante ans plus tôt par les bolcheviques. Ils commencèrent leurs fouilles dans le puits de mine déjà inspecté par le juge Sokolov en 1919, avant d'entamer des recherches dans le Vallon du Porcelet. Les enquêteurs découvrirent dans une fosse peu profonde des restes humains et des fragments de céramique provenant des bonbonnes d'acide utilisées pour défigurer les victimes. Riabov témoigne : « J'ai découvert des crânes, qui présentaient des trous d'entrée et de sortie de balles. Ces crânes étaient de couleur noirâtre ou verdâtre, leurs os faciaux avaient été détruits par de forts coups au visage. Tous les squelettes qui se trouvaient dans cette sorte de tombe y étaient étendus entassés et mélangés. »

    Pour les deux enquêteurs, il s'agissait à n'en pas douter des corps des Romanov. Cependant, une telle découverte en pleine ère communiste risquait de les mener tout droit en prison. S'ils voulaient coûte que coûte s'assurer de l'identité des restes, ils devaient rester discrets pour ne pas éveiller les soupçons des autorités. Ils décidèrent donc de retirer trois crânes afin de les faire expertiser. Selon Riabov, il s'agissait des crânes supposés de Nicolas II, de Tatiana et d'Anastasia ou d'Alexis. Cependant, très effrayés par leur découverte, les enquêteurs décidèrent, un an plus tard, de ne pas faire expertiser les crânes et de les remettre dans la tombe à l'intérieur d'une petite caisse en bois. Ces fouilles de Riabov et d'Avdonine ont été très critiquées par la suite, car n'ayant pas le matériel et les compétences nécessaires pour procéder à cette exhumation, ils ont irrémédiablement endommagé les ossements.



    Les trois crânes exhumés par Avdonine et Riabov en 1979.




    Les contradictions entre les expertises russes et américaines

    En 1991, l'empire soviétique tombait définitivement et une nouvelle ère libérale s'ouvrait en Russie. Sous l'impulsion d'Avdonine, Boris Eltsine, le nouveau président de la Russie post-communiste, donna son accord pour organiser l'exhumation officielle des restes retrouvés en 1979. Dès le début des fouilles, de fortes protestations virent le jour car aucune règle archéologique n'était respectée : toutes sortes de personnes pénétraient à l'intérieur du champ de fouilles, l'exhumation des restes se faisait à la pelle, les ossements étaient manipulés à mains nues et entreposés à même le sol dans la boue.


    Les conclusions de l'anthropologue russe Abramov

    Plus de 950 os ou fragments d'os sont ainsi découverts dans la Vallon du Porcelet. L'anthropologue russe Sergueï Abramov était chargé d'identifier les corps fraîchement exhumés. Il réussit à reconstituer neuf squelettes, alors que onze personnes ont été tuées par les bolcheviques le 17 juillet 1918 : les Romanov et leurs quatre domestiques. On photographia les crânes afin de les superposer avec les photos des Romanov pour vérifier l'existence ou non de correspondances. Cette méthodes permit d'identifier avec certitude six corps : Nicolas II, Alexandra et les quatre domestiques. Il restait donc trois corps qui posaient problème, tous de sexe féminin. A ce stade, les scientifiques pouvaient donc affirmer que le corps d'Alexis ne se trouvait pas dans la fosse. L'identification des trois corps féminins était difficile, car comme le précise Abramov, « elles étaient très proches par l'âge, et les caractéristiques physiques de leurs crânes, au vu de l'état de dégradation dans lequel ils se trouvaient, étaient difficiles à distinguer ». Au final, il attribua le crâne n°3 à Olga, le crâne n°5 à Tatiana et le crâne n°6 à Anastasia.



    Selon Abramov, les deux corps manquants seraient donc ceux de Maria et d'Alexis.



    Les conclusions de l'anthropologue américain Mapples

    La méthode de reconstitution faciale utilisée par Abramov était très critiquée, car elle ne permettait pas d'identifier avec certitude un corps, d'autant plus que la plupart des crânes étaient très détériorés. Face à ce constat, une contre-expertise est organisée par l'anthropologue américain William Mapples. Il détermina que les squelettes appartenaient à quatre hommes matures et à cinq femmes (deux femmes matures et trois jeunes femmes).

     

     

    Identité supposée

    Âge

    Caractéristiques

    Corps n°1

    Anna Demidova

    40-50

    Femme d'âge mûr avec un bridge de mauvaise qualité.

    Corps n°2

    Docteur Botkine

    50-60

    Homme d'âge mûr avec une prothèse dentaire supérieure.

    Corps n°4

    Nicolas II

    45-55

    Homme d'âge moyen d'assez petite taille. Les os des hanches sont déformés, le front est large et les arcades proéminentes. La face du crâne est détruite et le cerveau, desséché, est toujours présent.

    Corps n°7

    Alexandra

    45-50

    Femme d'âge moyen avec des cotes abîmées. Certaines des prothèses dentaires sont en platine et porcelaine : cette méthode était alors d'usage en Allemagne. Or, l'impératrice Alexandra est justement d'origine allemande.

    Corps n°8

    Ivan Kharitinov

    40-60

    Les ossements de ce corps sont très abîmés, car reposant au fond de la fosse, c'est celui qui a été le plus en contact avec l'acide sulfurique.

    Corps n°9

    Alexis Trupp

    60-65

    Homme d'âge mature : c'est la victime la plus âgée parmi les corps retrouvés.

     

    Les trois derniers squelettes (n°3, 5 et 6) appartenaient à trois jeunes femmes. Ils possédaient tous un os protubérant au bas de la nuque, tout comme le corps n°7 attribué à Alexandra. Or, il s'agit d'une particularité héréditaire très peu répandue. On peut donc supposer que nous sommes en présence des corps d'une mère et de ses filles.

     

    En accord avec les conclusions d'Abramov, Mapples estime que les corps d'Olga et de Tatiana se trouvaient bien dans la fosse.

     

    Le crâne du corps n°3 possède un front très large. La moitié du visage de la victime et la mâchoire inférieure sont détruites. La taille du corps est estimée à 1 mètre 69, mais il ne s'agit que d'une approximation, car les tibias ont été sectionnés. Les scientifiques ont pu estimer l'âge de la victime grâce à ses dents de sagesse : les racines sont pleinement développées, ce qui permet de conclure que la jeune femme était largement sortie de l'adolescence. Il s'agit donc de la plus âgée des trois filles, la Grande-Duchesse Olga, âgée de 22 ans au moment de sa mort.

    En revanche, les racines des dents de sagesse du corps n°5 ne sont pas pleinement développées, tout comme le sacrum, qui se situe en bas du bassin. Les os de ses membres venaient d'achever leur croissance, mais son dos était encore en développement. Tout comme le corps n°3, la moitié de la face est détruite. Mapples estima la taille de la victime à 1 mètre 71. Cependant, les tibias étant également sectionnés, une marge d'erreur d'une dizaine de centimètres était possible. La taille du squelette oscille donc environ entre 1 mètre 61 et 1 mètre 71. Au regard de la taille de la victime et des autres indices, il conclut qu'il s'agissait de la Grande-Duchesse Maria, âgée de 19 ans au moment de sa mort.

    En ce qui concerne le corps n°6, le sacrum et les clavicules sont matures, mais les racines de ses dents de sagesse ne sont pas complètement développées. Il s'agit donc d'une jeune femme d'environ 20 ans, plus jeune que le corps n°3, mais plus âgée que le corps n°5. La taille de la victime est estimée à 1 mètre 67, mais toujours avec la même marge d'erreur que les deux autres dépouilles. Le corps est finalement attribué à la Grande-Duchesse Tatiana, âgée de 21 ans au moment de sa mort.



    Contrairement à Abramov, Mapples estime que c'est Anastasia la sœur manquante, et non pas Maria.
     
    L'identité de la sœur manquante

    Contrairement à Abramov, Mapples considérait donc que la fille manquante était Anastasia, et non pas Maria. Pour l'anthropologue américain, aucun des corps n'était assez jeune pour être celui d'Anastasia. Ce n'est pas tout. Si pour Abramov, le corps n°6 serait celui d'Anastasia, Mapples estime en revanche qu'il s'agirait de Tatiana. Cependant, pour Abramov, c'est le squelette n°5 qui appartiendrait à Tatiana, alors que Mapples considère qu'il s'agirait de Maria. De ce fait, c'est l'identification des trois plus jeunes filles du Tsar qui posait problème.

     

     

    Abramov

    Mapples

    Corps n°5

    Tatiana

    Maria

    Corps n°6

    Anastasia

    Tatiana

    La sœur manquante

    Maria

    Anastasia

     

    Récapitulons les solutions possibles :
    • Le corps de Maria ne peut être que le n°5.
    • Le corps d'Anastasia ne peut être que le n°6.
    • Le corps de Tatiana peut être le n°5 ou le n°6.
    La clef du problème est donc Tatiana. Si son corps est le n°5, alors Maria est la sœur manquante. En revanche, si son corps est le n°6, c'est Anastasia la sœur manquante. Si l'on identifiait avec certitude le corps de Tatiana, on saurait de fait qui est la sœur manquante entre Maria et Anastasia. Cependant, les deux scientifiques campant sur leur position, le mystère demeure.



    L'identification des corps grâce à l'ADN

    Les expertises d'Abramov et de Mapples ont permis de déterminer l'identité probable des corps. En outre, du fait de la présence d'un os protubérant à la base de la nuque des squelettes n°7, 3, 5 et 6 (caractéristique rare et héréditaire), Mapples a réussi à démontrer qu'il s'agissait d'une mère et de ses trois filles. En revanche, seul l'ADN peut prouver l'identité exacte des corps.

    Les scientifiques ont donc prélevé des échantillons osseux, qui ont été poncés afin de retirer leur surface dégradée. L'ADN nucléique permit de déterminer qu'il s'agissait bien de quatre hommes et cinq femmes, parmi lesquels se trouvaient deux parents et leurs trois filles. En revanche, les quatre autres squelettes, attribués aux domestiques, n'avaient aucun lien de parenté entre eux. Les scientifiques n'ont pas pu en apprendre davantage grâce à l'ADN nucléique, la quantité obtenue étant trop faible.


    L'identification des corps d'Alexandra et de ses filles

     

    C'est grâce à un échantillon de sang prélevé sur le duc d’Édimbourg, petit-neveu de la Tsarine et époux de la Reine Élisabeth II d'Angleterre, que les scientifiques ont pu identifier les corps d'Alexandra et de trois de ses filles.

     

    L'ADN mitochondrial, transmis uniquement par les femmes à leurs enfants, permit d'identifier l'impératrice Alexandra et ses trois filles. En effet, la sœur aînée d'Alexandra, Victoria, était la grand-mère maternelle du duc d’Édimbourg, l'époux de la reine Élisabeth II d'Angleterre. Il donna volontiers un échantillon de son sang. Les scientifiques ont ainsi pu déterminer que l'ADN mitochondrial du mari de la reine d'Angleterre était identique à celui des corps supposés d'Alexandra et de ses trois filles. Les scientifiques en ont donc conclu que les quatre corps féminins appartenaient bien à l'impératrice et à trois de ses filles. En revanche, l'ADN ne peut pas révéler l'identité exacte des victimes. Le mystère demeure donc quant à l'identité de la sœur manquante : Maria ou Anastasia.



    L'identification du corps de Nicolas II

    Le corps de Nicolas II n'a pu être authentifié qu'à 98,5%.
    L'identification de Nicolas II a été plus compliquée. Un premier échantillon de sang a été donné par Xénia Sfiris, l'arrière-petite-fille en ligne féminine de Xénia Alexandrovna, la sœur de Nicolas II. Un deuxième échantillon de sang a été donné par le duc de Fife, descendant par les femmes de Louise de Hesse-Cassel, grand-mère maternelle de Nicolas II. L'ADN mitochondrial de Xénia Sfiris et du duc de Fife correspondait entre eux, puisque les deux individus descendent de la même lignée de femmes. Cependant, il ne correspondait pas exactement avec celui de Nicolas II. Ces différences ont sans doute été provoquées par une mutation génétique due à une contamination extérieure des ossements. Malgré tout, les ossements étudiés ont été attribués à Nicolas II avec une certitude de 98,5%. Pour les scientifiques, la probabilité était donc assez forte pour affirmer que le squelette n°4 était bien celui du dernier Tsar. En outre, l'ADN nucléique avait permis de prouver qu'il s'agissait d'un père, d'une mère et de leurs enfants. Dès lors, les scientifiques ayant identifié avec certitude Alexandra et ses filles, le dernier corps ne pouvait être que celui de Nicolas, même si la certitude n'était que de 98,5%.




    La découverte tardive des corps d'Alexis et de Maria (ou d'Anastasia)

    Après des années de recherches, deux corps restaient introuvables : celui d'Alexis et celui de l'une de ses sœurs : Maria ou Anastasia. Selon Yourovski, leurs corps auraient été brûlés et enterrés un peu plus loin. Cependant, mise à part la déposition du chef de l'exécution, aucune preuve réelle ne pouvait affirmer la mort des deux enfants disparus.

    En juillet 2007, une fouille organisée dans la forêt de Koptiaki permit de mettre au jour dans des conditions assez mystérieuses des débris d'ossements, des balles et des fragments de poterie. Les balles retrouvées sur les lieux dataient des années 1917-1918, mais n'étaient pas du même calibre que celles retrouvées en 1991. Quant aux restes retrouvés, il ne s'agissait pas de squelettes complets comme en 1991, mais de quelques débris en très mauvais état. Pour faciliter le travail des chercheurs, les journalistes sont écartés de l'affaire afin d'éviter le même scandale qu'en 1991.



    Restes humains retrouvés en 2007 dans le Vallon du Porcelet, à quelques mètres de la fosse de 1991.

     

    Rapidement, les premières conclusions tombent. Il s'agirait de deux corps : celui d'une jeune femme d'environ 20 ans et celui d'un adolescent d'environ 14 ans. Les analyses ADN s'annonçaient cependant plus difficiles : les restes étaient en très mauvais état et l'ADN ne résiste pas bien aux épreuves du temps, qui plus est dans un climat aussi humide qu'en Sibérie. Il n'y avait donc qu'une solution pour identifier les corps : broyer une partie des ossements afin d'en extraire le reste d'ADN qu'ils contenaient. Grâce à cette méthode, les scientifiques ont réussi à extraire de l'ADN. Les deux corps partageaient les mêmes marqueurs génétiques : il y avait donc 99% de chances que ces corps soient ceux d'un frère et d'une sœur.

    Afin de déterminer si les deux dépouilles appartenaient bien à des membres de la famille Romanov, les scientifiques ont comparé l'ADN de l'adolescent avec celui du Tsar et de la Tsarine. Le jeune garçon partageait les mêmes marqueurs génétiques que les deux souverains : il s'agissait donc de leur fils, le Tsarévitch Alexis. Les deux corps étant ceux d'un frère et d'une sœur, la dépouille féminine est donc forcément celle de l'une des filles du Tsar : Maria ou Anastasia. Cependant, comme en 1991, les tests ADN ne peuvent pas nous en apprendre davantage. S'il est à présent certain que les deux plus jeunes filles du Tsar ont été retrouvées, il n'est pas possible de dire avec certitude laquelle a été retrouvée en 1991 et laquelle a été retrouvée en 2007. Quoi qu'il en soit, le corps n°5 retrouvé en 1991 a été inhumé en 1998 sous le nom d'Anastasia Nicolaïevna, tandis que les restes retrouvés en 2007 ont été attribués à Maria Nicolaïevna.



    La fin du mystère ?

    Officiellement, pratiquement tous les corps des Romanov ont été retrouvés en 1991. Les restes retrouvés en 2007 et identifiés en 2008 comme étant ceux de Maria et d'Alexis attendent toujours d'être enterrés auprès de leur famille. Est-ce pour autant la fin d'un des plus grands mystères du XXème siècle ? Pas si sûr. En effet, des opinions dissidentes se font toujours entendre et clament que les dépouilles enterrées dans la cathédrale impériale ne seraient en aucun cas celles de Nicolas II et sa famille.

    Un premier point mis en avant par les détracteurs de la version officielle est l'absence de trace de callosité osseuse sur le crâne attribué au Tsar. En effet, lors du voyage de Nicolas au Japon en 1891, alors qu'il n'était encore que Tsarévitch de Russie, le futur Tsar reçut deux violents coups de sabre dans la tête par un policier déséquilibré. Les blessures étaient sérieuses, mais le jeune héritier s'en remit rapidement. Il en restera marqué à vie et une cicatrice persistera sur le côté droit de son crâne. Or, aucune trace de cette cicatrice n'a été retrouvée sur le crâne n°4, attribué à Nicolas II. Pour le procureur Soloviev, cette absence de cicatrice serait due à l'action de l'acide et des conditions climatiques défavorables à la bonne conservation d'un corps. Pourtant, le docteur Zviaguine avait affirmé que le corps n°4 ne pouvait pas être celui de Nicolas II, car il présentait une décalcification des os et appartenait à un individu enclin à de l'embonpoint. Or, Nicolas II était loin d'avoir de l'embonpoint : c'était un homme très actif, très sportif et donc musclé. Malgré tout, le corps n°4 a été attribué à Nicolas II et enterré sous son nom dans la cathédrale des Tsars. Face à ces constations, on peut sérieusement douter de l'authenticité du corps n°4.

     

    Le Tsarévitch Nicolas, futur Nicolas II, en visite au Japon en mai 1891. C'est dans la ville d'Ötsu qu'un policier déséquilibré tenta d'assassiner le futur souverain en lui assénant deux violents coups de sabre sur la tête. Une cicatrice persistera sur le côté droit de son crâne. Or, aucune cicatrice n'a été retrouvée sur le crâne attribué à Nicolas II.

     

    Par ailleurs, certains historiens ont remis en question la fiabilité des analyses génétiques, car les tests ADN ne permettent pas d'identifier précisément une personne, mais plutôt l'appartenance d'une personne à un groupe d'individus. De ce fait, il n'est pas possible de différencier des frères et des sœurs par l'ADN. Or, le frère de Nicolas II, Michel, a été tué avec son secrétaire par les bolcheviques en juin 1918. Les corps des deux hommes n'ont cependant jamais été retrouvés. Pour eux, la dépouille du Grand-Duc aurait ainsi pu être déplacée dans la fameuse fosse et donc confondue avec celle de Nicolas II par les tests ADN. De plus, les scientifiques ont prouvé qu'un ADN mitochondrial similaire pouvait se retrouver chez des individus sans lien de parenté entre eux. Ainsi, si l'ADN mitochondrial du duc d’Édimbourg et celui du corps attribué à la Tsarine sont semblables, cela ne veut pas dire pour autant qu'il s'agissait forcément d'Alexandra.

    Pour finir, on peut se rappeler que le corps n°4 a été identifié comme étant celui de Nicolas à 98,5% : une preuve irréfutable selon certains scientifiques. Or, comme le fait très justement remarqué Nicolas Ross dans son ouvrage « La mort du dernier Tsar », « le pourcentage qui vient d'être évoqué, 98,5%, est exactement celui des éléments communs à l'ADN de l'homme et de son lointain cousin le chimpanzé ». Cette remarque très pertinente permet de remettre en question la fiabilité incontestable des analyses ADN...



    Quelle conclusion pouvons-nous apporter à l'affaire Romanov ?


    Les dépouilles des derniers Romanov ont été inhumées le 17 juillet 1998 dans la cathédrale Pierre-et-Paul de Saint-Pétersbourg, quatre-vingts ans jour pour jour après leur massacre par les bolcheviques. La science a prouvé que Nicolas II et toute sa famille ont bien été assassinés dans les caves de la maison Ipatiev. En l'an 2000, l’Église orthodoxe russe a décidé de canoniser les Romanov, les considérant comme morts martyrs. Finalement, en octobre 2008, la Cour Suprême de Russie a réhabilité le Tsar et sa famille, estimant la politique répressive bolchevique contre les Romanov comme injustifiée. L'inhumation prochaine des restes de Maria et d'Alexis dans la cathédrale des Tsars semble ainsi être le point final apporté à l'une des histoires les plus tragiques du XXème siècle.

    Pourtant, certains historiens contestent toujours l'authenticité des restes attribués aux derniers Romanov et, comme nous l'avons vu, il existe des incohérences et des imprécisions dans les analyses scientifiques. Le mystère entourant la disparition de la dernière Famille impériale de Russie ne s'éteindra donc pas de si tôt. Cependant, la science ne pourra sans doute plus nous en apprendre davantage sur les événements de la nuit du drame, à moins d'exhumer et d'analyser les corps des différents prétendants. A présent, cette affaire appartient entièrement aux historiens. Il faut donc garder un esprit critique face à la prolifération récente de différentes thèses concernant la "véritable" fin des Romanov...



    Icône représentant Nicolas II et sa famille. En l'an 2000, les Romanov ont été canonisés par l’Église orthodoxe russe et élevés au rang de martyrs. Le Saint Tsar et sa famille sont célébrés par les orthodoxes le 17 juillet.



    SOURCES

     

    EXCELLENT BLOG - d'un passionné

    http://www.les-derniers-romanov.com/une-version-contestee.php

     

     

     

     

     

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    Type Maison impériale
    Pays Drapeau de la Russie Impériale Empire russe
    Lignée Maison d'Oldenbourg, pour la branche de Holstein-Gottorp-Romanov
    Titres Tsars puis empereurs de Russie,
    Tsars de Khazan, d'Astrakhan, de Sibérie, de Kiev, Vladimir et Novgorod,
    Rois de Pologne,
    Grands ducs de Finlande...
     
     
     
      
      
      
      
    Les Romanov sont la dynastie ayant régné et gouverné la Russie de 1613 à 1917, soit plus de trois siècles.
      
    Ils ont un acquis un prestige sans précédent dans l'histoire, transformant la Russie alors réduite aux régions comprises entre Kiev et Moscou en le second plus grand empire de l'histoire, derrière le mythique empire de Gengis Khan et des Mongols.
     
      

    DYNASTIE ROMANOV

    Portrait of Empress Anna Ioannovna (1730)
     
     
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    Ils sont considérés par de nombreux historiens comme la plus illustre de toutes les familles souveraines dont les grandes figures
     
     
     
     

    DYNASTIE ROMANOV

      

    Piotr Aléxeïévitch Romanov (Пётр Алексе́евич Рома́нов), appelé aussi Pierre le Grand (Пётр Вели́кий, Piotr Véliki) est né le 9 juin 1672 (le 30 mai dans le calendrier julien) et est mort le 8 février 1725 (28 janvier).

    Il est le fils d'Alexis Ier dit « le tsar très paisible » (1629-1676) et de Natalia Narychkina (1651-1694). Il fut le tsar de Russie dès 1682 et le premier empereur de l'empire russe de 1721 à 1725. En 1689, il épousa Eudoxie Lopoukhine (1672-1731) dont il divorça en 1698. Elle lui donna un fils : le premier tsarévitch Alexis Petrovitch de Russie (1690-1718). En 1707 il épousa Catherine Ire de Russie (Marthe Skavronski, 1664-1727).

     

    Il a profondément réformé son pays et a mené une politique expansionniste qui a transformé la Russie en puissance européenne.

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    - Pierre le Grand, Catherine La Grande, Alexandre II -
     
     
      
    la personnalité générale et le luxe inimaginable les rends unique et distinguable des autres grandes dynasties que le monde a connu.
     
     
     

    DYNASTIE ROMANOV

    Portrait de Catherine II de Russie par Dmitri Levitsky,

    Catherine Ire (Екатерина I), de son vrai nom Marthe Skavronskaïa (née le 15 avril 1683/1684 en Livonie et décédée le 17 mai 1727), est impératrice de Russie de 1725 à 1727.

    Elle est la seconde épouse de l’empereur Pierre Ier.

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    Ils ont fait entrer la Russie dans le concert des grandes puissances européennes et mondiales par différents procédés.
     
      
     
      
     
    ALEXANDRE II
      
    Alexandre II (russe: Александр II Николаевич) (Moscou, 29 avril 1818Saint-Pétersbourg, 13 mars 1881), fils de Nicolas Ier, empereur de Russie (2 mars 185513 mars 1881), dit le Libérateur. Il est également Grand-duc de Finlande et roi de Pologne jusqu'en 1867, date à laquelle la Pologne est annexée dans l'empire russe. Il sera assassiné par des terroristes du mouvement nihiliste :
    après 6 tentatives d'assassinat ratées, une double explosion de bombe mettra fin à ses jours.
     
     
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    Le Tsarat des Romanov s'étendait depuis l'Europe centrale à l'Extrême-Orient, de l'Atlantique au Pacifique en passant par l'Arctique et du Caucase à la Mandchourie en passant par l'Asie centrale.
      
     
    La fortune de la dynastie était de 1 milliard d'Euros en 1914, soit plus de 450 milliards aujourd'hui avec les intérêts.
      
    De plus il est à noter leur goût cultivé pour l'art qui permet aujourd'hui à la Russie de posséder le plus grand musée du monde.
     
      
     
    NICOLAS II
      

    Nicolas II Alexandrovitch Romanov (en russe Николай Александрович Романов), de la dynastie des Romanov, né le 6 mai 1868 à Tsarskoïe Selo, assassiné le 17 juillet 1918 à Iekaterinbourg, fut le dernier tsar couronné en Russie de 1895 à 1917. Son titre complet était « Nicolas II, empereur et autocrate de toutes les Russies » (Божию Милостию, Император и Самодержец Всероссийский en russe).

    Sur le plan intérieur, Nicolas II ne s'écarta pas de la politique conservatrice de son père, Alexandre III : sa première déclaration publique, lors de son avènement, condamna les zemstvo tolérés par Alexandre III.

    En 1897, il envoya le général Golitsyne russifier les provinces du Caucase ; puis, en 1898, il nomma Nikolaï Bobrikov, gouverneur général de Finlande, qui entreprend alors de russifier la population.

    ASSASSINE avec sa FAMILLE, ses fidèles serviteurs.

    par les rouges en 1918

    --------------------------------------------------------------------------

     

     
    Cependant, malgré cette immense fortune, cette gloire, le dernier Tsar, Nicolas et sa famille vivaient simplement et dans un relatif isolement.
      
    Cette brillante famille au passé si impressionnant connaîtra un sort terrible, la plupart des siens disparaîtront entre 1917 et 1918, assassinés par les bolcheviques et symbole d'une Russie tombant aux mains d'un mal qui la rongera pour la plus grande partie du reste du XXe siècle et qui la rendra moribonde, réduisant à néant ses multiples trésors culturels, religieux, architecturaux, ethniques et même ses ressources naturelles !
      
     
     
    Ce malheur fut le communisme qui y connut différentes variantes telles que le bolchevisme, le marxisme-léninisme et le stalinisme, responsable de la mort de pas moins de 100 millions de personnes.

     

     DYNASTIE ROMANOV

     


    1. Historique.

     

    Les Romanov (Рома́нов en russe) sont une famille issue de la noblesse des boyards originaire de la ville de Novgorod qui a dans un premier temps obtenu sa renommée par l'union entre Anastasia Romanovna Zakharine – fille de Roman Zakharine qui donnera son nom à la Dynastie Romanov – et d'Ivan IV Vassiliévitch dit Le Terrible, avant-dernier souverain issu des Rurikides.
      
    Ce n'est pourtant qu'en 1613 que la dynastie prends forme avec l'élection de Mikhaïl Romanov – Fils de Fedor Romanov (patriarche Philarète de Moscou) et de Maria Ivanovna Saltykov ainsi que petit-neveu d'Anastasia Romanovna Zakharine (première femme de Ivan IV le Terrible). - par le zemski sobor ( assemblée représentative) ce qui a pour conséquence la fin des
      
     
     
     
    Temps de Troubles, une série d'événements ayant depuis le mort du dernier souverain, plongé le pays dans le chaos et l'incertitude générale avec l'arrivée d'une foule de faux Tsars sans légitimité ayant fait éclater la guerre civile.
     
     
    DYNASTIE ROMANOV

     

     
    De cette heureuse année à l'année 1917, ce sont quelques quinze souverains dont quatre femmes qui se succèdent à la tête de la Russie. Russie qu'ils agrandissent considérablement, repoussant toujours plus les frontières vers le nord, le sud, l'est mais aussi vers l'ouest.
      
    C'est ainsi qu'en l'aube de la Grande Guerre, l'Empire russe est un territoire absolument gigantesque occupant 1/6 des terres émergées du globe et plus de 180 millions d'habitants pour environ 200 ethnies différentes.
      
    Suivez ce lien pour voir une carte de l'Empire sous Nicolas II :
      
     
     
     
      
    Ce pays aux dimensions énormes comprends alors des modes de vie différents: des nomades, des sédentaires, des semi-sédentaires, des semi-nomades.
      
     
    Des religions différentes:
    Christianisme, Islam, Judaïsme, Chamanisme, Bouddhisme, Paganismes, Animisme et Tengrisme.
      
    Et de multiples familles ethniques, des slaves (Russes, Biélorusses, Ukrainiens, Rusyns, Polonais), des fenniques (Finnois, Caréliens, Ludiens, Izhoriens, Vepses, Estoniens, Mordves, Komis, Maris, Oudmourtes, Samis, Votes), des ougriens (Khantys, Mansis), des turciques (Tatars, Tatars de Crimée, Krymchaks, Caraïtes, Kazakhs, Ouzbeks, Karakalpaks, Azéris, ...), des mongols (Oïrats, Bouriates, ...), des iraniens (Ossètes, Tadjiks, Pamiris, Yaghnobs, ...), des Arméniens, des caucasiens (Circassiens, Tchétchènes, Lesguins, Tsakhurs, Abkhazes, Géorgiens, ...).
     
    C'est pourtant cette peut-être trop grande complexité à tout point de vue qui compliqua sérieusement toute réforme envisagée. Ainsi Alexandre Ier, le vainqueur de Napoléon, tenta d'apporter des réformes mais se découragea devant le monstre de la bureaucratie impériale russe.
      
    Alexandre II réussira presque à apporter la démocratie mais fut victime d'un attentat qui lui coûta la vie par les révolutionnaires, en conséquence, son fils, Alexandre III durcira la répression, supprimera toute réforme apportée et renforcera l'autocratie.
     
     
      
     
    1914
      
    Politique poursuivie par Nicolas
      
    II avant de tenter lui aussi d'apporter d'importantes réformes mais il finira par y échouer. C'est donc l'absence de réformes et la complexité du pays qui feront le nid des révolutionnaires ainsi que le conservatisme tsariste de Nicolas II.
     
    On retiendra que c'est une famille qui a passé trois siècles à construire une Russie plus puissante que jamais, en ont fait une puissance européenne et une grande puissance mondiale. Ils ont parfois étaient contradictoires entre eux, un souverain légiférant une loi que son successeur abolissait.
      
    Certains comme Pierre Le Grand s'émerveillaient à européaniser cette Russie pendant que d'autres à l'inverse, ramenaient toutes les coutumes et traditions. Pour simplifier, leur politique globale, sur le plan culturel, oscillait entre l'européanisation et la russification de la société.
     
     
    DYNASTIE ROMANOV
     
      
    La dernière famille impériale n'a pas vu la fin inévitable (du moins de la forme absolue de la monarchie) arriver tandis que ses proches la voyaient.
      
    En effet, cette famille était tiraillée entre un retour à l'autocratie traditionnelle – pure et dure, dirons-nous – et une série de réformes apportant la démocratie.

     


    Alexandra poussait Nicolas dans la monarchie absolue qui lui, était sans véritable avis sur la forme politique à adopter mais sentait, ressentait qu'il fallait faire quelque chose. Les quelques réformes constitutionnelles apportées par Nicolas II ont été maigrement appliquées pour deux raisons principales:

     


    1. Certains hauts gradés de l'armée et certains politiciens faisaient blocage contre toute réforme réduisant l'autocratie.

    2. Le Tsar Nicolas II revenait sur ses paroles, poussait en ce sens par son épouse et par ses conseillers.
     
    Nicolas II aurait été adoré dans une forme de monarchie constitutionnelle/parlementaire mais le système était verrouillé, il était pris au piège avec un pouvoir bien trop grand pour ses épaules, lui qui n'était en rien ferme ou autoritaire, il était très sensible, doux et aimant.
      
    C'est la Première Guerre Mondiale qui portera un coup final au régime tsariste et ce sont les même politiciens, conseillers et militaires qui le maintenaient sur une politique conservatrice qui vont le convaincre d'abdiquer.
      
    Il le fit d'abord en la faveur de son fils, Alexeï Nikolaïevitch Romanov alors âgé de 12 ans mais se rétracta quelques heures plus tard, sous l'influence d'une série de médecins qui l'avertirent que le jeune héritier n'avait qu'une chance sur deux d'atteindre ses 16 ans compte tenu de la maladie dont il souffrait, l'Hémophilie.
      
    Il demanda alors un nouvel acte d'abdication qu'il signa, sans trembler et transmis le pouvoir à son jeune frère, le Grand-Duc Mikhaïl Romanov.
      

     Mikhail Alexandrovich


    Mais c'est là que les problèmes empirèrent, les responsables de l'église orthodoxe réfutèrent l'abdication et ne reconnurent aucune légitimité en le gouvernement provisoire.
      
    Le Tsar en ayant pris cette décision se retrouvait dans l'illégalité car il était interdit de passer outre la ligne de succession dynastique.
     
      
    Son frère refusera le trône dès le lendemain matin, ne désirant l'accepter que si une assemblée populaire le souhaiterait au nom du peuple russe.

     


    Le gouvernement provisoire saisit alors l'occasion et abolit la monarchie qui laisse alors place à une forme de république.
      
    Ce grand bouleversement est suivit rapidement d'un chaos général, des dizaines de mouvements indépendantistes et contre-révolutionnaires éclatent partout dans l'empire mis à bous de souffle par la guerre et ses nombreuses pertes.
      
      
    En Octobre 1917, c'est la guerre civile
      
    – Que Nicolas croyait éviter en abdiquant –
    qui commence principalement entre les forces rouges composées des bolcheviques contre les blancs composés d'éléments aussi divers que variés (républicains, tsaristes autocratiques, tsaristes parlementaristes, cosaques, ...).
      
      
    Lénine avec le soutien des rouges organise un coup d'état et prends le pouvoir, créant la République fédérative socialiste et soviétique de Russie (R.F.S.S.R) qui sera remplacée par l'U.R.S.S (Union des Républiques Socialistes Soviétiques) lorsque la guerre civile prendra fin avec comme camp vainqueur celui des rouges.
     
     
     
     
    SOURCES
     
    http://fictions-chao-druty.skyrock.com/tags/iArPu83BrRV-Tatiana.html
     
     
     
     
     
     
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     gdanastasie:

Empress Alexandra


    Relations familiales.

      
    C'était une famille des plus unies, Nicolas II, son épouse, son fils et ses quatre filles formaient un ensemble fort qui résista tant bien que mal aux bolcheviques jusqu'à ce qu'ils soient massacrés.
      
    Alexandra originellement appelée Alix a épousé Nicolas par amour, le même Nicolas qui a passé des années à bataillé avec ses parents pour pouvoir l'épouser.
      
    Ce si fort sentiment perdurera tout au long de leur vie et ne s'éteindra qu'avec leur disparition. Les deux jeunes mariés n'ont alors que 26 ans pour l'homme et 23 ans pour la femme. Ils sont jeunes et inexpérimentés.
      
    Le Tsar Alexandra III avait toujours refusé de donner la moindre leçon de gouvernance à son fils qu'il jugeait trop faible et enfantin.
      
    Les années passant, la forte personnalité de la femme prends le pas sur celle de l'homme et le côté dominateur de la Tsarine est de plus en plus visible, ce qui n'est guère au goût d'une partie de l'aristocratie.
      
    Le caractère de Nicolas II est tout à l'inverse de celui de son défunt père, il est réservé et timide ainsi que respectueux mais fort intéressé par la gymnastique, l'économie, l'administration, la chasse et les jeux familiaux dont les baignades.
      
      
    Quand à sa femme, elle est souvent prise pour une femme trop timide voire froide qui n'ose être elle-même qu'en présence de sa famille proche.
      
      
    Elle est extrêmement bien éduquée et cultivée. Selon sa conception, la religion est quelque chose de très important de la vie quotidienne et elle s'en servira pour justifier toutes ses décisions, elle incarne une image absolument forte et dure de l'orthodoxe russe.
      
      
    Par exemple, la chambre de Nicolas et Alexandre, au-dessus de leur lit, un immense portrait d'eux et de leur fils et tout le reste des murs occupés par des centaines d'icônes religieuses.
      
    Elle avait adopté la religion et le conservatisme russe, devenant plus autocrate et royaliste que son propre époux.
     
     
     
      
      
    Olga Nikolaïevna née le 15 novembre 1895 à Tsarskoïe Selo.
      
    Elle incarnait l'image intellectuelle de la famille. Elle idolâtrait son père et avait souvent une relation tendue avec sa mère.
      
      
    Longtemps plus proche de sa sœur Tatiana que du reste des enfants impériaux, au cours des années 1917 et 1918, elle va renforcer ses liens avec son frère, Alexeï, et devenir sa principale confidente.
      
     
      
      
    Tatiana Nikolaïevna née le 10 juin 1897 à Peterhof. Elle incarnait l'image élégante de la famille. Généralement plus proche de sa sœur avec qui elle formait "La Grande Pair", elle finira cependant par se considérer comme la seconde mère de son frère.
      
      
      
    Elle était également très proche de sa mère, au contraire de sa sœur aînée.
      
      
      
    Maria Nikolaïevna née le 26 juin 1899 à Peterhof. Proche de ses parents sans rapprochement plus vers l'un que vers l'autre, elle était sans nul doute l'enfant le plus sage et calme de la famille, surnommée l'"Ange" par ses proches.
      
    Anastasia Nikolaïevna née le 18 juin 1901 à Peterhof.
      
    Elle était le bout-en-train de la famille, toujours à faire des farces aux autres et ce dans de nombreuses occasions dont certains qui ne s'y prêtaient pas.
      
    Elle se démarquait de ses sœurs aînées par un caractère beaucoup plus ouvert aux autres et extraverti. Elle ne reconnaissait que l'autorité paternelle et refusait d'écouter sa mère.
      
    Malgré ces caractères franchement différents, les jeunes filles adoraient leur père et leur mère, lorsque cette dernière était alitée parce que cardiaque, elles se relaient afin qu'elle ne soit jamais seule.
      
      
      
    Alexeï Nikolaïevitch naît le 12 août 1904 à Peterhof.
      
    Rien que par le fait qu'il est le fils unique de la famille, il aura une attention toute particulière mais la maladie doublera voire triplera cette attention.
      
    L'hémophilie dont il souffrait le condamnait à moyen terme, à la naissance son espérance de vie n'était que de vingt ans et sa vie était constamment en danger, un moindre choc trop brutal pouvait provoquer des hémorragies internes, un simple bleu pouvait lui causer des difficultés à marcher et le fait d'une simple écorchure pouvait le tuer.
      
    Il est ainsi au centre d'un cocon familial ultra-protecteur, dans un environnement isolé et protégé.
      
    Culpabilisée, la Tsarine est ainsi attentive au moindre caprice de son fils et n'avait absolument aucune autorité sur l'enfant ce qui n'empêcha pas qu'elle en fut très proche. Quand au Tsar, il évitait de devoir se montrer ferme.
     
    Olga et Tatiana se faisaient surnommer la "Grande Paire" du fait qu'elles passaient le plus clair de leur temps ensemble, l'âge y aidant.
      
    Elles passaient le temps à jouer de divers instruments de musiques, notamment du piano, à chanter et danser pour distraire leur frère. Maria et Anastasia étaient surnommées la "Petite Paire" pour les mêmes raisons que l'on surnommait inversement leurs sœurs.
      
    Cependant, contrairement à Olga et Tatiana qui partageaient un caractère plus ou moins proche, Maria et sa sœur cadette étaient très différentes sur ce point. Là où Maria était calme, charmeuse, romantique, sa sœur Anastasia était un véritable garçon manqué, farceuse, extravertie.
      
    Alexeï partageait un lien très fort avec toutes ses sœurs, on peut dire qu'il représentait leur lien d'unité et leur centre d'attention.
      
    Il aimait à les "régenter".
      
    D'un point de vue général, c'est pourtant avec Anastasia qu'il partageait la plus grande complicité puisqu'ils faisaient parfois leurs blagues ensemble dont la principale cible était Maria.
      
      
    Cependant de 1917 à 1918, c'est bien d'Olga et de Tatiana qu'il va se rapprocher considérablement.
      
      
    Tatiana jura à sa mère de prendre soin d'Alexeï si jamais quelque chose de fâcheux devait arriver aux deux souverains.
      
      
    Quand à Olga, Alexeï et elle s'apportèrent mutuellement un soutient moral inébranlable, s'aidant à supporter les changements brutaux qu'ils subissaient.
      
    De leur relation officielle, on sait de source sûre que les Grande-Duchesses se prosternaient souvent devant leur frère afin de monter leur respect.
     
    Nicolas apprendra à ses enfants les joies de longues promenades, des baignades, du tennis, des croisières et la détente que procurait la cigarette.
      
      
    Ainsi, toute la famille fumait, même Anastasia et Alexeï.
      
      
    Mais Nicolas était constamment une cigarette à la main et aux lèvres, Olga et Anastasia le prenaient en exemple mais Alexandra, Tatiana, Maria et Alexeï ne fumaient que rarement, lors de quelques fêtes.
      
      
      
    Quand à Alexandra, elle apprendra à ses filles à être de "véritables dames " selon sa conception, c'est-à-dire dépenser peu, bien s'habiller, ne jamais montrer ses jambes en public, ainsi que la politesse et la patience.
     
     
      
    Vers son fils, c'est l'autoritarisme que Alexandra tenta de lui inculquer
    plus que toute autre chose.
     
    historybyerin:

Alexandra
     
     

     

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  • Les Faux Alexeï :

    La théorie de la survie
    Vassili Filatov en 1939 (gauche) et Alexeï Romanov en 1914 (droite).

      

      

     Les usurpateurs d'identité, les faux Romanov.

     


    L'affaire des Romanov ayant été l'un des plus grand mystères du XXe siècle, il est normal que des centaines de personnes se soient faits passées pour eux, attirées par l'appât du gain pour la plupart.

      

    Plus de 400 femmes se sont déclarées être Anastasia, 100 hommes se sont déclarés être Alexeï et environ 80 et 30 se sont respectivement déclarés être Tatiana et Maria.
     
    Parmi les imposteurs, les plus célèbres sont Anna Anderson et Eugenia Smith pour Anastasia & Vassili Filatov et Alexei Tammet-Romanov

    – Le nom “Romanov” est autoproclamé – pour Alexeï.


    En tout et pour tout, près d'une centaine de personne se sont faîtes passées pour Alexeï Nikolaïevitch Romanov, dont les plus connus sont :
     

    1. Alexeï Putsyato :
      
    Apparu quelques mois après la mort de la famille impériale à Kosh-Agach, dans l'Altaï russe. Il s'est présenté aux représentants blancs de Omsk où il a exprimé le souhait d'être présenté directement au général Koltchak.
      
    Les Blancs eurent recours à Pierre Gilliard pour identifier cette personne.
      
     
    L'ancien professeur des enfants Romanov démasqua Putsyato.
     
      
      
      
    2. Vassili Filatov :
      
    Il est presque l'équivalent masculin à Anna Anderson, voilà comment je le décris. Sauf que dans ce cas-ci on n'a pas de preuve génétique.
     
    Il a prétendu avoir survécu au massacre et être sauté de la camionnette en route.
      
    Il n'a jamais déclaré publiquement être Alexeï et cela resta vague jusqu'à sa mort dans la fin des années 1980.
      
    Ses enfants continuent aujourd'hui à défendre activement la cause de leur père, qui était selon eux Alexeï Nikolaïevitch Romanov.
    Ils se basent sur des éléments non négligeables.
     
      
      

    3. Heino Tammet :
      
    Homme d'origine estonienne, il a prétendu s'être échappé de la camionnette et n'avoir été atteint uniquement que par des balles à blanc.
    Il eut quelques courtisans qui l'aidèrent à s'établir au Canada pour sa sécurité.
      
    Il envoya des lettres à la royauté britannique, prétendit avoir rencontré des membres de la noblesse scandinave et un incident amena la Gendarmerie royale du Canada à prendre son cas au sérieux. Il fut examiné par un médecin et il reçut l'avertissement de cesser d'agir comme il le faisait.
     

    4. Philip Semenov :
      
    Marié à quatre reprises, il a travaillé comme comptable à Samarcande (Ouzbékistan), avant d'être reconnu coupable de vol et de purger une peine dans une colonie pénitentiaire à Medvezegorsk en Carélie.
      
    Il est ensuite interné à l'hôpital psychiatrique local, il aurait souffert
    de "psychose maniaco-dépressive".
     
    Bientôt, des rumeurs ont commencé à circuler selon lesquelles le patient serait de "sang tsariste" et des mouvements monarchistes secrets lui rendaient souvent visites avant qu'il ne soit placé sous la surveillance spéciale du KGB.
      
      
     
    5. Georgi Zhudin :
      
    Est mort dans un village bulgare.
      
      
      
     
    6. Michal Goleniewski :
      
    Polonais ayant travaillé pour la CIA, il développa une obsession pour le Tsarévitch et commença à prétendre être lui, alors que pas moins de 18 ans les séparés.
      
      
      
      
    Mythomane
     
    7. L'auteur Michael Gray (pseudonyme adopté par le nord-irlandais)
    déclare dans l'un de ses livres que le Tsarévitch s'est échappé en compagnie de la Tsarine douairière (Maria Feodorovna, mère de Nicolas II)
      
    à bord du navire de guerre HMS Marlborough en 1919 et a plus tard prit le nom de Nikolaï Aleksandrovitch Cheboratev.
      
      
      
    Dans son livre, Gray prétend qu'il est le fils illégitime du Tsarévitch
    et de la Princesse Marina, Duchesse de Kent.
     
     
     
     
     
     
     

     

     

    8. Enfin il faut parler du ce que j'appelle le "Tsarévitch tchétchène".
      
      
      
    Plus récemment, un homme de Tchétchénie s'est déclaré être le fils du Tsarévitch Alexeï Nikolaïevitch qui aurait été sauvé par des Cosaques de la région du Terek.
      
      
    Ils espéraient le mettre sur le trône une fois la guerre civile terminée mais la victoire des rouges changèrent leurs plans.
      
      
    Ils se mirent donc à le protéger en secret.
      
    A 16 ans il a épousé une jeune fille cosaque et ils eurent 4 fils :
      
    Boris, Alexeï, Louka et Nicolas.
      
    Il est mort en 1986.
      
    Aujourd'hui il reste 2 fils devenus très âgés et un petit-fils. Ils prétendent détenir des "preuves" :
      
    ceux qui ont connus "Alexeï" ont dis qu'il avait un maintient "aristocrate" qui inspirait le respect ;
      
    il savait manier assidument la langue russe ; il était hémophile ;
      
    il aurait su parler plusieurs langues, chanter et danser ;
      
    le "petit-fils" ressemble beaucoup au "grand-père" et est aussi hémophile.
      
    Le moins qu'on puisse dire c'est que les monarchistes et les nationalistes russes n'ont pas aimé l'idée d'un "Tsarévitch tchétchène"...
      
    Et quand aux autorités, sauf erreur, elles n'ont pas réagi de manière officielle.
     
    Et plus étonnant encore, il y eut même un cas où une femme, une néerlandaise du nom de Suzanna Catharina de Graaf prétendit être la cinquième fille
     
    (sortie de nulle part...) de Nicolas et Alexandra, née en 1903, lorsque des médecins signalèrent qu'Alexandra eut une "grossesse nerveuse".
     
    Et vous que pensez-vous de la théorie de la survie
    de plusieurs membres de la famille Romanov
    au massacre du 17 juillet 1918 ?
     
    NON
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
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  •  

    Les Fausses Tatiana :

    La théorie de la survie
      
      
    Les usurpateurs d'identité, les faux Romanov.

    L'affaire des Romanov ayant été l'un des plus grand mystères du XXe siècle, il est normal que des centaines de personnes se soient faits passées pour eux, attirées par l'appât du gain pour la plupart.
      
    Plus de 400 femmes se sont déclarées être Anastasia,
    100 hommes se sont déclarés être Alexeï et
    environ 80 et 30 se sont respectivement déclarés être Tatiana et Maria.
     
     
    Parmi les imposteurs, les plus célèbres sont Anna Anderson et Eugenia Smith pour Anastasia & Vassili Filatov et Alexei Tammet-Romanov – Le nom “Romanov” est autoproclamé – pour Alexeï.
      
      
    Pus de trente personnes se sont autoproclamées être Tatiana Nikolaïevna Romanova dont les plus connues sont :

     
     
    1. Marguerite Lindsay :
      
    Apparue à Londres juste après la guerre civile russe. Elle était à l'origine une danseuse à Istanbul. Elle a épousé un caporal nommé Lindsay et lui-même ne l'a jamais déclaré être la Grande-Duchesse disparue. Mais sa fortune a fait naître nombre de rumeurs.
      
     
     

    2. Michelle Anches :
      
    Apparue en France au début des années 1920, elle se disait venue de Sibérie.
    Elle avait en effet une ressemblance avec la Grande-Duchesse Tatiana.
      
    Elle demanda à voir la Tsarine douairière Maria Feodorovna alors réfugiée au Danemark. Mais celle-ci refusa de la voir. L'usurpatrice est morte dans des circonstances mystérieuses dans sa maison de la banlieue parisienne. Certaines rumeurs suggèrent un assassinat de la part d'un réseau organisé de bolcheviques.
     
      
     
    3. Larissa Tudor :
      
    Épouse de Frederick Morton Owen Tudor, elle est morte le 18 juillet 1926. Certains ont prétendu après sa mort qu'elle était en vérité la Grande-Duchesse Tatiana Nikolaïevna Romanova.

     


    4. Meddis Ayort :
      
    Apparue au Canada en 1937. Elle s'est identifiée comme la Grande-Duchesse Tatiana Nikolaïevna Romanova mais il a été prouvé qu'elle était une usurpatrice et s'est faîte ridiculisée avant d'être finalement contrainte à quitter le pays.
      
    Elle est décédée en Espagne des suites d'une maladie en 1982.
     
     
     
     
     

     
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    Alexandra Feodorovna, Empress consort of Russia

    (July 13, 1798 - November 1, 1860)

     

    Frédérique-Louise-Charlotte-Wilhelmine de Hohenzollern (Frederica Louise Charlotte Wilhelmina von Hohenzollern ), en allemand : Friederike Luise Charlotte Wilhelmine von Preußen, née le 13 juillet 1798 au Château de Charlottenburg et décédée le 1er novembre 1860 à Pouchkine) était un membre de la Maison royale de Prusse (Charlotte de Prusse), devenue impératrice de Russie sous le nom orthodoxe d'Alexandra Féodorovna (ou Fiodorovna, en russe Александра Фёдоровна).

     

    Fille aînée et quatrième enfant du roi Frédéric-Guillaume III de Prusse et de l'héroïque et populaire reine Louise, née princesse Louise de Mecklembourg-Strelitz, elle est notamment la soeur

    du roi Frédéric-Guillaume IV de Prusse et de Guillaume Ier, empereur allemand

    dont elle fut la confidente.

    Mariage et descendance[modifier | modifier le code]

    L'impératrice Alexandra Fiodorovna avec ses enfants 1820

    Le 13 juillet 1817, au Palais d'Hiver à Saint-Pétersbourg, Charlotte de Prusse épouse le grand-duc Nicolas Pavlovitch, futur Nicolas Ier.

    Charlotte et Nicolas eurent dix enfants :

    Biographie

    Orpheline de mère à l'âge de 12 ans, l'enfance de Charlotte de Prusse fut marquée par les Guerres napoléoniennes. Après la défaite des armées prussiennes, placée sous la protection d'Alexandre Ier de Russie, la famille de Charlotte de Prusse s'installa en Prusse orientale.

    À l'automne 1814, la princesse Charlotte rencontra les grand-ducs Nicolas Pavlovitch et Michel Pavlovitch de Russie, fils cadets du feu tsar Paul Ier. Dans le cadre de la Sainte Alliance voulue par le tsar Alexandre, frère aîné des deux grand-ducs, une union fut arrangée entre les deux familles et heureusement ce choix des familles correspond aux vœux des jeunes gens[1]. Les fiançailles doivent durer deux ans.

    En juin 1817, accompagnée de son frère Guillaume de Prusse, la princesse Charlotte se rendit en Russie. Elle se convertit à l'orthodoxie et prit le nom de Alexandra Fiodorovna à la chapelle du palais d'Hiver. Le 13 juillet 1817, jour de son anniversaire, elle épousa le grand-duc Nicolas Pavlovitch, frère cadet du tsar. À cette époque, le tsar n'ayant pas d'enfant, c'est son frère, le grand-duc Constantin qui était l'héritier du trône. mais le tsar et son frère avaient vingt ans de plus que leur cadet et n'avaient pas d'enfants. Si Nicolas, qui arrivait au second rang de la succession, avait des chances de monter sur le trône dans un avenir assez lointain, Charlotte pouvait néanmoins espérer être à terme la mère d'un futur tsar.

    Grande-duchesse de Russie

    Après sa conversion, la jeune grande-duchesse connut des problèmes d'adaptation à la Cour impériale. Elle se lia d'amitié avec sa belle-mère Marie Fiodorovna, mais n'avait pas de bons rapports avec sa belle-sœur, l'impératrice Elisabeth, épouse du tsar Alexandre.

    Après une grossesse difficile une dépression s'ensuivit. En 1820, Alexandra et son époux se rendirent à Berlin où ils firent de fréquents séjours par la suite. En 1825, Alexandre Ier exigea leur présence, mettant fin ainsi aux voyages en Allemagne.

    Alexandra passa ses premières années en Russie à apprendre la langue et les coutumes russes sous l'œil vigilant du poète et écrivain russe Vassili Andreïevitch Joukovski. La princesse ne maîtrisa jamais complètement le russe. La famille impériale parlait allemand et français, et lui écrivait des lettres en français. La princesse et son époux vécurent huit années de grande tranquillité et dans l'isolement. En 1825, le tsar offrit Peterhof au grand-duc Nicolas.

    En 1825 l'empereur mourut. Aucun des enfants qu'il avait eus de son épouse Elisabeth n'ayant survécu, tous - y compris l'intéressé - s'attendaient à ce que le frère cadet du tsar, premier dans l'ordre de succession, le grand duc Constantin, montât sur le trône sous le nom de Constantin Ier.

    En fait, et avec l'accord du tsar défunt, celui-ci avait secrètement renoncé à ses droits pour pouvoir divorcer et épouser la femme de son choix. Second dans l'ordre de succession, l'époux de Charlotte - non sans scrupules - devint le tsar Nicolas Ier de Russie et Charlotte, la tsarine Alexandra Feodorovna.

    Impératrice de Russie

    La tsarine Alexandra Fiodorovna (1836)

    Charlotte de Prusse devint impératrice en 1825. Le couronnement de l'empereur eut lieu au Kremlin de Moscou, le 22 août 1826. Les années passant, Nicolas Ier ne cessa d'aimer son épouse. Au cours de l'incendie du Palais d'Hiver en 1837, le tsar aurait déclaré à un aide de camp : « Tout le reste est brûlé, ne reste uniquement que les lettres de ma femme qui m'écrivait pendant nos fiançailles »[2]. Elle est grande, majestueuse[3], mais un tic nerveux, contracté après les terribles événements du 14 décembre 1825[4] provoque un tremblement de la tête[5]. Après plusieurs alertes cardiaques, les médecins conseillèrent à Alexandra d'éviter le surmenage et les relations sexuelles avec son époux. Après vingt-cinq de mariage, Nicolas prit une maîtresse, dame de compagnie de l'impératrice, Varvara Nelidova. Tracassé par les soucis d'État, le tsar trouvait tout de même refuge auprès de son épouse : « Le bonheur la joie et le repos - c'est que je cherche et que je trouve auprès de ma vieille Muffy » écrivit-il un jour[6] En 1845, lorsque les médecins conseillèrent à l'impératrice de séjourner à Palerme pour sa santé, Nicolas pleura. S'adressant aux médecins, il leur dit : « Laissez-moi ma femme »[6] Ce séjour étant impératif pour la santé de l'impératrice, le tsar commença à échafauder des plans pour la rejoindre, même pour un bref séjour. Varvara Nelidova accompagnant le tsar, la tsarine éprouva quelque sentiment de jalousie au début, mais elle ne tarda pas à accepter la relation extra-conjugale de son époux. Après le décès du tsar, elle resta d'ailleurs en bons termes avec sa maîtresse.

    Palais Alexandre à Tsarskoïe Selo

    Alexandra Féodorovna fut toujours fragile et en mauvaise santé. À quarante ans, elle paraissait beaucoup plus vieille que son âge, maigrissant de plus en plus.

    En 1837, elle choisit la Crimée comme nouvelle résidence, où Nicolas Ier lui fit construire le palais Oreanda. L'impératrice ne visita ce palais qu'une seule fois, car la Guerre de Crimée débuta en 1852. Vers la fin de l'année 1854, la tsarine tomba gravement malade et fut même proche de la mort[7], mais réussit à guérir. En 1855, Nicolas Ier contracta une grippe et décéda le 18 février 1855.

    Veuve, elle se retira dans le Palais Alexandre à Tsarskoïe Selo. Elle resta en bon termes avec la maîtresse de son époux, Varvara Nelidova, cette dernière devenant sa lectrice[8].

    Alexandra Feodorovna impératrice de Russie par Franz Winterhalter, 1856, Saint-Pétersbourg, Musée de l'Ermitage.

    Avec les années, la santé d'Alexandra Féodorovna se détériora. Elle fut dans l'impossibilité de supporter les durs hivers russes et fut contrainte de séjourner longtemps à l'étranger, en particulier sur la côte d'Azur. En 1860, les médecins lui conseillèrent de séjourner dans le midi sinon elle ne passerait pas l'hiver, mais elle préféra malgré tout rester à Saint-Pétersbourg: « Si la mort devait venir, que cela arrive sur le sol russe ». La nuit précédant sa mort, on l'entendit murmurer : « Niki, je viens à vous »[9]

    L'impératrice Alexandra Feodorovna fut l'une des nombreuses têtes couronnées qui séjournèrent à Nice. Veuve, elle ne craignait pas d'y rendre visite à Joséphine Koberwein, fille naturelle de son défunt mari. Elle se lia avec Alexandre Pouchkine qui parla avec chaleur de l'impératrice dans son journal.

    Vie quotidienne

    L'impératrice reste tout au long de sa vie une princesse prussienne, préférant s'exprimer en allemand, plutôt qu'en français ou en russe à la cour, ayant eu un mauvais souvenir des guerres napoléoniennes.

     

    Elle lit rarement des auteurs français et souvent une lectrice lit à haute voix à la famille impériale une tragédie de Schiller ou de Goethe.

     

    Les repas intimes sont servis dans une salle à manger aux fresques pompéiennes, où ne sont invités que de rares intimes, le plus souvent Benckendorf, le prince Orlov, le général-prince Volkonski, ministre de la cour, ou le baron von Meyendorff. Personne ne fume après le dîner, l'empereur détestant l'odeur du tabac. Pendant le grand carême, les repas sont frugaux et l'on ne sert que du poisson et des légumes.

    Pendant la Saison qui a lieu en hiver, l'empereur et sa femme se rendent parfois à des bals de l'aristocratie pétersbourgoise, ou à des réceptions d'ambassades. Ils vont aussi à l'opéra italien ou au théâtre français. La Saison du printemps est réservée à des bals, et la cour reçoit tous les lundis au palais Anitchkov dans le salon blanc[11]. Plus tard, l'impératrice se rend de plus en plus en voyage pour soigner sa santé.

      

      

    Décès et inhumation

    Au premier plan, à gauche se trouve le tombeau de Nicolas Ier de Russie et à droite le tombeau son épouse Charlotte de Prusse (Alexandra Fiodorovna) (le tombeau sur lequel fut déposée une couronne de fleurs blanches)

    Alexandra Féodorovna, maigre et tuberculeuse, décéda pendant son sommeil le 1er novembre 1860 au Palais Alexandre à Tsarskoïe Selo à l'âge de 62 ans. Elle fut inhumée près de son époux en la cathédrale Saints-Pierre-et-Paul de Saint-Pétersbourg.

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

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    naotmaa:

relishinrussia:

A letter addressed to Alexandra; written by a 20 year-old Nicholas. 2 April, 1889.

Let’s get a digital translation, yes? :)
Gatchina|Dearest Alix|185 (What?) April 2, 1889
Thank you so muchfor your dear little letter, which was such an agreeable surprise to me. I just returned from town yesterday in the night, when it came. We also saw “Liegfried” with Ella[.] I like it so awfully of the goat the whole time. Please tell Eriny[sic] I shot my first bear today! I am sure you have heard from ?? friend the old Count Cleyden(?) lately? With much love ever your loving Nicky.

I love reading Romanov letters…just letters in general really. I wish people still wrote them :/

      

    A letter addressed to Alexandra; written by a 20 year-old Nicholas.
    2 April, 1889.
    Let’s get a digital translation, yes? :)
     
    Gatchina|Dearest Alix|185 (What?) April 2, 1889
     
    Thank you so muchfor your dear little letter, which was such an agreeable surprise to me.
     
    I just returned from town yesterday in the night, when it came.
     
    We also saw “Liegfried” with Ella[.] I like it so awfully of the goat the whole time.
     
    Please tell Eriny[sic] I shot my first bear today! I am sure you have heard from ??
     
    friend the old Count Cleyden(?) lately?
     
    With much love ever your loving Nicky.
     
    I love reading Romanov letters…just letters in general really.
     
    I wish people still wrote them :/

     

     

     

     

     

     themauveroom:

This is a photo of Nicholas and Alix of Hesse upon their engagement in 1894. The couple originally met in 1884 for Alix’s sister Ella’s wedding to Nicholas’ Uncle Sergei. Nicholas was sixteen and Alix was twelve. 
They met again in 1889, when Nicholas was twenty-one and Alix was seventeen. At that time he decided that he wanted to marry her. He asked for her hand several times, only to be met with rejection because Alix felt that it was sinful to change her religion from Lutheranism to Russian Orthodoxy.
The day after the wedding of Alix’s brother Ernie to Victoria Melita (Ducky) of Coburg, she finally consented. 
Source: The Romanovs: Love, Power, and Tragedy

     

    This is a photo of Nicholas and Alix of Hesse upon their engagement in 1894.

    The couple originally met in 1884 for Alix’s sister Ella’s wedding to Nicholas’ Uncle Sergei. Nicholas was sixteen and Alix was twelve.

    They met again in 1889, when Nicholas was twenty-one and Alix was seventeen.

    At that time he decided that he wanted to marry her. He asked for her hand several times, only to be met with rejection because Alix felt that it was sinful to change her religion from Lutheranism to Russian Orthodoxy.

    The day after the wedding of Alix’s brother Ernie to Victoria Melita (Ducky) of Coburg, she finally consented.

    Source: The Romanovs: Love, Power, and Tragedy

     

     

     

     

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    Here is a copy of a letter written by Grand Duchess Anastasia to her cousin Lord Louis Mountbatten (Dicky), the son of her mother’s eldest sister Victoria. Dicky was only a year older than Anastasia and a year younger than her sister Maria. The cousins probably only met once, in 1909, when the Imperial Family visited their family in England.

    Source: The Life and Tragedy of Alexandra Feodorovna by Baroness Buxhoeveden

     

     

    Very cool, right?

    Here’s the virtual translit, for your records.

    17 May 1910

    My darling Dick,

    I wan to see you. What kind of weather are you having? Are you all alone in London? When shall you see your sisters? I wish you were here so that we could play to gether [sic]. Olga Tatiana and Marie send their love and many kisses to you and all.

    From your loving

    Anastasia

    So sweet!

    I can’t love this enough!

     

     

     

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    Noblesse russe en émigration, portraits et souvenirs

      

      

    Réputée comme l'une des plus raffinées de son temps, aucune société n'aura été aussi
    brutalement jetée hors de son pays natal que la noblesse russe.

      

    D'octobre 1917 à aujourd'hui,
    des années-lumière semblent nous séparer de la révolution bolchevique et du drame de l'émigration
    que les rares survivants d'aujourd'hui auront tragiquement traversés dans leur prime jeunesse.

    "Malgré le nivellement des temps modernes, l'aristocratie russe reste pour d'aucuns un domaine inaccessible que tout concourt à rendre fastueux et empreint de magnificence. Un raffinement, des usages compliqués, des noms et des lignées plongeant leurs racines dans l’Histoire, en ont fait un monde mythique dérivant entre l’histoire et le rêve. Garder le pouvoir dans le rêve est le privilège des grands dépossédés", souligne Jacques Ferrand dans son ouvrage abondamment illustré Noblesse russe : portraits d'exil.

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    "La veille de Pâques 1903 me fut envoyé le Chiffre, relate la princesse Varvara Dolgorouky parmi ses monogram Alexandra.jpgsouvenirs Au temps des troïkas. Je devenais ainsi demoiselle d’honneur.

    Le Chiffre [illustration] était formé des initiales de l'impératrice, surmontées d’une couronne de diamants et fixées à un ruban bleu ciel, couleur de l'Ordre de Saint-André. Nous le portions à l’épaule gauche pour nous rendre à la Cour ou à un mariage ainsi que dans toutes les occasions officielles.

    J’étais aussitôt appelée auprès de l’Impératrice pour la messe pascale au Palais. Quelle était belle la nuit sainte avec les hymnes chantées par les chœurs de la chapelle de la Cour, et toute cette joie de la Résurrection !"

    "Le lendemain avait lieu le bal traditionnel en costume de Cour, renchérit Véra Galitzine dans ses Réminiscences d'une princesse émigrée. La toilette de rigueur portée par les dames est le costumekokoshnik4.jpg national. Des kokochniks impériaux [illustration], étincelants comme des tiares, tombaient jusqu’aux traînes tramées d’or et d’argent des voiles de dentelles, que portaient les chambellans.

    Les dames d’honneur étaient en vert, les demoiselles d’honneur en rouge. Les autres pouvaient choisir les couleurs à leur gré, tout comme les grandes-duchesses et les princesses de sang, dont les traînes étaient portées par des gentilshommes et des pages.

    "Ces vêtements d’apparat se prêtaient mal aux danses modernes, aussi ne dansait-on que des polonaises. La salle donnait sur un balcon immense d’où l’on découvrait la magnifique illumination qui embrasait toute la ville.

    Le Kremlin ruisselait de milliers d'ampoules électriques, le célèbre clocher d'Yvan le Grand paraissait construit en diamants."

    Octobre 1917, la Révolution bolchevique éclate.

    zinaida.jpg"Les longs corridors de l’Institut Sainte-Catherine résonnent sous les pas des Pages de l’Empereur, dont un détachement vient d’arriver pour nous protéger d’un danger que nous ignorons," se souvient la princesse Zinaïda Schakovskoy, jeune pensionnaire à Saint-Pétersbourg et plus tard au Berlaymont à Bruxelles. "Je me faufile dans la grande salle où trônent les portraits des deux impératrices.

    J’entends ce bruit qui me sera bientôt familier, celui des mitrailleuses. Des soldats débraillés parcourent les artères. Quelques drapeaux rouges pendent à l’une ou l’autre maison. Je comprends subitement que quelque chose vient d’arriver à la Russie !"

    Les Schakovskoy se regroupent à la campagne. "Les gens ont envahi la propriété et malgré les protestations des domestiques, ils ont brisé les scellés apposés sur la distillerie d’alcool, fermée depuis la guerre. Ils plongèrent leurs cruches dans les cuves d’alcool ; deux ou trois y tombèrent et se noyèrent. Dans leur hâte à s’enivrer et sans même retirer les cadavres, les autres continuèrent à boire l’alcool pur ou à en rapporter chez eux ..."

    Lapotkhovo, domaine de la vieille princesse Ouroussoff, un château historique où l'impératrice Catherine a157327.jpgII séjourna en son temps. Bienfaitrice de la population des environs, la princesse a toute sa vie tenté d’améliorer la situation des paysans :

    hôpital modèle, écoles, bibliothèque populaire, crèche pour enfants, etc. Mais à la Révolution, pour s’être opposée aux maraudeurs pour qui liberté signifie pillage, elle est déclarée ennemie du peuple. Un beau soir, des soldats déserteurs arrivent au village et se mettent à prêcher la bonne parole bolchevique :

      

    le château, ses dépendances et les écuries, la chapelle, tout doit être détruit. "Partez vite, nous ne voulons plus de vous, allez mourir à l’étranger, nous avons assez souffert par vos aïeux ; maintenant, tout nous appartient !" Paralysée de frayeur, la vieille princesse se laisse traîner jusqu’aux marches de l’escalier où on doit l’asseoir.

      

    Et là, impuissante, elle assiste au saccage de sa maison. Ne se contentant pas uniquement de voler, les paysans détruisent de nombreuses œuvres d’art accumulées par la famille au cours de plusieurs générations. Tableaux et toiles de maîtres sont jetés par les fenêtres et vont s’empaler sur les branches des arbres.

    Dans la chapelle, les paysans crèvent les yeux du Christ : "Il ne faut pas qu’il nous voit, il nous empêche de faire ce que nous voulons, c’est un bourgeois, un ennemi de la liberté !" Le caveau familial contient la dépouille du petit-fils de la princesse Ouroussoff, récemment décédé de ses blessures de guerre.

      

    La rumeur court que les décorations du jeune prince sont en or et qu’elles ont été ensevelies avec lui. Ils brisent la dalle du caveau et ouvrent le cercueil. S’acharnant sur le corps, ils ne trouvent rien à partArmoiries des princes Ouroussov.jpg quelques petites médailles à l’effigie de saints. Furieux de leur déconvenue, ils s’en vont sans même refermer le tombeau.

    "Par cette belle journée ensoleillée, ce tombeau violé, ouvert à tous les vents, a quelque chose d’affreusement triste, témoigne un journaliste français en reportage dans la Russie révolutionnaire. Je pénètre dans la chapelle dont l’extérieur est ornementé d’un bas-relief aux armoiries des princes Ouroussoff [illustration] et Obolensky.

      

    Je descends dans la crypte, une odeur atroce me prend à la gorge. Depuis octobre dernier, personne n’a osé refermer le cercueil, le corps du vaillant officier se décompose lentement en plein air !"

    Tourmente des noires années de la Révolution bolchevique …

    Des milliers de réfugiés de la noblesse russe font souche un peu partout dans le monde. Pour survivre, grands-ducs, princes, anciens aides-de-camp du tsar, aristocrates de tous bords, se font chauffeurs de taxi, portiers de nuit, garçons de restaurants ou précepteurs.

      

    S'intégrant au fil des ans dans leurs nouvelles patries, les enfants de la deuxième génération - nous en sommes à la troisième aujourd'hui - sont Français, Belges, Italiens, Allemands, Britanniques ou Américains.


    nicolasObolensky1.jpg

    Prince Nicolas Alexandrovitch Obolensky (1900-1979). Plus connu après-guerre sous le nom de Père Nicolas.

    Sa marraine de baptême fut l'Impératrice Maria Feodorovna. Par sa mère, née princesse sérénissime Salomé Dadian Mingrelsky, il descendait des princes régnants de Mingrélie, petite principauté souveraine du Caucase annexée par la Russie. En 1918, il réussit à s'enfuir de Russie via la Finlande puis la Suisse pour s'installer finalement en France.

    Sous-lieutenant des Forces Françaises de l'Intérieur, agent de renseignement en territoire occupé, il est arrêté par la Gestapo en 1944, emprisonné et déporté à Büchenwald d'où il sera libéré par les troupes américaines.

    Décoré de la Médaille de la Résistance avec rosette, de la Croix de Guerre avec palme et citation à l'ordre de l'Armée et de la croix d'officier de la Légion d'Honneur.

      

    nicolasObolensky2.jpg

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    C'est à Büchenwald que sa foi profonde et ses sentiments chrétiens le poussèrent à se consacrer au service de l'Eglise Orthodoxe. Ordonné prêtre en mars 1963 dans la cathédrale Saint Alexandre Newsky à Paris, le père Nicolas Obolensky consacra toute son énergie à l'activité pastorale.

    Son action oecuménique, le prestige de son nom, ses relations avec le clergé catholique et les autres confessions religieuses lui permirent d'obtenir pour l'Eglise Orthodoxe une place d'honneur dans toutes les cérémonies officielles. Aîné du nom des Obolensky, il occupa une place hors pair au sein de toute sa famille.

     

    youssoupov.jpg

    Le prince et la princesse Félix Youssoupov. Epoux d'Irina de Russie, nièce du tsar Nicolas II, Félix Youssoupov est devenu une figure de légende par le rôle qu'il joua dans l'élimination de Raspoutine. Les premiers temps de l'émigration se passent dans une relative aisance grâce à la vente de bijoux et de deux toiles de Rembrandt que Félix avait réussi à emporter, enroulées autour de la taille.

    Créant tour à tour une organisation de secours aux réfugiés, participant à l'ouverture d'un restaurant et d'un cabaret russes, lançant une maison de couture et de parfum qui connût une certaine notoriété, à la prospérité du moment se succèdent des fins de mois difficiles.

    Adepte de l'adage propre à certains aristocrates ruinés par les circonstances de la vie - ne pas avoir d'argent est déjà fort désagréable, mais si en plus il faut se priver - pratiquant une vie mondaine très cosmopolite, tenant maison et table ouverte à la russe, jamais le prince Youssoupov ne refusera d'aider ceux qui venaient lui demander du secours.

     

    paris match.jpg

    En couverture d'un Paris-Match de décembre 1938, la princesse Guedianov,
    gagnante d'un concours de Miss Beauté russe.

    3am6m019u5upa365.jpg

    Lisa Soukhotine, épouse de l'acteur Mel Ferrer. Sa famille quitte la Russie via Belgrade où de nombreux réfugiés russes bénéficient de l'hospitalité du roi Alexandre Ier de Yougoslavie, pour s'installer ensuite à Bruxelles où elle voit le jour.

    Certains quartiers de son pedigree familial feraient pâlir les âmes prudes : Grigori Potemkine, prince, amant et grand favori de Catherine II de Russie ; le décembriste Vassily Davydoff, exilé en Sibérie après sa participation au complot avorté de décembre 1825 contre le nouveau tsar Nicolas Ier ;

    le capitaine Serge Soukhotine, coauteur dans l'assassinat de Raspoutine. Lisa Soukhotine aura été la dernière épouse de feu Mel Ferrer qui joua en son temps dans le film Guerre et Paix le rôle du prince Bolkonsky, alias Nicolas Volkonsky, grand-père de Léon Tolstoï.

      

    L'épilogue du film est connue : Bolkonsky-Ferrer tombe amoureux de l'héroïne du roman, la belle Natacha Rostov, à la ville Audrey Hepburn qui sera aussi son épouse.

    xenia.jpgS.A.I. et R. l'archiduchesse Rodolphe d'Autriche, née comtesse Xénia Tchernyschev-Bezobrasov.

    Comme bon nombre de descendants d'émigrés russes qui s'intégreront parfaitement au sein du cosmopolitisme sans frontière des grandes familles de la vieille Europe, Xénia Tchernyschev-Bezobrasov sera la première épouse de l'archiduc Rodolphe d'Autriche, qui la perdra malheureusement dans un accident de voiture en 1968.

    Sang russe oblige, leur fille Maria Anna épousera le prince Piotr Galitzine, né en Argentine de parents originaires de Moscou, mariés en émigration en Yougoslavie et décédés à New York.

    Le père de Xénia, après avoir servi dans le prestigieux régiment impérial des Chevaliers-Gardes à Saint-Pétersbourg, aura en émigration tâté de mille et un métiers : chauffeur de taxi, gérant d'un salon de thé puis d'un atelier d'arts décoratifs ; ensuite éleveur de poulets, professeur de tennis et de langue russe, pour finir comme restaurateur de tableaux aux Etats-Unis.

     

    laetitia.jpg


    Laetitia Spetschinsky. Elle illustre parfaitement le lien entre l'ancienne Russie et la Russie d'aujourd'hui. Des arrière-grands-parents au service du tsar : lui, officier au régiment des Gardes à Cheval à Saint-Pétersbourg ; elle, née princesse Galitzine, dame d'honneur à la Cour ; un grand-père, ancien président de l'Union de la Noblesse russe en Belgique.

    Professeure et chercheuse dans le secteur des relations Union Européenne-Russie à l'Université d'Ottignies LLN, encourageant l'étude des relations du pays de ses ancêtres avec l'Europe occidentale, Laetitia organisa il y a quelques années la venue de l'ex-président Gorbatchev qui fut, quant à lui, le tsar de la Perestroïka.

     

    alexandre pouchkine.jpgAlexandre Pouchkine, descendant à la 5e génération du poète. Parmi la descendance du célèbre poète, éparpillée tant en Russie qu'en Angleterre et en France, réside à Bruxelles l'unique représentant mâle porteur du nom.

    Raffinement suprême, ne s'est-il pas offert une épouse elle-même descendante du poète par suite du remariage d'un arrière-grand-père commun ? Une généalogie prenant sa source auprès du fameux Hanibal, négrillon de Pierre-le-Grand, pour se développer notamment au sein des Romanov et de quelques Mountbatten britanniques.

    Alexandre Pouchkine - président de l'Union de la Noblesse russe en Belgique - et son épouse consacrent leur énergie à leur propre œuvre, la Fondation Internationale Pouchkine dont le but est de soutenir les actions caritatives en faveur des enfants atteints du cancer en Russie.

     

    daria.jpgDaria Nabokov. Si le patronyme est célèbre depuis la parution de Lolita, sulfureux roman de son arrière-grand-oncle Vladimir Nabokov, Daria porte en elle les gênes des grands serviteurs de l'empire : un ministre de la Justice sous le tsar Alexandre II, dont le fils fut gouverneur de Courlande. Son grand-père, journaliste, historien et généalogiste, était l'âme et la mémoire de l'émigration russe.

    Il co-publia une biographie remarquée du maréchal prince Koutousov, son ancêtre maternel, brillant vainqueur de Napoléon lors de la campagne de Russie en 1812. Deux siècles plus tard, sur l'avenue Louise à Bruxelles où règne la haute couture pour altesses royales et dames du monde, l'on s'en va goûter aux délices du restaurant de son mari, le Rouge Tomate.

     

    education.jpg

    Solitude et abandon, tel est le lot de nombreux réfugiés russes de la première génération, coupés de leurs racines ancestrales : "Je suis dans la maison de retraite à Sainte-Geneviève-des-Bois près de Paris, raconte une princesse Mestchersky.

    L'un de nous dit que ce qui est ennuyeux, c'est que dans notre futur, il n'y a que la mort. Mais comme nous sommes tranquilles pour l'attendre ..."

    Nicolas van Outryve d'Ydewalle

     

     

    SOURCES

    http://meshistoiresdautrefois.hautetfort.com/archive/2012/02/10/

    noblesse-russe-en-emigration-portraits-et-souvenirs.html

     

     

     

     

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    Empress Alexandra, Nicholas II, and Grand Duchesses Anastasia, Olga, and Maria in the Crimea: 1914.

     

     

    Empress Alexandra, Nicholas II, and Grand Duchesses Anastasia, Olga,

    and Maria in the Crimea: 1914.

     

     

    Empress Alexandra, Nicholas II, and Grand Duchess Tatiana in the background: 1914.

     

    Empress Alexandra, Nicholas II, and Grand Duchess Tatiana

    in the background: 1914.

     

     

    The Grand Duchesses with their mother near Yalta, Crimea: 1914.

    The Grand Duchesses with their mother near Yalta, Crimea: 1914.

     

     

     

     

     

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    Nicholas II on a boat ride

    Nicholas II on a boat ride

     

     

     

     

     

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    Postcard of the Imperial family: 1901.

    Postcard of the Imperial family: 1901.

     

    Portraits of the Imperial family: 1908.

    Portraits of the Imperial family: 1908.  

     

     

     

     

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    Empress Alexandra, Grand Duchess Tatiana, and Tsarevich Alexei at the White Flower Festival in Yalta: 1914.

    Empress Alexandra, Grand Duchess Tatiana, and Tsarevich Alexei at the

    White Flower Festival in Yalta: 1914.

     

     

    
Imperial children at the occassion of White Flower Day, Livadia 1912

Beautiful as usual!
    Imperial children at the occassion of White Flower Day, Livadia 1912

    Beautiful as usual!

     

     

     

     

     

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    Toys of the Imperial children on display at the Alexander Palace.

     

     elderflowerchampagne:

love-romanov:

Grand Duchess Olga (1895 – 1918) holds a toy, 1901. Below is the same toy.

I’m so very skeptical of things like this - the chocolate stained gloves purported to have belonged to Anastasia, etc. For this one at least I say absolutely no way that is what she is holding in the picture. I’m pretty sure the top picture is a real cat, and the bottom picture shows a stuffed animal sitting up. In the top picture the cat is on its belly.

I’m pretty sure Olga is holding a real cat in the picture. It also has a little dark patch on it’s tail, so it can’t be the same as the toy below. The girls could have had a toy like that but I don’t think its in that picture.

    Grand Duchess Olga (1895 – 1918) holds a toy, 1901. Below is the same toy.

    I’m so very skeptical of things like this - the chocolate stained gloves purported to have belonged to Anastasia, etc.

    For this one at least I say absolutely no way that is what she is holding in the picture. I’m pretty sure the top picture is a real cat, and the bottom picture shows a stuffed animal sitting up. In the top picture the cat is on its belly.

    I’m pretty sure Olga is holding a real cat in the picture. It also has a little dark patch on it’s tail, so it can’t be the same as the toy below.

      

    The girls could have had a toy like that but I don’t think its in that picture.

     

     

    Photos © Tsarskoye Selo State Museum Preserve

     

     

     

    Tsarskoye Selo is another step closer to a revival of the Children’s Rooms' collections at the Alexander Palace, thanks to recent donations from the International Association of Doll Artists (IADA).

     

     

     

    Svetlana Pchelnikova, President of IADA and our Friends Society’s Art Patron, handed the donations over to the Museum at the 9th International Doll Salon in Moscow.

     

     

     

    The most valuable gifts are two antique dolls (see above). One of the 1900s by the Société Française de Fabrication de Bébés et Jouets (S.F.B.J.). The other is a German Kestner doll of the 1860s-90s in a long white dress with a black lace apron and a lush black wig. Dolls made by these firms were created for the daughters of Tsar Nicholas II, who played with them in the Children’s Rooms of the Alexander Palace.

     

     

     

     

    Photos © Tsarskoye Selo State Museum Preserve

     

     

     

    The other gifts include a modern replica of an old black toy carriage with a Prussian crown (above left), a toy tricycle (above right), and three replicas of some late 1800s – early 1900s dolls (below left), made by the Mexican artist Patricia Ramos Molina in 2010–12.

     

     

     

    A German benefactor Nadezhda Othmer donated antique children’s fishnet gloves to the Museum. Lyudmila Titova of Sergiev Posad added to our collection some publications from the late 1800s – early 1900s: La mode illustrée #8 of 25 February 1872, a coloured gravure inset to La mode illustrée #1 of 1870, a children’s book Our Menagerie of 1906, and clothes for children and dolls. (below right)

     

     

     

     

     

     

    Photos © Tsarskoye Selo State Museum Preserve

     

     

     

    The IADA members are very enthusiastic about the recreation of the imperial children’s doll collection. This project started in 2010 and now brings together over 50 specialists from different countries of the world.

     

     

     

    © Tsarskoye Selo State Museum Preserve. 26 November, 2013

     

     

     

     

     

     

     

    Chambre d'ALEXIS

     

     

     

     

     

     

     

     

     

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    The Imperial family visiting Denmark: 1903. 
Standing in front of Alexandra Feodorovna are Grand Duchess Tatiana, Princess Ella of Hesse, Grand Duchess Olga, Grand Duchess Anastasia (sitting on the wall) and Grand Duchess Maria next to her mother.

    The Imperial family visiting Denmark: 1903.

    Standing in front of Alexandra Feodorovna are Grand Duchess Tatiana, Princess Ella of Hesse, Grand Duchess Olga, Grand Duchess Anastasia (sitting on the wall) and Grand Duchess Maria next to her mother.

     

     

     

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    romanovrussiatoday:

    She inherited many traits of her father. To me she produced her own kindness, an enchanting impression all her own of a sweet, good Russian girl. She disliked domestic [activities]. She loved solitude and books. She was well-read. In general she was mature. It seemed to me that she, much more than all her family, knew her position and was aware of the danger of it. She cried terribly when her father and mother left Tobolsk. Maybe she knew something then. She strikes me with the impression of a person who has experienced something unfortunate. Sometimes she laughs and you feel that her laughter is from above, but there, deep down, she’s not at all funny, but sad. Just like her father, she was totally simple and affectionate, helpful and welcoming. She loved more than anyone else, it seems,Maria Nikolaevna.

    -Memoirs of Claudia Bitner about Olga in Tobolsk
    Translated by Elizabeth Smith for Romanov Russia Today

     

     

     

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    historyofromanovs:


Grand Duchesses Maria Nikolaevna and Anastasia Nikolaevna

Your colourings are getting even more gorgeous everyday, Ally! Amazing.

    historyofromanovs:

    Grand Duchesses Maria Nikolaevna and Anastasia Nikolaevna

    Your colourings are getting even more gorgeous everyday, Ally! Amazing.

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

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