•  

     

    Petites histoires de l'Histoire - Raspoutine -

     

     

    Qui était vraiment Raspoutine ?

     

     

     

    Le 16 décembre 1916, le prince Ioussoupov et le grand-duc Dimitri Pavlovitch décident de mettre fin à la vie de Grigori Raspoutine, moine débauché, entré dans les faveurs de la famille impériale en raison de ses pouvoirs de guérisseur.

     


    Réputé pour faire des miracles, Raspoutine n’était-il qu’un moujik ivrogne mais intelligent ou un vrai guérisseur aux pouvoirs hors du commun ?

     

    File:Gorskii 04663u.jpg

    Pokrovskoïe, le village de Sibérie où serait né Raspoutine. Photo de 1912.

    (photo de Sergueï Prokudin-gorski)

     

     

    Les débuts de Raspoutine

     

    Grigori Iefimovitch Raspoutine dit Raspoutine est né probablement en 1869. Il vient d’un petit village sibérien qu’il a quitté pour se consacrer à la religion, à la méditation et à l’errance. Après quelques années de ces vagabondages, il acquiert une réputation de saint homme (starets) et de guérisseur. (Starets ou stariets (mot russe signifiant vieillard. Dans l’ancienne Russie, saint moine ou ermite, considéré par le peuple comme prophète, ou thaumaturge.)

     

     

     

     

    Raspoutine

     

     

     

    En 1904, il quitte la Sibérie pour se rendre à Saint-Pétersbourg et vient demander l’hospitalité à l’Académie de théologie.
    L’évêque Hermogène et le grand prédicateur Illiodore sont séduits par sa foi et favorisent son entrée dans la société de la capitale.

     

     

     

    Dès lors, Raspoutine commence à faire parler de lui. Il est réputé pour faire des miracles mais également pour être l’initiateur de nombreuses débauches.

     

     

    Le faiseur de miracles

     

    La cour du tsar Nicolas II vit un drame familial. Le tsarévitch, Alexis, unique héritier de la couronne, est atteint d’hémophilie, maladie incurable à l’époque.

     

     

     

    La réputation de Raspoutine est arrivée aux oreilles de la tsarine Alexandra. Par amour pour son fils, elle convoque le moine guérisseur.

     

    File:Alexei Nikolaevich, Tsarevich of Russia 02.jpg

    Alexis

     

    On sait de source sûre que Raspoutine a, à plusieurs reprises, atténué les souffrances du garçon. Il a également réussi à stopper plusieurs hémorragies qui auraient dû être fatales. Il le sauvera encore lors de graves hémorragies en 1912 et 1915. Aussi est-il vénéré par l’impératrice comme l’« homme de Dieu » voué à sauver son fils et la Russie.

     

     

     

     

    Le tsar Nicolas II avec sa femme et le jeune Alexis

     

     

     

    Chaque fois que Raspoutine se rend au chevet de l’enfant, on assiste à une nette amélioration de son état de santé. Difficile de parler de simple coïncidence.

     

     

     

    Nul ne sait quelle technique utilise Raspoutine. Une chose est certaine, son influence sur la tsarine et sur la Cour est de plus en plus importante.

     

     

     

    Grigori Raspoutine et ses trois enfants : Maria, Varvara et Dimitri.

     

     

    Un mystique débauché

     

    La famille impériale voue à Raspoutine une telle amitié qu’on commence à le surnommer le « tsar au-dessus des tsars ». Cependant Grigori Raspoutine abuse cyniquement de bon nombre de ses admiratrices ou des solliciteuses et s’adonne de plus en plus ouvertement à la débauche.
    Tout en abusant des jolies filles, il leur parle de Dieu et de la rédemption.

     

     

     

    Cette vie de débauche bien connue ne l’empêche d’ailleurs nullement d’avoir autour de lui une cour féminine prête à tout pour lui.

     

     

     

    L’appartement de Raspoutine devient le lieu de passage obligé de toutes les sollicitations possibles provenant des personnages les plus importants.

     

     

     

     

    Raspoutine entouré d'une cour féminine - Image De Selva Tapabor

     

     

     

    En 1916, le président du conseil Sturmer et le ministre de l’intérieur Protopopov participent aux séances de spiritisme qu’il organise régulièrement.

     

     

     

    Attaqué par la presse, il est l’objet d’une discussion à la douma en 1912, mais les diverses démarches pour faire comprendre à Nicolas II les risques qu’encourt le régime du fait de ses relations avec le prétendu homme de Dieu demeurent vaines.

     

     

     

    La haine qu’il inspire est très probablement à l’origine du mythe de l’omnipotence qu’on lui prête. Si la tsarine est à ses ordres, le Tsar ne tient en réalité pas compte de ses conseils.

     

     

     

    Un assassinat programmé

     

     

     

    En 1916, les défaites de la Russie au front et la décomposition de l’Etat suscitent une grande indignation dans tout le pays.

     

     

     

    Tout va mal et le responsable est tout de suite trouvé. C’est la mauvaise influence de Raspoutine sur le Tsar qui provoque ces désastres.
    La défaite de l’armée s’explique, selon l’opinion publique, par le fait que Raspoutine est vendu à l’Allemagne.

     

     

     

    Raspoutine devient un monstre à abattre. C’est le jeune prince de 19 ans, Felix Ioussoupov, qui va se charger de cette mission.

     

     

     

    Le 29 décembre 1916, il invite Raspoutine chez lui sous le prétexte de lui présenter une femme pour laquelle il languit depuis longtemps. Avec ses complices, le prince fait préparer des gâteaux imprégnés d’une dose de cyanure capable de tuer 20 personnes et verse en supplément ce poison dans le verre destiné à l’invité.

     

     

     

     

    Le Tsar Nicolas II

     

     

     

    Arrivé chez le prince, Raspoutine mange et boit. En principe, une telle dose de cyanure aurait dû le tuer en quelques minutes mais il continue à se porter comme un charme pendant plus de deux heures.

     

     

     

    Le prince est à bout tandis que le moine redemande à boire. Décidé à en finir, Ioussoupov prend son revolver et tire à bout portant.
    Juste après la détonation, les complices arrivent accompagnés d’un médecin. Ce dernier examine le corps mais Raspoutine est toujours vivant.

     

     

     

    Enfin, il cesse de respirer et le corps est descendu au sous-sol du palais. Mais, quelques minutes après, Raspoutine se relève et tente d’étrangler le prince.

     

     

     

    Il faudra quatre nouvelles balles et des coups de matraque qui lui défoncent le crâne pour que Raspoutine cesse de se débattre.

     

     

     

    Les conjurés enveloppent alors le corps et le jettent dans la Neva.

     

     

     

    Quand on découvrira le cadavre dans l’eau, on constatera que Raspoutine était toujours en vie quand il a été jeté dans le fleuve. En réalité, il est mort noyé.

     

     

     

    Il est certain que cette endurance vraiment exceptionnelle a contribué au mythe du surhomme.

     

     

     

    Raspoutine était-il insensible au poison ? .

    Une chose est sûre, il possédait une constitution hors du commun.

     

     

     

     

     

    Partager via Gmail Delicious Yahoo! Google Bookmarks Pin It

    votre commentaire
  •  

     

    Petites histoires de l'Histoire - Raspoutine -

     

     

    Qui était vraiment Raspoutine ?

     

     

     

    Le 16 décembre 1916, le prince Ioussoupov et le grand-duc Dimitri Pavlovitch décident de mettre fin à la vie de Grigori Raspoutine, moine débauché, entré dans les faveurs de la famille impériale en raison de ses pouvoirs de guérisseur.

     


    Réputé pour faire des miracles, Raspoutine n’était-il qu’un moujik ivrogne mais intelligent ou un vrai guérisseur aux pouvoirs hors du commun ?

     

    File:Gorskii 04663u.jpg 

    Pokrovskoïe, le village de Sibérie où serait né Raspoutine. Photo de 1912. 

    (photo de Sergueï Prokudin-gorski)

      

      

    Les débuts de Raspoutine

      

    Grigori Iefimovitch Raspoutine dit Raspoutine est né probablement en 1869. Il vient d’un petit village sibérien qu’il a quitté pour se consacrer à la religion, à la méditation et à l’errance. Après quelques années de ces vagabondages, il acquiert une réputation de saint homme (starets) et de guérisseur. (Starets ou stariets (mot russe signifiant vieillard. Dans l’ancienne Russie, saint moine ou ermite, considéré par le peuple comme prophète, ou thaumaturge.)

     

     

     

     

    Raspoutine

     

     

     

    En 1904, il quitte la Sibérie pour se rendre à Saint-Pétersbourg et vient demander l’hospitalité à l’Académie de théologie.
    L’évêque Hermogène et le grand prédicateur Illiodore sont séduits par sa foi et favorisent son entrée dans la société de la capitale.

     

     

     

    Dès lors, Raspoutine commence à faire parler de lui. Il est réputé pour faire des miracles mais également pour être l’initiateur de nombreuses débauches.

     

     

     

    Le faiseur de miracles

      

    La cour du tsar Nicolas II vit un drame familial. Le tsarévitch, Alexis, unique héritier de la couronne, est atteint d’hémophilie, maladie incurable à l’époque.

     

     

     

    La réputation de Raspoutine est arrivée aux oreilles de la tsarine Alexandra. Par amour pour son fils, elle convoque le moine guérisseur.

     

    File:Alexei Nikolaevich, Tsarevich of Russia 02.jpg 

     Alexis

     

    On sait de source sûre que Raspoutine a, à plusieurs reprises, atténué les souffrances du garçon. Il a également réussi à stopper plusieurs hémorragies qui auraient dû être fatales. Il le sauvera encore lors de graves hémorragies en 1912 et 1915. Aussi est-il vénéré par l’impératrice comme l’« homme de Dieu » voué à sauver son fils et la Russie.

     

     

     

     

    Le tsar Nicolas II avec sa femme et le jeune Alexis

     

     

     

    Chaque fois que Raspoutine se rend au chevet de l’enfant, on assiste à une nette amélioration de son état de santé. Difficile de parler de simple coïncidence.

     

     

     

    Nul ne sait quelle technique utilise Raspoutine. Une chose est certaine, son influence sur la tsarine et sur la Cour est de plus en plus importante.

     

     File:Rasputin et ses enfants.jpg

     

    Grigori Raspoutine et ses trois enfants : Maria, Varvara et Dimitri. 

      

      

    Un mystique débauché

      

    La famille impériale voue à Raspoutine une telle amitié qu’on commence à le surnommer le « tsar au-dessus des tsars ». Cependant Grigori Raspoutine abuse cyniquement de bon nombre de ses admiratrices ou des solliciteuses et s’adonne de plus en plus ouvertement à la débauche.
    Tout en abusant des jolies filles, il leur parle de Dieu et de la rédemption.

     

     

     

    Cette vie de débauche bien connue ne l’empêche d’ailleurs nullement d’avoir autour de lui une cour féminine prête à tout pour lui.

     

     

     

    L’appartement de Raspoutine devient le lieu de passage obligé de toutes les sollicitations possibles provenant des personnages les plus importants.

     

     

     

     

    Raspoutine entouré d'une cour féminine - Image De Selva Tapabor

     

     

     

    En 1916, le président du conseil Sturmer et le ministre de l’intérieur Protopopov participent aux séances de spiritisme qu’il organise régulièrement.

     

     

     

    Attaqué par la presse, il est l’objet d’une discussion à la douma en 1912, mais les diverses démarches pour faire comprendre à Nicolas II les risques qu’encourt le régime du fait de ses relations avec le prétendu homme de Dieu demeurent vaines.

     

     

     

    La haine qu’il inspire est très probablement à l’origine du mythe de l’omnipotence qu’on lui prête. Si la tsarine est à ses ordres, le Tsar ne tient en réalité pas compte de ses conseils.

     

     

     

    Un assassinat programmé

     

     

     

    En 1916, les défaites de la Russie au front et la décomposition de l’Etat suscitent une grande indignation dans tout le pays.

     

     

     

    Tout va mal et le responsable est tout de suite trouvé. C’est la mauvaise influence de Raspoutine sur le Tsar qui provoque ces désastres.
    La défaite de l’armée s’explique, selon l’opinion publique, par le fait que Raspoutine est vendu à l’Allemagne.

     

     

     

    Raspoutine devient un monstre à abattre. C’est le jeune prince de 19 ans, Felix Ioussoupov, qui va se charger de cette mission.

     

     

     

    Le 29 décembre 1916, il invite Raspoutine chez lui sous le prétexte de lui présenter une femme pour laquelle il languit depuis longtemps. Avec ses complices, le prince fait préparer des gâteaux imprégnés d’une dose de cyanure capable de tuer 20 personnes et verse en supplément ce poison dans le verre destiné à l’invité.

     

     

     

     

    Le Tsar Nicolas II

     

     

     

    Arrivé chez le prince, Raspoutine mange et boit. En principe, une telle dose de cyanure aurait dû le tuer en quelques minutes mais il continue à se porter comme un charme pendant plus de deux heures.

     

     

     

    Le prince est à bout tandis que le moine redemande à boire. Décidé à en finir, Ioussoupov prend son revolver et tire à bout portant.
    Juste après la détonation, les complices arrivent accompagnés d’un médecin. Ce dernier examine le corps mais Raspoutine est toujours vivant.

     

     

     

    Enfin, il cesse de respirer et le corps est descendu au sous-sol du palais. Mais, quelques minutes après, Raspoutine se relève et tente d’étrangler le prince.

     

     

     

    Il faudra quatre nouvelles balles et des coups de matraque qui lui défoncent le crâne pour que Raspoutine cesse de se débattre.

     

     

     

    Les conjurés enveloppent alors le corps et le jettent dans la Neva.

     

     

     

    Quand on découvrira le cadavre dans l’eau, on constatera que Raspoutine était toujours en vie quand il a été jeté dans le fleuve. En réalité, il est mort noyé.

     

     

     

    Il est certain que cette endurance vraiment exceptionnelle a contribué au mythe du surhomme.

     

     

     

    Raspoutine était-il insensible au poison ? .

    Une chose est sûre, il possédait une constitution hors du commun.

     

     

     

     

    Partager via Gmail Delicious Yahoo! Google Bookmarks Pin It

    votre commentaire
  •  

     

     

    Princess Tatyana Alexandrovna Yusupova by Franz Xavier Winterhalter, 1858

    Princess Tatyana Alexandrovna Yusupova by Franz Xavier Winterhalter, 1858

     

     

     

     

    Partager via Gmail Delicious Yahoo! Google Bookmarks Pin It

    votre commentaire
  •  

    Russie

    Vie et mort d'un immense empire

     


    La Russie est aujourd'hui le plus vaste État de la planète (17 millions de km2), à cheval sur l'Europe orientale et l'Asie septentrionale, mais avec seulement 140 millions d'habitants (2008), soit une densité de 8 habitants au km2, elle est loin d'en être le plus peuplé !

    Cette population, à 80% de langue russe et de tradition orthodoxe, tend à diminuer d'environ un million d'habitants par an, du fait de la dénatalité et des mauvaises conditions d'hygiène. Cette situation si particulière est l'aboutissement d'une histoire particulièrement violente.

    Revanche sur les Mongols

    Après la terrible invasion mongole du début du XIIIe siècle, les populations russes dispersées dans les plaines d'Europe orientale reconquièrent lentement leur autonomie et se fédèrent autour du grand-duché de Moscovie (capitale : Moscou) et de ses souverains.

    Ivan IV le Terrible se donne le titre de tsar ou empereur et entame l'expansion de la Russie vers l'Est. Il conquiert en 1554-1556 les khanats tatars musulmans de Kazan et Astrakhan, sur la Volga. L'empire russe devient dès lors multinational et multiconfessionnel. En 1579, un Cosaque explore la Sibérie. C'est le début de la poussée russe vers l'Asie. Cette poussée est informelle. Elle est le fait d'aventuriers, de marchands de fourrures et de paysans qui fuient le servage.

    En 1640, sous la dynastie des Romanov, les Russes atteignent le fleuve Amour, aux limites de la Chine, et fondent la ville d'Iakoutsk, près du lac Baïkal. Catherine II intensifie la colonisation des terres vierges, au besoin en y installant des paysans allemands ! Au XIXe siècle, l'empire absorbe les khanats d'Asie centrale et dès lors, ses frontières ne bougent plus... Dans le même temps, la Russie s'étend aussi vers les mers chaudes. En 1787, elle annexe la Crimée, sur la mer Noire. Dans le Caucase, l'imam Chamil, chef de la rébellion tchétchène, fait sa reddition en 1859, consacrant la mainmise russe sur la région.

    Jusqu'au dernier tiers du XIXe siècle, les droits culturels des minorités sont respectés et les tsars exaltent l'empire de «toutes les Russies». À noter que les 2/3 de la noblesse ont une origine autre que russe ! Mais l'agitation anarchiste entraîne un durcissement du régime. Sous le règne des derniers tsars Alexandre III et de Nicolas II, on envisage non sans risque la «russification» des populations allogènes de l'Empire.

    Illusion bolchévique

    Lénine et les bolcheviques acceptent par principe l'autonomie voire l'indépendance des minorités de la «prison des peuples». Mais c'est une utopie : très vite, l'État bolchevique est dépassé par les mouvements d'émancipation et doit reconquérir par la force entre 1919 et 1922 les territoires sécessionnistes (sauf les Baltes).

    En théorie, les Républiques de l'URSS née en 1922 conservent le droit à la sécession. Dans les faits, elles se gardent de l'utiliser, en particulier parce que leurs frontières ont été dessinées de façon à mettre en concurrence en leur sein même des nationalités diverses, dont certaines ont été créées de toutes pièces par les bolcheviques.

    L'actuelle fédération de Russie contient à l'intérieur de ses frontières, tout à fait arbitraires, pas moins de 80 % de Russes (auxquels s'ajoutent 25 millions de Russes de l'extérieur, en Kazakhstan, Ukraine, Lettonie, Estonie...). Elle n'a jamais été aussi homogène même si Moscou reconnaît 89 «sujets» autres que russes (républiques autonomes...).

    Aujourd'hui, les Russes tendent à quitter les républiques turques d'Asie centrale mais aussi les provinces d'Extrême-Orient, pauvres, glaciales et sous-administrées. Ils se replient sur la Russie d'Europe.

    C'en est fini de la poussée pluriséculaire des Russes vers l'Asie !

      
      
    Joseph Savès
    Auteur
     
    sources
     
     
     

    La Russie coloniale

     

    La Russie est aujourd'hui le plus vaste État de la planète (17 millions de km2), à cheval sur l'Europe orientale et l'Asie septentrionale, mais avec seulement 140 millions d'habitants (2008), soit une densité de 8 habitants au km2, elle est loin d'en être le plus peuplé.

    Cette population, à 80% de langue russe et de tradition orthodoxe, tend à diminuer d'environ un million d'habitants par an, du fait de la dénatalité et des mauvaises conditions d'hygiène. Cette situation si particulière est l'aboutissement d'une histoire particulièrement violente.

    Revanche sur les Mongols

    Après la terrible invasion mongole du début du XIIIe siècle, les populations russes dispersées dans les plaines d'Europe orientale reconquièrent lentement leur autonomie et se fédèrent autour du grand-duché de Moscovie (capitale : Moscou) et de ses souverains.

    Ivan IV le Terrible se donne le titre de tsar ou empereur et entame l'expansion de la Russie vers l'Est. Il conquiert en 1554-1556 les khanats tatars musulmans de Kazan et Astrakhan, sur la Volga. L'empire russe devient dès lors multinational et multiconfessionnel. En 1579, un Cosaque explore la Sibérie. C'est le début de la poussée russe vers l'Asie. Cette poussée est informelle. Elle est le fait d'aventuriers, de marchands de fourrures et de paysans qui fuient le servage.

    En 1640, sous la dynastie des Romanov, les Russes atteignent le fleuve Amour, aux limites de la Chine, et fondent la ville d'Iakoutsk, près du lac Baïkal. Catherine II intensifie la colonisation des terres vierges, au besoin en y installant des paysans allemands !

    Au XIXe siècle, l'empire absorbe les khanats d'Asie centrale et dès lors, ses frontières ne bougent plus... Dans le même temps, la Russie s'étend aussi vers les mers chaudes. En 1787, elle annexe la Crimée, sur la mer Noire. Dans le Caucase, l'imam Chamil, chef de la rébellion tchétchène, fait sa reddition en 1859, consacrant la mainmise russe sur la région.

    Jusqu'au dernier tiers du XIXe siècle, les droits culturels des minorités sont respectés et les tsars exaltent l'empire de «toutes les Russies». À noter que les 2/3 de la noblesse ont une origine autre que russe ! Mais l'agitation anarchiste entraîne un durcissement du régime. Sous le règne des derniers tsars Alexandre III et de Nicolas II, on envisage non sans risque la «russification» des populations allogènes de l'Empire.

    Les tsars et les juifs

    Suite aux trois partages de la Pologne de la fin du XVIIIe siècle, la Russie qui, jusque-là, avait refusé tout établissement juif sur son territoire, devient l'un des pays avec la population juive la plus importante !

    À la fin du XVIIIe siècle, on y compte 700.000 à 800.00 juifs, soit 2% de la population russe et 1/3 de la population juive mondiale. Au fil du temps, l'administration tsariste constitue en Russie occidentale une zone de résidence où les juifs sont tenus d'habiter. En 1881, le régime considère les étudiants juifs comme responsable des débordements consécutifs à l'assassinat du tsar Alexandre II. Il s'ensuit de premiers pogroms encouragés, voire initiés, par les agents du gouvernement et la troupe.

    Illusion bolchévique

    Lénine et les bolcheviques acceptent par principe l'autonomie voire l'indépendance des minorités de la «prison des peuples». Mais c'est une utopie : très vite, l'État bolchevique est dépassé par les mouvements d'émancipation et doit reconquérir par la force entre 1919 et 1922 les territoires sécessionnistes (sauf les Baltes).

    En théorie, les Républiques de l'URSS née en 1922 conservent le droit à la sécession. Dans les faits, elles se gardent de l'utiliser, en particulier parce que leurs frontières ont été dessinées de façon à mettre en concurrence en leur sein même des nationalités diverses, dont certaines ont été créées de toutes pièces par les bolcheviques.

    L'actuelle fédération de Russie contient à l'intérieur de ses frontières, tout à fait arbitraires, pas moins de 80 % de Russes (auxquels s'ajoutent 25 millions de Russes de l'extérieur, en Kazakhstan, Ukraine, Lettonie, Estonie...). Elle n'a jamais été aussi homogène même si Moscou reconnaît 89 «sujets» autres que russes (républiques autonomes...).

    Aujourd'hui, les Russes tendent à quitter les républiques turques d'Asie centrale mais aussi les provinces d'Extrême-Orient, pauvres, glaciales et sous-administrées. Ils se replient sur la Russie d'Europe et sont remplacés par des immigrants chinois. La grande Russie des Romanov se réduit comme peau de chagrin et pourrait laisser la place à un nouveau «grand-duché de Moscovie».

    C'en est fini de la poussée pluriséculaire des Russes vers l'Asie.

     
     
    Joseph Savès 
    Auteur
     
    Sources
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
    Partager via Gmail Delicious Yahoo! Google Bookmarks

    votre commentaire
  •  

     

    Michel Romanov est élu tsar de Russie

     


    Le 21 février 1613 (selon le calendrier julien (*) en vigueur en Russie), Michel Romanov est élu tsar de toutes les Russies sous le nom de Michel 1er.

     

    Michel Romanov (16 ans) élu tsar de Russie

     

    L'élection met un terme au «temps des Troubles» qui a vu la Russie occupée et pillée par les Polonais mais également les Suédois et les Tatares.

    Le nouveau tsar a tout juste 16 ans. Mais il est le fils du prestigieux patriarche de Moscou, Philarète, qui a combattu l'usurpateur Boris Godounov et les Polonais aux côtés des Cosaques. Prisonnier des Polonais, il fait figure de martyr et de saint protecteur.

    Les nobles russes apprécient sa parenté avec l'ancienne dynastie, issue de Riourik, un Varègue ou Viking originaire de Scandinavie. Cette dynastie s'était éteinte après la mort du tsar Ivan IV le Terrible.

    Ces atouts lui valent d'être choisi entre de nombreux candidats par le Zemski Sobor, l'assemblée des états généraux russes pour ceindre la couronne de Vladimir Monomaque, grand-prince de Kiev (XIIe siècle), à l'origine de la Russie impériale.

    Michel Romanov, qui vit avec sa mère au couvent Kostroma, n'accepte la charge de tsar que sur les instances de sa mère. Il gagne Moscou sous les acclamations de la population, impatiente d'en finir avec les désordres et les invasions étrangères.

    Il est couronné le 21 juillet 1613 dans la cathédrale de la Dormition, au Kremlin.

    Le nouveau tsar s'applique à en finir avec l'occupation étrangère. Pour reconstituer une armée, il impose les villes et opère des emprunts forcés auprès des riches marchands, lesquels sont pour la plupart des étrangers.

    En février 1617, il a la satisfaction de conclure la paix avec les Suédois, au prix d'un lourd tribut et de la perte de tout accès à la mer Baltique. celle-ci devient un «lac suédois».

    L'année suivante, il repousse les Polonais et conclut une trêve avec eux, ce qui lui vaut de retrouver son père Philarète. Ce dernier est aussi énergique et dur que son fils est doux et pieux. Se complétant à merveille, les deux hommes vont réussir à rétablir la paix civile en Russie en écartant tout esprit de vengeance, notamment à l'égard des boyards (nobles) qui ont collaboré avec l'occupant polonais.

     

    Michel Fédorovitch Romanov (21 juin 1596 - Moscou, 23 juillet 1645), gravure de la fin du XVIIe siècle, musée national russe, Moscou

     

    La naissance de l'autocratie

    Le tsar prend l'habitude de décider de tout en toute indépendance cependant que se restreint le droit d'intervention du Zemski Sobor. Ainsi se met en place l'autocratie (en grec, le «pouvoir d'un seul»), un régime caractéristique de la Russie des derniers siècles.

    Les paysans russes perdent leurs dernières libertés. Écrasés d'impôts, ils s'enfuient de leur village et gagnent l'étranger ou les marges orientales en voie de colonisation, à moins qu'ils ne se placent sous la tutelle d'un seigneur. Les seigneurs accueillent les fugitifs à bras ouverts car tous ont un besoin crucial de main-d'oeuvre.

    Philarète multiplie les décrets pour décourager les fuites. Il porte à quinze ans au lieu de cinq le délai après lequel un paysan fugitif peut bénéficier de la liberté. Ainsi la paysannerie russe va-t-elle peu à peu retomber dans le servage alors même que tout l'Occident s'en éloigne.

    En 1632, profitant des désordres occasionnés en Europe centrale par la guerre de Trente Ans et d'une mauvaise passe des Polonais, Michel 1er attaque ces derniers. Mais son armée se débande et est écrasée. L'humiliation est immense en Russie même si le tsar a la satisfaction d'être reconnu comme souverain par les ennemis.

    La personne du tsar acquiert un caractère sacré.

    En 1626, à 30 ans, après deux mariages inféconds, Michel 1er épouse Eudoxie Strechneva. Elle lui donnera dix enfants. L'avenir de la dynastie est assuré.

    La descendance de Michel Romanov règnera sur la Russie jusqu'à la Révolution de Février 1917.

     

     

    Alban Dignat
    auteur
     
    sources
     
     
     
     
    Partager via Gmail Delicious Yahoo! Google Bookmarks Pin It

    votre commentaire
  •  




     

    Au début du XIXe siècle, Ekaterinbourg rivalisa avec Perm pour la prééminence dans l'Oural ; si elle l'a emporté sur sa rivale traditionnelle, sa primauté est à son tour menacée par la croissance très rapide de Tcheliabinsk.

    Ekaterinbourg a été créée volontairement en 1721 par le géographe V. N. Tatichtchev, ancêtre de la première grande famille de maîtres de forges ouraliens. La découverte de gisements de minerais de cuivre dans le voisinage a très vite souligné l'intérêt d'un site urbain placé, par ailleurs, sur les rives boisées de la Tchoussovaïa, face au débouché d'un col donnant accès à la ville de Perm.

     

    Mais la principale voie conduisant les trappeurs de Moscou à la Sibérie passait alors beaucoup plus au nord et ce n'est qu'à la fin du siècle, lorsque fut tracée la grande route sibérienne allant de Perm à Tioumen, Tara et Tomsk, que la cité put tirer pleinement parti des avantages de sa situation.

    Un siècle plus tard, la première voie ferrée trans-ouralienne, venue de Perm, atteignait Ekaterinbourg quatorze ans avant que le Transsibérien ne parvienne à Tcheliabinsk.

     

     


    Vue de la retenue du barrage sur l'Isset avec la maison Sévastianov et la cathédrale Sainte-Catherine en 1910 (collection Prokoudine-Gorski).

     


    Le palais Rastorgouïev-Kharitonov devenu aujourd'hui le Palais des oeuvres des écoliers.



    2-- LA FIN DES ROMANOV

    Toute la famille se retrouve réunie à Ekaterinbourg le 23 mai 1918.

     


    On réquisitionne, pour les loger, la maison du citoyen Ipatiev.

     

    Dans cette maison résident 12 personnes : Nicolas II, Alexandra, Olga, Tatiana, Maria, Anastasia, Alexis, le Docteur Botkine, la femme de chambre, l'intendant, le cuisinier Kharitonov et son marmiton Sednev.

     

    Durant la détention de la famille impériale, la maison s’appela : « maison à destination spéciale ».

     


    La maison Ipatiev était une belle demeure, composée de deux étages.

     

    Nicolas et Alexandra avaient leur chambre qu’ils partageaient avec leur fils Alexis. Les quatre grandes duchesses vivaient toutes ensembles dans une chambre.

     

    Malgré la chaleur d’été, il leur était interdit d’ouvrir les fenêtres, qui avaient été passées à la chaux.

    Les domestiques racontèrent comment les conditions de vie se détérioraient dans la maison : « Les gardes se sont mis à voler, d’abord les objets de valeurs, ensuite le linge de maison et les chaussures. Le tsar ne le supporta pas et se mis en colère.

     

    On lui signifia brutalement qu’il était prisonnier et

    que ce n’était plus à lui qui de donner les ordres ».

     

     

    Tous les jours les choses empiraient. Au début, ils avaient le droit à 25 minutes de promenade, après on ne leur accorda plus que 5.

     

    Toute agitation était interdite. Les gardes se comportaient de façon odieuse avec les grandes duchesses. Elles n’avaient pas le droit d’aller aux toilettes sans être accompagné d’un garde et le soir on les forçait à jouer du piano.

     

    Le responsable des mauvais traitement infligé à la famille est le chef des gardes : Serguei Avdeïev. Brutal et vantard, il organisait des beuveries régulièrement dans le poste de garde. Il participait aussi au repas des Romanov et se comportait grossièrement à table.



    Plusieurs personnes essayèrent d’entrer en contact avec la famille de Nicolas II, sans succès. Cependant le docteur Dévevendo, médecin d’Alexis, fut autorisé plusieurs fois à visiter le jeune malade, qu’il trouva dans un état déplorable.

    Au mois de juin 1918, les religieuses du couvent de la ville obtinrent la permission d’offrir à Alexis des produits frais : lait, œufs, viandes et pâtisseries.

    La nuit du 16 Juillet 1918, Sur un ordre de Lénine , Le commissaire Iourovski fit descendre au sous sol la famille impériale.

     

     

    Prétextant une soi-disant photos avant transfert ,il les aligna sur deux rangs.
    Le tsar Nicolas II qui à son fils Alexis près de lui après l’avoir porté dans ses bras en entrant, la Tsarine , les quatres grandes duchesses, leur médecin de famille le docteur Botkine, la femme de chambre Demidova , l'intendant Troupp ainsi que le cuisinier Kharitonov .

    Le chef de la garde Pavel Medvedev et neuf membres de la Téchka entrent.

     

     

    Un acte d’accusation et de sentence de mort laconique leurs est lu, le Tsar se retourne vers sa famille , « ils ne savent pas ce qu’ils font » furent ses dernières paroles .

     

     

    Ils sont tous criblés de balles dans un délire meurtrier.

     

    Le jeune prince (13 ans) et les grandes duchesses ne sont pas tués sur le coup, ils sont achevés comme la femme de chambre, à grands coups de baïonnettes. Les grandes duchesses avaient des corsets dans lesquels des diamants et des rangées de perles étaient cousu . Leurs corps furent dénudés en forêt et les bijoux envoyés à Moscou !


    Le corps du Tsar est criblé à bout portant par tout les hommes qui vident leurs chargeurs .Le sol est couvert du sang de onze personnes assassinés.

    Le jeune marmiton ami du prince Alexis fut sauvé, il fut transféré sur ordre d’Iourovski avant le massacre alors qu’il était encore a jeun. Les minutes des témoignages consignés aux archives de Moscou montrent que la troupe était assez ivre ..

     

    Deux des lettons de la Tchéka auraient refusé d’appliquer l’ordre d’exécution ,ils auraient donc été remplacés et tout le monde aurait bu abondament .

    A 25 kilomètres de la ville à Ganina Yama les corps furent dépouillés,les visages passés à l’acide, brulés et jetés dans un puit de mine .
    Le 25 juillet, l’armée blanche atteint Ekaterinbourg pour libérer la famille impériale. Trop tard.




    En 1991 Boris Eltsine, le premier président russe, a ordonné d'exhumer les restes et le processus d'identification à commencé. Beaucoup de groupes d'experts (russes, anglais et américains) ont examiné ces restes à l'aide de tests ADN pendant 10 ans et, ils ont conclu que les os appartenaient bien à Nicolas II, Alexandra, Olga, Tatiana, Anastasia et à quatre de leurs proches.

    Pour éviter sa transformation en un lieu de pèlerinage. La maison Ipatiev a été détruite suivant un décret exceptionnel du parti communiste en 1977.

    Sur ordre de Brejnev, le gouverneur de la région Boris Eltsine s’en chargea.
    Il fut construit en 2003 sur son emplacement la cathédrale symbole dite "du don du Sang".


    La famille impériale a été canonisée en 1981 par l'Eglise russe à l'étranger,inhumée en 1998 dans la cathédrale de Saint-Pétersbourg et finalement canonisé par l'église russe en 2000.

     



    Devant la cathédrale sur-le-sang-versé de Ekaterinbourg, les photos de la famille impériale, ici les quatre grandes-duchesses Olga (née en 1895), Tatiana (née en 1897), Maria (née en 1899) et Anastasia (née en 1901).

    Partager via Gmail Delicious Yahoo! Google Bookmarks Pin It

    votre commentaire
  • File:Cáricsalád 1893.jpg

    Le futur tsar Nicolas II (debout à gauche) avec ses parents et ses frères et sœurs en 1893. 

     

    Introduction

    Fils aîné d'Alexandre III, il lui succède en 1894 et condamne dès 1895 les « rêves insensés » des délégués des zemstvos, qui demandaient la poursuite des réformes entreprises par Alexandre II. Il se déclare alors décidé à « maintenir le principe de l'autocratie de façon aussi énergique et immuable que son inoubliable père ». Ainsi, Nicolas II, que l'on a accusé d'irrésolution ou de faiblesse, défendra avec obstination ses prérogatives de tsar autocrate.

     

    Nicolas II et la tsarine Alexandra Fedorovna

    Nicolas II et la tsarine Alexandra Fedorovna

    Nicolas II et la tsarine Alexandra Federovna en costume d'apparat.

    Ph. Coll. Archives Larousse

     

     

    Très attaché à son épouse, Alexandra Fiodorovna, avec qui il aura quatre filles et un fils, le tsarévitch Alexis (né en 1904), il vit le plus souvent à Tsarskoïe Selo, se soustrayant le plus possible à la vie publique.

     

    Un pays en crise

    Or, Nicolas II est confronté aux problèmes complexes d'un pays en pleine expansion démographique et engagé dans un processus d'industrialisation rapide. Ses ministres des Finances, Ivan Vychnegradski puis le comte Witte, négocient avec la France des emprunts d'État qui permettent de financer le développement industriel. L'industrialisation se développe aux dépens des terriens, paysans ou nobles, dont les problèmes s'aggravent. Aussi Witte obtient-il de l'empereur la réunion d'une conférence sur les besoins de la paysannerie (1902).

     

     

    Nicolas et sa Mère, Maria (Minie)

     

     

     

    Mécontent de la radicalisation des aspirations paysannes, Nicolas II charge Viatcheslav Plehve (1846-1904), ministre de l'Intérieur, d'étouffer l'agitation et se sépare du comte Witte (1903). La crise qui se développe à partir de 1902 atteint toutes les couches de la société : les libéraux des zemstvos et des professions libérales, les étudiants, dont l'agitation dévie vers le terrorisme, les paysans, responsables des émeutes en Ukraine et dans la moyenne Volga, et les ouvriers, dont les grèves se multiplient à partir de 1903.

     

    Nicolas II, 1901

     

    Un autocrate

    En janvier 1904, Nicolas II s'engage dans la guerre contre le Japon, espérant ainsi reconstituer l'unité nationale autour du trône. Or, la répression dirigée par Viatcheslav Plehve, qui est assassiné en juillet 1904, et les défaites de la guerre russo-japonaise (1904-1905) aggravent encore la crise. Nicolas II, en faisant tirer sur la manifestation ouvrière du Dimanche rouge (9 [22] janvier 1905), détruit le mythe du « tsar-père du peuple » et provoque le déclenchement de la révolution de 1905. Il est alors contraint de rappeler le comte Witte (octobre 1905-avril 1906) et d'accorder le manifeste d'octobre 1905, qui promet la réunion d'une douma d'État – que les libéraux veulent transformer en Assemblée constituante.

     

    Lorsque l'armée est revenue d'Extrême-Orient, il écrase les soviets de Saint-Pétersbourg et de Moscou (décembre 1905-janvier 1906). Afin d'empêcher la douma de se transformer en Assemblée constituante, il promulgue les lois fondamentales (mai 1906) selon lesquelles il conserve le titre d'autocrate, la direction des questions militaires, diplomatiques et religieuses et a le droit de convoquer la douma, de la dissoudre et de légiférer par décrets dans l'intervalle des sessions.

     

    Les deux premières doumas se révèlent ingouvernables et ne siègent que quelques mois. Piotr Stolypine modifie alors la loi électorale (1907). Ainsi Nicolas II refuse de transformer la Russie en une véritable monarchie constitutionnelle.

     

     

     

    La chute du tsarisme et la fin des Romanov

    Il souscrit à une alliance défensive avec l'Allemagne lors de son entrevue secrète avec Guillaume II à Björkö, en juillet 1905, mais il doit y renoncer et s'engager davantage dans l'alliance franco-russe. Il se rapproche ensuite de la Grande-Bretagne, avec laquelle un accord est signé en 1907, et adhère à la Triple-Entente. Entraîné par Aleksandr Izvolski dans une politique active dans les Balkans, qui se libèrent de la domination ottomane par les guerres de 1912-1913, Nicolas II soutient la Serbie contre la Bulgarie, alliée à l'Autriche-Hongrie. Ainsi, il doit s'engager dans la Première Guerre mondiale, qui plonge la Russie dans des difficultés insurmontables.

    Après l'assassinat de Piotr Stolypine (1911), qui avait tenté de renforcer la répression contre les partis révolutionnaires et de promouvoir une réforme agraire qui libérerait les paysans des entraves du mir, l'empereur fait appel à Vladimir Kokovtsov (1911-1914), puis il s'entoure de ministres réactionnaires bornés ou incapables. L'opinion publique tient Boris Stürmer et Aleksandr Protopopov pour des créatures de Grigori Raspoutine, dont les relations avec la cour apparaissent scandaleuses.

     

     

    À la faveur de la guerre, Nicolas II tente de gouverner sans la douma et prend lui-même le commandement suprême des armées (septembre 1915). Isolé au quartier général de Moguilev, il laisse Alexandra Fiodorovna, soumise à l'influence de son « conseiller spirituel » Grigori Raspoutine, jouer un rôle croissant dans le gouvernement.

     

     

    Face à cette incurie, la société civile, les zemstvos, les associations professionnelles tentent d'organiser l'économie de guerre, ce qui permettra le bref redressement militaire de 1916. Au sein de la douma se constitue en 1915 un « bloc progressiste », qui réclame un ministère possédant la confiance du pays et envisage un complot pour destituer Nicolas II.

    Mais la douma est dépassée par le soulèvement populaire de février 1917. Les difficultés économiques ont en effet engendré la crise du ravitaillement de l'hiver 1916-1917, contre laquelle s'insurge la population de Petrograd, encadrée par les sociaux-révolutionnaires (S.-R.) et les sociaux-démocrates (S.-D.). La révolution russe de 1917 triomphe. Nicolas II abdique le 2 (15) mars 1917, en faveur de son frère, le grand-duc Michel, dont la renonciation au trône marque la fin des Romanov. La douma constitue le gouvernement  provisoire.

     

    Gardée à vue à Tobolsk, puis à Iekaterinbourg, la famille  impériale est mise à mort dans la nuit du 16 au 17 juillet 1918 sur l'ordre du soviet de l'Oural, peu avant l'occupation d'Iekaterinbourg par les forces antibolcheviks.

     

    Les restes de Nicolas II et ceux de certains membres de sa famille ont été transférés à Saint-Pétersbourg en 1998.

     

    En 2000,  Nicolas II, son épouse et ses enfants ont été canonisés par l'Église orthodoxe.

     

     

     

    SOURCES

    http://www.larousse.fr/encyclopedie/personnage/Nicolas_II/135236

     

     

    Chronologie

    • 1894 Nicolas II, tsar de Russie.
    • 1894 Ratification définitive de l'alliance franco-russe.
    • 1904 Attaque japonaise de la base russe de Port-Arthur.
    • 1905 Destruction de la flotte russe de la Baltique envoyée en renfort à Tsushima. Victoire du Japon dans la guerre russo-japonaise. Les Japonais obtiennent les concessions russes en Mandchourie, le sud de Sakhaline et le droit d'établir leur protectorat.
    • 1905 Première révolution russe.
    • 1905 Le manifeste d'octobre accordé par Nicolas II promet la réunion d'une douma d'État.
    • 1916 L'assassinat de Raspoutine met fin à son influence grandissante sur la tsarine russe.
    • 1917 Révolution russe, dite « révolution d'octobre », Lénine préside le Conseil des commissaires du peuple (novembre) ; armistice germano-russe de Brest-Litovsk (15 décembre).
    • 1918 Exécution du tsar et de sa famille en Russie (16-17 juillet).

     

     

    File:Nicholastudy.jpg

    Bureau du tsar au palais Alexandre de Tsarkoie-Selo.

     

     

    Nicolas II de Russie (en russe : Николай Александрович Романов, Nikolaï Aleksandrovitch Romanov), de la dynastie des Romanov, né le 18 mai 1868 (6 mai 1868 C. J.) au palais de Tsarskoïe Selo et assassiné avec toute sa famille le 17 juillet 1918 à Ekaterinbourg, est le dernier empereur de Russie, roi de Pologne et grand-prince de Finlande.

     

    La destruction totale des restes a pour but d’éviter qu’ils ne deviennent des reliques et de permettre à des pseudo-historiens et des escrocs de nier le massacre ou surtout de faire croire à l’existence de survivant[. Sverdlov fait biffer la mention concernant la famille sur un tract annonçant le massacre.

     

    À Trotski, qui avait soutenu l’idée d’un procès, Sverdlov répond froidement : « Nous l’avons décidé ici. Illitch [Lénine] était convaincu que nous ne pouvions laisser aux Blancs un symbole auquel se rallier ». Lénine de son côté nie qu’il soit pour quelque chose dans le meurtre des enfants de Nicolas et des membres de sa famille.

    Après la reprise de la ville d'Ekaterinbourg par la légion tchèque, les pièces de la maison où a eu lieu le massacre sont placées sous scellés et le général tchécoslovaque Radola Gajda installe son état-major à l'étage. Son bureau personnel se trouve alors dans la pièce qui avait été affectée au couple impérial.

     

    Le 7 février 1919, l'amiral Koltchak, chef des armées blanches, confie l'enquête à Nicolaï Sokolov et Mikhaïl Dieterichs sur la mort de Nicolas II et de sa famille. Le juge Sokolov découvre dans un puits de mine, dont parlent aussi les bourreaux, des vêtements et des objets personnels, dont six buscs de corsets de femme, appartenant aux six victimes féminines

     

     

    Wikipedia

     

     

     

     

    Partager via Gmail Delicious Yahoo! Google Bookmarks Pin It

    votre commentaire
  •  

     

    L'INHUMATION

     


    La cathédrale Pierre-et-Paul de Saint-Pétersbourg est le lieu où reposent tous les Tsars de Russie depuis Pierre le Grand. C'est en ce lieu que Nicolas II, sa femme et trois de leurs filles ont été enterrés le 17 juillet 1998.




    En janvier 1998, la Commission d’État chargée de l'identification des restes des Romanov considérait dans une résolution que les restes retrouvés en 1991 étaient bien ceux de Nicolas II, de l'impératrice Alexandra, de trois de leurs filles (Olga, Tatiana et Anastasia), ainsi que ceux de leurs quatre derniers servants. L'enterrement des restes impériaux pouvait donc avoir lieu.

     

    Le Gouvernement russe décida de fixer les obsèques au 17 juillet 1998, 80 ans jour pour jour après le massacre d'Ekaterinbourg.



    Ella Maximovna, journaliste, écrit le 6 avril 1994 dans les Izvestia: « On peut penser ce que l'on veut du règne du dernier monarque de Russie, mais il ne faut pas oublier que le massacre [du tsar et des siens], cette bacchanale de sang, a ouvert le martyrologe de millions de familles, de dizaines de millions de personnes dont on ne saura jamais où elles reposent.

     

    En enterrant la Famille impériale de Russie, c'est également à elles que nous donnerons une sépulture. »



    L'opposition de l’Église orthodoxe russe



    Le Patriarche Alexis II (1929-2008) était le chef
    de l'Eglise orthodoxe russe.

    La décision d'enterrer les restes attribués aux Romanov suscita beaucoup d'oppositions, notamment de la part de l’Église et d'une partie des descendants de la famille Romanov. Le Patriarche de Moscou Alexis II, chef de l’Église orthodoxe, décida de ne pas participer aux funérailles.

    Il se justifie au cours d'une interview : « Les arguments scientifiques, dont les prémisses sont souvent erronés, ne sont pas déterminants pour l’Église, bien qu'elle en tienne compte. L'important est de tenter de comprendre la volonté divine, car il ne s'agit pas d'ossements ordinaires, mais de restes d'êtres dont la canonisation est sans doute très proche. Il ne faudrait donc pas que la vénération de la vie des saints dans leurs restes mortels puisse être soumise à la tentation […]. Pour ce qui est des savants, leurs avis divergent. Je reçois des témoignages d

    e scientifiques qui contestent l'aspect définitif de l'identification. Malheureusement, les travaux de la commission gouvernementale sont peu connus des communautés scientifique et juridique. La public a aussi été tenu à l'écart de l'avancement des travaux [...]. Nous pensons que la décision de la Commission gouvernementale a provoqué des doutes et même suscité une opposition au sein de l’Église et dans la société.

    C'est précisément l'attitude antinomique du peuple chrétien […] à l'égard des ossements d'Ekaterinbourg qui a déterminé la position de l’Église […]. Qu'une partie des croyants vénère ces ossements comme de saintes reliques, alors qu'une autre les considère comme faux, est impensable pour l’Église. »

     

    Ainsi, contrairement à ce que certains historiens avancent depuis 1998, le Patriarche ne conteste pas formellement l'authenticité des restes d'Ekaterinbourg. En réalité, il a décidé d'adopter une attitude neutre face aux divergences scientifiques et en l'absence de ce qu'il appelle « la volonté divine. »

    Le Patriarche Alexis II ajoute :

    « Ce quatre-vingtième anniversaire de la tragédie d'Ekaterinbourg sera jour d'affliction et de pénitence pour le péché de mort commis par le peuple. Il sera aussi jour de prière pour l'empereur, sa famille et ses fidèles serviteurs assassinés, ainsi que pour tous les martyrs du temps des persécutions féroces […].

     

    Des offices funèbres, avec mention particulière des noms de l'empereur Nicolas et de ses proches, seront célébrés tous les 17 juillet, dans toutes nos églises. Pendant les dizaines d'années qui ont précédé, les croyants n'ont jamais cessé de prier en ce jour pour les martyrs d'Ekaterinbourg.

    Cela continuera donc naturellement dans les années à venir, sans qu'aucun rappel particulier ne soit nécessaire. »

    Face à cette attitude réservée de l’Église orthodoxe, Nicolas II et sa famille ont été inhumés avec beaucoup moins d'honneurs que prévu. Au départ, le projet des funérailles était grandiose : les corps devaient gagner Saint-Pétersbourg à bord d'un train qui se serait arrêté dans toutes les grandes villes de Russie pour rassembler sur son passage l'hommage du peuple. Finalement, les dépouilles ont été transportées jusqu'à la capitale impériale par avion, sans aucune escale.

     

    A Saint-Pétersbourg, les descendants des Romanov qui étaient présents se signaient devant le passage des neuf cercueils, tandis qu'un orchestre militaire jouait l'hymne impérial russe. Sur le trajet de la cathédrale, il n'y avait que très peu de décorations : des drapeaux aux couleurs nationales ceints d'un ruban noir et des drapeaux aux armoiries de Saint-Pétersbourg.

     

    A l’extérieur de la cathédrale, des centaines de monarchistes s’insurgeaient contre cet enterrement indigne du Tsar, tandis que des contestataires communistes criaient leur opposition aux funérailles. Plus de 1200 policiers veillaient sur la cérémonie, soutenus par des vedettes sillonnant la Néva. Pour des raisons de sécurité, l'accès à la cathédrale a été interdit au public.



    Le déroulement des funérailles


    Le Président russe Boris Eltsine (1931-2007) et sa femme, entourés par les descendants de la famille Romanov, s'inclinent devant le tombeau du Tsar et de sa famille.


    En dépit des réticences de l’Église, les restes des Romanov ont été inhumés en la cathédrale Pierre-et-Paul de Saint-Pétersbourg le 17 juillet 1998. La chapelle Sainte-Catherine, qui se trouve à l'intérieur de la cathédrale, a été choisie pour accueillir les restes impériaux. Les descendants de la famille Romanov avaient fait le déplacement du monde entier pour assister aux obsèques.

     

    En revanche, la Grande-Duchesse Maria Vladimirovna, qui s'est proclamée chef de la Maison impériale, ainsi que sa mère, ont décidé de se ranger du côté du Patriarche Alexis II et donc de ne pas participer à la cérémonie.

    Le Président Boris Eltsine, ancien membre du parti communiste et instigateur de la destruction de la maison Ipatiev, hésita à participer à la cérémonie. Finalement, il décida de s'y rendre à la dernière minute : « J'ai beaucoup réfléchi et discuté, notamment avec des gens de culture, a expliqué Eltsine, pendant 80 ans on a caché la vérité, on n'a rien dit. Demain, je dois dire cette vérité, je dois être présent à Saint-Pétersbourg. Ce sera un acte de justice humaine. »

     

    Il entendait, selon ses termes, tourner « une des pages les plus honteuses de notre Histoire. » Le Président russe ouvra la cérémonie par ces paroles :

     

    « C'est un jour historique pour la Russie... En mettant en terre ces restes, nous voulons expier les péchés de nos ancêtres.

    Ceux qui ont commis cet acte barbare et ceux qui l’ont approuvé pendant des décennies sont coupables.

    Nous devons terminer ce siècle qui a été celui du sang et de l’illégalité. »



    En revanche, aucune tête couronnée d'Europe n'a jugé bon de faire le déplacement, alors que la plupart d'entre-elles sont apparentées aux Romanov. Seul un représentant de la monarchie britannique était présent.

     

    Ces absences assez étonnantes s'expliquent en raison des polémiques et de la confusion dans l'organisation de la cérémonie. Par ailleurs, très peu de personnalités culturelles ou politiques étaient présentes. Une véritable impression de malaise s'était donc invitée à cette cérémonie très controversée, impression renforcée par l'absence même des défunts. En effet, aucun nom n'a été cité au cours de l'office religieux.

     

    Lors des prières, ils ont été nommés par la formule appliquée en Russie aux morts anonymes : « C'est de toi, Seigneur, que leurs noms sont connus ».

     

    Formule très équivoque pour des corps officiellement authentifiés avec certitude.

     

    Pour certains, c'était la preuve que les corps inhumés n'étaient pas ceux des Romanov. Quoi qu'il en soit, l'ambiance qui régnait dans la cathédrale le jour de la cérémonie, sur fond de querelles religieuses, politiques et dynastiques, n'était pas digne des épreuves endurées par le Tsar et sa famille.



    Les cercueils d'une partie de la famille Romanov, ainsi que ceux de leurs derniers servants, à la morgue d'Ekaterinbourg.


    Les neuf cercueils ont été inhumés dans un caveau de la chapelle Sainte-Catherine. Dix-neuf coups de canon ont accompagné la mise en terre des dépouilles de Nicolas II et des siens. Pendant ce temps, le Patriarche Alexis II célébrait une messe à Moscou en l'honneur des Romanov, refusant toujours de reconnaître formellement l'identité des corps enterrés à Saint-Pétersbourg.

    Le 17 juillet 1998, la Russie a ainsi raté un véritable tournant de son Histoire. L'enterrement de Nicolas II et d'une partie de sa famille a été instrumentalisé pour tenter de réparer la déchirure nationale provoquée par des décennies de dictature communiste.

     

    Cependant, la mise en terre des restes d'Ekaterinbourg n'a fait que raviver les querelles et les oppositions au sein de la population.

     

    Le journaliste Mikhaïl Berg écrit à ce sujet : « Cela aurait pu être un événement d'une grande portée symbolique. Au lieu de cela, on a assisté à de sales jeux politiques sur les cercueils. » A présent, je vous invite à visionner, ci-dessous, les extraits de l'inhumation du Tsar et des siens.





    Partie I – La cérémonie (02:24 minutes)



     



    Partie II – La « mise en terre » des cercueils (08:15 minutes)



     



    Partie III – Les derniers adieux au Tsar et à sa famille (04:09 minutes)



     

     

     SOURCES
     
     
     
     
     
     
    Partager via Gmail Delicious Yahoo! Google Bookmarks Pin It

    votre commentaire
  •  

     

     

     

    En 1918, les soldats de l'armée bolchevique croyaient avoir commis le crime parfait :

      

    des corps défigurés à l'acide, puis enfouis dans la campagne d'Iekaterinbourg, en Russie. Ils avaient tort.

      

    S'il a fallu soixante-treize ans pour déterrer les ossements, il a suffi de quelques gouttes de sang royal et d'une série de manipulations en laboratoire pour résoudre l'une des plus grandes énigmes du XXe siècle : la fin des Romanov.

      

    Les cadavres, exhumés en 1991, sont bien ceux de cinq membres de la famille impériale et de sa suite.

      

    Le tsar Nicolas II, la tsarine Alexandra, petite-fille de la reine Victoria et grand-tante de l'actuel prince consort, et trois de leurs enfants ont été malgré tout identifiés. Les meurtriers de 1918 ne pouvaient pas prévoir un tel dénouement.

      

    A l'époque, on ignorait totalement le terme d' "empreinte génétique".

      

    Et c'est grâce à l'analyse de celle du prince Philip, duc d'Edimbourg, petit-neveu de la tsarine, que les scientifiques ont mis fin à l'impérial suspense.
     

      

    L'histoire commence au petit matin du 17 juillet 1918. Des soldats de l'Armée blanche approchent d'Iekaterinbourg, où le tsar et sa famille sont prisonniers depuis soixante-dix-huit jours. Vers 2 heures, un officier de l'Armée rouge réveille le souverain déchu et annonce un départ imminent. Il lui demande de descendre dans la cave, avec ses proches et sa modeste suite - quatre personnes - pour sa "sécurité et les besoins d'une photo". Au lieu d'un photographe, ce sont 12 hommes armés qui apparaissent.

      

    Et qui font feu, à bout portant. L'ordre d'exécution, transmis avec un luxe de précautions, vient directement de Lénine. A la surprise des tueurs, les balles ricochent sur les enfants, qui dissimulent les bijoux royaux sous leurs vêtements. Ils seront achevés à la baïonnette.
    "Dites à Sverdlov [chef de la police secrète] que la famille entière a subi le même sort que son chef", dit le télégramme envoyé le jour même.

      

    Les corps, déshabillés et allégés de leurs bijoux, sont dissimulés dans une mine des alentours. Mais l'officier craint encore qu'on ne les retrouve: le lendemain, il les fait ressortir pour les jeter dans un trou au milieu d'un chemin boueux, à 10 kilomètres de là. Par précaution, il les arrose d'acide sulfurique, puis d'essence, et enflamme les cadavres avant de les recouvrir...

      

    C'est là que Nikolaï Avdonine, un géologue, et son ami cinéaste Guély Riabov vont les exhumer, après de longues recherches, en 1978. Et qu'ils vont les laisser: trop dangereux. A cette époque, Iekaterinbourg s'appelle Sverdlovsk. La maison du massacre a été rasée sur ordre du patron de la région, un certain Boris Eltsine, et la perestroïka est encore loin.
    En juillet 1991, les temps ont changé. Les squelettes sont déterrés et la polémique commence, les historiens se déchirant sur l'authenticité des dépouilles. Très vite, les scientifiques russes vont apporter les premières réponses.

      

    Grâce à l'informatique, ils reconstituent les visages à partir des crânes retrouvés dans la fosse. Les ressemblances avec les photos du tsar et de la tsarine sont frappantes. L'analyse de la denture, même si les archives médicales ont mystérieusement disparu, apporte un autre élément concordant: les soins y sont de trop grande qualité pour avoir été effectués sur des personnes banales. Il manque toutefois la preuve irréfutable.

      

    Que la génétique va fournir.
     

    Le 15 septembre 1992, les ossements arrivent dans un laboratoire du Home Office - le ministère britannique de l'Intérieur - à Aldermaston. Le gotha de l'Europe couronnée - et apparentée à la famille impériale russe - est appelé au chevet du mystère Romanov. Le prince Philip, le prince Rostislav Romanov - un banquier londonien de 54 ans, petit-neveu de Nicolas II - et un membre de la famille de Grèce, notamment, fournissent des cheveux ou du sang.

      

    Le principe est simple: comparer les empreintes génétiques des descendants connus avec celles des dépouilles exhumées à Iekaterinbourg. En raison de l'âge et de l'état de conservation des ossements, la réalisation va se révéler un peu plus délicate.

      

    Ne pouvant extraire suffisamment d'ADN chromosomique, les experts, dirigés par les Drs Peter Gill et Pavel Ivanov, vont s'intéresser à l'ADN des mitochondries - "usines énergétiques" de la cellule - présentes en plus grand nombre. Limite du processus: les mitochondries ne se transmettent que par la mère.
     

      

    Ce sera suffisant. Le 10 décembre, moins de trois mois après avoir reçu les ossements, le Home Office annonce les premiers résultats: il s'agit bien d'une mère avec ses trois filles, et cette femme est - avec une marge d'erreur de 1% - la grand-tante du prince Philip, Alexandra, la tsarine. La présence de Nicolas II parmi les corps reste encore à prouver définivement. Mais l'ADN de descendants de la lignée maternelle du tsar, c'est-à-dire issus d'une tante ou d'une grand-tante, va être examiné dans les mois à venir.

      

    Le mystère est presque levé. Presque. Car les résultats londoniens confirment également l'absence des corps de deux des enfants royaux: Alexeï, le fils gravement malade, et, surtout, l'une des filles, Anastasia peut-être.
     

      

    Or l'énigme des Romanov s'est, au fil du xxe siècle, confondue avec celle de cette mystérieuse princesse que l'on croyait morte. Avec l'histoire étrange de cette jeune femme, retrouvée à Berlin en 1920, qui racontera avoir été sauvée par un jeune soldat amoureux et se nommer Anastasia. Quelques émigrés la croiront, d'autres parleront d'affabulation.

      

    Elle mourra aux Etats-Unis en 1984, après avoir, pendant toute sa vie, tenté de faire reconnaître son identité royale. Son secret, pensait-on alors, l'avait suivie dans la tombe. Erreur: les scientifiques d'Aldermaston disposent également de quelques mèches des cheveux de cette "Anastasia". Assez pour une analyse génétique pouvant confirmer l'identité de la princesse et résoudre l'énigme. Ou l'infirmer, et relancer en partie le mystère des Romanov.

      

    CINQ MORTS,
    DEUX DISPARUS
     

    1914 : la famille impériale pose au grand complet. Autour du tsar, Nicolas II, et de son épouse, la tsarine Alexandra Fedorovna, ont pris place leurs cinq enfants. Les trois filles aînées (au dernier plan et de gauche à droite): Maria, Olga et Tatiana.

      

    Les deux plus jeunes (au premier plan): la princesse Anastasia et le tsarévitch Alexeï, en costume marin.
     

    1918 (17 juillet) : le tsar et sa famille, gardés à vue à Iekaterinbourg, dans l'Oural, sont exécutés; leurs cadavres sont brûlés, puis enterrés dans un lieu resté secret.
     

      

    1991: les squelettes sont enfin exhumés.

      

    D'après les premiers examens, on aurait retrouvé ceux du tsar, de la tsarine et de leurs trois filles aînées. Car aucun, compte tenu de la taille, ne peut correspondre à ceux d'Anastasia et d'Alexeï.
     

    1992 : les analyses d'ADN effectuées à partir des ossements permettent d'identifier définitivement Alexandra et ses filles.

      

    Ce n'est pas encore le cas de Nicolas II, mais la superposition, grâce à l'informatique, de son visage et du crâne retrouvé (photos du bas) ne laisse guère de doute.

     

     

     

     

      

    PHOTO des Romanov


    En savoir plus sur http://www.lexpress.fr/informations/romanov-le-crime-etait-presque-parfait_592390.html#MKWptwaz8XSr5Yh3.99

     

     

    Les cercueils d'une partie de la famille Romanov, ainsi que ceux de leurs derniers servants, à la morgue d'Ekaterinbourg.

     

     

     

     

     

    L'INHUMATION

     


    La cathédrale Pierre-et-Paul de Saint-Pétersbourg est le lieu où reposent tous les Tsars de Russie depuis Pierre le Grand. C'est en ce lieu que Nicolas II, sa femme et trois de leurs filles ont été enterrés le 17 juillet 1998.




    En janvier 1998, la Commission d’État chargée de l'identification des restes des Romanov considérait dans une résolution que les restes retrouvés en 1991 étaient bien ceux de Nicolas II, de l'impératrice Alexandra, de trois de leurs filles (Olga, Tatiana et Anastasia), ainsi que ceux de leurs quatre derniers servants. L'enterrement des restes impériaux pouvait donc avoir lieu.

      

    Le Gouvernement russe décida de fixer les obsèques au 17 juillet 1998, 80 ans jour pour jour après le massacre d'Ekaterinbourg.



    Ella Maximovna, journaliste, écrit le 6 avril 1994 dans les Izvestia: « On peut penser ce que l'on veut du règne du dernier monarque de Russie, mais il ne faut pas oublier que le massacre [du tsar et des siens], cette bacchanale de sang, a ouvert le martyrologe de millions de familles, de dizaines de millions de personnes dont on ne saura jamais où elles reposent.

      

    En enterrant la Famille impériale de Russie, c'est également à elles que nous donnerons une sépulture. »



    L'opposition de l’Église orthodoxe russe



    Le Patriarche Alexis II (1929-2008) était le chef
    de l'Eglise orthodoxe russe.

    La décision d'enterrer les restes attribués aux Romanov suscita beaucoup d'oppositions, notamment de la part de l’Église et d'une partie des descendants de la famille Romanov. Le Patriarche de Moscou Alexis II, chef de l’Église orthodoxe, décida de ne pas participer aux funérailles.

    Il se justifie au cours d'une interview : « Les arguments scientifiques, dont les prémisses sont souvent erronés, ne sont pas déterminants pour l’Église, bien qu'elle en tienne compte. L'important est de tenter de comprendre la volonté divine, car il ne s'agit pas d'ossements ordinaires, mais de restes d'êtres dont la canonisation est sans doute très proche. Il ne faudrait donc pas que la vénération de la vie des saints dans leurs restes mortels puisse être soumise à la tentation […]. Pour ce qui est des savants, leurs avis divergent. Je reçois des témoignages d

    e scientifiques qui contestent l'aspect définitif de l'identification. Malheureusement, les travaux de la commission gouvernementale sont peu connus des communautés scientifique et juridique. La public a aussi été tenu à l'écart de l'avancement des travaux [...]. Nous pensons que la décision de la Commission gouvernementale a provoqué des doutes et même suscité une opposition au sein de l’Église et dans la société.

    C'est précisément l'attitude antinomique du peuple chrétien […] à l'égard des ossements d'Ekaterinbourg qui a déterminé la position de l’Église […]. Qu'une partie des croyants vénère ces ossements comme de saintes reliques, alors qu'une autre les considère comme faux, est impensable pour l’Église. »

      

    Ainsi, contrairement à ce que certains historiens avancent depuis 1998, le Patriarche ne conteste pas formellement l'authenticité des restes d'Ekaterinbourg. En réalité, il a décidé d'adopter une attitude neutre face aux divergences scientifiques et en l'absence de ce qu'il appelle « la volonté divine. »

    Le Patriarche Alexis II ajoute :

    « Ce quatre-vingtième anniversaire de la tragédie d'Ekaterinbourg sera jour d'affliction et de pénitence pour le péché de mort commis par le peuple. Il sera aussi jour de prière pour l'empereur, sa famille et ses fidèles serviteurs assassinés, ainsi que pour tous les martyrs du temps des persécutions féroces […].

      

    Des offices funèbres, avec mention particulière des noms de l'empereur Nicolas et de ses proches, seront célébrés tous les 17 juillet, dans toutes nos églises. Pendant les dizaines d'années qui ont précédé, les croyants n'ont jamais cessé de prier en ce jour pour les martyrs d'Ekaterinbourg.

    Cela continuera donc naturellement dans les années à venir, sans qu'aucun rappel particulier ne soit nécessaire. »

    Face à cette attitude réservée de l’Église orthodoxe, Nicolas II et sa famille ont été inhumés avec beaucoup moins d'honneurs que prévu. Au départ, le projet des funérailles était grandiose : les corps devaient gagner Saint-Pétersbourg à bord d'un train qui se serait arrêté dans toutes les grandes villes de Russie pour rassembler sur son passage l'hommage du peuple. Finalement, les dépouilles ont été transportées jusqu'à la capitale impériale par avion, sans aucune escale.

      

    A Saint-Pétersbourg, les descendants des Romanov qui étaient présents se signaient devant le passage des neuf cercueils, tandis qu'un orchestre militaire jouait l'hymne impérial russe. Sur le trajet de la cathédrale, il n'y avait que très peu de décorations : des drapeaux aux couleurs nationales ceints d'un ruban noir et des drapeaux aux armoiries de Saint-Pétersbourg.

      

    A l’extérieur de la cathédrale, des centaines de monarchistes s’insurgeaient contre cet enterrement indigne du Tsar, tandis que des contestataires communistes criaient leur opposition aux funérailles. Plus de 1200 policiers veillaient sur la cérémonie, soutenus par des vedettes sillonnant la Néva. Pour des raisons de sécurité, l'accès à la cathédrale a été interdit au public.



    Le déroulement des funérailles


    Le Président russe Boris Eltsine (1931-2007) et sa femme, entourés par les descendants de la famille Romanov, s'inclinent devant le tombeau du Tsar et de sa famille.


    En dépit des réticences de l’Église, les restes des Romanov ont été inhumés en la cathédrale Pierre-et-Paul de Saint-Pétersbourg le 17 juillet 1998. La chapelle Sainte-Catherine, qui se trouve à l'intérieur de la cathédrale, a été choisie pour accueillir les restes impériaux. Les descendants de la famille Romanov avaient fait le déplacement du monde entier pour assister aux obsèques.

      

    En revanche, la Grande-Duchesse Maria Vladimirovna, qui s'est proclamée chef de la Maison impériale, ainsi que sa mère, ont décidé de se ranger du côté du Patriarche Alexis II et donc de ne pas participer à la cérémonie.

    Le Président Boris Eltsine, ancien membre du parti communiste et instigateur de la destruction de la maison Ipatiev, hésita à participer à la cérémonie. Finalement, il décida de s'y rendre à la dernière minute : « J'ai beaucoup réfléchi et discuté, notamment avec des gens de culture, a expliqué Eltsine, pendant 80 ans on a caché la vérité, on n'a rien dit. Demain, je dois dire cette vérité, je dois être présent à Saint-Pétersbourg. Ce sera un acte de justice humaine. »

      

    Il entendait, selon ses termes, tourner « une des pages les plus honteuses de notre Histoire. » Le Président russe ouvra la cérémonie par ces paroles :

      

    « C'est un jour historique pour la Russie... En mettant en terre ces restes, nous voulons expier les péchés de nos ancêtres.

    Ceux qui ont commis cet acte barbare et ceux qui l’ont approuvé pendant des décennies sont coupables.

    Nous devons terminer ce siècle qui a été celui du sang et de l’illégalité. »



    En revanche, aucune tête couronnée d'Europe n'a jugé bon de faire le déplacement, alors que la plupart d'entre-elles sont apparentées aux Romanov. Seul un représentant de la monarchie britannique était présent.

      

    Ces absences assez étonnantes s'expliquent en raison des polémiques et de la confusion dans l'organisation de la cérémonie. Par ailleurs, très peu de personnalités culturelles ou politiques étaient présentes. Une véritable impression de malaise s'était donc invitée à cette cérémonie très controversée, impression renforcée par l'absence même des défunts. En effet, aucun nom n'a été cité au cours de l'office religieux.

      

    Lors des prières, ils ont été nommés par la formule appliquée en Russie aux morts anonymes : « C'est de toi, Seigneur, que leurs noms sont connus ».

      

    Formule très équivoque pour des corps officiellement authentifiés avec certitude.

      

    Pour certains, c'était la preuve que les corps inhumés n'étaient pas ceux des Romanov. Quoi qu'il en soit, l'ambiance qui régnait dans la cathédrale le jour de la cérémonie, sur fond de querelles religieuses, politiques et dynastiques, n'était pas digne des épreuves endurées par le Tsar et sa famille.



    Les cercueils d'une partie de la famille Romanov, ainsi que ceux de leurs derniers servants, à la morgue d'Ekaterinbourg.


    Les neuf cercueils ont été inhumés dans un caveau de la chapelle Sainte-Catherine. Dix-neuf coups de canon ont accompagné la mise en terre des dépouilles de Nicolas II et des siens. Pendant ce temps, le Patriarche Alexis II célébrait une messe à Moscou en l'honneur des Romanov, refusant toujours de reconnaître formellement l'identité des corps enterrés à Saint-Pétersbourg.

    Le 17 juillet 1998, la Russie a ainsi raté un véritable tournant de son Histoire. L'enterrement de Nicolas II et d'une partie de sa famille a été instrumentalisé pour tenter de réparer la déchirure nationale provoquée par des décennies de dictature communiste.

      

    Cependant, la mise en terre des restes d'Ekaterinbourg n'a fait que raviver les querelles et les oppositions au sein de la population.

      

    Le journaliste Mikhaïl Berg écrit à ce sujet : « Cela aurait pu être un événement d'une grande portée symbolique. Au lieu de cela, on a assisté à de sales jeux politiques sur les cercueils. » A présent, je vous invite à visionner, ci-dessous, les extraits de l'inhumation du Tsar et des siens.





    Partie I – La cérémonie (02:24 minutes)







    Partie II – La « mise en terre » des cercueils (08:15 minutes)







    Partie III – Les derniers adieux au Tsar et à sa famille (04:09 minutes)





     

     SOURCES
     
     
     

     

     

     

     

    Partager via Gmail Delicious Yahoo! Google Bookmarks Pin It

    votre commentaire
  •  

     

     Grand Duchess Tatiana, Alexandra Feodorovna, Maria, Anastasia, Nicholas II and Olga.

     

    Barton Manor, 4 August 1909:
    (Back row) Prince Edward of Wales; Queen Alexandra; Princess Mary; Princess Victoria; Grand Duchess Olga and Grand Duchess Tatiana.
    (Front row) the Princess of Wales (Mary); the Tsar (Nicholas II); King Edward VII; the Tsaritsa (Alexandra); the Prince of Wales (George); Grand Duchess Maria.
    (On the ground) the Tsarevitch Alexei and Grand Duchess Anastasia. 

     
     

    NICKY

     

     

     

    Grand Duchesses Tatiana, Anastasia, Olga and Maria with Tsarevich Alexei. 

     

     

    Tsar Nicholas II with Alexandra Feodorovna and Alexei.

     

    From left to right: Maria, Olga, Alexandra, Anastasia and Tatiana.

     

    Nicholas and Alexandra, 1914. Standart.

     

     

     

     

    Partager via Gmail Delicious Yahoo! Google Bookmarks

    votre commentaire



    Suivre le flux RSS des articles
    Suivre le flux RSS des commentaires